"Cette bibliographie générale compte près de 2000 titres. Les travaux référencés ont été écrits en français, en anglais, en allemand, espagnol, italien, néerlandais, sans restriction géographique ou chronologique dans les sujets traités. Pourvu d un index des noms d auteurs, rend disponibles les références à tout ce dont les étudiants et chercheurs ont besoin en recherche, en sociologie de la littérature, en sociocritique, en sociopoétique ou encore en histoire sociale du littéraire."
Que nous disent les archives des maisons d'édition sur le livre, sur sa conception, sa fabrication et sa diffusion ? Ce livre collectif est le premier à se pencher sur le corpus pourtant considérable des archives éditoriales canadiennes, françaises, belges et suisses. Les articles ici rassemblés proposent des parcours d'exploration dans des fonds d'archives des XIXe et XXe siècles, de Tournai à Montréal, de Lausanne à Paris. À la lumière des documents d'archives se révèlent les relations de pouvoir et de collaboration entre la direction et les employé.es des maisons d'édition, les concurrences et les collaborations entre les éditeurs ainsi que les négociations avec les agents de la chaîne du livre, de l'imprimeur au libraire. Abordant une variété de secteurs (la littérature pour enfants, l'édition de sciences humaines ou encore l'édition militaire), ce livre suit les traces de l'histoire du livre : ces traces souvent inaperçues et pourtant très matérielles que conservent les archives éditoriales.
La France a-t-elle ses Ann Radcliffe, ses H.P.
Lovecraft, ses Stephen King ? Les histoires de monstres et les scènes d'horreur ne manquent pas dans la littérature française. Chaque époque a même son genre noir, gothique, horrifiant. Et pourtant la veine frénétique est restée souterraine, sans reconnaissance. Anthony Glinoer dresse ici le premier tableau historique de la littérature frénétique en France, depuis les Histoires tragiques de François de Rossel jusqu'aux romans gore contemporains, en passant par Sade, Victor Hugo et le Grand-Guignol.
L'enjeu de cette reconstruction n'est pas seulement la redécouverte d'un pan méconnu de notre littérature. Il s'agit aussi d'expliquer pourquoi et comment le frénétique a été constamment dénigré. En mettant l'accent sur le premier siècle et sur l'attitude ambivalente du romantisme à l'égard du gothic novel et de ses descendants, ce livre explore les lieux où la valeur littéraire est décernée ou refusée.
A travers la littérature frénétique, ce sont les mécanismes de la consécration littéraire qu'il fuit apparaître.
« (.) Si l'usage des clés est si fréquent, c'est que l'image du monde littéraire est partout grimaçante. La fictionnalisation des lieux, des personnages et des discours prête à merveille à la satire. Il n'est guère surprenant, à cet égard, que tant Muno que Baillon, Mockel et Detrez mettent volontiers en scène des conflits et des querelles entre leurs personnages. La fiction est un moyen privilégié pour régler ses comptes et pour donner vie à l'entrechoquement des idées. Le journal intime offre un autre espace de choix pour les déclarations incendiaires ou venimeuses : Jean Muno ne s'en prive pas, comme le montrent à partir de corpus différents David Vrydaghs et Renata Bizek-Tatara, non plus que Paul De Wiespelaere. Un aspect qui traverse les articles réunis ici est peut-être le plus proprement belge de tous. Il s'agit du rapport à ce qui excède le littéraire. Les romans du XIXe siècle que Marianne Michaux a pris pour objet d'étude dans son article sont particulièrement représentatifs à cet égard, dans la mesure où tous jouent sur la confrontation entre le monde de l'art (littérature, peinture, théâtre) et le monde social. Que ce soit dans Soeur et Frère de Joseph Gaucet, dans Maubert de Henri Colson ou dans Le Directeur Montaque de Dominique Keiffer, cette confrontation ne se produit pas selon une axiologie opposant la bohème fantasque mais dévouée à un art autonome et la bourgeoisie utilitariste et castratrice ; par l'intermédiaire de la figure de l'artiste (ou plus tard de celle du journaliste chez Baillon) se dit plutôt une recherche de réussite sociale apaisée quoique déceptive, une lutte qui consiste moins à s'opposer à la société dans son ensemble qu'à tâcher d'y trouver une place, la plume ou le pinceau à la main. On retrouve cette tension et cette difficulté à se situer pour le poète entre deux grands types d'écrivains, le surréaliste d'un côté et le fonctionnaire de l'autre, dans l'analyse que livre Daphné de Marneffe du roman de Franz Hellens. Condamné à la marginalité au-dehors et au malaise identitaire au-dedans, l'écrivain belge doit avant tout négocier sa propre existence problématique. Les figurations du monde littéraire s'ajoutent ainsi à l'arsenal dont disposent les chercheurs pour mieux en comprendre les formes et les formulations. (Extrait de la présentation) »
Le mot « cénacle » n'évoque plus aujourd'hui qu'un groupuscule d'initiés ourdissant quelque complot. Il n'en allait pas de même au XIXe siècle où ce terme désignait un petit cercle d'écrivains et d'artistes rassemblés autour d'une figure charismatique, occupés à poser, à huis clos, les jalons de l'Art de demain. Encensé par les uns et raillé par les autres, le cénacle offrait une alternative aux tentations de la mondanité, de l'académisme, du journalisme et du mercantilisme. Des soirées de Hugo aux Mardis de Mallarmé en passant par les Samedis de Leconte de Lisle et le cercle des Nabis, il devient la sociabilité de référence des écrivains et des artistes qui désirent fonder un mouvement. Après l'époque des salons littéraires et avant l'ère des groupes d'avant-garde, le XIXe siècle s'impose donc comme l'âge des cénacles. Elaboré à partir d'un vaste corpus de journaux intimes, de lettres, d'articles, de satires, de souvenirs, de romans et de poèmes, ce livre cerne les contours du cénacle à la fois comme phénomène historique, objet sociologique et figure de l'imaginaire. Au fil des pages, le lecteur croisera les grandes figures littéraires et artistiques du XIXe siècle (Hugo, Stendhal, Balzac, Courbet, Flaubert, Baudelaire, Manet, Zola, Verlaine, Mallarmé) et s'immergera dans les mouvements qui l'ont marqué (romantisme, réalisme, Parnasse, naturalisme, impressionnisme, symbolisme). En somme, à travers le prisme du cénacle, c'est tout le XIXe siècle que les auteurs éclairent d'un jour nouveau en montrant qu'il fut moins le siècle des génies solitaires que celui des aventures collectives.
Découvrez Imaginaires de la vie littéraire - Fiction, figuration, configuration, le livre de Björn-Olav Dozo. Etre écrivain est-il un rôle comme un autre ? Lui qui hante l'imaginaire social et qui imprègne depuis deux siècles les discours sur la culture, la folie, la marginalité, la modernité ou la nation, est aussi devenu un personnage de roman, d'Illusions perdues de Balzac à l'autofiction de Christine Angot. Dans la littérature, l'écrivain est toutefois rarement saisi seul. C'est pourquoi cet ouvrage explore le vaste répertoire des littérateurs de papier en portant son attention aux relations (confrontation, amitié, dénigrement, alliance, etc.) qu'il tisse avec les autres acteurs, groupes et institutions reliés au livre.
Les contributions réunies ici montrent comment la littérature se pense comme création et discours, mais aussi comme lieu de socialisation et de travail collectif. De Courteline à Stephen King, des écrivaines de chick-lit aux figures légendaires de Mallarmé et de Nelligan, en passant par les physiologies, les biographies imaginaires et les romans à clés, les multiples visages des écrivains fictifs et les diverses configurations de la vie littéraire sont ainsi dévoilés sous un jour nouveau.
Les clichés de la bohème restent largement partagés et le mot appelle encore, de nos jours, une multitude d'images, de scènes et de personnages types. Cet ouvrage explore cet imaginaire, ses modes de constitution, de représentation, de légitimation et de diffusion dans et au-delà des frontières de la France. On peut être bohème à Paris en 1900, mais peut-on l'être aussi bien à Buenos Aires, à New York, à Madrid ou à Montréal à la même époque ? Qu'impliquent, pour des disciplines aussi différentes que les études littéraires, la sociologie ou l'histoire l'émergence, la perpétuation et le transfert culturel du mythe de la bohème ?
Tout au long du XIXe siècle, la France a vécu au rythme des insurrections. Qu'elles aient été transformées en révolutions ou qu'elles aient été éteintes, réprimées, trahies, les insurrections ont modelé le rapport à l'histoire en train de s'écrire. Ce livre se propose de reprendre à nouveaux frais une double question dont les enjeux sont profonds : ce que l'insurrection, temps d'ouverture des possibles, espérés ou craints, fait à l'écriture et à la littérature ; ce que la littérature, ses auteurs, ses topiques, fait dans le temps insurrectionnel. Comment les moments insurrectionnels ont-ils redéfini la fonction et le statut d'écrivains comme Jules Vallès, Eugène Sue et Louise Michel, d'un genre comme les mémoires de protagonistes de l'insurrection, d'un médium comme l'affiche ? Comment les discours littéraire et historien travaillent-ils l'insurrection, pendant et après l'évènement, au moyen de quelles mises en intrigue, de quelles mises en forme particulières et avec quelle efficacité ? Quelles rencontres peut-on observer, par exemple, entre le Dumas des journaux de 1848, le Hugo des Misérables et le Michelet de l'Histoire de la révolution française ? Quel sens, enfin, donner aux prises d'écriture anonymes, par lesquelles les acteurs tentent de s'inscrire dans l'histoire ? Historiens et littéraires, à parts égales, ont été invités à répondre à ces questions. Partant de cas d'études qui empruntent tant à la Grande révolution de 1789-1794 qu'aux insurrections de 1848 et à la Commune de Paris, les articles qui composent cet ouvrage montrent qu'il existe bien à cette époque un lien fort entre littérature et insurrection qui doit être repensé.