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Amours fluides
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Un récit âpre et court, en trois « actes » poétiques : « Rémi », « Gabriel » et « Les Morts ». Le narrateur décrit la vie de chacun des garçons, de leurs jeunes années jusqu'au moment de leur rencontre, alors qu'ils doivent avoir 20 ans. Rémi et Gabriel, deux garçons que tout semble séparer. L'un est perdu dans son silence dans une campagne limousine, lumineuse et hostile, qui se désertifie. Il est à la recherche de l'ange aperçu un jour après une chute. Gabriel, garçon éduqué et bourgeois de la ville, court après la parole de ses parents disparus dans un accident et cherche à les entendre encore. Il sera l'ange. Deux destins qui se croisent et nouent une mystérieuse relation homosexuelle, qui ne pourra s'achever que dans un ultime sacrifice.La dimension charnelle, cinématographique de ce court récit est séduisante. Le livre est porté par la nécessité, l'urgence d'écrire, à la frontière du réel, dans un traitement mystique d'un fait-divers. Au plus proche des émotions et de la colère des personnages, l'écriture ciselée, précieuse, s'attache à décrire la lumière, les ombres et le langage des corps.
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«Il s'agit de cette femme, ou plutôt de cette jeune fille, enfin de cette Anglaise dont le curieux visage m'a plu pendant une heure. C'était un être bizarre. Lorsque je m'approchai d'elle pour la première fois, une grande bête dormait dans les plis traînants de sa jupe. La grande bête, dressant le museau, grogna de manière sinistre, au moment même où j'abordai l'intéressante inconnue. Malgré moi, je reculai d'un pas.» Connue en littérature sous le nom de Renée Vivien, Pauline Tarn (1877-1909) est née en Angleterre de père anglais et de mère américaine. Définitivement installée à Paris à sa majorité, elle devait produire en français une oeuvre poétique originale, quelques romans et contes ainsi que des traductions de textes de Sapho et d'autres poétesses de l'Antiquité grecque. En 1904, sous le titre La Dame à la louve, elle a publié un ensemble de nouvelles «fin de siècle», fantastiques et cruelles, où le rôle des hommes et des femmes est brutalement remis en cause.
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«En vérité, la proximité la plus grande que j'aie eue fut avec Michel Foucault et mon père n'y était pour rien. Je l'ai connu six ans durant, jusqu'à sa mort, intensément, et j'ai vécu une petite année dans son appartement. Je vois aujourd'hui cette période comme celle qui a changé ma vie. Je suis reconnaissant dans le vague à Michel, je ne sais pas exactement de quoi, d'une vie meilleure. La reconnaissance est un sentiment trop doux à porter : il faut s'en débarrasser et un livre est le seul moyen honorable, le seul compromettant. Quelle que soit la valeur particulière de plusieurs protagonistes de mon histoire, c'est la même chose pour chacun dans toute civilisation : l'amour qu'un père fait peser sur son fils, le fils doit attendre que quelqu'un ait le pouvoir de le lui montrer autrement pour qu'il puisse enfin saisir en quoi il consistait. Il faut du temps pour comprendre ce qu'aimer veut dire.»
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«Isabelle allongée sur la nuit enrubannait mes pieds, déroulait la bandelette du trouble. Les mains à plat sur le matelas, je faisais le même travail de charme qu'elle. Elle embrassait ce qu'elle avait caressé puis, de sa main légère, elle ébouriffait et époussetait avec le plumeau de la perversité. La pieuvre dans mes entrailles frémissait, Isabelle buvait au sein droit, au sein gauche. Je buvais avec elle, je m'allaitais de ténèbres quand sa bouche s'éloignait. Les doigts revenaient, encerclaient, soupesaient la tiédeur du sein, les doigts finissaient dans mon ventre en épaves hypocrites.» Dans Thérèse et Isabelle, longtemps censuré, Violette Leduc tente de «rendre le plus minutieusement possible les sensations éprouvées dans l'amour physique». Voici des pages âpres et précieuses, d'une liberté de ton qu'aucune femme écrivain n'avait osé prendre en France avant elle.
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« Man'yô avait beau avoir été ramassée et élevée par cette femme des villages, bonne et douce, la femme des montagnes qu'elle était ne lui ressemblerait jamais. » À l'été 1953, la petite Man'yô est recueillie par un couple d'ouvriers du village de Benimidori. Rien ne la prédestine à intégrer, quelques années plus tard, l'illustre clan Akakuchiba qui a fait fortune dans la sidérurgie. Lorsque la crise industrielle frappe le Japon, la famille est menacée. Sa survie dépend désormais de la fille rebelle de Man'yô. Mais celle-ci, à la tête d'un gang de motardes, a d'autres soucis que de perpétuer l'héritage familial...
À travers le destin de trois femmes, La légende des filles rouges dresse un portrait captivant des évolutions de la société japonaise jusqu'à nos jours.
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Paris, 1942. Constantin von Meck, metteur en scène allemand qui a fait l'essentiel de sa carrière à Hollywood, tourne un film pour la U.F.A. Il ironise sur ses compatriotes, s'insurge contre les brutalités policières, tente de sauver deux techniciens juifs, est révolté par une scène de torture, mais il ne remet fondamentalement en cause ni l'Allemagne nazie, ni la collaboration, ni sa propre attitude. Il aime la vie et les femmes - surtout la sienne, la belle Wanda. Il aime les hommes, les personnages extravagants et le rire. Séduisant, bruyant, drôle lui-même, il avoue pourtant avoir du «sang d'aquarelle». Il lui faudra la révélation de l'horreur devant laquelle, d'abord, il recule pour affronter finalement son destin, au terme d'une existence placée sous le double signe de la comédie et de la tragédie.
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Un vieil écrivain, Shunsuké, est fasciné par la beauté exceptionnelle de Yûichi, un jeune homosexuel. Shunsuké, dont l'oeuvre est connue, mais déjà achevée, a consacré toute sa vie à l'esprit et à la création. En Yûichi, c'est la liberté du corps, l'esthétique réduite à sa pure apparence physique et à la jouissance immédiate, que le romancier découvre. Yûichi, conscient de sa sexualité, hésite à épouser Yasuko, dont l'écrivain est amoureux. Il se confie au vieillard qui, au terme d'un pacte diabolique, l'incite à se marier. Shunsuké pourra dès lors manipuler le jeune homme comme une marionnette, comme un personnage incarné d'un roman qu'il n'écrira jamais. Sa misogynie déclarée, sa rancoeur à l'égard des femmes qui l'ont fait souffrir durant toute sa vie trouvent ainsi un cruel assouvissement. Mais c'est compter sans l'intervention d'autres manipulateurs et surtout croire qu'il peut lui-même échapper à la séduction de Yûichi. Rédigé entre 1950 et 1953, Les amours interdites décrit avec audace et sincérité l'univers homosexuel du Tôkyô d'après-guerre. Mais c'est surtout le roman où Mishima entreprend d'exposer sans fard sa conception de la sexualité, des rapports familiaux et sociaux, et ses théories esthétiques et philosophiques. À propos des Amours interdites, l'auteur devait écrire : «J'ai formé le projet insolent de transformer mon tempérament en un roman et d'ensevelir le premier dans le second.»
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«Nul n'est obligé d'être la personne qu'il est par naissance, chacun peut se construire, comme un puzzle.»Bujar grandit en Albanie, au début des années 1990. Alors que la chute du communisme fait basculer son pays dans le chaos, l'adolescent, homosexuel, sait qu'il doit partir. Accompagné de son ami Agim, il espère tenter sa chance en Italie. C'est le début d'une odyssée à travers l'Europe, ainsi qu'une poignante quête d'identité. En repoussant les frontières du monde, les deux garçons se frottent à cette question lancinante:comment se sentir chez soi - à l'étranger comme dans son propre corps?
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«Elle est belle. Elle est en Italie. Elle ne pense pas à toi. Le jour de son arrivée, elle ne te verra pas. Tu le sais. Je lui donnerai ma vie. Elle s'en fout. Elle sera dans la ville mais tu ne le sauras pas. C'est abominable. Je la tuerai. J'embrasserai ses deux mains que je rapprocherai. Elles ne sont pas plus intelligentes que moi, ses mains. Je reviendrai devant son immeuble. Le garçon de café lui parle. Le coiffeur touche ses cheveux. Écrasez-moi, Madame...» L'affamée est la description de l'Amour.