Fragile plaquette publiée en 1894, ce texte est celui d'un jeune André Suarès. Le verbe de feu, porteur d'une oeuvre qui s'avèrera féconde d'intensité, y dévore déjà les pages.
La condamnation à mort de l'anarchiste Auguste Vaillant est à l'origine de cet essai magistral sur la loi des hommes, fruit pourri d'un système qui se mord la queue. Misérables et puissants voient leurs coeurs et leurs âmes sollicités : pour le bien de tous, l'amour doit y surgir des ténèbres. C'est d'une prose sévère et incarnée, délicieusement furieuse, que l'écrivain abjure une société fondée sur la violence et le con?it. Un cri qu'il convient de relayer.
André Suarès Voyage du Condottière Bien qu'il convoque l'ombre tutélaire de Stendhal, le Condottière s'est délesté de toute autorité. Son voyage a ceci d'unique qu'il traite des villes comme des caractères : Rimini est « maussade comme un attentat réussi », Gênes banale « comme la pensée d'un boutiquier d'Amérique ». Chaque ville a non seulement son tableau, sa pièce musicale, son église, son grand homme, elle a aussi son visage propre, ses verrues, ses rides, sa mauvaise haleine, son sourire (Sienne l'ardente est un « baiser dans un sourire mystique »). Chaque recoin visité donne naissance à un poème en prose, où parfois surgit la vision d'un couple uni dans la béatitude. Claire, la patricienne d'Assise, voyant saint François hué, honni, ne veut d'autre fiancé que ce « fou de Petit Pauvre ». Catherine de Sienne console un condamné à mort, lui promet les noces éternelles, le mène à l'échafaud et reçoit sa tête dans ses mains.
Linda Lê.
Le Voyage du Condottière d'André Suarès est son meilleur livre ; donc l'un des plus grands du siècle. [.] Ceux qui ne veulent pas céder à la force enveloppante de la musique et du rêve, les ricaneurs, ne sauront jamais ce qu'ils manquent.
Raphaël Sorin, Le Monde.
Au fond, le livre est de l'architecture. Qui dit architecture, veut dire un édifice et un ordre, une demeure pour les dieux et pour l'homme, que ce soit une simple maison ou une basilique. L'église est une assemblée : la lecture en est une autre. Le livre est la maison de la pensée. Tout commence au monument et tout finit par le livre. La cité s'écroule, la ville disparaît et le livre demeure.
Les édifices sont l'architecture de la matière : le beau livre est une architecture de l'esprit.
« Sur Molière » rassemble pour la première fois tous les écrits d'André Suarès, pour la plupart introuvables, sur Molière ; écrits suivis de « Clowns », un texte où André Suarès questionne l'essence du comique, notamment en lien avec Molière. Ce livre constitue un ensemble incomparable pour approcher au plus près l'auteur du « Misanthrope », le théâtre et la profondeur du comique. André Suarès, ce « pilier de la NRF » comme l'appelait André Gide, fut un maître pour André Malraux, Henry de Montherlant ou encore Stefan Zweig.
Toute sa vie, André Suarès a nourri un immense amour pour la mer, ses ports et ses rivages, sa beauté et ses mystères. Ni le demi-siècle qu'il passa à Paris, ni son oeuvre abondante vouée aux plus nobles quêtes intellectuelles, esthétiques et spirituelles ne permettent cependant d'en prendre d'emblée conscience. On le sait natif de Marseille, mais auteur d'un hommage aussi tardif qu'ambigu à sa ville natale (Marsiho) ; on lui connaît un voyage breton au début du siècle, à l'origine d'un de ses premiers livres (Le Livre de I'Émeraude), resté toutefois moins célèbre que le Voyage du Condottière - ode à l'Italie et à ses trésors artistiques. La postérité a surtout retenu à vrai dire le portraitiste d'un grand nombre d'écrivains et d'artistes, l'essayiste prolifique courtisé par La Nouvelle Revue française et cent autres revues, le pamphlétaire anti-germaniste, prophète de la tragédie hitlérienne.N'oublions pas trop vite, dans les interstices d'une vie et d'une oeuvre animées par la passion de I'art et la recherche de la grandeur, le Provençal épris d'otium marin loin des mesquineries et de l'agitation de la vie liftéraire parisienne, le fils adoptif des rivages de Cornouaille, le contemplateur sensuel des beautés méditerranéennes. Suarès s'est défini une fois pour toutes comme «homme de la mer avant tout».A. de R.Cette riche anthologie, complétée par des notices et des index, a été conçue par Antoine de Rosny, professeur de lettres classiques et membre du comité Suarès. Elle met en lumière une clef de lecture méconnue de l'oeuvre d'André Suarès (1868-1948), l'un des pionniers de La NRF, et constitue une merveilleuse invitation au voyage.
Vues sur Baudelaire propose pour la première fois de découvrir tous les grands textes, y compris inconnus ou introuvables, d'André Suarès sur Baudelaire. André Suarès, ce « pilier de la NRF » comme l'appelait André Gide, fut un maître pour Blaise Cendrars, André Malraux ou Henry de Montherlant, mais aussi pour Miguel de Unamuno, Stefan Zweig ou René Girard ; André Suarès que Roger Nimier a ainsi célébré : « Suarès mourut misérable et oublié, après avoir écrit sur Retz, sur Tolstoï, sur Napoléon, d'une manière incomparable, qui prouve une respiration égale à celle du génie. » Ce livre est l'occasion de découvrir des pages d'exception sur la poésie et sa fonction, dont la frappe est d'une sonorité qu'on ne peut oublier.
Suarès est l'égal des plus grands écrivains du XXe siècle, mais qui connaît son oeuvre hormis les lettrés ?
Déjà Gide s'étonnait que cette oeuvre, si vaste et si puissante, soit si peu lue : « Nos arrière-neveux s'étonneront du silence que notre époque a su garder ou faire autour de Suarès. » Mais Malraux le proclamait hautement : « Pour nous, au lendemain de la guerre, les trois grands écrivains français, c'étaient Claudel, Gide et Suarès. » L'oeuvre de Suarès, il faut le rappeler, est considérable : plus de 100 ouvrages, d'innombrables articles de revue, une monumentale correspondance avec les plus grands écrivains. Ses carnets inédits, conservés à la Bibliothèque littéraire Jacques-Doucet, ne comptent pas moins de vingt mille pages.
Suarès, c'est, dès le premier abord, un style étincelant. Son écriture est incisive, dense, élégante, à l'image du latin des meilleurs auteurs ou du français d'un Pascal ou La Rochefoucauld. Musicien dans l'âme, amateur passionné de peinture et d'architecture italienne, il applique à sa prose une même exigence de clarté et d'harmonie.
Mais c'est aussi et surtout une pensée d'une lucidité et d'une liberté incomparables. En cela digne descendant de Montaigne. Face aux tentations totalitaires, il ne transige jamais. Contre les vastes empires, il exalte le rayonnement des petites nations comme Athènes, Florence ou la France.
Suarès ? Une sorte de Zweig français, excellant dans les portraits, les réflexions, les voyages - mais pétri de la lumière et des parfums de la Méditerranée.
Ce livre reprend tous les textes publiés par Suarès de son vivant dans les journaux et les revues et jamais repris en volume à ce jour, entre autre En marge d'un livre, censuré par Grasset et édité à tirage limité hors commerce en 1936, et la Chronique de Caërdal publiée dans la NRF entre 1939 et 1940. On y découvre la conception de Suarès d'une Europe fraternelle, son culte des plus grands esprits de tous les pays, mais aussi son obsession du rang de la France et de son esprit dans le concert des nations, une France dans laquelle il décèle les ressources les plus vives pour lutter sur tous les plans contre le totalitarisme, quel qu'il soit : communiste, fasciste et nazi.
Écrit avec une force prodigieuse et une virulence inentamée par les années, Contre le totalitarisme est un livre qui a la même force que les écrits politiques de Georges Orwell, Simone Weil, Georges Bernanos, Albert Camus et Alexandre Soljenitsyne.
Il reste d'une actualité profonde, car ce qu'il vise, c'est la défense généreuse de l'humanité contre tout ce qui prétend l'encadrer, la rabaisser, sinon la dépasser. Il y va d'une protestation continue de l'esprit de liberté contre toutes les formes de tyrannies.
André Suarès compte parmi les écrivains les plus importants de la première moitié du XXe siècle et pourtant son nom reste encore trop méconnu, alors que ceux de Proust, Gide, Claudel ou Valéry sont passés à la postérité. Le présent volume s'attache à mettre en valeur des textes inédits en volume ou très difficilement accessibles qui permettent de mesurer à quel point le talent de Suarès est grand. Doué d'une immense culture et d'un regard pénétrant, Suarès peut s'exprimer sur tous les fronts : littérature ; peinture ; musique et danse ; mystique. On retrouvera ainsi dans Miroir du temps des études d'une qualité exceptionnelle sur des auteurs aussi importants que Shakespeare, Goethe, Dostoïevski, Tolstoï, Verlaine, Stevenson, Péguy, Zweig. Les autres arts ne sont pas en reste avec des chapitres consacrés à Léonard de Vinci, Gustave ou Van Gogh, Wagner, le ballet ou Charlie Chaplin. Enfin une dernière partie est consacrée à des auteurs de spiritualité : saint Paul, saint Augustin, Spinoza... Ce recueil offre un panorama complet de sa pensée et permet de découvrir toute l'ampleur des thèmes chers à Suarès sous une forme inédite. Ce volume est la meilleure des entrées en matière possibles à cette oeuvre majeure.
Dès l'âge de vingt ans, en 1888, Suarès s'est reconnu dans Dostoïevski. Il est l'auteur du premier grand livre publié en France sur le romancier russe qu'il a médité toute sa vie. Cet ouvrage reprend la grande étude éditée par Péguy en 1911, devenue introuvable, mais aussi tous les textes de Suarès au sujet de l'un de ses intercesseurs majeurs, avec Shakespeare et Wagner, sur le chemin de salut artistique et spirituel qu'il propose.
Dans une note inédite, Suarès affirme que « le monde pathétique de Dostoïevski est une quête permanente de Dieu. Qui est-il ? s'interroge-t-il ; où et comment ? Qu'est-ce que l'homme sans Dieu ? et qu'est-ce avec lui ? »?
Ce livre permet de comprendre ce qu'il avait annoncé à Paul Claudel, et nous invite à le rejoindre sur l'autre rive, où toutes les prophéties s'accomplissent sous nos yeux : « Avec Dostoïevski, j'ai fait un voyage dans les abîmes. »?
« Pour nous, au lendemain de la guerre, les trois grands écrivains français, c'étaient Claudel, Gide et Suarès. » André Malraux
A son image, fier, dur, intransigeant, sans complaisance vis à vis des petits esprits et des petites entreprises, il convoque Marseille à sa vraie dimension, celle d'une métropole dominatrice et rayonnante, et il enrage de la voir dénaturée par des ambitions limitées et des entreprises étriquées qui servent si mal cette aspiration. Tout à la fois rêveur et réaliste, il est amoureux d'une belle dont il chante les qualités tout en fustigeant les défauts. Il dépeint avec la même dévotion les turpitudes et les misères de ses quartiers populaires, comme la beauté grecque enluminée de bleu de ces collines ioniennes et le souffle épique de ces horizons maritimes mordorés. Ce livre éblouissant, CE BLOC DE SOLEIL comme l'appelle René Fauchais, bat comme un coeur. Celui de Marseille et de ses gens.
Depuis son livre sur Wagner (1899) jusqu'à sa mort, André Suarès n'a cessé d'écrire sur la musique avec une ardeur qui ne se compare qu'à celle de Marcel Proust. Pianiste émérite lui-même, découvreur de talents - ainsi a-t-il, parmi les premiers, salué le génie de Debussy ou de Ravel -, mais surtout styliste incomparable, écrivant dans une langue aux ressources sans fin, il laisse une approche unique du phénomène musical, tant sa culture et sa curiosité l'ont poussé à tout étudier : de la musique médiévale à celle de Stravinsky, mais aussi Bach et Mozart, Beethoven et Liszt, ou encore Moussorgski.
Sur la musique réunit pour la première fois l'ensemble de ses «Pensées sur la musique», parues des années 1920 au seuil de la Seconde Guerre mondiale dans La Revue musicale, ainsi que quelques autres textes inédits disséminés dans des revues devenues introuvables.
L'ensemble frappe par sa diversité de points de vue, mais aussi par leur hauteur. André Suarès propose de longs aphorismes, dignes de Nietzsche, où il laisse aller son humeur et ses caprices, parfois avec ironie, parfois avec drôlerie - mais toujours avec passion.
On voit une pensée de la musique se faisant, qui vise à cerner les plus grandes oeuvres des plus grands compositeurs.
Cet ouvrage est précédé d'une préface de Stéphane Barsacq, un «maître-livre» pour tous les amoureux de la musique et de la littérature, qui répond parfaitement à ce que Vladimir Jankélévitch disait : «Si nous faisions comparaître Suarès sur-le-champ en lui disant : «Vous écrivez des choses presque contradictoires sur Debussy à celles que vous avancez quand vous parlez de l'improvisation», il récuserait avec raison cette logique qui le somme d'être entièrement cohérent. La musique est un domaine où on n'a pas à être cohérent. Et après tout, moi non plus - si je me comparais, comme un nain, à un géant comme Suarès -, je dirais : nous n'avons pas à nous justifier. La musique, c'est comme ça !»
« Qui dira la mélancolie de Tolstoï, quand on le loue d'avoir écrit les plus beaux romans du monde ? » André Suarès, le premier, dès 1910, l'a fait dans ce livre, introuvable en librairie depuis 1938 et véritable tombeau pour Léon, où il qualifie le maître russe d'« Homère et de Luther du monde Slave ». Ce livre est à la fois un essai esthétique et une réflexion « morale » sur l'auteur russe le plus célèbre du monde.
Avec une postface de Guillaume Basquin.
"Voici donc la Cité, le grand navire de la France, la nef amirale de L'Occident, avec l'île Saint-Louis, son matelot à la remorque. Elle est amarrée entre les deux bras de la Seine. À qui vient de l'Orient, elle apparaît dès la boucle de Bercy, et surgit au plus large du fleuve, avec ses mâts de pierre, et le château fort de la cathédrale, puissamment appuyée à l'énorme gaillard d'arrière, l'abside en dos de lion accroupi. Et la proue de l'île, au Pont-Neuf, plus aiguë que l'avant de la frégate la plus fine, n'attend que le "Largue l'amarre, largue l'écoute", l'ordre du destin, pour filer sur l'Océan, à la poursuite du soleil, vers l'infini de la lumière." Lyrique, fougueux, emporté et puissant, le poète André Suarès embarque pour un voyage sensible au coeur battant de la ville capitale, en sa Cité emblème, où se croisent plus de mille ans d'histoire. Le palais de Justice, Notre-Dame, la Samaritaine, les ponts sur la Seine, les quais, les rues, les jardins et toute une foule de badauds, de fervents ou d'apparitions s'animent ici par la grâce de la prose vivante et du rayonnement presque mystique de ce grand Parisien que fut Suarès.
Une collection unique, souvent imitée, jamais égalée, qui explore tous les champs du savoir et de la littérature et qui est devenue, en moins de trois décennies, la bibliothèque idéale de l'honnête homme de notre temps. Chez « Bouquins », nous publions aussi bien des dictionnaires d'histoire, de musique ou de littérature que des récits de voyage, des grands classiques de la littérature mondiale ou de l'art de vivre que des portraits de ville ou des textes sacrés. Ils ont été établis par les meilleurs spécialistes et font référence dès leur parution. « Bouquins » s'adresse à tous ceux qui ont la passion de lire et de découvrir, aussi bien à l'étudiant qu'au professeur ou à l'amateur de curiosités, bref à tous ceux qui croient encore qu'un bon livre reste l'un des plus merveilleux compagnons qui nous ait été donné depuis que Gutenberg, avec ses caractères de plomb et d'antimoine, ses moules en métal et ses poinçons, a permis aux textes, parfois tirés de la nuit de l'oubli, de rencontrer en Europe leurs lecteurs par milliers.
Une collection unique, souvent imitée, jamais égalée, qui explore tous les champs du savoir et de la littérature et qui est devenue, en moins de trois décennies, la bibliothèque idéale de l'honnête homme de notre temps. Chez « Bouquins », nous publions aussi bien des dictionnaires d'histoire, de musique ou de littérature que des récits de voyage, des grands classiques de la littérature mondiale ou de l'art de vivre que des portraits de ville ou des textes sacrés. Ils ont été établis par les meilleurs spécialistes et font référence dès leur parution. « Bouquins » s'adresse à tous ceux qui ont la passion de lire et de découvrir, aussi bien à l'étudiant qu'au professeur ou à l'amateur de curiosités, bref à tous ceux qui croient encore qu'un bon livre reste l'un des plus merveilleux compagnons qui nous ait été donné depuis que Gutenberg, avec ses caractères de plomb et d'antimoine, ses moules en métal et ses poinçons, a permis aux textes, parfois tirés de la nuit de l'oubli, de rencontrer en Europe leurs lecteurs par milliers.
Le portrait, tel que l'entend Suarès doit rivaliser avec le roman ou le drame. «Le premier, j'ai traité les paysages et les villes comme des caractères ; et j'en ai fait des portraits analogues aux portraits d'hommes». «Caractères», le mot revient sans cesse, pour susciter l'élan créateur. Un portrait de Suarès est une peinture en mouvement. Il s'agit d'exercer un pouvoir de résurrection à la manière d'un Michelet ou d'un Balzac, deux sources de sa «mise en scène». Pour nourrir sa fresque, Suarès puise dans une culture admirable, l'une des plus complètes de sa génération, y compris les sciences. Voilà les règles pour «vivre en abeille sur les pentes du Parnasse», tout en gardant l'instinct - miraculeux - d'une lecture fraîche des oeuvres, débarrassées des systèmes et des dogmes. Suarès paraît même un ancêtre de la critique textuelle ! «Nature, infini palimpseste : mais il doit y avoir un texte là-dessous. Il doit y avoir un sens à ce texte - Quel doute est-ce là ? Un sens, tu veux un sens ? Donne-le lui». Les options de Suarès sont toujours d'un poète : «Dans un artiste réellement vivant, il y a dix et vingt hommes, cent même s'il dure, tout divers, plusieurs contraires entre eux, fussent-ils parents, qui viennent au jour les uns après les autres». Ne croirait-on pas lire déjà Pessoa ? «J'ai cent vies à tenter», et cent vies sont nécessaires pour visiter toutes ces âmes auxquelles Suarès prête à profusion les multiples facettes d'un génie protéiforme.
Au pire moment de la Grande Guerre (août 1917-juillet 1918), Gaston Gallimard s'engage à publier en douze livraisons successives les écrits d'André Suarès composés au fil de ces mois.Essai, pamphlet politique, réaction à l'actualité immédiate (l'Allemagne, l'Europe, la révolution bolchevique, la papauté) s'équilibrent avec la littérature d'analyse la plus exigeante et la création la plus variée (théâtre, poésie).Ces douze mois, enfin réunis en un seul volume, permettent de suivre le travail de laboratoire d'un des écrivains les plus attentifs à son temps. Remarques en offrent une image très sincère et la moins composée, avec ses violences liées à une intransigeante lucidité, comme la plus émouvante par l'humanité qui ne cesse de l'animer.
Cet essai paru en 1939 est une charge incantatoire, quasi mystique, contre la barbarie d'Hitler et la délirante romanité mussolinienne. Cette analyse, achevée en 1935, prévoyait la barbarie qui bientôt s'abattrait sur l'Europe.
Rome, dont les liasses dormaient dans le fonds prestigieux de la Bibliothèque littéraire Jacques-Doucet, retrace avec passion, profondeur et subtilité, le premier voyage en Italie, en 1893, d'un écrivain à la fabuleuse culture ! En 1910, André Suarès devait concevoir Le Voyage du condottière, que bien des critiques contemporains considèrent comme l'un des ouvrages majeurs de la littérature française contemporaine. Or, Rome précède de quinze ans Vers Venise, le premier tome du Condottière. Dans ces pages flamboyantes, hymne à la grandeur de l'art et à la vitalité d'un peuple, apparaissent tour à tour les plus grands monuments, les plus célèbres peintres et sculpteurs, mais aussi le petit peuple de la Ville éternelle.
La Norvège, navire de fer et de granit, gréé de pluie, de forêts et de brumes, est mouillée dans le Nord entre la frégate de l'Angleterre, les quais de l'Océan glacial, et la berge infinie de l'Orient qui semble sans limites. La proue est tournée vers le Sud ; peu s'en faut que le taille-mer n'entre comme un éperon au défaut de la plaine germanique et des marais bataves. À l'avant, la Norvège est sculptée, en poulaine, de golfes et de rochers : tout l'arrière est assis, large et massif, dans la neige et les longues ténèbres.