Le 20 février 1888, âgé de 35 ans, Vincent Van Gogh, l'homme du nord, s'installe à Arles. C'est l'hiver, mais il découvre la lumière provençale, éclatante de jour comme de nuit. Stupéfait par la limpidité du firmament, ce passionné d'astronomie se laisse gagner par un projet nouveau : peindre le ciel. Et Même s'il est intimidé par le sujet, il veut surtout peindre un ciel étoilé. Parce que « La nuit est encore plus richement colorée que le jour », écrit-il. Certains de ses plus grands chefs-d'oeuvre naîtront de ce projet : Terrasse de café le soir à Arles, La nuit étoilée sur le Rhône, La nuit étoilée de Saint Rémy de Provence...
Les étoiles sont-elles, dans ces toiles, disposées au hasard ou bien correspondent elles à une configuration réelle du ciel nocturne ? Cette question qui anime l'écrivain et astrophysicien passionné des arts qu'est Jean-Pierre Luminet n'est pas seulement une affaire de curiosité biographique, cela touche aussi à la vision fondamentale du peintre. Van Gogh a toujours mis en avant son désir de faire preuve d'un certain réalisme dans la transposition picturale « Cela m'amuse énormément de peindre la nuit sur place... de peindre la chose immédiatement », écrit-il dans une autre lettre. Ce débat (faut-il peindre d'après nature ou imagination) est si sérieux qu'il a provoqué la brouille entre Gauguin et Van Gogh (et la mutilation de l'oreille et crise de folie qui ont suivi chez ce dernier).
Entre biographie, histoire de l'art, science et poésie, se déplaçant sur les lieux précis où Van Gogh a peint, consultant les travaux de certains prédécesseurs (le plus souvent pour les contredire), et recourant à des logiciels de reconstitution astronomique, Jean-Pierre Luminet a mené l'enquête. A force de recoupements, il a pu établir que les portions de ciel représentées dans les tableaux correspondent toujours à une réalité. Mais il lui arrive aussi de rendre les choses plus complexes... pour des raisons purement artistiques. Ainsi Van Gogh, comme l'établit avec une fascinante sagacité Jean-Pierre Luminet, opère parfois des montages, ou mêle observation précise, imagination, mémoire... En cela aussi, il a bouleversé les canons et annoncé les évolutions futures de son art (vers le cubisme, le surréalisme, l'abstraction). Ce n'est pas le moindre mérite de ce passionnant petit livre que de démontrer cela.
Les années 1930 marquent un tournant dans l'oeuvre d'Henri Matisse.
En dépit du succès, il se lasse des intérieurs niçois et des nus alanguis.
Avec l'âge et la renommée viennent les remises en questions : c'est de neuf dont il a besoin, dans ses thèmes comme dans ses techniques picturales. Changeant d'échelle, il s'attaque à La Danse, vaste composition murale destinée à la fondation Barnes à Merion, et prend ainsi un nouveau départ, au seuil de sa soixantième année.
L'activité artistique de Matisse est alors étroitement suivie par la grande revue d'avant-garde Cahiers d'art, lancée par Christian Zervos en 1926.
Dans un moment d'intense recherche, l'oeuvre du peintre se fait radicale et se retrouve au coeur des débats d'idées et des courants artistiques que relaient les Cahiers. C'est par ce prisme que le présent ouvrage entend explorer la production du Matisse des années 1930, pour redonner toute sa portée à cette riche période de création, durant laquelle l'artiste s'impose comme une des figures majeures du modernisme international.
La renommée de Claude Monet et son rôle en tant que chef de file de l'impressionnisme sont aujourd'hui parfaitement établis, mais la personnalité de son frère Léon, chimiste en couleurs, industriel rouennais et collectionneur, reste encore à découvrir. En 1872, Claude Monet peint Impression, soleil levant, tandis que Léon fonde la Société industrielle de Rouen et décide d'apporter un soutien actif à son frère et à ses amis impressionnistes. Ce sont les prémices de la constitution d'une collection de peintures, de dessins et d'estampes japonaises, qui comptera les noms de Claude Monet, Camille Pissarro, Auguste Renoir, Alfred Sisley, Blanche Hoschédé-Monet, Berthe Morisot, parmi les plus illustres, et qui deviendra un des plus remarquables ensembles d'art moderne de la région rouennaise.
Le catalogue met en lumière d'une part la relation, très soudée, entre les deux frères Monet, de l'autre le rôle que Léon joua en tant que promoteur des peintres impressionnistes à l'aube de leur carrière. Il réunit une iconographie foisonnante et inédite, donnant à voir l'intégralité des oeuvres de la collection de Léon, y compris une large sélection de pages du premier cahier de dessins de Claude Monet. Il réunit aussi des photographies jusqu'ici conservées dans des albums de famille, à côté de documents d'archives rares et de nuancier de tissus colorés aux éclats synthétiques, témoignages de l'activité industrielle de Léon.
Reconnu pour son « intelligence vive et prompte » et son caractère « cordial et franc », Léon Monet retrouve ici, grâce aux recherches menées sous la direction de Géraldine Lefebvre, la place qui lui appartient dans l'histoire de l'impressionnisme.
Au sommaire de ce numéro :
. Georges Didi-Huberman, « L'être touché » . Molly Warnock, « Le clacissisme d'Yves Klein » . Caroline Cros, sur Cesar et le couple DurandRuel . Juliette Bessette, « A dome is a dome is a dome. Vers une histoire culturelle du dôme géodésique » . Anne Foucault, « Inconnu intérieur et inconnu extérieur : les dynamiques temporelles et spatiales à l'oeuvre dans le mur d'André Breton »
D'Alphonse Mucha (1860-1939), l'artiste tchèque exilé à Paris après une formation à Prague et à Vienne, on connaît surtout les affiches publicitaires, oeuvres emblématiques de l'Art Nouveau. Mais cet artiste prolifique et complexe, à la fois peintre, dessinateur, sculpteur ou encore photographe ne saurait se réduire à cette étiquette.
Le Pater est la première oeuvre du Mucha philosophe. Elle paraît à Paris le 20 décembre 1899, juste avant le basculement dans le nouveau siècle.
Sous la forme d'un livre qui illustre la prière Notre père, Mucha y inscrit un message pour les générations futures. Il développe une pensée humaniste en décrivant la progression de l'humanité, de l'obscurité de l'ignorance vers les états supérieurs de la spiritualité et de la vérité. La prière est découpée en sept phrases : chacune d'entre elles est reproduite, puis commentée et enfin illustrée par l'artiste.
Les planches de l'ouvrage, numérisées depuis l'exemplaire original conservé à la Fondation Mucha, sont reproduites ici intégralement dans une qualité exceptionnelle. En introduction, plusieurs textes de spécialistes permettent d'appréhender Le Pater dans son ensemble et d'en saisir les enjeux. On y découvre d'abord, par l'essai de Tomoko Sato, une contextualisation de l'oeuvre et une analyse détaillée de son importance dans la carrière de Mucha. Jacob Sadilek en offre ensuite une lecture d'un point de vue franc-maçonnique. Pour conclure la réflexion, Otto Urban analyse le développement du spiritualisme de Mucha dans le Paris des années 1890, et plus largement celui du nationalisme et du symbolisme dans l'art tchèque. Un glossaire symbolique accompagnant le feuilletage du Pater clôt l'ensemble, permettant au lecteur d'aujourd'hui de décrypter les secrets de cette oeuvre.
Le Musée Jacquemart-André met à l'honneur en mars 2023 l'oeuvre du peintre Giovanni Bellini, père de la peinture vénitienne, ayant ouvert la voie à cet art de la couleur et du ton qui fit la gloire de la Sérénissime. Ce catalogue d'exposition entend démontrer à travers environ une cinquantaine d'oeuvres (peintures, dessins, sculptures) comment Giovanni Bellini s'est à la fois ouvert à de nombreuses influences tout en conservant une part indéniable d'originalité. A la recherche constante de nouveaux modèles à imiter - voire à dépasser - Bellini réussit en effet à conjuguer son influence de la période byzantine, de l'art du nord de l'Europe et de la sculpture antique et moderne avec un appel prégnant du renouveau.
Réparties selon un ordre thématico-chronologique, les oeuvres de Giovanni Bellini constitueront le fil rouge de l'exposition, tout en étant à chaque fois mises en dialogue avec les « modèles » qui les ont inspirées.
À l'occasion du centenaire de sa naissance, cet ouvrage propose de redécouvrir, à travers une sélection d'images plus confidentielles, un photographe d'exception.
Trouver un ordre dans le désordre, marcher pour regarder et garder l'oeil ouvert à toutes les surprises : Marc Riboud arpente pendant soixante ans la planète. De la vieille Europe des années 1950, avec ses banlieues ouvrières et ses bals populaires, aux paysages de la lointaine Asie, en passant par les plaines gelées de l'Alaska ou les déserts de la Chine, le photographe saisit " l'image juste ". Originaire de Lyon, Riboud entame à trente ans son grand voyage à travers le monde. Grande-Bretagne, Turquie, Algérie, Afghanistan, Inde, Chine, Japon, Mexique, Vietnam, Niger, Alaska... comprendre le monde requiert une observation attentive et pour se forger une opinion, le photographe se rend là où les sociétés bougent : grève des dockers en 1954 en Grande- Bretagne, Algérie lors de son Indépendance en 1962, Nord Vietnam en 1975, foules de la révolution islamique en Iran en 1979, sans oublier les métamorphoses de la Chine, du Ghana, du Japon... " La photographie ne peut pas changer le monde, mais le montrer quand il change ", soulignait-il. Ses images sont autant de rencontres avec d'autres peuples, que des invitations à découvrir la beauté de l'ailleurs. Au fil des routes poussiéreuses ou enneigées s'esquissent une science des cadrages, une recherche de l'harmonie. " Je tire mon chapeau au Marc géomètre et sensible ", salue son ami Henri Cartier-Bresson.
Cet ouvrage est une histoire de la photographie à travers le prisme du flou, depuis l'invention du procédé jusqu'à nos jours.
On y découvrira que, selon les époques, le flou est considéré comme une valeur tantôt positive, tantôt négative.
Dans un développement historique et thématique, les oeuvres présentées racontent l'évolution de cette forme dont les usages n'ont cessé de se modifier selon les époques et les pratiques, qu'elles aient été amateures, artistiques, scientifiques, ou encore de reportage.
Jalonné de citations, le livre crée un dialogue entre les images et la manière dont le flou a été décrit par des auteurs et des artistes aussi divers que Charles Baudelaire, Julia Margaret Cameron ou Pierre Bourdieu, faisant ainsi valoir les enjeux du flou dans la perception du monde.
Car comme le souligne Serge Tisserond dans son texte, « Si l'évolution rapide du monde nous rend anxieux, nous allons probablement préférer les images nettes, stables. Si, au contraire, nous sommes angoissés par une certaine rigidité autour de nous [...], nous allons privilégier le mouvement, l'aspiration vers l'avenir ».
De 1983 à 1985, Jean-Michel Basquiat (1960-1988) et Andy Warhol (1928-1987) signent environ 160 toiles «à quatre mains», dont certaines parmi les plus grandes de leurs carrières respectives.Basquiat admirait Warhol comme un personnage-clé du monde de l'art, initiateur d'un langage inédit et d'un rapport original à la culture populaire. En retour, Warhol a trouvé chez Basquiat un intérêt renouvelé pour la peinture. Avec lui, il a recommencé à peindre manuellement, au pinceau. Un véritable dialogue visuel s'est installé entre eux, jusqu'à la création d'oeuvres portant leurs deux noms.Accompagnant l'exposition «Basquiat x Warhol, à quatre mains», l'ouvrage revient sur cette aventure à travers textes et images. Il réunit des toiles emblématiques du duo, des travaux individuels et des réalisations d'autres personnalités, tels Michael Halsband, Keith Haring, Jenny Holzer, Lady Pink, Kenny Scharf..., afin de resituer cet épisode dans la scène artistique new-yorkaise des années 1980.
Le catalogue de l'exposition « Monet Mitchell », organisée à la Fondation Louis Vuitton en partenariat avec le musée Marmottan Monet, explore les correspondances entre les oeuvres tardives de Claude Monet (1914-1926), qui anticipent les débuts de l'abstraction, et les peintures de Joan Mitchell (1925-1992).
Peintre américaine issue de l'expressionnisme abstrait, Joan Mitchell voyage en France dès 1948 et s'installe en 1968 à Vétheuil, lieu d'inspiration où vécut aussi Monet de 1878 à 1881.
Les chefs-d'oeuvre et les essais ici réunis soulignent les points de convergence liés à la couleur, à la lumière, à la gestualité, à la nature et aux paysages de Giverny et Vétheuil, qui ont profondément inspiré les deux artistes.
Le musée d'Art moderne de Paris consacre l'une des premières rétrospectives en France à l'artiste autrichien Oskar Kokoschka (1886-1980). Montrant la force avec laquelle Kokoschka a défié la création artistique de son temps, Oskar Kokoschka. Un Fauve à Vienne réunit une sélection unique des oeuvres les plus significatives de l'artiste. Dans sa structure et son contenu, le catalogue suit le parcours riche de l'artiste naviguant entre les villes et pays qu'il traverse (Vienne, Dresde, Paris, Prague, Londres, Suisse), retraçant sept décennies de création - de 1907 à 1973 - et rend compte de l'audace dont Oskar Kokoschka, témoin des grands bouleversements du siècle, fit preuve dans son approche de la peinture. Didactique, l'ouvrage s'appuie pour chaque section sur des textes de contextualisation, une chronologie et une riche documentation composée d'illustrations et d'écrits de l'artiste. Il est complété par des essais de spécialistes reconnus et par un texte de Maryline Desbiolles rendant hommage à la poésie de l'artiste.
La dernière grande manifestation autour de La nature morte de l'Antiquité au XXe siècle fut organisée en 1952 à Paris par Charles Sterling. Les Choses rend hommage à ce grand historien de l'art, en actualisant le point de vue et en intégrant tout ce qui a renouvelé nos perspectives, tant en histoire de l'art ancien et contemporain, qu'en littérature, poésie, philosophie, archéologie, botanique ou écologie.
Élargissant les frontières chronologiques et géographiques, l'ouvrage ouvre des fenêtres sur d'autres cultures qui ont représenté les choses en majesté. Il convoque des artistes contemporains qui s'inspirent de leurs prédécesseurs en modifiant notre regard sur le passé. Longtemps déconsidéré, le genre de la nature morte, assimilé à la trivialité de la vie quotidienne voire à la mécréance, doit être reconsidéré à la faveur de notre attachement grandissant aux choses ainsi qu'aux relations nouvelles qui s'établissent entre le vivant et le non vivant.
Inland Voyage est un ouvrage d'ouverture, de quête vers l'inconnu. Il explore l'oeuvre de l'écrivain écossais Robert Louis Stevenson, notamment son court récit de voyage An Inland Voyage (Voyage sur les canaux du Nord), écrit en 1878, qui retrace avec humour et modernité le périple en canoë de Stevenson et de son ami Walter Grindlay Simpson sur les rivières et canaux de la Sambre et de l'Oise d'Anvers à Pontoise.
Les premières pages du livre nous font glisser doucement au fil de l'eau, jusqu'à entrer dans un monde en équilibre entre le rêve et la réalité. Les images du photographe Quentin Pruvost, parti sur les traces de l'écrivain, louvoient entre l'ombre et la lumière. Elles révèlent des éléments étonnants, des illusions, des souvenirs de rêves passés et d'aventures possibles dans les paysages et les rencontres, dans la végétation foisonnante, dans les constructions humaines le long des berges de la Sambre et de l'Oise. Le lecteur est emporté par le courant, charrié par les songes, suspendu tel un funambule entre le tangible et l'invisible.
Au milieu du livre, apparaît le temps du rêve. Les images des rivières glissent vers le conte. Elles sont noires et blanches, parsemées de touches argentées.
Dans la troisième partie, le lecteur découvre au fil du livre des apparitions mystérieuses et des paréidolies saisies par Quentin Pruvost, comme s'il côtoyait l'esprit créatif de Stevenson entre les songes et le monde physique. A la fin de la traversée, le lecteur, plus sensible aux signes envoyés par les rêves, aura peut-être un peu changé...
L'ouvrage se termine par deux postfaces : l'une signée par l'écrivain et journaliste Hervé Leroy noue un dialogue entre l'oeil (photographique) et le verbe (littéraire), l'autre signée par le journaliste Jean-Philippe Mailliez nous emmène au coeur de la vie aventureuse du conteur Stevenson.
L'oeuvre de Munch (1863-1944) occupe dans la modernité artistique une place charnière. Elle plonge ses racines dans le XIXe siècle pour s'inscrire pleinement dans le siècle suivant. Son oeuvre tout entier des années 1880 à sa mort, est porter par une vision du monde singulière lui conférant une puissante dimension symboliste qui ne se réduit pas aux quelques chefs-d'oeuvre qu'il a créés dans les années 1890. Tout au contraire, ce catalogue propose une lecture globale de son oeuvre mettant en avant la grande cohérence de sa création, plutôt que d'opposer un symbolisme fin-de-siècle à un expressionnisme qui ancrerait Munch dans la scène moderne. Son approche picturale se construit principalement à partir de cycles ; Munch exprime fréquemment l'idée que l'humanité et la nature sont inexorablement unies dans le cycle de la vie, de la mort et de la renaissance. Dans ce cadre, il élabore une iconographie inédite, en grande partie inspirée par les philosophies vitalistes, notamment de Friedrich Nietzsche et d'Henri Bergson. Cette notion de cycle intervient ainsi à plusieurs niveaux dans l'oeuvre de Munch. Elle y est présente aussi dans la construction même de ses toiles, où certains motifs reviennent de façon régulière. Ce que ce livre nous propose de nouveau : une nouvelle lecture de la création de cet artiste aux oeuvres autant remarquables qu'insolites.
Dans le secret de l'atelier, le peintre Sam Szafran (1934-2019) poursuivit inlassablement les obsessions dont son oeuvre est empli. Après l'écroulement de son enfance lors de la Seconde Guerre mondiale, l'art fut pour lui un ancrage dans le réel. À l'écart des vicissitudes du monde comme des débats de son temps, son goût pour l'exactitude des formes ne l'empêcha jamais de les laisser dériver:escaliers en colimaçon devenus labyrinthes, ateliers envahis par la végétation, boîtes de pastels métamorphosées par un jeu de perspective...Cet ouvrage propose une nouvelle lecture de l'oeuvre si singulier de Sam Szafran et invite le lecteur dans les méandres de ses fusains, pastels et aquarelles.
Catalogue de l'exposition.
Entre 1936, année de son installation à Paris, et 1946, année de l'obtention de la nationalité américaine, Erwin Blumenfeld voit son destin, tant artistique que personnel, bouleversé. Sa plongée dans l'effervescence de la capitale et l'univers de la mode est brutalement interrompue par la défaite de 1940. Il connaît l'errance, l'internement dans plusieurs camps français, l'enfermement avec sa famille dans un camp au Maroc, puis a la chance de pouvoir s'échapper in extremis vers le nouveau monde.
Ces années 1930-1950 sont aussi celles de la révélation de son talent photo- graphique, le moment d'une expérimentation artistique originale et foison- nante, poursuivie avec la même ferveur de Paris à New York. Après des débuts artistiques au sein du mouvement Dada , marqués pa r des photomontages politiques prémonitoires sur la guerre à venir, l'oeuvre de Blumenfeld s'inspire et prolonge des techniques mises en avant notamment par les tenants de la « Nouvelle Vision » photographique : solarisation, réticulation , surimpression, jeux de miroirs et jeux optiques, jeux d'ombres et de lumières... À New York, il mettra en particulier son génie au service de la photographie de mode, et sera précurseur dans le domaine de la couleur, propice à de nouvelles expérimentations. Les magazines Harper's Bazaar et Vogue en particulier seront les supports influents de son expression.
L'exposition du mahJ éclaire la période la plus féconde du photographe, fait découvrir des ensembles jamais exposés - sur les gitans aux Saintes- Maries-de-la-Mer, et sur les danses des amérindiens de Taos Pueblo au Nouveau Mexique -, mais offre aussi certains éclairages sur sa vision de l'art, ainsi que des photographies autour de sa vie personnelle et familiale.
Faisant le lien entre sa participation à Dada et son insertion dans l'avant- garde parisienne, la série du « Dictateur » et des têtes de veau trouvera sa place avec les portraits, les travaux sur la sculpture de Maillol, et les expérimentations autour du corps féminin qui feront de lui un photographe recherché.
Elle a longtemps échappé aux radars de l'histoire de l'art. On découvre aujourd'hui avec Anna-Eva Bergman (1909-1987) une peintre d'importance majeure qui a investi dans son oeuvre une ambition sacrée, presque mystique. Sa vie, racontée pour la première fois grâce à une enquête au coeur de ses archives, est hors norme:une enfance norvégienne sous le signe de la peur; une jeunesse bohème et aventureuse à travers l'Europe; une carrière d'illustratrice; des démêlés avec l'Allemagne nazie; une lutte acharnée avec une santé défaillante; trois mariages, dont deux avec le même homme - Hans Hartung - à vingt-huit ans de distance; une fin tragique dans la splendeur de sa villa d'Antibes.Mais, surtout, Anna-Eva Bergman, c'est une vie dédiée à la création, loin des modes. Elle est aujourd'hui l'objet d'un engouement spectaculaire et sa cote s'envole. Il n'en a pas toujours été ainsi. Insuffisamment reconnue dans son pays d'origine, défendue par quelques rares alliés en France et en Europe, elle fera une très honorable carrière, certes, mais en sourdine, souvent dans l'ombre. Elle a beau croiser la route de Kandinsky, Soulages ou Rothko, elle demeure marginale. Caractérisés par l'emploi de feuilles d'or et d'argent et le rythme de la ligne, ses tableaux sont des évocations hiératiques et simplifiées, radicales, des grandes forces structurantes de l'univers - les éléments, les minéraux, le temps ... Elle a laissé une quantité considérable de documents (la plupart en norvégien) qui permettent de comprendre enfin cette femme, dans la complexité de son être, le drame de son existence et la magnificence de son oeuvre.
Cette peintre étatsunienne méconnue en France a développé une oeuvre picturale très originale focalisée sur le monde végétal et les fleurs en particulier. Un nouvel engouement pour son travail se fait jour, pour preuve le succès incroyable de l'exposition temporaire que le Centre Pompidou lui a consacré en 2021. Dans la lignée de son remarqué "Apprendre à voir" (5 800 ventes - lauréat de la première édition du Prix de l'essai EcoloObs décerné ce 9 mai), l'historienne de l'art et naturaliste Estelle Zhong Mengual explique comment et pourquoi ces oeuvres nous donnent à voir les fleurs comme on ne les avait jamais vues et renouvellent profondément notre rapport à elles et, plus largement, au monde vivant.
Georgia O'Keeffe est l'une des plus grandes figures de l'art nord-américain du XXe siècle, amazone de l'art contemporain, artiste ho rs normes. Pour Estelle Zhong Mengual, Georgia O'Keeffe, qui peint les fleurs comme si elle zoomait avec un appareil photo, nous invite à changer de focale, et à faire l'expérience de la beauté du monde du point de vue d'une abeille ou d'un colibri.
« En 1913, Apollinaire descendait de la Butte Montmartre avec mon père [le célèbre critique d'art André Warnod] lui récitant ses premiers vers d'Alcools. Ils retrouvaient Paul Fort, André Salmon, Max Jacob à La Closerie des Lilas où des joutes de poésie occupaient toutes les nuits. L'arrivée en masse des artistes d'Europe centrale, des Américains, Japonais, Italiens attirés par la France, constituait un melting-pot. « L'École de Paris » était née : les étrangers apportaient leurs traditions, les Français, leurs musées et leur liberté... » Jeanine WarnodAu début du XXe siècle, tous les boulevards du monde convergèrent vers Montparnasse, drainant des artistes aux mille parcours. Ces fils de l'exil vont poser leur valise près du carrefour Vavin où s'exprimera un langage commun : la création. Ce livre unique en son genre raconte dans son extraordinaire globalité ce moment singulier dans l'histoire pendant lequel un quartier de Paris devint la capitale mondiale de l'art. Lu et approuvé. Télérama Une jolie traversée [...] doublée d'une superbe galerie de portraits [...] le tout richement illustré de photos anciennes. Le Monde
L'Archipel du Goulache est à fois un livre de recettes et un livre de voyage à travers l'ancien bloc de l'Est. Des neiges de l'Arctique aux confins de l'Asie centrale, en passant par les républiques d'Abkhazie ou de Transnistrie, Florian Pinel puise ses idées gourmandes dans les décombres fumants des utopies socialistes.
Goulache transcarpathien, grouse à la moscovite, beshbarmak kazakh, pelmenis sibériens : les classiques revisités et les innovations audacieuses traversent les pages de ce recueil gastro-dystopique aussi appétissant qu'épique. Les textes sont illustrés de photos originales prises par les auteurs lors de leurs pérégrinations.
Joshua McFadden, chef et maraicher, nous apprend à renouer avec le bon goût des légumes et classe ses recettes au rythme de six saisons : le printemps, le début, le milieu et la fin d'été, l'automne et l'hiver.
Plus de 200 recettes qui mettent les légumes à l'honneur, sous toutes leurs formes, en entrée comme en dessert, pour flexitariens et végétariens. Crus, délicatement assaisonnés, grillés ou marinés, cuisinez-les de la feuille à la racine pour ne rien manquer de leurs saveurs.
Naviguez entre sucré, épicé, crémeux et croquant entre pâtes carbonara aux petits pois, soupe à la crème de céleri, gratin de thon et courges, tarte carottes & pécans et arancini farcis, et transformez vos légumes ordinaires en plats extraordinaires.
À la découverte d'un autre monde, au coeur de la forêt : le monde des charbonniers, hier, aujourd'hui, demain...
Un beau livre, très graphique, à la fois historique, ethnographique, scientifique, artistique, poétique, sur les charbonniers, leur travail de charbonnage et le charbon végétal.
Occupation et exploitation de la forêt, charbon et métallurgie, mobilités, migrations transalpines, le charbonnier comme « ambassadeur du sauvage », techniques de charbonnage et utilisations pratiques du charbon (biochar, filtres...), enjeux environnementaux... une approche à 360 degrés, pluridisciplinaire, pour découvrir les multiples facettes et enjeux du charbonnage au fil du temps.
Un livre à double entrée (deux couvertures !) dans une maquette élégante laissant une large place à l'iconographie : très belles photos, dessins et peintures d'artistes, jeux de typographies et graphismes, pour magnifier le charbon en tant que source d'inspiration artistique : variations de noirs à la Soulages, volutes de fumée, l'arbre présent dans la matière...
Un livre à « picorer », dans lequel on peut piocher au gré de son intérêt, au fil d'une lecture non linéaire.
À 19 ans, après des études d'art et de mode, Alicia rejoint une communauté hippie en Californie où, très vite, elle se met à consigner et illustrer les savoirs des gens qui l'entourent. Un an plus tard, ce qui ne devait être qu'une simple brochure à l'usage des membres de la communauté devient un livre et connaît un immense succès : en deux semaines seulement, les 10 000 exemplaires édités par The Bookworks sont épuisés. La seconde édition publiée par Random House se vendra quant à elle à 350 000 exemplaires en 10 ans.
À l'image de son autrice et des années qui l'ont vu naître, Vivre sur la Terre ne répond à aucune règle. Il se construit au fil des expériences vécues, relatées et illustrées par Alicia. On y trouve tout : comment fabriquer des produits de beauté et d'entretien mais aussi des outils ou des instruments de musique, jardiner, conserver et cuisiner ses récoltes, bivouaquer, coudre sans machine, et même accoucher naturellement, etc. Le tout est magnifiquement illustré de dessins au trait qui se mêlent à la graphie d'Alicia et font de ce livre une véritable oeuvre d'art !
À l'heure où les modes de vies écolos sont de plus en plus plébiscités et considérés comme « modernes », ce livre nous rappelle qu'il y a 50 ans émergeait toute une génération de pionniers de la décroissance.
Peace & Love !
BEST-SELLER DU SUNDAY TIMES.
« De temps en temps émerge un livre de cuisine qui met la barre de l'écriture culinaire plus haut... La dernière cheffe en date a avoir rejoint le panthéon est Anna Jones, avec One Pot, Pan, Planet. » VOGUE « C'est un livre où la théorie rencontre la pratique... et l'action, le délice ; c'est une grande réussite. » YOTAM OTTOLENGHI Dans ce recueil de plus de 200 recettes, Anna Jones réduit les ustensiles et les listes d'ingrédients pour concocter des dîners « tout en un » rapides et simples !
Elle prône ainsi une façon de manger plus respectueuse de l'environnement. Anna Jones donne ses astuces pour des courses et une organisation personnelle écoresponsables, ainsi que plein de conseils pour cuisiner les légumes les plus souvent gaspillés.
Ce livre est bon pour vous, pour votre porte-monnaie et pour la planète.