«Il s'efforçait de rire.Et eux aussi riaient, ne se doutant pas un seul instant du gouffre que cache parfois le rire d'un père.»Syrie. Un vieil homme rame à bord d'une barque, seul au milieu d'une immense étendue d'eau. En dessous de lui, sa maison d'enfance, engloutie par le lac artificiel el-Assad en 1973.Fermant les yeux sur la guerre qui gronde, muni d'un masque et d'un tuba, il plonge - et c'est sa vie entière qu'il revoit, ses enfants au temps où ils n'étaient pas encore partis se battre, Sarah, sa femme folle amoureuse de poésie, la prison, son premier amour, sa soif de liberté.
Avec lucidité et humanité, Edith Bruck revient sur son destin. Tout commence lorsque sa famille, de confession juive, est fauchée par la déportation nazie. L'auteure raconte sa miraculeuse survie dans plusieurs camps de concentration et son difficile retour à la vie. Elle n'a que quinze ans quand elle retrouve le monde des vivants. Elle commence une existence aventureuse, traversée d'espoirs, de désillusions, de débuts artistiques dans des cabarets à travers l'Europe et l'Orient, et enfin, à vingt-quatre ans, trouve refuge en Italie, se sentant chargée du devoir de mémoire, à l'image de son ami Primo Levi.
Dans la Cantabrie du XV? siècle, un massacre antijuif s'annonce. Pour sauver ses deux fils, un couple les envoie sur les routes. Leurs chemins les conduisent à travers l'Europe de la Renaissance, en Afrique du Nord et jusqu'en Amérique. Ils croisent une esclave canarienne devenue la maîtresse puis l'épouse de son maître, un marchand siennois voyageant entre Blois, Séville et Londres, une demoiselle d'honneur aux moeurs assez libres, des ecclésiastiques peu recommandables, et une foule d'individus aussi singuliers qu'émouvants.L'un devient marin et cartographe, intime d'Amerigo Vespucci - le navigateur dont le nom fut donné au Nouveau Monde -, l'autre médecin de Luther - le réformateur et initiateur du protestantisme - en Allemagne.Au terme de cette fresque historique captivante, riche en péripéties et en passions, parviendront-ils à se rejoindre ?
Trois cent soixante-neuf, c'est le nombre de photomatons que Jacob a pris de lui-même entre 1970 et 1974. Tour à tour barbu, glabre, austère ou fantasque, il semble avoir autant de personnalités que d'adresses postales. En découvrant cet album ramassé aux puces, Christophe Boltanski, fasciné, veut comprendre qui était cet homme. Acteur, steward, espion ?Alors l'auteur de La cache enquête, dans des échoppes à l'abandon, des docks déserts, des lieux ultra-sécurisés ou des cimetières. De Rome à Bâle, de Djerba à Israël, il reconstitue les vies de Jacob. Des vies qui mêlent paradis perdu, exil, désirs de vengeance, guerres et ambitions artistiques.
« Alors, qu'est-ce que je peux faire pour toi ?
Avec la lumière du soleil qui maintenant frappait le sol et les meubles de vieux bois marqueté, avec l'ombre des croisillons aux fenêtres qui dessinait comme un quadrillage penché sur l'épaisse moquette, elle a fini par dire qu'elle était revenue tout récemment, que pour l'instant elle logeait chez son père et qu'elle avait déposé un dossier pour un logement mais que peut-être il pourrait appuyer sa demande et que voilà, ce serait formidable pour elle si... »
Berger sur le plateau d'Asiagio, dans les Alpes italiennes, Tönle s'adonne à la contrebande pour subvenir aux besoins de sa famille. Quand il blesse par accident un douanier, il doit s'enfuir et devient mineur en Styrie, colporteur d'estampes dans les Carpates, jardinier à Prague... Pourtant, chaque hiver, trompant les gendarmes, Tönle retrouve son foyer et les siens. Les années passent et la Première Guerre mondiale fait éclater le monde tel qu'il le connaissait. Alors que sa région tant aimée n'est plus qu'un champ de bataille, le vieil homme obstiné refuse d'abandonner son troupeau, sa maison, sa famille.
«Même en plein soleil nous abritons en nous des vallées de ténèbres. Est-ce le prix à payer pour être humain?»Égaré dans les fjords loin de Reykjavik, un homme a perdu la mémoire. Dans le village où il s'est arrêté, tous semblent pourtant le connaître. Petit à petit, les récits qui lui sont faits le plongent dans la grande histoire d'une famille. Du XIX? siècle à aujourd'hui, chaque destin est comme une tentative d'échapper à l'immuabilité de la vie islandaise. Un pasteur bouleversé par les lettres d'une inconnue, un fermier qui veut quitter sa terre pour faire des études, des amoureux qui ne peuvent vivre leur passion au grand jour... À travers ce puzzle romanesque extraordinaire, l'homme poursuit sa quête:qui est-il? Et qui sommes-nous? Comment aimer, comment mourir?
Hiver 1959-1960, une petite ville de l'État de New York. Ruben Blum est historien, fils de parents (névrosés et excentriques) d'origine russo-ukrainienne, gendre de beaux-parents (plus névrosés et excentriques encore) d'origine germanique, et père d'une jeune fille qui a hérité de la folie familiale. Il enseigne à l'université de Corbin où il est le seul professeur de confession juive, ce qui fait de lui, par de sombres raccourcis, la personne idéale pour évaluer la candidature d'un spécialiste de l'Inquisition, juif lui aussi:Ben-Zion Nétanyahou. Mais lorsque, de la voiture de l'universitaire, c'est toute la famille qui sort, la soirée prend une tournure inattendue... et promet de rester dans les mémoires!
Moscou, 1939. Le biologiste Rudolf Mayer a parcouru plus de huit cents kilomètres pour présenter aux autorités ses recherches sur une souche hautement virulente de la peste. Ce n'est qu'après cette réunion qu'il comprend qu'il a été contaminé, et que toutes les personnes qu'il a croisées peuvent l'être également.La police soviétique déploie alors un très efficace plan de mise en quarantaine. Mais en ces années de Grandes Purges, une mise à l'isolement ressemble à une arrestation politique, et les réactions des uns et des autres peuvent être surprenantes.Dans ce texte datant de 1988, Ludmila Oulitskaïa donne à voir ce qui peut se passer lorsqu'une épidémie éclate au coeur d'un régime totalitaire. Découvert en Russie au printemps 2020, ce texte inédit, plein d'humour et d'humanisme, résonne singulièrement dans le contexte mondial de la pandémie de coronavirus.
À Belfast, l'été 2014 restera dans les mémoires comme celui des Grands Feux. À la suite de l'appel à la rébellion du mystérieux «Lanceur de feu» sur les réseaux, de gigantesques brasiers illuminent la ville en toute illégalité.Dans cette ville suffocante, crispée par le spectre ravivé des Troubles, deux pères rongés par l'angoisse tentent de poursuivre leur vie. Jonathan Murray, médecin, élève seul sa fille qui ressemble de plus en plus à sa génitrice, tandis que Sammy Agnew, ancien paramilitaire loyaliste, s'efforce de ne pas reconnaître son fils Marc dans la silhouette du Lanceur de feu. Ces deux hommes que tout sépare à l'exception de leur culpabilité finissent par se rencontrer...
Twyla et Roberta avaient huit ans lorsqu'elles ont atterri dans la même chambre de l'orphelinat St. Bonaventure de Newburgh, au nord de New York. Quatre mois durant, elles sont restées inséparables - puis la vie les a éloignées. Des années plus tard, elles se recroisent trois fois de suite par hasard - dans un dîner, une épicerie, une manifestation.
Chacune, à l'occasion de ces retrouvailles inopinées, va se rendre compte à quel point elle est devenue étrangère à l'autre. Et pourtant, elles demeurent indéfectiblement liées par un événement terrible, remontant à leur enfance à l'orphelinat.
Twyla et Roberta ; l'une est noire ; l'autre est blanche ; mais laquelle ? Le lecteur ne le saura jamais - et c'est tout ce qui fait le vertige et la profondeur de cette histoire, que Toni Morrison a écrite « comme une expérience, dans l'idée d'eff acer toute trace de détermination raciale chez deux personnages pour qui la question de la race est déterminante ».
Un texte à la fois limpide et troublant, au coeur de problématiques qui agitent encore et toujours notre époque - la question raciale, l'identité, la violence, la diff érence, l'aliénation.
«Nous voilà en Amérique, nous dirions-nous, il n'y a pas à s'inquiéter. Et nous aurions tort.» Au début du XX? siècle, des Japonaises font route vers les États-Unis pour y épouser des hommes qu'elles n'ont vus qu'en photo. Les difficultés du voyage en bateau sont effacées par l'excitation de la nouvelle vie qui les attend. Mais une fois à San Francisco, les désillusions s'enchaînent. Avec force et poésie, les voix de ces femmes se mêlent pour raconter leurs vies d'exilées : la nuit de noces, le travail éreintant, les enfants, la honte et les joies malgré tout. Puis la guerre, et le silence.S'inspirant d'une vérité historique oubliée, Julie Otsuka signe une plongée dans le destin tragique et bouleversant de ces Japonaises en quête du rêve américain.
Promise à un avenir confortable à Chicago, la jeune Sélina Peake voit son destin bouleversé lorsque son père est tué accidentellement. Contrainte de renoncer aux études pour gagner sa vie, elle décide de mettre à profit ses connaissances pour s'établir en tant qu'institutrice. Ce qu'elle fait dans la campagne de High Prairie, parmi les immigrés hollandais avec qui elle n'a a priori que très peu de points communs. Pourtant, grâce à son enthousiasme, sa curiosité et sa détermination, elle se forge très vite une place dans ce monde rural, bravant nombre de conventions de l'époque. Ainsi n'hésite-t-elle pas, une fois mariée et rapidement veuve, à mettre les mains à la terre pour permettre à son fils de s'engager dans une voie créative à laquelle elle a dû renoncer. Mais la réussite prend-elle toujours les formes que l'on attend ? Roman de formation à la ville et à la campagne, Mon grand est aussi le récit d'une émancipation féminine dans une société américaine de l'entre-deux-guerres en plein bouleversement.
« Voici l'histoire de la famille Toimi et de quelques événements qui influèrent de manière significative sur la vie de ses membres. Quand je dis la famille Toimi, je pense à la mère et au père, Siri et Pentti, et je pense à tous leurs enfants, ceux qui vivaient au moment des événements et ceux qui ne vivaient plus.
«Toimi» est un drôle de nom pour une famille. En suédois, le mot signifie «fonctionnel». Ce serait un drôle de nom pour plus d'une famille. Mais surtout pour celle-ci.
Nous passerons le plus clair de notre temps dans la cambrousse. En Tornédalie finlandaise, plus précisément.
En réalité, il suffit de savoir cela. Et que les Toimi sont des paysans, que nous sommes au début des années 1980, que Noël approche et que la famille compte beaucoup d'enfants, un peu trop à mon goût. » Immense best-seller en Suède où il a figuré sur les listes des prix les plus prestigieux, Au nom des miens est un roman polyphonique enivrant, déroutant, porté par une voix au ton à la fois féroce et résolument drôle.
« Le clown, c'est le poète en action. Il est l'histoire qu'il joue.
Le clown exerce sur moi un profond attrait (bien que je ne m'en sois pas toujours douté), justement parce qu'entre le monde et lui se dresse le rire. Son rire à lui n'a jamais rien d'homérique.
C'est un rire silencieux sans gaieté comme on dit. Le clown nous apprend à rire de nous-mêmes. Et ce rire-là est enfanté par les larmes. Sans conteste, c'est l'histoire la plus étrange que j'aie écrite à ce jour. » Henry Miller.
Dans ce conte poétique et philosophique écrit pour Fernand Léger en hommage au Cirque de Georges Seurat, l'auteur met en scène le clown Auguste dont le talent et la mise au point d'un numéro au bas d'une « échelle tendue vers la lune » le rendent célèbre jusqu'à ce que les intolérables exigences du public le fassent renoncer à plaire.
«Les livres sur Beyrouth ne traitent que de la guerre. Comme si cette ville n'avait d'autre thème à offrir que celui du drame. Dans ce cas, parler de la nourriture beyrouthine en littérature serait une transgression?»Pendant les 961 heures que Ryoko Sekiguchi a passées à Beyrouth, soit près d'un mois et demi, elle a dégusté 321 plats. Ce qui devait initialement être un livre de cuisine dresse aussi le portrait d'une ville, dont la riche culture se nourrit des personnes qui y vivent. Grâce aux histoires que les Beyrouthins lui ont racontées, l'autrice «fait revenir» - comme des oignons dans une poêle - un passé heureux qu'elle tente de préserver de l'oubli.
«Mon goût pour les situations compliquées, pour les histoires tordues, si j'étais bien incapable de dire d'où il me venait, je pouvais au moins l'assumer, peut-être le revendiquer.»À vingt-cinq ans, Aymeric essaie de renouer avec le monde extérieur après une rupture amoureuse et un séjour en prison. Florence en a quarante, elle est célibataire et enceinte de six mois. À la naissance de Jim, ils forment tous les trois une famille heureuse et unie, entre vastes combes et forêts d'épicéas. Bien qu'il prétende l'aimer comme un fils, Aymeric pourra-t-il devenir le père d'un enfant qui n'est pas le sien?
Après avoir respiré des vapeurs nocives dans l'imprimerie où il travaille, monsieur Carossa tombe malade. Par crainte d'un licenciement, il demande au médecin le silence. Et puis, un jour, il ne se lève pas. Comme un animal écrasé sur la route, il gît, à même le drap.
Yves Ravey raconte les derniers mois de son père, alors que la maladie progresse, avant de le tuer. Il a choisi le temps du présent pour ne laisser aucun espace à la nostalgie. Le présent favorise aussi la sobriété, le dépouillement. C'est sa manière d'écrire la mort de son père. Par courtes séquences successives, sans une once de lyrisme, encore moins d'apitoiement, comme si le pathos s'était fondu dans les ellipses. Les ellipses participent de la dimension éthique du livre d'Yves Ravey. Dimension remarquable.
Dans Le Drap, ni héros, ni pauvre type, ni jugement d'aucune sorte de la part du narrateur. Dans un roman familial, on avait presque oublié que c'était possible. Mais la justesse de la figure du père en dépend. Du récit, simple, naît la complexité. [...] Yves Ravey signe là un livre d'autant plus fort que cette représentation nue de la mort, aujourd'hui, est presque taboue. On se rappelle quelques pages d'Annie Ernaux. On pense surtout à La Gueule ouverte de Maurice Pialat, où un fils accompagnait la mort de sa mère avec le même amour implicite, et la même impuissance.
Christophe Kantcheff, Politis
«À certaines heures de la nuit, sous les draps pas lavés depuis des semaines, Cyrille se demandait s'il avait mis toutes les chances de son côté. Il écrivait des poèmes, lisait toutes sortes de romans, d'essais, de correspondances; il avait, sans trop galérer, trouvé un emploi qui, à défaut d'être passionnant, libérait son esprit sitôt qu'il s'évadait du bureau; il vivait à Paris (ou presque); ses études l'avaient nanti d'une syntaxe et d'un vocabulaire irréprochables; il n'avait pas de ventre, ne perdait pas ses cheveux ni ne déplaisait aux jeunes femmes; il bénéficiait d'une amitié précieuse, à tous les sens du terme, celle d'Ambroise - et pourtant, sa vie s'ensablait dans l'anecdotique, l'insipide, le rien. Que s'était-il passé? Quelle malédiction le condamnait à cet insignifiant surplace? Toutes les vies rasaient-elles, à son exemple, le bitume et la banalité?»Le jeune Cyrille Bertrand rêve d'une vie de poésie, d'aventures et de luxe, comme ses modèles Stendhal et Valery Larbaud. Pour l'heure, il vient de quitter ses parents à Dourdan et travaille au service contentieux de Salons&Cuisines. Et de Paris à Naples, entre l'amour, le Christ et la révolution, notre héros sans cesse se heurte à la réalité du monde...
« Je suis un sentimental. C'est une sorte de faiblesse, je sais, une sorte de maladie, je sais. Vous en riez ; vous pouvez bien en rire, ça m'est complètement égal. Je ne suis pas un mou, je ne suis pas un lâche, je ne crois pas, je suis seulement un sentimental : je n'aime pas les murs. C'est un défaut, je sais, mais je n'ai pas le choix. Je n'aime pas les murs. Je ne dis pas les vieux murs, pierre de taille et fissures, je ne dis pas les murs irréguliers, leurs interstices inégaux, mousses et mortiers, tous les jeux de la lumière à leurs surfaces, non, je dis les murs que certains croient bon de dresser entre eux et moi, entre eux et vous, entre eux et eux, et ces murs-là sont de béton, lisses et inaltérables, ils ne se laissent entamer par rien, c'est du moins ce qu'ils prétendent, il leur faut ça pour se protéger, c'est du moins ce qu'ils croient ; moi je les soupçonne d'être plus fragiles et plus faibles que moi, je suis un sentimental pourtant, tenez, je me demande si derrière leur mur, à chaque fois, ce ne serait pas par hasard un sentimental qui se cache et se réfugie. Un sentimental qui s'ignore. Ou un sentimental qui se méfie de lui-même plus encore que de vous ou de moi. »
À sept kilomètres de Smiljevo, haut dans les montagnes, dans un hameau à l'abandon, vivent Jozo Aspic et ses quatre fils. Leur petite communauté aux habitudes sanitaires, alimentaires et sociologiques discutables n'admet ni l'État ni les fondements de la civilisation, jusqu'à ce que le fils aîné, Krešimir, en vienne à l'idée saugrenue de se trouver une femme.
Bientôt, il devient clair que la recherche d'une épouse est encore plus difficile et hasardeuse que la lutte quotidienne des Aspic pour la sauvegarde de leur autarcie.
La quête amoureuse du fils aîné des Aspic fait de ce road movie littéraire une comédie hilarante, où les coups de théâtre s'associent pour accomplir un miracle à la combe aux Aspics.
Après "Le Poids des secrets" et "Au coeur du Yamato", l'écrivaine Aki Shimazaki signe un troisième cycle romanesque, "L'Ombre du chardon". On y retrouve son délicat art de l'épure pour évoquer la complexité des rapports humains, le poids des non-dits et des carcans imposés par une société entre modernité et traditions. Ce coffret réunit les cinq volumes qui peuvent se lire indépendamment et dans le désordre de "L'Ombre du chardon" : "Azami", "Hôzuki", "Suisen", "Fuki-no-tô" et "Maïmaï".
« Fenua revisite l'histoire de l'émerveillement qu'ont suscité ces îles. ».
Le Monde.
La Polynésie se décline en un poudroiement d'îles et atolls, sur des milliers de kilomètres. Ce territoire, c'est le Fenua.
Comme toujours chez Deville, le roman foisonne d'histoires, de rencontres et de voyages. On y croise Bougainville, Stevenson, Melville, puis Pierre Loti sur les traces de son frère Gustave, ou Victor Segalen et Gauguin, le peintre qui a fixé notre imaginaire de cette partie du monde, entre douceur lascive et sauvagerie. Des archipels qui deviendront, vers le milieu du xxe siècle, le terrain privilégié d'essais nucléaires dont le plus sûr effet aura peut-être été de susciter un désir d'indépendance...
« Grand voyageur et esprit cosmopolite, Patrick Deville est né en 1957. Il a publié une douzaine de romans, traduits dans de nombreuses langues. En 2012, il est récompensé par le prix Femina pour sa formidable évocation de Yersin et Pasteur dans Peste & Choléra, et en 2021 par le Grand prix de Littérature de l'Académie française pour l'ensemble de son oeuvre." Prix Joseph Kessel.
Prix Éric Tabarly du livre de mer.
La carrière de Gérard Fulmard n'a pas assez retenu l'attention du public. Peut-être était-il temps qu'on en dresse les grandes lignes.
Après des expériences diverses et peu couronnées de succès, Fulmard s'est retrouvé enrôlé au titre d'homme de main dans un parti politique mineur où s'aiguisent, comme partout, les complots et les passions.
Autant dire qu'il a mis les pieds dans un drame. Et croire, comme il l'a fait, qu'il est tombé là par hasard, c'est oublier que le hasard est souvent l'ignorance des causes.