L'historienne Annette Wieviorka, spécialiste émérite de la Shoah, est, en 1970, une jeune militante maoïste. Dans l'enthousiasme de Mai 1968 et de la Révolution culturelle, les intellectuels français sont pris de passion pour la Chine communiste (dont Philippe Sollers, Julia Kristeva ou Roland Barthes, qui en rapportent des écrits fortement empreints d'idéologie).
Avec son mari et son petit garçon, Annette Wieviorka s'installe pour deux ans à Canton comme professeure de français. Dans le « laboratoire de l'homme nouveau », ils s'attendent à apprendre du réveil des masses et du modèle démocratique chinois. À la place, ils découvrent la pauvreté des Chinois et le vert des rizières, la surveillance constante, la soif de camaraderie mêlée à l'isolement dans une société collective.
Dans ce récit où se croisent la fraîcheur de notes prises sur le vif et le regard rétrospectif de l'historienne, les rencontres, les paysages et les questions se succèdent au son des chants révolutionnaires et de l'opéra chinois. Devant « l'impossibilité de saisir autre chose que la surface de la société chinoise », quel sens donner à ce qui est vécu ?
De ces années chinoises se dégage une « passion douloureuse, passion louche, passion déchirante » pour un pays, une époque et des idéaux.
Comment raconter l'histoire des langues, d'avant la naissance de l'écriture jusqu'à nos jours ? Comment rendre compte de ce fait social, qui joue un rôle majeur dans le destin de tous les peuples ? Comment saisir les langues, aux frontières poreuses, dans leur mouvement perpétuel et leur inventivité, elles qui se heurtent, cohabitent, s'influencent, s'éteignent ou se recréent ?
Compte tenu du grand nombre de langues - environ 6 000 aujourd'hui -, l'ouvrage se concentre sur celles dont il est possible de raconter l'histoire.
Un récit en trois temps : celui d'avant l'écriture, le plus souvent mystérieux ; celui des traditions orales et de l'écriture pratiquée par des élites ; celui, enfin, de la large diffusion des textes imprimés. Des phases qui, selon les régions, s'enchaînent à des périodes différentes.
Composé de modules - une région, une époque -, le livre ménage différents parcours. Le lecteur suit le fil d'Ariane, du début à la fin, ou « entre » par un sujet qui l'intéresse, puis circule au gré de ses curiosités. Un voyage dans le temps et l'espace qui invite, sans négliger les classiques (l'hébreu, le grec, le latin, le sanskrit, etc.), à partir à la rencontre du javanais, du persan, du breton, du yiddish, du swahili, du quechua... ou des pidgins mélanésiens.
Clément Rosset a voulu publier à titre posthume ce recueil de récits « intimes » où sa personnalité ne transparaît pourtant pas, mais plutôt quelques-unes de ses manies ou celles de ses proches, et surtout son humour.
S.E.
Il n'est pas question ici des grandes vertus héroïques qui demandent de l'abnégation et qui participent du sublime.
Les « vertus communes » concernent notre vie quotidienne, et leur vocabulaire est minime : ne pas peser sur la terre, s'en tenir à la discrétion de ne pas apparaître, à cette retenue pleine d'empressement qui est le centre de la vie sociale.
Carlo Ossola nous invite à parcourir un chemin de sagesse en faisant halte auprès de douze petites vertus : l'affabilité, la discrétion, la bonhomie, la franchise, la loyauté, la gratitude, la prévenance, l'urbanité, la mesure, la placidité, la constance, la générosité, qu'il est bon d'exercer chaque jour, au travail, dans la vie familiale, et avec nous-mêmes. Pour guider chacun à faire de sa vie ordinaire une vie heureuse.
En 2002, le village de Trachilos en Crète fut le théâtre d'une émouvante découverte : des empreintes de pas quasi humaines, imprimées dans des roches datant du Miocène - la preuve que de grands singes bipèdes évoluèrent en Europe, bien avant l'arrivée d'Homo erectus il y a près de 2 millions d' années !
Qu'il s'agisse ou non de nos ancêtres, ces primates consacrent le statut exceptionnel de notre « supercontinent », une terre de métissage au carrefour de l'Asie, de l'Afrique et de l'Amérique du Nord. Une terre de tous les changements, soumise à une intense activité géologique, à de profonds bouleversements climatiques, mais aussi à la pression de l'homme... Voici enfin l'histoire au temps long - de 100 millions d'années à nos jours - de tous ceux qui l'habitèrent : sa flore, sa faune, sans oublier nos lointains cousins humains.
Un formidable récit, visuel et documenté, où se croisent pêle-mêle récifs coralliens, mangroves, steppes glacées, ammonites, ptérodactyles, tortues, rhinocéros, tritons, mammouths et autres Néandertaliens...
«?Il ne s'agit pas ici d'histoire du livre ou du document. Il ne s'agit pas d'histoire des textes, d'histoire de la culture intellectuelle ou d'histoire des cultures populaires, pas même d'une histoire de l'écriture ou des écritures stricto sensu. L'aire disciplinaire qui nous intéresse est ou aspire à être plutôt une histoire des processus et des pratiques de fabrique et d'usage des produits écrits, quelles que soient leur nature et leurs fonctions, y compris (voire surtout) dans leurs dimensions anthropologiques et sociales les plus remarquables et les plus significatives. Du fait de ce choix épistémologique assumé, cet ouvrage, alternant réflexions et exemples, se présente comme une invitation à considérer les témoignages écrits (isolés ou en série, anciens ou récents, élégants ou relâchés, publics ou privés, exposés à la vue de tous ou cachés) comme autant d'épisodes d'un des chapitres les plus riches et les plus passionnants de l'histoire de l'humanité?: celui de ses expressions écrites.?»
Dans cet ouvrage pionnier, fondateur des Recherches matriarcales modernes, Heide Goettner-Abendroth propose une nouvelle approche méthodologique du concept de matriarcat, revisitant ainsi l'histoire de l'humanité tout entière.
Dans un aller-retour permanent entre le terrain et la théorie, elle offre une vue d'ensemble des sociétés matriarcales dans le monde, faisant apparaître que celles-ci ont non seulement précédé le système patriarcal, apparu seulement vers 4 000-3 000 ans avant notre ère, mais qu'elles lui ont survécu jusqu'à ce jour sur tous les continents. Elle montre que les sociétés matriarcales, loin d'être une image inversée du patriarcat, comme le prétend l'idéologie dominante dont l'autrice fait une critique radicale, sont des sociétés d'égalité et de partage entre les sexes. D'où l'utilité de leur étude pour aider les femmes et les peuples autochtones en particulier à penser une alternative au système de domination patriarcal et colonisateur.
Ces travaux, qui ont inspiré plusieurs générations de chercheuses et chercheurs en histoire et en anthropologie, sont aujourd'hui enfin disponibles en français.
Qu'elles soient joyeuses ou tragiques, visibles ou non, les ruptures rythment notre existence, nous transforment, nous remettent profondément en question.
Comment conjuguer ces « bifurcations » de nos vies que sont les ruptures avec l'idée de notre identité, une et constante ? Nous révèlent-elles la multiplicité de nos identités possibles, ou le fait que nous nous affirmions progressivement, au fur et à mesure de ces « accidents » de la vie ? Nous épurent-elles ou nous démolissent-elles ?
Pour la philosophe Claire Marin, la définition de notre être est tout autant dans nos sorties de route que dans nos lignes droites, dans les accrocs au contrat que dans le contrat lui-même. Naissances ou deuils, séparation ou nouvel amour, besoins d'ailleurs : nos oscillations, nos vacillements fragilisent nos représentations, ébranlent nos certitudes, certes. Mais ils soulignent aussi fondamentalement la place de l'imprévisible, et questionnent notre capacité à supporter l'incertitude, à composer avec la catastrophe et, en les surmontant, à parfois démarrer une nouvelle vie.
Trois historiens, spécialistes de la Résistance, ont décidé de conjuguer leurs expertises, de croiser leurs regards, de se soumettre à une critique réciproque et exigeante. S'appuyant sur une abondante littérature, les auteurs se sont attachés à dérouler un récit qui prend parfois à rebours, comme dans le cas de la mémoire de la Résistance, les thèses communément admises.
Chacun des dix-sept chapitres du livre s'ouvre sur un document visuel - photo d'identité, reproduction d'une feuille clandestine, cliché d'une scène publique ou privée - qui illustre une facette de cette histoire, saturée de représentations mais si pauvre en illustrations. Ces documents variés font ainsi office de portes d'entrée vers un monde par nature difficile à saisir, celui de la lutte clandestine.
Tout en suivant la trame chronologique de la période, depuis les premières manifestations du refus en 1940 jusqu'aux libérations du territoire à l'été et à l'automne 1944, c'est bien une approche anthropologique du phénomène qui a été privilégiée. Elle conduit à mettre l'accent sur la densité extrême du temps résistant, à scruter ses pratiques et ses sociabilités, à interroger aussi les liens qui se tissent peu à peu avec la société. Elle cherche à comprendre ce que vivre en Résistance pouvait concrètement signifier. Soumis à un danger permanent, sans modèle préalable auquel se référer, l'univers clandestin de la Résistance, enfoui et invisible, n'aura en réalité jamais cessé d'inventer sa propre action. Il a généré des expériences d'une extrême variété tout en exposant l'ensemble de ses protagonistes, où qu'ils aient oeuvré, à des risques identiques et mortels.
Illustré de somptueuses images ad hoc , Faucon est davantage qu'un essai sur les faucons.
Comme elle l'écrit dans la préface, Helen Macdonald travaillait à sa thèse de doctorat à l'Université de Cambridge quand elle a commencé à écrire ce livre, qui s'adresse à un lectorat de non-spécialistes, et ce dernier a fini par remplacer sa thèse. Et d'ajouter que « toutes les anecdotes et les histoires que je me réjouissais d'insérer dans ce livre - l'épisode de la mafia qui menaçait de chasser un fauconnier hors de New York parce que son faucon mettait en péril le réseau criminel des pigeons voyageurs ; des histoires de danseuses à l'éventail, de pilotes de chasse et d'astronautes, outre les magouilles diplomatiques de la famille royale au début du XXe siècle -, bref, tout ce qui n'avait pas sa place dans ma thèse de doctorat allait en trouver une ici. Et ce fut un travail captivant et profondément absorbant que de relier des faits réels, des anecdotes et des images pour aborder certaines facettes du rôle que nous jouons sur la terre sous l'angle de notre rapport avec les faucons ».
Faucons
Dans l'imaginaire européen, quelques animaux jouent un rôle plus important que les autres et forment une sorte de «bestiaire central». Le loup en fait partie et en est même une des vedettes.
Il occupe déjà cette place dans les mythologies antiques, à l'exemple de la louve romaine, qui a nourri Romulus et Rémus, du loup Fenrir, destructeur du panthéon nordique, et des nombreuses histoires de dévorations, de métamorphoses et de loups-garous. Ces derniers sont encore bien présents au Moyen Âge, même si la crainte du loup est alors en recul. Les bestiaires dressent du fauve un portrait négatif et le Roman de Renart en fait une bête ridicule, bernée par les autres animaux et sans cesse poursuivie par les chasseurs et les paysans.
La peur du loup revient à l'époque moderne. Les documents d'archives, les chroniques, le folklore en portent témoignage: désormais les loups ne s'attaquent plus seulement au bétail, ils dévorent les femmes et les enfants. L'étrange affaire de la Bête du Gévaudan (1765-1767) constitue le paroxysme de cette peur qui dans les campagnes ne disparaît que lentement. Au xxe siècle, la littérature, les dessins animés, les livres pour enfants finissent par transformer le grand méchant loup en un animal qui ne fait plus peur et devient même attachant. Seuls la toponymie, les proverbes et quelques légendes conservent le souvenir du fauve vorace et cruel, si longtemps redouté.
Explorer et découvrir en un coup d'oeil le monde qui nous entoure.
365 cartes pour comprendre, de façon ludique, l'histoire, l'économie, la géopolitique, les grandes questions de société, l'environnement...
Il est difficile de parler de Nohant sans dire quelque chose qui ait rapport à ma vie présente ou passée », écrivait George Sand. C'est par Nohant, par sa maison, que je l'ai rencontrée. À vrai dire, elle ne fut pas un modèle de ma jeunesse. Pour « la bonne dame », je n'éprouvais pas d'attirance. Ses romans, La Petite Fadette, etc., que la grand-mère de Marcel Proust tenait en si haute estime, me paraissaient bons pour les distributions de prix. Je participais à la dépréciation dont Sand a été victime après sa mort. Je la trouvais d'un âge qui n'avait plus grand-chose à dire aux filles de Simone de Beauvoir, dont je me revendiquais.
Ma découverte fut en partie fortuite. La demeure de l'Indre, héritée de sa grand-mère, représente ses racines, mais aussi un refuge contre Paris, qui fit sa renommée et qu'elle n'aimait pas, une « oasis » propice au travail : elle y écrivit l'essentiel de son oeuvre, comme Chopin y composa la majeure partie de la sienne. Nohant, elle en rêvait comme d'un phalanstère d'artistes, une communauté égalitaire, un endroit de création et d'échanges par la musique (Liszt, Chopin, Pauline Viardot), la peinture (Delacroix, Rousseau), l'écriture (Flaubert, Dumas, Fromentin, Renan, Tourgueniev...), le théâtre, la conversation.
Ce lieu, Sand l'a investi. L'art y établit la communion des coeurs et des esprits. C'est aussi une cellule politique, inspirée par le socialisme de Pierre Leroux, noyau républicain support de journaux et ferment subversif des manières de vivre et de penser. Nohant est le creuset d'une utopie, pénétrée par le désir de changer le monde.
Pas plus que personne, Sand n'a réalisé son rêve. Aujourd'hui, il nous reste ce lieu, de pierre et de papier, témoin d'une histoire d'amour aux accents infinis.
Michelle Perrot
Où commença l'émerveillement ? Fait-il partie de l'expérience humaine depuis les origines de l'histoire ? Est-il encore plus ancien ? Ma carte des merveilles nous invite à un voyage dans les royaumes du fascinant et de l'effrayant. Caspar Henderson nous y emmène avec l'enthousiasme et la curiosité des grands explorateurs. Il nous invite à comprendre et à célébrer les incroyables phénomènes que sont la lumière, la formation de l'univers, mais aussi le corps humain ou la nature qui nous entoure, sans oublier la technologie et tous les bouleversements de la vie humaine qu'elle laisse présager.
Relevant à la fois de la philosophie et de l'histoire naturelle, de l'art et de la théologie, des neurosciences et des recherches sur les nanotechnologies, Ma carte des merveilles est une célébration de la vie, un guide inspirant pour regarder le monde sous un nouveau jour.
Sept continents en quatre ans. À travers plus de 200 images saisissantes, deux photographes animaliers ont peint une fresque sans pareille de quelques-uns des lieux inviolés de la planète, qu'ils ont sélectionnés sur une carte de nuit affichant les zones non-lumineuses.
Un album exceptionnel au format aussi grand que sa maquette est originale. Leurs clichés illuminent et célèbrent une myriade de paysages et d'espèces vivantes, immortalisés avec talent au sein de leur environnement et au coeur de paysages extrêmes.
Ce beau livre relate une autre histoire du monde, centrée sur l'Asie à travers des chefs d'oeuvre cartographiques et iconographiques, célèbres ou méconnus, qui témoignent des échanges féconds entre les différentes régions asiatiques, ainsi qu'entre l'Asie et le reste du monde du XVe au XXe siècle. Après avoir présenté les univers cosmographiques hindou, jaïn, bouddhiste et taoïste qui constituent la matrice des cartographies religieuses, les auteurs nous invitent à suivre certains explorateurs comme l'amiral Zheng He, des moines tel Xuanzang et ses fameuses Pérégrinations vers l'Ouest, et les commerçants partis sur les routes des «grandes découvertes» asiatiques. Les nouveaux pouvoirs royaux et impériaux mettent en scène leur autorité sur le territoire grâce à la cartographie, à travers la représentation des conquêtes, des frontières, des grands travaux et des capitales. Longtemps, les mappae mundi chinoises, coréennes et indiennes confondent le monde avec l'Asie et relèguent l'Europe et l'Afrique dans les marges des cartes. À partir de la fin du XVIe siècle, la coopération entre les jésuites européens et les savants chinois induit un décentrement, qui ouvre des perspectives géographiques aux élites autochtones, tout en situant l'Asie au coeur du monde. Au XIXe siècle, la présence coloniale européenne apparaît sur les cartes qui traduisent d'autres formes d'hybridation des savoirs. Les Occidentaux se sont alors réapproprié ces savoirs cartographiques asiatiques et une grande partie de ces oeuvres ont été déplacées notamment dans certaines collections françaises.
Elle a émergé avec la vie, s'est développée au fil de l'évolution, s'est magnifiée avec l'espèce humaine... Grâce à cette mystérieuse intelligence, nous avons tout inventé : l'outil, le langage, l'écriture, l'éducation, la science, et la faculté de nous interroger sur le monde. Aujourd'hui, cette belle histoire connaît une révolution sans précédent. Pour la première fois, le cerveau humain peut visualiser son propre fonctionnement. Pour la première fois, il transfère une partie de son intelligence dans des machines capables d'apprentissage.
Au fil d'un dialogue fascinant, le grand spécialiste du cerveau Stanislas Dehaene et celui des neurones artificiels Yann Le Cun racontent, avec Jacques Girardon, cette longue aventure, des origines animales à nos jours, et s'interrogent sur notre futur. Les ordinateurs vont-ils bientôt éprouver des émotions, se doter d'une morale ? L'art, la beauté, la capacité d'improviser, d'anticiper, sont-ils à la portée de cerveaux immatériels ?
Ce que les auteurs esquissent ici, ce n'est rien moins que la prochaine étape de notre évolution. À l'évidence, la lecture d'un tel livre change déjà radicalement le regard que nous portons sur nous-mêmes.
À la lueur d'une bougie, Howard Carter scrute l'intérieur de la tombe du pharaon Toutankhamon. Il cligne des yeux. Derrière lui, on s'agite, on l'interroge : « Que voyez-vous ? - Des merveilles ! » répond-il. La découverte sera suivie de dix années de labeur, de fouilles minutieuses. Aujourd'hui, l'archéologue garde en main la pioche et la truelle, mais il n'hésite pas à se servir du tomodensitomètre, de l'ADN, ou du scanner haute définition. Les techniques d'investigation progressent et les mystères du pharaon s'éclaircissent.
Cline nous livre une fascinante histoire de l'archéologie. Fort de plus de trente ans de chantiers de fouilles, en Grèce et au Levant, il nous entraîne dans un Grand Tour haletant à travers les âges et les continents : Pompéi, Troie, Ur, Copán... mais encore Chauvet, Göbekli Tepe, Santorin, Teotihuacán, Machu Picchu... Il nous guide aussi dans le panthéon des archéologues, à la rencontre d'un Heinrich Schliemann ou d'une Kathleen Kenyon, non sans parfois démythifier quelques figures tutélaires d'une aventure souvent collective.
Son récit, au style enlevé, donne les clés pour comprendre l'archéologie en rendant compte des avancées les plus récentes de la recherche. Il dévoile aussi à chacun les techniques aujourd'hui employées pour repérer, dater, fouiller, conserver... en une passionnante initiation.
Préparez-vous à découvrir tout - mais vraiment tout - sur la vie sexuelle des plantes ! Cette étude poussée du monde botanique révèle des pratiques d'une ingéniosité débridée et d'un raffinement stupéfiant. Saviez-vous, par exemple, que les ophrys bourdons piégeaient les insectes pour les forcer à des relations intimes ? Ou que les fleurs de l'avocatier pouvaient changer de sexe ? Mêlant avec humour faits scientifiques et anecdotes croustillantes, l'auteur nous livre des facettes inédites de l'univers végétal.
Les illustrations et autres planches pédagogiques pimentent, quant à elles, ce recueil et mettent en lumière la galerie de proxénètes, de prostitués et de gigolos qui rôdent dans nos jardins et pourraient choquer les jardiniers les plus avertis !
Plus des ¾ de notre empreinte écologique sont invisibles : la partie cachée de l'iceberg !
Découvrez l'impact environnemental qui se cache lorsque vous roulez en voiture - électrique ou non -, prenez l'avion ou les transports en commun ; mangez de la sauce tomate ou une belle tranche de boeuf ; quand vous portez un simple jean ou un tee-shirt, utilisez un ordinateur ou un téléphone portable ; quand vous prenez une douche ou montez l'un de vos meubles favoris, etc.
Un livre qui ouvre les yeux ! Richement illustré, il réunit infos, outils (à chacun de mesurer sa propre empreinte) et astuces. Babette Porcelijn nous guide joyeusement vers des choix plus responsables dans notre vie de tous les jours pour vivre d'un pas léger sur la Terre.
Le Nouveau Monde qu'était le continent américain a moins été découvert qu'il n'a été détruit. Partout où la population était dense (au Mexique, sur les hauts plateaux andins), les maladies importées d'outre Atlantique ont immédiatement exercé leurs ravages, provoquant l'une des plus grandes catastrophes démographiques de l'Histoire. Là où des organisations politiques et sociales complexes avaient fleuri, le pouvoir a été jeté bas au profit des conquérants, le territoire partagé et mis en coupe réglée sous le signe d'une recherche effrénée de l'or. La population a été asservie, sa culture bafouée, tandis qu'une guerre était déclarée à ses représentations religieuses au nom de la « Vraie Foi ».
Partout ce scénario s'est reproduit le même, mais nulle part sans doute de façon aussi démonstrative et catastrophique dans la précipitation des événements qu'avec la conquête de l'empire inca.
Vie et mort de l'Inca Atahuallpa ne déroule pas toutefois l'histoire maintes fois racontée de l'équipée des conquistadors et de la destruction de cette partie des « Indes occidentales ». Le récit se tourne au contraire vers la figure de celui qui fut le dernier souverain de l'empire des Andes et, conformément à ce que fut son destin, sur le moment où tout bascule et où le plus grand État de l'Amérique précolombienne s'effondre.
Il y a là une forme de gageure : Atahuallpa ne nous est connu, par les chroniques, qu'à la faveur de quelques épisodes. Pour le reste, seules nous sont parvenues quelques informations éparses, difficiles à recouper, recueillies auprès d'auteurs plus tardifs, parfois intéressés à noircir le personnage.
Le récit compose avec ces manques, revendique les droits de la rêverie, mais indemne d'intentions romanesques, il ne s'autorise aucune invention de l'ordre de la fiction. Là où les sources écrites font défaut, suivant en cela la recommandation de Lucien Febvre dans ses Combats pour l'histoire, il s'efforce de faire parler « les choses muettes », à commencer par les aspects de la culture matérielle. Habitants de hautes terres volcaniques et sismiques, grands constructeurs de villes et de routes, aussi habiles agriculteurs que frustes comme artistes, adorateurs du Soleil mais modestes astronomes, les Incas avaient, en moins d'un siècle, bâti un empire militarothéocratique immense et mis en place une bureaucratie tatillonne qui ignorait pourtant l'écriture. Ainsi, avec l'évocation d'Atahuallpa, c'est un regard sur une civilisation disparue et incomprise par ses vainqueurs qui est proposé.
Le manque de temps est l'une des pathologies de l'homme moderne. Elle s'aggrave sans cesse dans notre monde soumis à la tyrannie de l'urgence, saturé d'écrans chronométriques et exigeant toujours plus d'efficacité, de rapidité, de calculs et d'anticipations à court terme. Quant à notre rapport au temps historique, au passé et au futur, il a été entièrement bouleversé au cours des dernières décennies. Alors que dominaient jadis la foi dans le progrès et la certitude d'un avenir meilleur, nous vivons désormais le règne sans partage du présent perpétuel.
Dans une langue à la fois lumineuse et érudite, cet essai intense s'efforce, en s'appuyant notamment sur l'expérience rebelle des zapatistes du Chiapas, d'identifier des modalités émergentes du rapport au temps et à l'histoire - ce dont découlent aussi quelques propositions visant à arracher le savoir historique à l'étouffement présentiste. Sans en revenir au futur de la modernité, connu d'avance et garanti par les lois de l'histoire, il s'agit - et c'est un enjeu politique majeur de notre époque - de rouvrir le futur, de faire place au désir de ce qui n'est pas encore, sans l'enfermer dans aucune forme de planification.
Jérôme Baschet nous invite ainsi à repenser la temporalité révolutionnaire, loin des schémas convenus d'un Grand Soir toujours remis à plus tard ou d'un enfermement dans le pur instant de l'action immédiate. Il s'agit au contraire de poser les bases qui permettent de tenir ensemble incandescence du maintenant et souci de l'à-venir, agir présent et anticipation stratégique, sens de l'urgence et nécessité de la préparation.
Une approche de l'histoire nationale à travers le destin de deux familles d'exilés, Jacob, Bentzi et Stacia d'une part et Jean, Charles et Madeleine d'autre part. Leurs parcours chaotiques évoquent les difficultés pour arriver dans un pays, s'y installer et s'y intégrer sans renier leurs racines.
Ce monde va de travers, à tel point que lui désobéir devrait être une urgence partagée et brûlante. Dans cet essai intempestif, Frédéric Gros réinterroge les racines de l'obéissance politique.
Conformisme social, soumission économique, respect des autorités, consentement républicain ? C'est en repérant les styles d'obéissance qu'on se donne les moyens d'étudier, d'inventer, de provoquer de nouvelles formes de désobéissance : la dissidence civique, la transgression lyrique... Rien ne doit aller de soi : ni les certitudes apprises, ni les conventions sociales, ni les injustices économiques, ni les convictions morales.
La pensée philosophique, en même temps qu'elle nous enjoint de ne jamais céder aux évidences et aux généralités, nous fait retrouver le sens de la responsabilité politique. À l'heure où les décisions des experts se présentent comme le résultat de statistiques glacées et de calculs anonymes, désobéir devient une affirmation d'humanité.
Philosopher, c'est désobéir. Ce livre en appelle à la démocratie critique et à la résistance éthique.