L'oeuvre à la fois puissante et discrète de Jean-Paul Kauffmann a été profondément marquée par la cruelle épreuve de trois années de détention au Liban. « J'écris pour faire disparaître ma condition d'ex-otage et en même temps je ne veux pas qu'on l'oublie », confie-t-il dans une longue préface inédite où il revient sur l'histoire d'une délivrance, le passage crucial du journalisme à la littérature.
Les textes ici rassemblées constituent la majeure partie de son oeuvre. Autant d'étapes d'une longue exploration au rythme lent et réparateur, imprégnées par une même quête de l'ailleurs, une même fascination de l'exil, des univers enfouis et disparus. À cet ensemble s'ajoute son premier texte, Le Bordeaux retrouvé, édité hors commerce peu après sa libération et révélé pour la première fois au grand public, où l'auteur, à peine sorti du dénuement absolu, conjure le chaos de sa captivité par la métaphore du vin.
L'écriture ciselée de Jean-Paul Kauffmann emmène le lecteur sur ces zones limites que sont les bords reculés du monde, les territoires lisières, les fleuves irrigués par la mémoire des plus grands auteurs, les plaines hantées par les fantômes des batailles d'Empire. L'écrivain y retrouve le chemin, ponctué de rencontres, qui le conduit vers les lieux du retour, au coeur de ses paysages de prédilection. Odyssée de la redécouverte, de l'exhumation des sources, qui doit sa magie particulière à la grâce et la sensibilité d'un grand styliste.
Ce volume contient : L'Arche des Kerguelen - La Chambre noire de Longwood - La Maison du retour - Courlande - Remonter la Marne - Outre-Terre - Le Bordeaux retrouvé.
Au large de l'Écosse, en mer du Nord, à la croisée de plusieurs routes maritimes, se trouve un récif meurtrier, où les navires s'abîment par dizaines. En 1807, un homme décide de mettre fin à cette malédiction. Ingénieur pour la Compagnie des Phares du Nord, Robert Stevenson se lance dans une entreprise périlleuse : ériger un phare sur un récif immergé vingt heures par jour. Trois années durant, dans des conditions chaotiques, il coordonne le chantier de Bell Rock. Animés par la volonté de rendre la mer plus sûre, ses hommes et lui luttent contre vents et marées pour mener à bien ce projet ambitieux.
En racontant l'histoire de sa famille et en publiant les carnets de son grand-père, Robert Louis Stevenson rend non seulement hommage à la dynastie de pionniers et de bâtisseurs dont il est issu, mais il révèle aussi au public une formidable aventure collective.
Les éditions Nous poursuivent leur travail de révélation du grand écrivain italien. Dans ce magnifique « portrait de ville » on retrouve l'écriture puissante et la lucidité politique de Carlo Levi, son regard à la fois aigu et tendre sur Rome et ses habitants. La Rome de Carlo Levi est une ville noble et plébéienne, ancienne et absolument actuelle, ville hors du temps qui demeure toujours fugitive, sa beauté âpre étant toujours prête à surgir là où on l'attend le moins. Les pages de ce livre, écrites entre 1951 et 1963, donnent à voir une multitude de personnages, véritables portraits vivants d'un monde populaire : petits métiers et trafics, vie des quartiers, fêtes rituelles, évolutions et dégradations de l'urbanisme, rémanences de l'époque fasciste. Toute une multiplicité, venue lentement d'une civilisation très ancienne, se trouve agitée par une philosophie de vie aussi flegmatique que sceptique, et pourtant dotée d'une vitalité incroyable. « C'est le peuple le moins rhétorique, le moins idolâtre et le moins fanatique de la terre. Même le temps ne les émeut pas, ne les effraie pas, car il est devant leur porte, palpable au bout leurs doigts. »
Un cimetière d'avions en plein Arizona, une virée en barque parmi les alligators, une visite dans les mines de Tombstone, les villes fantômes et les maisons calcinées, la menace à tout instant d'une famille d'anthropophages... mais surtout, pour Giorgio, Silva et Ramak, les trois personnages cocasses et attachants de ce récit de voyage, partout l'épreuve du vide : absolutely nothing.
« Amer savoir celui qu'on tire du voyage » ? Voyager en Amérique pour connaître ? Non. Pour se connaître ? Pas davantage. Mais pour être face au manque étalé devant soi : dans l'espace infini des déserts, des sables et des boues, dans le discours des guides, véritables comédiens qui inventent le réel à coups de fictions bien rodées, à absorber comme des fruits secs.
Voyager non pour consommer et dévorer, mais pour être dévoré et se consumer.
Absolutely Nothing est un voyage au bout du voyage, porté par la langue précise et puissante de Giorgio Vasta et les photographies en couleurs de Ramak Fazel, pour dire l'absence et l'abandon, le désastre et la cendre?: la décharge du temps.
Ils s'appelaient Xu Djin et Liu Lianman, n'avaient jamais vu de montagnes auparavant et encore moins pratiqué l'alpinisme de quelque façon que ce soit. En 1960, le Parti communiste chinois les élève au grade de « désignés volontaires » et leur commande ainsi qu'aux camarades qui les accompagnent de conquérir le Qomolangma, tel que les gens du cru désignent l'Everest depuis toujours. Mission supplémentaire, ils sont tenus de déposer sur le toit du monde (8 849 mètres) un buste de Mao Zedong en un geste symbolique supposé souligner la conquête définitive du Tibet. Le climat de propagande est tel que l'opinion du pays tout entier néglige que la plus haute montagne de la planète a été vaincue une première fois sept ans plus tôt depuis le versant népalais par Edmund Hillary et Tensing Norgay.Au terme d'une enquête approfondie, Cédric Gras qui a fréquenté ces confins à plusieurs reprises, restitue, sur fond de famine paysanne et de répression à grande échelle, cette ascension nimbée de mystère et de mensonges. Ces spécialistes improvisés côtoient la mort qui sans cesse menace, et les corps bien réels de Sandy Irvine et George Mallory, disparus en 1924. Malgré leur dévouement et leur obstination, Xu Djin et Liu Lianman n'en finiront pas moins dans un camp de rééducation de la Révolution culturelle avant d'emporter dans leurs tombes les secrets himalayens du régime chinois.Avec le savoir-faire qu'on lui connaît, grâce à toute une série de documents inédits, en mandarin en en russe, Cédric Gras a reconstitué le destin hors-norme de ces prolétaires que rien ne prédestinait au vertige des cimes.
Nourri, dès l'âge de raison, par la lecture des grands récits d'aventures, Nicolas Bouvier rêve très tôt de « déguerpir ». Ses premières escapades de jeunesse, qui le mènent de la Laponie au Sahara, puis ses incursions au long cours, toujours plus à l'est, forment un « usage du monde » qui lui est propre, une invitation à l'audace et à l'humilité.
Véritable pionnier de la figure de l'écrivain-voyageur, il a restitué dans ses oeuvres l'éclat de ses découvertes comme ses parts d'ombre, le naufrage de la solitude conjugué au déracinement. Les géographies de Nicolas Bouvier ne se cantonnent pourtant ni à ses voyages ni à ses écrits : elles sont inscrites, comme chez les conteurs de son espèce, dans l'étoffe même de sa vie.
Ce récit illustré s'appuie en grande partie sur son travail de photographe et de chasseur d'images.
Gentleman doublé d'un érudit et d'un esthète, Robert Byron disparut en mer en 1941 quand son bateau fut torpillé au nord de l'Ecosse par la marine nazie. Il avait 36 ans. Pour Bruce Chatwyn - expert s'il en fut -, Byron fut le prince des écrivains voyageurs. On s'en convaincra aisément en lisant ce récit drôle, vivant et lyrique à la fois d'un long périple entrepris au début des années 30. On y voit notre auteur explorer avec curiosité Moscou, Leningrad et se passionner pour les églises de Novgorod. Puis, après un voyage plein de péripéties, rejoindre le Tibet qui le charme tant par la magie de ses paysages que par l'hospitalité de ses habitants. Trente ans avant le Léopard des neiges, le " toit du monde " avait déjà inspiré le chef-d'oeuvre que voici.
La route des thés oscille entre nomadisme et sédentarité, elle est faite d'étapes, comme autant de points d'attache dans un mouvement perpétuel. Elle symbolise le voyage. Les buveurs de thé sont une confrérie dont fait partie la grande voyageuse Lucie Azema.L'autrice parcourt l'histoire de ce breuvage millénaire, des premières caravanes aux colonisations, de ses usages à ses significations. Elle explore cette tension entre arrêt et mouvement, qui nous incite à embrasser nos propres errances et nos ancrages, à approcher une philosophie du voyage par étapes, à naviguer en suivant les aléas des chemins et des rencontres, à emprunter des routes aussi bien physiques qu'imaginaires.
« À douze ans, j'eus ma première bicyclette ; depuis, on ne m'a plus jamais revu » Paul Morand Sur des routes infernales sorties de la nuit des temps, les premiers cyclistes, ces grands pionniers, pédalent, souffrent et s'émerveillent devant les peuples et les paysages d'un monde nouveau. Un monde qui a aboli les distances et qui a défié l'équilibre grâce aux draisiennes, aux grand-bi ou aux véloces.
Ils voyagent en groupe, refusent la compétition, développent leur propre culture et conçoivent le projet d'une société du progrès, en harmonie avec la nature.
Des escapades de Zola dans la campagne proche de Paris aux voyages clandestins de Simone de Beauvoir et de Jean-Paul Sartre sous l'Occupation, de la draisienne au gravel, ce livre retrace l'histoire de la grande épopée cycliste, celle qui a repoussé les frontières du monde et de l'imaginaire.
Une histoire des routes et de ceux qui les ont empruntées.
" Il existe entre l'écriture et la marche une alliance presque aussi ancienne que la littérature : pas de randonnée sans histoire, pas de chemin qui ne raconte quelque chose. " Robert Macfarlane a passé des années à parcourir les routes et à interroger les liens entre les hommes et le paysage. Tout commence un jour de printemps, quand il quitte sa maison de Cambridge pour suivre un ancien chemin de craie. Une aventure de trois ans le mène sur des voies antiques, des routes maritimes, des chemins de pèlerinage, des routes fracturées par la guerre et des sentiers escarpés de haute montagne.
Il suit la trace de marcheurs avant lui : poètes, soldats, chasseurs d'oiseaux, philosophes ou bergers. Il parcourt des routes périlleuses, sacrées ou intimistes. Chemin faisant, ce conteur merveilleux observe les paysages et explore leur histoire insoupçonnée pour la faire ressurgir sous ses pas.
D'une érudition scientifique et littéraire éblouissante, Par les chemins est une ode jubilatoire à la puissance de la marche, des routes, et de ceux qui les ont empruntées. Ce récit qui a déjà séduit plusieurs centaines de milliers de lecteurs est célébré depuis sa parution comme un chef-d'oeuvre de la littérature de voyage.
Samantha Walton vit à Bristol et enseigne la Littérature Moderne à l'université de Bath Spa. Elle s'est spécialisée dans l'étude des liens entre santé mentale et nature.
L'idée que nous pouvons nous guérir grâce à la nature n'est certes pas récente, mais elle est de nouveau à l'ordre du jour depuis qu'on a établi scientifiquement que la nature avait une action curative indéniable.
En s'appuyant sur certains éléments (l'eau, l'air), certains environnements (les montagnes, la forêt, le jardin, le parc) ou certaines activités (cultiver, jardiner, nager, se promener) dont les effets bénéfiques sont, depuis des temps très anciens, attestés, Samantha Walton retrace l'histoire de nos relations avec la nature réelle avant de s'interroger sur les projets de développement d'une nature « virtuelle » capable de se substituer voire de remplacer la nature « réelle ».
Comment devons-nous penser la nature, est-elle propice à notre bienêtre ? Où est-elle ? A-t-elle jamais existé ? Au fond d'un jardin, au sommet des montagnes, dans la forêt, dans l'eau vive, dans des sources sacrées.
En s'adossant à l'histoire, à la science, à la littérature et à l'art, Walton établit que face à une crise sans précédent, à l'injustice sociale, à la dévastation environnementale, à la « solastalgie », les bienfaits issus de la communion avec la nature ne sont pas des chimères, tout en nous mettant aussi en garde contre les nombreuses récupérations opportunistes et capitalistes de ces « cures de nature ». Volontiers provocatrice, Walton appelle de ses voeux des actions radicales à un moment où l'environnement est à la fois une source d'anxiété et une source de guérison.
Dans ce texte sans fard ni ambages, Ingrid Thobois décortique ses expériences de voyage, notamment une année de route sur les pas de Nicolas Bouvier, qui lui auront permis de comprendre ce qu'elle avait à faire: presque tout le contraire.
«Moi? «Grande voyageuse»? Allons, le distinguo n'est pas si difficile à faire! Et la paresse seule ne peut expliquer la confusion si répandue entre voyages, missions professionnelles et sédentarité hors frontière. Il se joue donc forcément autre chose dans le fondu de ces notions, qui parle principalement des autres, de leurs manques et de leurs besoins mués en projections, mais qui parle tout de même de moi, au passage. Depuis vingt ans, je ne cesse de me sentir mal à l'aise lorsqu'on me définit par ce qui ne constitua qu'une parenthèse dans ma vie, pleinement vécue, certes, mais qui précisément m'a permis de comprendre ce que je n'étais pas.»
«Certains vont chercher le bonheur en Sibérie ou en Alaska, moi je lorgne du côté d'Aubusson, de Saint-Flour et du plateau de Millevaches... Je suis un aventurier de la France cantonale, un explorateur de sous-préfectures.»Sans le moindre sou en poche, misant sur la générosité des gens, un jeune aspirant jésuite s'échappe de la ville et de la modernité avec le désir de renouer avec l'élémentaire. Il s'offre une virée buissonnière à travers les déserts du Massif central, une petite promenade de sept cents kilomètres à pied. Le chemin des estives, récit de ce voyage, est une ode à la désertion, à la liberté, à l'aventure spirituelle. On y croise les figures de Rimbaud, de Charles de Foucauld, mais aussi des gens de caractère, des volcans, des vaches.Au fil des pages, une certitude se dessine : le bonheur est à portée de main, il suffit de faire confiance et d'ouvrir les yeux.
Nick Hunt nous avait emmenés à la rencontre des vents d'Europe dans Où vont les vents sauvages. Nous le retrouvons alors qu'il arpente les quatre coins du continent, à la découverte des lieux les plus inattendus, «qui ne devraient pas se trouver là, si proches de nous». Depuis une zone polaire en Écosse, à travers la jungle de Pologne, un désert espagnol et les grandes steppes de Hongrie, nous suivons cette étonnante promenade, sensible, informée et littéraire, dans des paysages dont on a peine à croire qu'ils existent sous nos latitudes.
Le Vercors, pour Antoine de Baecque, c'est le souvenir des randonnées de jeunesse, sous les falaises du Grand Veymont, dont il retrouva, ému, les journaux à la mort de son père. Un lieu où il retourne aujourd'hui, quatre décennies plus tard, pour fouler les sentiers, trébucher sur ses souvenirs, ramasser et conserver feuilles, fleurs ou cailloux glissés dans la chaussure ; autant de moments qu'il savoure et partage, à l'orée de la vieillesse, en amoureux passionné de la marche.
Cette forteresse naturelle est aussi un refuge, où l'on croise la grande Histoire, celle des chemins ardus empruntés par les maquisards et des grottes où s'abritaient les figures de toutes les résistances. En alternant chronique intime, historique et carnet de voyage, les mots de l'auteur marcheur retournent aisément au passé, pour se confronter à sa présence in situ, révélant des scènes de fiction troublantes et envoûtantes.
Deux jeunes gens d'aujourd'hui, deux amis qui rêvent de détachement et de béatitude. Ils ont une vingtaine d'années et ont déjà parcouru l'Europe à pied jusqu'à Israël (voir Le Syndrome de Tom Sawyer de Samuel Adrian). Mais il leur faut le monde. Ils décident alors de partir à sa découverte au volant d'une antique Peugeot 204, plus âgée qu'eux, chargée de bouteilles de vin et de livres à satiété. Une voiture pour le moins inadaptée aux pistes de la taïga qu'ils vont devoir affronter... Ils quittent la France par l'est, traversent l'Allemagne, la Serbie, la Roumanie, la Turquie, la Russie, le Japon, puis rallient les Etats-Unis où ils tombent sur un pays en plein confinement. Le voyage au grand air devient alors un périple de l'intériorité. Un périple de quinze mois, mais aussi une histoire d'amitié à bord d'un destrier qui menace de syncope et provoque d'immenses éclats de rire. Un demi-siècle après Nicolas Bouvier, ces beatniks du XXIe siècle tracent la route comme d'autres se retirent dans un monastère ou un ashram. Ils font retraite dans le mouvement avec pour seuls mantras : ne pas perdre son temps et se consacrer à l'essentiel. Dans ce livre qui, par son style et l'intensité de son cheminement spirituel échappe à la banalité des récits de voyage, la sagesse est le graal recherché par ces fougueux aventuriers qui se sentent étrangers aux engouements tristes et vides de notre monde à demi virtuel. Tels des personnages beckettiens, ils s'interrogent sur l'absurdité de cette idéologie : faut-il voyager à tout prix ?
Tout dans l'Atacama tend à disparaître. L'horizon d'abord, et les ombres qu'on aperçoit à peine. Les météorites que nous enlevons à la Terre. Les Changos, exterminés sans lutter, brisés par la variole et le catholicisme, les mines et l'alcoolisme. Et puis les opposants à la dictature de Pinochet dont les os fragmentés, bien qu'invisibles, se dressent à l'horizon comme des pierres sacrées, livides et n'oubliant rien.Quant à savoir pourquoi ces histoires de disparus me touchent tant, moi dont la famille n'a rien à voir avec l'Amérique latine ni avec le militantisme politique, je ne sais pas tout à fait. Sinon que quelqu'un manque. Et que cette personne qui manque c'est elle que je cherche, en même temps que les météorites.M. G.
Toute sa vie, André Suarès a nourri un immense amour pour la mer, ses ports et ses rivages, sa beauté et ses mystères. Ni le demi-siècle qu'il passa à Paris, ni son oeuvre abondante vouée aux plus nobles quêtes intellectuelles, esthétiques et spirituelles ne permettent cependant d'en prendre d'emblée conscience. On le sait natif de Marseille, mais auteur d'un hommage aussi tardif qu'ambigu à sa ville natale (Marsiho) ; on lui connaît un voyage breton au début du siècle, à l'origine d'un de ses premiers livres (Le Livre de I'Émeraude), resté toutefois moins célèbre que le Voyage du Condottière - ode à l'Italie et à ses trésors artistiques. La postérité a surtout retenu à vrai dire le portraitiste d'un grand nombre d'écrivains et d'artistes, l'essayiste prolifique courtisé par La Nouvelle Revue française et cent autres revues, le pamphlétaire anti-germaniste, prophète de la tragédie hitlérienne.N'oublions pas trop vite, dans les interstices d'une vie et d'une oeuvre animées par la passion de I'art et la recherche de la grandeur, le Provençal épris d'otium marin loin des mesquineries et de l'agitation de la vie liftéraire parisienne, le fils adoptif des rivages de Cornouaille, le contemplateur sensuel des beautés méditerranéennes. Suarès s'est défini une fois pour toutes comme «homme de la mer avant tout».A. de R.Cette riche anthologie, complétée par des notices et des index, a été conçue par Antoine de Rosny, professeur de lettres classiques et membre du comité Suarès. Elle met en lumière une clef de lecture méconnue de l'oeuvre d'André Suarès (1868-1948), l'un des pionniers de La NRF, et constitue une merveilleuse invitation au voyage.
Le peuple arctique fascine les hommes des régions tempérées. L'étude de ces communautés a produit de très belles pages dans la littérature de Jean Malaurie à Paul-Émile Victor. Ici c'est un collectif d'auteurs et d'universitaires, réuni par le British Museum qui racontent, expliquent, décrivent le mode de vie des peuples du Grand Nord à travers une iconographie exceptionnelle. Souvent considéré comme l'un des endroits les plus inhospitaliers de la planète, l'Arctique est habité depuis près de 30 000 ans par des hommes qui ont trouvé des façons ingénieuses d'exploiter et de célébrer leur environnement et de coexister avec sa faune. Cet ouvrage explore les origines des peuples de l'Arctique - migration précoce, relations commerciales culturelles -, et met en évidence les perspectives des nouveaux arrivants à la recherche de ressources précieuses et de nouvelles routes commerciales. Enfin, il examine les stratégies de résilience utilisées par les populations pour faire face aux transformations rapides provoquées par l'exploration non autochtone de l'Arctique et le bouleversement climatique. L'ouvrage dévoile les splendides collections du British museum, complétées par celles collectées à travers le monde. Vêtements fabriqués à partir des tripes de mammifères marins, kayaks en peau d'animaux, des tambours utilisés par les chamans samis, peintures murales, sculptures, à travers ces oeuvres, ces artefacts et ces objets, c'est l'histoire de ces peuples qui se raconte en images.
«Il y a une bête au Tibet que je poursuis depuis six ans, dit Munier.Elle vit sur les plateaux. Il faut de longues approches pour l'apercevoir.J'y retourne cet hiver, viens avec moi.- Qui est-ce ?- La panthère des neiges, dit-il.- Je pensais qu'elle avait disparu, dis-je.- C'est ce qu'elle fait croire.»