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Elsa Triolet
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«Et voilà Juliette Noël, dactylo, à nouveau dans un train. Un train bondé, comme tous les trains. Elle est assise sur sa petite valise, dans le couloir encombré de valises et de gens, et pourtant quatre compartiments de ce wagon sont vides et fermés à clef. À chaque arrêt, les nouveaux venus secouent ces portes, sur lesquelles on peut lire : Nur für die Wehrmacht.» D'origine russe, Elsa triolet (1896-1970) est l'auteur de nombreux romans et de traductions. Résistante pendant la Seconde Guerre mondiale, fidèle compagne de route du Parti communiste, elle a inspiré une part importante de l'oeuvre poétique et romanesque de Louis Aragon.
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Le destin personnel : La belle épicière
Elsa Triolet
- Folio
- Folio 3 Euros
- 18 Avril 2024
- 9782073063793
«Je me suis encore réveillée à midi. C'est que je n'ai pas dormi de la nuit. Une insomnie noire. Le monde nage dans le sang, n'empêche qu'un clou dans mon soulier me fait tout aussi mal, n'empêche que dans cet aujourd'hui de mitrailleuses, on peut trouver la mort en glissant sur une peau de banane. Oui, le coeur peut battre à l'unisson avec des millions d'hommes et avoir en même temps des battements secrets qui ne dépassent pas les limites du coeur. Il y a des crimes passionnels en temps de guerre. Oui, oui, il y en a... Un petit crime dans un coin, malgré la grande machine à hacher la viande. Cette disproportion me dérange bien plus que l'idée du crime même... Une insomnie noire.» Dans ces nouvelles écrites pendant la guerre, Elsa Triolet brosse les portraits, tragiques et ambigus, de deux femmes brisées.
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La nature a beaucoup donné à Martine, les hommes peu. Elle est belle, elle a le rare don d'aimer. Mais à notre âge de nylon, elle est venue au monde dans des condtions de l'âge de pierre. Aussi le confort moderne, le cosy-corner, seront-ils son premier idéal, et le métier de manucure parmi les miroirs et les parfums d'un salon de coiffure suffit à ses rêves de beauté. Elle est en cela semblable à des millions d'êtres.Daniel Donelle, l'amour de Martine, est déjà au-delà de cet idéal électroménager. Rosiériste, touché par l'aile de la science, il rêve à une rose nouvelle qui aurait la forme de la rose moderne, et le parfum inégalable de la rose ancienne.Un jour, Daniel créera la rose parfumée Martine Donelle, mais elle ne sera plus un hommage qu'à la souffrance.
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Précédé de Préface à une «Vie de Michel Vigaud»
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Le titre de ce livre est une des phrases mystérieuses que l'on entendait à la radio de Londres, pendant l'Occupation, un message chiffré destiné à la Résistance. Des quatre nouvelles qui le composent, la première, Les amants d'Avignon, avait paru clandestinement aux Éditions de Minuit. Les manuscrits des trois autres, enterrés près de la maison habitée par Elsa Triolet, n'ont vu le jour qu'après la Libération. Dans ces quatre nouvelles, les personnages ne peuvent échapper à l'Histoire, au destin du pays. La vie privée, l'amour, la famille, la vocation deviennent inséparables des événements historiques.
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«Je me suis encore réveillée à midi. C'est que je n'ai pas dormi de la nuit. Une insomnie noire. Le monde nage dans le sang, n'empêche qu'un clou dans mon soulier me fait tout aussi mal, n'empêche que dans cet aujourd'hui de mitrailleuses, on peut trouver la mort en glissant sur une peau de banane. Oui, le coeur peut battre à l'unisson avec des millions d'hommes et avoir en même temps des battements secrets qui ne dépassent pas les limites du coeur. Il y a des crimes passionnels en temps de guerre. Oui, oui, il y en a... Un petit crime dans un coin, malgré la grande machine à hacher la viande. Cette disproportion me dérange bien plus que l'idée du crime même... Une insomnie noire.» Dans ces nouvelles écrites pendant la guerre, Elsa Triolet brosse les portraits, tragiques et ambigus, de deux femmes brisées.
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Mille regrets : une femme réfugiée à Nice pendant la guerre glisse dans la misère, les privations et, pour finir, la mort. Henri Castellat, c'est le portrait d'un homme lâche : en amour, en politique, en tout. Le destin personnel raconte un drame, à la campagne, sous l'Occupation, un drame qui démasque la fausse apparence du bonheur. La belle épicière, mariée à un homme-serpent, va se perdre dans les amours de quartier, puis tomber dans la prostitution et trouver une mort tragique. Ces quatre nouvelles peignent le monde d'avant-guerre, de la guerre et des débuts de l'Occupation. Elles en restituent miraculeusement le climat social et sentimental, tout ce qui fait l'air du temps.
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Nous sommes à l'Âge de Nylon. Les enfants d'aujourd'hui commencent leur vie naturellement dans un monde, où les générations précédentes continuent ou finissent la leur dans la stupéfaction devant les découvertes récentes. Christo, dix douze ans, appartient à l'ère cybernétique où la machine se met à avoir une vie propre, et c'est à partir de données mystérieuses que commence sa quête de l'âme.
Cela se passe dans un tiroir secret de Paris. Il y a là Nathalie et son mari Luigi-l'inventeur, propriétaire d'une petite usine de jouets mécaniques qui, dans sa cave pleine d'automates, essaye d'approcher l'homme artificiel. Nathalie règne, par la grâce de la bonté, dans son logis, lieu de passage, d'amitié, refuge des solitaires, des traqués, des inquiets. Ceux qui pénètrent jusqu'à elle, jeunes et vieux, lui apportent un peu de la réalité de nos jours. Bizarre milieu où un enfant se tient sur le seuil de l'inconnaissable.
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Le héros de ce roman est un mort. De son vivant, Régis Lalande a été un historien qui ne croyait pas à la vérité historique. Après sa mort, avec la gloire posthume, il se trouve qu'il devient lui-même une démonstration de sa thèse:en effet, avait-il des yeux noirs ou bleus? Avait-il la foi ou non? Ses écrits relevaient-ils de l'Histoire ou du roman? Qui a raison, de sa femme, la fidèle infidèle qui défend sa mémoire, ou de ceux qui lisent son oeuvre à leur manière?
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Pour la première fois réédité depuis sa publication originale en 1947, ce petit bijou d'écriture et de dessin porte la signature de deux artistes singuliers du XXe siècle : Elsa Triolet et Raymond Peynet. Imaginé par Elsa comme un conte merveilleux aux allures de « dessin animé », l'ouvrage est contemporain du Cycle d'Anne-Marie (Personne ne m'aime, 1946 et Les Fantômes armés, 1947) et donc porteur des mêmes obsessions, des mêmes angoisses. À y regarder et lire de plus près, tous ces décors colorés, enfantins, et cette écriture féérique cachent un envers plus sombre : le paysage d'une France et d'un monde décimés par la guerre et le fascisme, où la narratrice, en laquelle on reconnaît l'auteure, est entraînée dans une fuite en avant onirique et angoissée qui finit toujours, comme dans un cartoon, par une chute, ici douloureuse, moins tragique peut-être, que douce-amère.
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Le livre classique du Tahiti de 1920.
1919. Elsa Triolet a 23 ans quand elle séjourne avec André, son mari, à Tahiti. Dépaysement à la fois inquiétant et merveilleux, entre témoignage et fiction,
À Tahiti, écrit en russe et traduit par l'auteur elle-même, puise sa force dans la capacité d'observation et d'étonnement d'Elsa Triolet. L'auteur s'intéresse, dans cette île aux antipodes de sa Russie natale, tout autant aux différences qu'aux proximités d'une même humanité. -
Chroniques theatrales - les lettres francaises (1948-1951)
Elsa Triolet
- GALLIMARD
- 24 Avril 1981
- 9782070240227
S'il fallait d'un mot caractériser le propos critique d'Elsa Triolet, celui de générosité conviendrait sans doute le mieux. Il y a toujours, par tradition ou par tempérament, une critique tatillonne et quinteuse, toute rechignée, qui se donne comme la forme la plus achevée de la mondanité. Une critique des coeurs secs. Rien de tel ici. La critique d'Elsa Triolet est celle de l'encouragement, c'est-à-dire du respect par principe du travail d'autrui, de la disponibilité à aimer. Attentive aux plus grands, Barrault, Jouvet, Vilar ou Christian Bérard, elle ne l'est pas moins aux inconnus (et certains d'entre eux sont les grands d'aujourd'hui) des jeunes troupes qu'un concours rassemble à Paris ; le geste premier chez elle est celui de la sympathie. Peu ou pas de préjugés, ni sur les gens ni sur les genres. Le récital de Maurice Chevalier (comme, plus tard, tel show de Johnny Hallyday) vaut comme un grand spectacle, en aucun cas minorisé. Une critique du plaisir qui n'est pas une critique d'humeur. Non pourtant qu'elle se laisse duper ; le regard est vif, aussi vif à repérer tel rôle, cette silhouette, encore, qui va s'appeler bientôt Gérard Philipe, qu'à percevoir le clinquant ou le creux, le rabâchage solennel et le truquage. Parfois l'erreur, ou ce qui paraît relever de l'erreur. Et cela entraîne moins à condamner qu'à interroger ou s'interroger, moins à trancher qu'à proposer un dialogue. Le discours critique est profondément pédagogique en ce sens qu'il exprime la même estime pour la scène et pour la salle, pour les gens du métier et pour le public. Il tend perpétuellement à établir des passerelles entre l'auteur et l'acteur, et les spectateurs.
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Les cahiers de la NRF : « le temps traversé » ; correspondance 1920-1964
Louis Aragon, Jean Paulhan, Elsa Triolet
- GALLIMARD
- Les Cahiers De La Nrf
- 15 Mars 1994
- 9782070735570
Aragon doit à son exceptionnelle longévité, que d'aucuns n'hésitent pas aujourd'hui à lui reprocher, comme ils font plus ou moins grief à Jean Paulhan de n'avoir pas été fusillé avec ses camarades du réseau du Musée de l'Homme, d'avoir eu, comme on dit, le dernier mot, au terme de cette traversée du temps qui s'acheva pour lui avec la disparition, en 1966, de son contemporain André Breton, et la mort, en 1968, de l'auteur du Guerrier appliqué, du Pont traversé et des Fleurs de Tarbes, son aîné de treize ans. L'article qu'il lui consacra dans Les Lettres françaises du 16 octobre 1968 - «Le Temps traversé» - prend tout naturellement la suite de ceux - «Lautréamont et nous» - qu'il avait consacrés l'année précédente à la «génération de 1917», et au souvenir de sa rencontre avec André Breton. Il s'éclaire de leur dialogue épistolaire, où l'on trouvera comme un avant-goût ce que pourrait être leur «correspondance générale», à laquelle se mêle aussi la voix croisée d'Elsa Triolet. Le «pêle-mêle des événements et des hommes» y touche constamment à ce qui fait l'homme, «dans ses rapports avec les autres», à ce que, «pour simplifier, dit Aragon, on appelle la politique». La politique, ou le roman, grâce auquel «le temps, comme un pont, se traverse : à la façon des voitures, mais aussi à la façon d'un fleuve».
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L'héroïne de Personne ne m'aime, Jenny Borghèze est une actrice adulée, exubérante et passionnée, mal aimée pourtant par ceux qui prétendent l'aimer et poursuivie de la haine que lui vaut son engagement anti-fasciste. Il inspirera celui de la discrète Anne-Marie, son amie intime, qui devient à son tour l'héroïne du roman. Avec elle se jouera la suite de l'histoire prise dans la grande Histoire : celle de la Résistance.
II. Anne-Marie revient dans le Paris d'après-guerre, dans lequel il n'y a plus rien, personne. Elle est seule et désarmée par ces fantômes qui rôdent et qui témoignent de ce que la guerre n'est toujours pas finie. Elle tente de se reconstruire une vie, reprend ses fréquentations d'avant-guerre, retrouve ceux qui ont partagé sa clandestinité, apprend la photographie, tente un amant. Peu à peu, lentement, l'espoir renaît.
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L'écrivain et le livre ; ou la suite dans les idées
Elsa Triolet
- Aden Belgique
- 18 Octobre 2012
- 9782805920257
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Il ne s'agit pas de la vitrine d'un joaillier et ce livre révèle bien autre chose qu'un assemblage de formules. Pas d'effets agréablement ciselés, pas de verbiage du reste. L'auteur ne cherchait pas à faire joli. Pensez plutôt à un vaste espace, formé d'une quantité d'éléments en mouvement, une grève de galets, certains portant encore l'empreinte d'un coquillage ou l'enroulement d'une algue comme un souvenir des profondeurs originelles, pensez à la plainte des galets roulés au gré des flots qui les modèlent jusqu'à les rendre beaux, pensez à cette plainte et à sa beauté particulière. Quant à l'expliquer, quant à dire ce qui, en elle, provoque l'émotion, dire la beauté de cette part d'imprévisible, qui oserait ? Voici donc les Proverbes, et, en eux, tout le cristal de la pensée d'Elsa.
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Ce qui frappe dans Ce n'était qu'un passage de ligne comme dans Les souliers grillés, c'est le bel équilibre obtenu entre les différentes perspectives d'un récit à la première personne.
L'image de la vie des résistants - dans ses accidents ou incidents qui pourraient être dramatiques comme dans le travail aride et routinier de tous les jours - se tresse à la relation de menus événements qui dresse un tableau familier de ce que les gens ont vécu pendant l'Occupation. Mais l'objectivité du témoignage, s'éloignant de toute froideur, prend sa force parce qu'il est celui d'une femme qui n'hésite pas à exprimer ses faiblesses, ses peurs, ses rages dans les circonstances qu'elle doit affronter.
Elsa la narratrice, en prenant la parole, ne sombre jamais dans le psychologisme ou le pathos : celle-ci est donnée nette, précise, refusant la prolixité sentimentale amollissante, glissant même des touches d'humour au milieu du drame, avec parfois ce regard qui sait transformer le banal en petits éclats brillants, pierres précieuses de l'écriture, comme le souhaitait Gorki. (M.-T. Eychart)
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La correspondance entre Lili Brik et Elsa Triolet constitue un document unique à plus d'un titre. Les deux soeurs, nées à Moscou respectivement en 1891 et 1896 dans une famille aisée et plurilingue, furent séparées par le mariage d'Elsa avec l'officier français André Triolet et son installation en France en 1920, et leur besoin de se «parler» malgré l'éloignement donna naissance, pendant près de cinquante ans, aux centaines de lettres rassemblées ici. Mais ce n'est pas seulement par son volume et sa durée que cette correspondance est impressionnante. Il s'agit d'un échange entre deux femmes qui se confient à peu près tout ce qui est possible de se dire : les petits soucis du quotidien et les problèmes d'argent autant que des confidences sur les hommes de leur vie, Maïakovski et Aragon, puis des commentaires sur la politique, ainsi que de nombreuses pages sur la littérature. Les efforts de Lili Brik en Union Soviétique et d'Elsa Triolet en France pour sauver l'honneur et la mémoire de Maïakovski, tout comme le témoignage d'Elsa Triolet sur l'oeuvre en devenir d'Aragon et ses propres projets littéraires prennent ainsi une large place dans cette correspondance exceptionnelle. Les drames personnels, tel le suicide de Maïakovski en 1930 ou les purges staliniennes auxquelles Lili Brik échappa de justesse, sont évoqués - parfois à demi-mot pour contourner la censure - au même titre que les grands bouleversements historiques dont les deux femmes se font le témoin et le commentateur perspicace.
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Vers et proses
Vladimir Maïakovski, Elsa Triolet
- Le Temps Des Cerises
- Les Lettres Francaises
- 18 Septembre 2014
- 9782841099399
Ce volume de traductions des textes en Vers et proses de Maïakovski par Elsa Triolet a été publié par les Éditeurs Français Réunis en 1957. Elsa Triolet a très tôt fréquenté les milieux de l'avant-garde russe artistique et politique. En France, elle jouera un rôle important dans la diffusion de leurs oeuvres.
Ce choix de textes réunit à la fois des poésies de Maïakovski, certains de ses longs textes épiques - La guerre et l'univers (1915-1916), 150 000 000 (1919-1920), J'aime (1922), De ceci (1923), Ça va ! (1926) -, une de ses pièces de théâtre, Les Bains (1930), ainsi qu'un essai sur la poésie intitulé Comment faire les vers (1926).
Ce choix est précédé des Souvenirs d'Elsa sur Maïakovski et de l'autobiographie de Maïakovski, Moi-même (1922).
Ces traductions d'Elsa Triolet ont permis au lecteur français de découvrir vraiment Maïakovski et l'ampleur de son travail poétique.
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«Une dizaine d'hommes et une femme, à la fin d'un dîner, vers la fin de leur vie aussi, sont réunis dans une grande salle ouverte sur un parc. Il n'y aura pas de lumières et cette nuit unique, tant elle est belle, cachera les ravages du temps, rendra incertaines les frontières entre la veille et le rêve. Unité du temps, du lieu, de l'action... ne dirait-on pas trois dimensions pour définir un volume ? Les personnages de la tragédie, venus au rendez-vous nocturne, sont tous complices, malgré leurs destins divergents, d'une jeunesse commune, du temps jadis où ils formaient un groupe qui a laissé des traces sur le chemin de l'art. On saura d'eux ce que nous en dira la narratrice, seule femme présente, personnage principal du récit. Autour d'elle, la nuit se peuple d'autres ombres, ce qui fut se mêle à ce qui est - faculté de se souvenir et d'oublier -, ses rêves tournent dans l'air nocturne, la dénudant et la masquant. On ne rêve pas ce qu'on veut. Vient l'aube. Le rossignol se tait, et cette nuit, qui contenait toutes les autres, se meurt, défaite par la clarté du jour.» Elsa Triolet.
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Elsa Triolet se rend en Espagne en 1937 avec Aragon et une délégation d'écrivains pour soutenir les républicains. Le récit direct et simple de ces Dix jours en Espagne, donne à voir au jour le jour la vie d'un peuple en lutte. L'auteur nous fait découvrir et aimer des gens ordinaires qui, sans avoir l'air d'être des héros, en deviendront le moment venu. Les intellectuels sont là aussi et nous rencontrons dans l'intimité Mikhail Koltsov, Rafaël Alberti et sa femme, Pablo Neruda, l'écrivain allemand Ludwig Renn et bien d'autres encore. Mais la vie des hommes et des femmes anonymes qui s'organisent pour défendre leur pays compte tout autant et même plus. C'est l'histoire plus vraie que l'Histoire qui s'écrit alors.
Dix jours en Espagne est suivi de J'ai perdu mon coeur au Boulou qui relate l'arrivée à la frontière française des Républicains espagnols en 1939, lors de leur défaite.
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« Nous nous sentions roulés, bafoués, humiliés. Quand on a une tâche à accomplir, on ne se laisse pas faire par le mauvais sort et les Boches. Une honte, une malédiction. Au demeurant, pas une grande épreuve.
C'est l'idée que cela pouvait en devenir une qui fut toute l'épreuve. » [.] « Je ne pensai d'abord qu'à une seule chose : au rendez-vous à Paris, aujourd'hui même, sur un pont ; nous n'y serions pas. Et puis : quelle chance de ne pas savoir qui nous attend, on allait peut-être nous le demander avec insistance, valait mieux ne pas le savoir. »
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«Dans L'inspecteur des ruines, j'ai étudié la solitude de l'après-guerre, l'homme qui a reçu un coup de massue sur la tête. Peu à peu l'instinct vital reprend le dessus. Il redevient un homme», expliquait Elsa Triolet. Cette histoire se passe dans les décors d'une hallucinante Allemagne des décombres, qui retrouve le romantisme des contes d'Hoffmann ; dans le Paris des lendemains de guerre ; dans les nuits d'une pharmacie de la place Clichy. «Ce sont les mille et une nuits d'un temps précaire ; au milieu du siècle, avec tout le poids, le péché du passé, et la tentation de l'avenir, les mille et une nuits où bascule ce monde» (Aragon).
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Ce roman bref est une sorte de journal intime, de monologue face à la vie avec ses hasards, ses accidents, ses coïncidences. Ce monologue est mis dans la bouche de Clarisse Duval, «chanteuse réaliste», à un entracte de sa vie, dû à un de ces accidents, en quoi notre époque est si atrocement fertile. C'est la lutte entre la volonté de l'être humain et ce que Clarisse appelle les manigances du sort... Chez elle, un jour, la volonté reviendra avec la vocation du théâtre. Alors son égoïsme, qui n'était qu'une légende, devient une réalité du fait de cette passion qui crée et justifie les «monstres sacrés» dans tous les domaines d'activité, l'art, la science, la politique, le sport. Mais le destin de Clarisse Duval reste accessoire ici, où l'essentiel est la vie comme elle va, la vie prise dans son mouvement, son courant, à n'importe quel moment, à n'importe quel endroit, se terminant n'importe quand et n'importe où, le «fil en aiguille» de la vie qui, avec et pour Elsa Triolet, devient toujours une «histoire».