Andreï Platonov
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Aujourd'hui promu au rang des grand classiques russes, Andreï Platonov , né en 1899, mort en 1951, fut, de son vivant, un pestiféré. Visionnaire, critique féroce, humoriste désespéré, il a créé une langue profondément singulière, qui le place parmi les plus grands écrivains de notre siècle.
Monté sur sa haridelle « Force prolétarienne », Kopionkine, forme moderne de Don Quichotte, parcourt la Russie avec son compagnon Dvanov, en quête de « la génération spontanée du socialisme ». Ils échouent à Tchevengour, un lieu singulier où une utopie nouvelle a été mise en pratique : les bourgeois ont été massacrés, le travail interdit. « Ici, c'est le communisme et vice versa » leur annonce Tchepourny, responsable de la bourgade et apôtre d'une utopie nouvelle. Sans avoir jamais lu Marx, Tchepourny avait conçu le plan d'une communauté idéale. Dans cette étrange commune « hantés par des hordes de gueux », la surveillance est constante, les réunions sont permanentes, la logorrhée ne tarit jamais et « le soleil, le seul à travailler, se lève sur l'indigence du pays ».
Tchevengour est le constat de l'absurdité d'un système né d'une idée utopique imposée à des paysans imprégnés du christianisme des pauvres. Achevé en 1928, ce roman interdit d'Andreï Platonov est paru en russe pour la première fois à Paris, en 1972. l'ouvrage ne fut publié en Russie qu'au bout de soixante ans, soit trente-sept années après la mort de Platonov.
« Il fit l'effet d'une bombe, mais ne fut perçu que dans une seule de ses dimensions, comme une dystopie, relatant l'histoire d'un district perdu du sud de la Russie où, à la fin de la guerre civile, un groupe de communistes «impatients de la vie» instaure le communisme sans plus attendre. Le temps s'arrête alors, la population s'enfonce dans une vie étrange et des souffrances que rien ne peut guérir et, sans être parvenue à connaître le bonheur communiste, est sauvée par un détachement ennemi sauvage qui déboule de la grande steppe.
Le décryptage de la grandiose métaphore de Tchevengour occupera plus d'une génération, car cette oeuvre est l'une des plus importantes des années 20 et 30, avec Le Maître et Marguerite de Boulgakov, L'Envie d'Olecha et L'Invitation au supplice de Nabokov. C'est un roman sur une révolution rustique des steppes qui ignore les théories bolcheviques ; une oeuvre sur le paradis des va-nu-pieds, sur une tentative des pauvres en esprit d'accéder au royaume des cieux qu'on leur a promis. Un livre plein de liberté et de force, qui a gravé l'une des images de la Russie les plus stupéfiantes de la littérature. C'est pourquoi Tchevengour n'est pas seulement une ville, ou un espace pouvant abriter cette ville imaginée par Platonov, mais un état d'esprit, ou, plus largement, une allégorie de l'âme russe ».
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Au mois d'octobre 2023 Ginkgo réédite, en même temps que Tchevengour, deux autres des textes majeurs d'un des plus grands écrivains du XXe siècle, Andreï Platonov, qui avait depuis longtemps entièrement disparu des librairies :
La Mer de jouvence et Djann.
Georges Nivat et son épouse Lucile Nivat (parents de la journaliste Anne Nivat, spécialiste de la Russie) avaient traduit Djann en 1972, à l'époque où l'oeuvre de Platonov, interdite en URSS où l'auteur était mort en 1951 dans la misère et l'oubli, commençait tout juste à être publiée en Occident aux côtés de celles de Boulgakov, de Soljenitsyne et de tant d'autres. Mais se posaient alors le problème des versions, entre les manuscrits originaux, des copies circulant « sous le manteau » plus ou moins fautives, et les textes qui avaient pu être publiés dans des revues soviétiques mais défigurés par la censure. C'était le cas de Djann, auquel manquaient quatre chapitres finaux qui ne furent redécouverts qu'après la chute de l'Union soviétique. Pour cette réédition Georges et Lucile Nivat (âgés aujourd'hui de 88 ans), ont donc, de manière très émouvante, traduit ces derniers chapitres et revu leur traduction faite il y a cinquante et un ans, alors qu'ils avaient 37 ans et qu'ils participaient aux débuts des éditions de l'Âge d'homme.
Bien sûr le peuple djann n'a jamais existé. Ne le cherchez pas dans les atlas ethnographiques. Et ne cherchez pas de civilisation « djann » dans les salines infernales de la fosse de Sary-Kamych. Ce trou inhabitable, effondrement du sol en plein désert, entre l'Iran et la mer d'Aral n'a été choisi par Platonov que parce qu'il est un des points les plus arides, les plus infernaux de notre terre. Ce peuple minuscule, hétéroclite, plus mort que vif, qui erre à travers l'immense désert torride et sulfureux, ce peuple d'âmes (djann en persan est à la fois la vie et l'esprit), c'est le peuple des déshérités de la terre cherchant l'éternelle et toujours fuyante Terre Promise. L'aventure de Moïse ne s'achèvera jamais et Moïse toujours meurt avant de franchir le seuil de la Terre Promise.
Le peuple est le grand acteur des récits fantastiques et des mythes où Andreï Platonov, inlassablement, a tenté de résoudre l'énigme de l'histoire : où allons-nous, sommes-nous menés ou bernés par les Moïse qui nous entraînent aux portes du bonheur ? Existe-t-il un bonheur au fond du gouffre de Sary-Kamych ? A quoi sert de sortir d'Égypte, de faire la révolution, de pousser les hommes à la lutte si, exsangues, ils n'ont pas le bonheur pour immédiate récompense ? Pas le bonheur des prophètes qui nous font tourner en rond dans les sables ardents d'Arabie, mais le bonheur intime, palpable, chaud, sensible à nos mains, nos muscles et nos viscères... Conte mystérieux et symbolique, Djann est un des plus puissants textes de Platonov. -
Dans ce roman fantastique, qui est à la fois symbolique, poétique et grinçant, se télescopent clichés de propagande, termes techniques et métaphores enfantines.
Il s'agit là d'une oeuvre écrite « pour soi », à une époque où Platonov remettait en question aussi bien soimême que le destin du peuple russe.
Le récit est celui d'un voyage manqué au centre de la Terre pour découvrir la mer de Jouvence, qui assurera la survie de l'humanité. Voyage, bien sûr, qui évoque une exploration des couches profondes de la conscience, et l'irrémédiable, le tragique désaccord entre projet et réalité.
A ce titre, La Mer de jouvence n'est pas seulement un livre prophétique pour le pays et pour le temps d'André Platonov : c'est un livre qui s'adresse à tous les hommes.
La Mer de jouvence est suivie de Makar pris de doute.
«Le salopard !» se serait écrié Staline après avoir lu Makar pris de doute, la nouvelle la plus célèbre de Platonov. Pourtant, Makar est un brave paysan moyen qui s'en va vers Moscou, y proposer ses bonnes idées pour que «le socialisme et le reste de l'aménagement arrivent plus vite».
S'il secoue le pouvoir - la nouvelle s'achève par la dissolution de l'État - c'est en prenant à la lettre ses slogans et discours affichés.
Le livre se clôt sur une formidable postface par Joseph Brodsky, qui admirait profondément Platonov. -
«D'Andréi Platonov a déjà été publié un recueil de nouvelles qui couvrait presque toute sa période créatrice (1921-1950) : La ville de Villegrad. Dans la trame des jours, en pleine pâte des êtres, à l'extrême de la simplicité et souvent aussi du dénuement, Platonov nous révélait le plus précieux de l'homme, une fable de l'humain et des objets, où la vie et la poussière s'entremêlent pour déboucher sur la confiance, la bonté et la clarté d'un lyrisme dont la littérature n'offre pas d'autre exemple. Voici un second recueil. On y retrouvera les mêmes sujets d'émerveillement. Des histoires presque toutes candides : un moineau se laisse emporter par la tempête (L'amour du pays), un soldat revient de guerre (Le retour), une jeune femme amoureuse fait rappeler son mari de mission sous un faux prétexte (Fro). Une exception : la mésaventure d'un ingénieur anglais décollé par Pierre l?? en personne pour avoir échoué dans ses travaux (Les écluses d'Épiphane). Douleurs et joies à bas bruit, brins d'herbe, miettes de vie, miettes de mort, mort-objet, objet-chair, corps obstinés à vivre. À travers les tribulations de ses héros, chaque nouvelle est une offrande à la nature et une affirmation de l'être, à la fois sobre et baroque.» Lily Denis.
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"Simon lui-même écoutait avec intérêt ses propres histoires, et même si, pour de vrai, il n'avait pas de maison en fer et qu'il n'était pas tsar pour les loups la nuit, en réalité, il était content de ses affabulations. La bouche ouverte, oubliant de cligner des yeux, les frères regardaient Simon comme un homme supérieur et terrible." Tels les petits frères de Simon, les lecteurs se laissent entraîner par ces contes de la vie d'Andreï Platonov et sillonnent avec lui sa "Patrie de l'enfance", étrangement familière.
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La ville de villegrad
Andreï Platonov
- Gallimard
- Litteratures Sovietiques
- 28 Avril 1971
- 9782070277964
«Andréi Platonov est l'une des plus fortes personnalités russes des années 20. Ses écrits sont nés d'une ironie robuste dont la satire résonne, aujourd'hui encore, de toute sa force. Ils s'approfondissent d'année en année pour atteindre, en 1933 (avec Un vent d'immondices que nous présentons ici), une vision proprement beckettienne avant la lettre, mais d'un Beckett dont les fins de partie conserveraient une parcelle de lumière, une humble ouverture sur l'avenir. Plus tard, dans Le Violon et dans Oulia c'est le bizarre qui prédominera. Par des moyens en apparence frustes parce qu'il saisit le bref instant de la naissance de la pensée et de sa transformation immédiate en acte, il transmet un sentiment cosmique de la vie interne, organique, du corps humain, qui est une extraordinaire levée de tabous, et débouche Au plus précieux de l'homme (c'est le titre de l'une des nouvelles), à ce qu'il a d'unique. Et puis, Platonov n'écrit pas avec de l'encre : sa poigne énergique et bienveillante pétrit une argile où se mêlent inextricablement les sillons des peines et les ravinelles du rire.» Lily Denis.
Grand format 17.05 €Indisponible
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Le chantier et roman technique
Andreï Platonov
- Robert Laffont
- Pavillons
- 2 Octobre 1997
- 9782221082461
Le Chantier est l'oeuvre la plus incisive de Platonov.
Dix ans après la fin de Tchevengour, les gueux qui se rêvaient bâtisseurs du communisme creusent interminablement les fondations de la " maison de tous les prolétaires ", tandis qu'engraisse le pouvoir anonyme personnalisé par les apparatchiks. Le monde nouveau apparaît ici sous un jour terrible et grotesque. Ecrit entre décembre 1929 et avril 1930, Le Chantier est publié pour la première fois aujourd'hui d'après un texte rétabli dans son intégralité et son originalité.
En 1933, à la suite d'une colère de Staline, les écrits d'Andreï Platonov sont confisqués. Soixante ans plus tard sont ouvertes les archives littéraires du KGB. On y découvre Roman technique, une oeuvre inconnue de tous. Burlesque et tragique, Roman technique, bien qu'inachevé, s'ancre très solidement dans l'oeuvre de Platonov. En quelques scènes prémonitoires y sont croquées la mort de la révolution et celle du grand espoir universel.
Une ironie féroce, de saisissants éclairs de poésie et de violente stylistique, un propos de visionnaire donnent à Platonov une dimension et une portée universelles.
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Lecteur, prépare-toi à affronter un récit à la fois limpide et étonnant de complexité.
Que raconte-t-il ? l'ultime détresse d'un peuple de déshérités oublié dans un désert turkmène. son nom : djann, qui signifie " âme " - car l'âme est tout ce qu'il lui reste. tel un héros de l'antiquité, nazar tchagataiev, enfant du pays élevé par le parti, s'épuise à rendre le goût de vivre à ses frères, gueux somnambules ayant perdu jusqu'au désir. mais dans cette immensité désertique, pour cette pauvre humanité déchirée entre les aspirations de l'esprit et les soifs du corps, quel sens a le bonheur ? la prose de platonov, à la fois abstraite et gorgée de sensualité, a une bouleversante puissance d'évocation.
Ecrit en 1935, jamais publié du vivant de l'auteur, traduit en français en 1972 à partir d'une édition russe tronquée, djann est aujourd'hui restitué dans sa version intégrale. jokh, le filou, court récit prophétique, n'avait pas été réédité depuis 1927.
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Heureuse moscou - traduction du russe en francais, preface et notes de genevieve dispot - roman
Andreï Platonov
- Edilivre
- 11 Janvier 2019
- 9782414279081
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