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Littérature
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La Maison Bourkov, du nom du propriétaire que personne n'a jamais vu, est un immeuble de Saint-Pétersbourg, où, à côté de quelques appartements luxueux ou arrogants, se pressent des logements modestes, des chambres meublées pour petits employés ou pour étudiants, des salles communes pour les mendiants de la ville. Dans ce monde grouillant et besogneux et autour de la figure centrale du comptable Marakouline, qu'une injustice a privé de sa situation et qui, plus que les ressources matérielles, recherche à travers chaque épreuve le sens de la vie et un objet à l'idéal qui ne peut mourir dans son coeur, tournent dans une ronde tragique tous les locataires de la maison Bourkov, et surtout les femmes remarquables que croise Marakouline, qui toutes sont victimes de la cruauté des hommes et qui sont des «Soeurs en croix».
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La magie et l'art de Rémizov, qui se décrivait lui-même comme un "automneux, solitaire et sans pareil, égaré parmi les hommes", tiennent autant à sa façon de regarder le monde de ses yeux tondus de myope qu'à sa façon de le raconter.
Né d'images surgies tout droit de son enfance (un inquiétant décafardiseur adepte de la Vieille Foi persécutée, des scènes d'exorcismes dans un monastère hanté par des possédés et décoré d'une grenouille géante changée en pierre), ce petit conte démoniaque et néanmoins malicieux nous entraîne dans un univers fantasmagorique. Qui sont les habitants de cette étrange maison ? Invoquent-ils le Malin, s'adonnent-ils à la sorcellerie ? Et quel sort attend les polissons qui les espionnent ? En fouillant dans les recoins ténébreux d'une ville de province russe et de ses croyances cachées, Rémizov nous livre peut-être ici une des clés de cette Russie éternelle dont l'énigme continue encore à nous fasciner.
Mais pour pénétrer dans ce monde tissé de sortilèges, il faut accepter de "perdre l'esprit" et de faire basculer sa raison. "la tête en bas, les pieds en l'air" !
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L'enfant aux yeux myopes, aux yeux tondus, voit s'ouvrir devant lui le monde. Il s'interroge sur soi-même, sur son destin; il se sent impuissant et se désespère:ses actes ont des conséquences imprévisibles et lui attirent semonces et reproches. Il sent qu'il inspire autour de lui autant de pitié que d'inquiétude; il se croit maudit, réprouvé. Quelle faute expie-t-il? Il l'ignore. Mais bientôt il accepte sa vocation, qui est d'aimer et aussi d'écrire:il découvre alors son vrai nom, celui de l'oiseau remiz qui, de tout, fait un chant. Ce livre de souvenirs, «le plus simple et le plus complet de Remizov, écrit Marcel Arland, la plus fidèle expression qu'il ait donnée de soi» , nous apporte le portrait d'un enfant rêveur et une magistrale évocation de Moscou, bruissante du chant de ses milliers de cloches, et où nous voyons vivre l'admirable peuple russe. C'est un monde chatoyant et pur qui nous est donné, un «monde enfantin dont les habitants les plus familiers sortent des livres et des légendes, et dont la réalité même prend une figure fabuleuse». «Quels que soient l'angoisse, les plaintes et les appels de cette oeuvre, écrit Marcel Arland, point d'amertume, je n'y vois rien que de l'amour.»
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Rédigé à Berlin en 1922-1923, ce texte rassemble des souvenirs sur V. Rozanov construits autour des lettres que ce dernier avait envoyées à l'écrivain ainsi qu'à son épouse. Mêlant bribes de conversation, fragments de lettres, rêves, portraits, réflexions philosophico-érotiques, dessins, récits de farces ou épisodes scatologiques, l'ensemble compose un tombeau à la mémoire du défunt.
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Les gardiens des livres
Mikhaïl Ossorguine, Alexeï Rémizov, Marina Tsvetaieva
- Interferences
- 11 Août 2003
- 9782909589015
Moscou, 1919.
Sur les décombres d'une russie meurtrie par la guerre civile et la révolution, on brûle les livres pour se chauffer, on les troque contre de la farine et des harengs.
à l'instigation de mikhaïl ossorguine, journaliste et romancier, une poignée d'intellectuels va pourtant fonder une librairie qui deviendra légendaire.
Gardiens des livres passés et à venir, ils recueillent patiemment les débris des bibliothèques éparpillées ou pillées, ils diffusent, sous forme de manuscrits enluminés, les livres qui continuent à s'écrire, ils aident poètes, écrivains et philosophes à survivre tant matériellement que moralement, en leur offrant, outre des secours concrets, un refuge contre le prosaïsme d'un quotidien misérable.
Deux plaquettes manuscrites d'a. rémizov et de m. tsvétaïeva illustrent la curieuse histoire de ces libraires-éditeurs racontée par un bibliophile.