Connaît-on jamais nos voisins ? Dans cet immeuble de Tel-Aviv, rien n'est moins sûr. Pris entre désirs inassouvis et questions de principe, les personnages se débattent avec des luttes internes profondes qui semblent toujours les dépasser. Arnon, ancien militaire, bascule dans l'obsession lorsqu'il échoue à comprendre ce qu'il s'est passé entre sa fille de sept ans et son voisin de palier à la retraite.
Décidé à percer ce mystère qu'il semble être seul à interroger, il est prêt à tout, même au pire. Pendant ce temps, à l'étage supérieur, Hani, dite "la veuve" , s'ennuie de son mari toujours absent. C'est sans doute pour cela qu'elle ne résiste pas longtemps aux charmes de son beau-frère, un escroc recherché par la police. Au troisième et dernier étage vit Déborah, une juge à la retraite. Isolée depuis la mort de son mari, elle repense à son fils à qui elle ne parle plus depuis plusieurs années.
Dans un sursaut, elle décide de sortir de son appartement et de se mêler aux mouvements de protestation qui parcourent la ville. Paranoïaques et tourmentés par leur conscience, Arnon, Hani et Déborah se croisent dans cette fresque douce-amère. L'auteur y esquisse le portrait d'une société meurtrie par les affaires politiques et traversée par une profonde crise identitaire.
Un écrivain israélien à succès qui ressemble étrangement à l'auteur a accepté de répondre aux questions d'internautes sur ses livres. Chaque interrogation l'amène à s'ouvrir sur le couple qu'il forme avec Dikla, à avouer ses relations compliquées avec ses enfants ou encore à partager ses angoisses pour son meilleur ami, Ari, atteint d'un cancer. Sa vie tombe en ruine et ce questionnaire lui permet d'en parcourir les méandres, tissant la toile de sa propre histoire, au sein de laquelle il va et vient dans le temps, laissant progressivement apparaître les instants décisifs.Dans ce roman tout en finesse, le narrateur livre, avec humour, une analyse désabusée de ce qu'il est et de son incorrigible besoin de transformer la réalité en fictions. En nous plongeant dans le quotidien de cet écrivain, Eshkol Nevo met en lumière des moments ordinaires qui nous touchent en plein coeur.
Mochik s'appelle Ben-Tsouk depuis qu'il s'est installé à Safed en Galilée, la ville des Sages de la Cabale. Il est revenu à la religion, mais il n'est plus très heureux en amour avec son épouse, pas plus que le maire de la ville, Danino, qui lui délègue la construction d'un bain rituel dans un nouveau quartier de la ville. C'est dans ce lotissement un peu excentré que sont venus habiter Anton et Katia, de nouveaux immigrants russes à la retraite. Eux sont très éloignés de la religion et ne savent même pas à quoi sert un bain rituel, mais ils seraient plutôt heureux en ménage s'il n'y avait pas les érections perdues d'Anton. Naïm est un jeune Arabe israélien, chargé de sortir ce mikvé de terre. Il est lui aussi à la recherche de l'âme soeur, mais quand il aperçoit à travers ses jumelles d'ornithologie deux militaires de la base toute proche en train de faire l'amour, il s'attire des ennuis qui vont l'éloigner de ce rêve. Jusqu'à la rencontre avec Diana, une touriste américaine.Quant au riche Jeremiah Mendelstrum, américain lui aussi, et à l'origine de la construction du mikvé par sa décision de faire un legs à la ville de Safed en mémoire de son épouse décédée, il se demande si un autre amour est possible après le deuil, et quand sa professeure de clarinette Yona lui propose de l'accompagner en Israël pour l'inauguration du mikvé, la question devient très concrète.Entretemps Yahélet, le grand amour de jeunesse de Mochik, est elle aussi venue s'installer à Safed où on lui propose précisément de travailler à ce bain rituel fraîchement construit. Ses retrouvailles avec Mochik sont tout aussi agitées que l'inauguration du mikvé qui tourne au fiasco. Tous les personnages de ce roman d'Eshkol Nevo espèrent connaître ces jours de miel que le grand amour nous offre, mais en attendant, ils font ce qu'ils peuvent. et leurs aventures truculentes nous sont contées avec une verve incandescente. Eshkol Nevo nous offre dans ce nouveau livre traduit en français une intrigue d'une exceptionnelle drôlerie, une ronde vertigineuse des coeurs où on se cherche autant que l'on se fuit, sans pour autant négliger d'ancrer sa narration dans une observation très précise des moeurs contemporaines. En toile de fond, la sociologie israélienne - entre religieux et laïcs, Israéliens nés dans le pays et nouveaux immigrants, Juifs et Arabes - donne une profondeur de champs supplémentaire à un récit haut en couleurs.
La cloison est mince entre le petit appartement d'Amir et de Noa et celui des propriétaires, Moshé et Sima. Amir et Noa sont étudiants, l'un à Tel-Aviv, l'autre à Jérusalem ; ce petit deux-pièces dans une maison mitoyenne à Maoz Sion, localité située à mi-chemin des deux villes, leur paraissait donc être la solution idéale. Mais la cohabitation n'est pas simple, ni entre eux ni avec les voisins, qui ont deux enfants et leurs propres problèmes. Sima, devenue femme au foyer, s'ennuie, et les pressions de la famille très religieuse de Moshé, dont les parents habitent au dernier étage de la maison, sont source de conflits. Les voisins d'en face se débattent avec d'autres déchirures : leur fils Guidi est tombé comme soldat au Liban, et Yotam, son petit frère, se sent délaissé, traîne dans les terrains vagues, sèche l'école et se confie à Amir. Dans les rues de Maoz Sion travaille également Sadek, l'ouvrier arabe qui reconnaît dans la maison de la famille de Moshé celle que ses parents ont quittée en 1948 et dont sa mère a toujours la clef... À travers ce kaléidoscope narratif de destins croisés, Eshkol Nevo décrit un pays traversé par des failles de plus en plus profondes : entre Israéliens et Palestiniens, entre religieux et laïques, entre gens désireux de poursuivre le processus de paix et ceux qui sont figés dans la peur et le deuil. Mais il dessine aussi une société où l'espoir et les rêves sont omniprésents dans le quotidien, et où tout reste encore à faire.
Quand Mani Péleg disparaît quelque part en Amérique latine, son fils Dori, jeune père de famille en crise, saisit sa chance. Qui d'autre que lui pourrait partir à la recherche de son père, ancien héros de guerre et éminent conseiller économique, dont les dernières nouvelles laissent entendre qu'il n'a plus toute sa tête?
Au même moment, la jeune journaliste Inbar quitte Berlin, où elle a vainement tenté de se rapprocher de sa mère avec qui les liens s'étaient distendus après le suicide de son frère. Mais au lieu de rentrer en Israël auprès d'un mari qu'elle n'aime plus vraiment, Inbar embarque sur le premier vol en direction de l'Amérique du Sud.
Dori et Inbar vont se croiser, s'apprivoiser, puis retrouver Mani et son utopie de Neuland, une nouvelle terre d'accueil pour les émigrants du monde entier, tout comme la Palestine des années trente attirait les Juifs d'Europe Centrale. C'est Lili qui se fait la narratrice de cette époque : sur le bateau en direction de la Palestine où l'attend son fiancé, elle tombe amoureuse de Fima, le grand-père de Dori.
Neuland, porté par un souffle romanesque impressionnant, nous raconte l'histoire de ces vies qui auraient pu prendre un tout autre cours, le destin de ces utopies que l'on n'ose pas, tout comme la force de nos désirs et de nos regrets.
En 1998, quatre amis trentenaires suivent la Coupe du Monde de football à la télévision. Regarder ces matches ensemble, Youval, Amihaï, Ofir et Churchill l'ont toujours fait, depuis leur adolescence à Haïfa. Du coup, pendant la finale, l'idée surgit d'en faire un jeu, en utilisant ce rendez-vous rituel comme un point de mire, et de noter sur des bouts de papier les désirs et les ambitions qu'ils aimeraient avoir satisfaits quatre ans plus tard, lors de la Coupe du Monde suivante.
Rien ne se passera comme prévu. Churchill, le plus ambitieux des quatre, se trouve au centre d'un scandale qui met en péril sa carrière de juriste, tandis qu'Ofir, le jeune loup de la publicité, se transforme en chantre de la médecine alternative après un séjour en Inde. Amihaï est engagé presque malgré lui dans un combat humanitaire après la mort brutale de sa femme, alors que Youval, solitaire et indécis, se fera le chroniqueur de ces années où les choix de vie sont décisifs.
Avec un sens certain du tragi-comique et une grande justesse de ton, Eshkol Nevo écrit non seulement sur la société israélienne d'aujourd'hui, mais aussi sur la fragilité de nos existences et la beauté de l'amitié.
Set in an upper-middle-class Tel Aviv apartment building, this best-selling and warmly acclaimed Israeli novel examines the interconnected lives of its residents, whose turmoils, secrets, unreliable confessions, and problematic decisions reveal a society in the midst of an identity crisis. On the first floor, Arnon, a tormented retired officer who fought in the First Intifada, confesses to an army friend with a troubled military past how his obsession about his young daughter's safety led him to lose control and put his marriage in peril. Above Arnon lives Hani, known as "the widow," whose husband travels the world for his lucrative job while she stays at home with their two children, increasingly isolated and unstable. When her brother-in-law suddenly appears at their door begging her to hide him from loan sharks and the police, she agrees in spite of the risk to her family, if only to bring some emotional excitement into her life. On the top floor lives a former judge, Devora. Eager to start a new life in her retirement, Devora joins a social movement, desperately tries to reconnect with her estranged son, and falls in love with a man who isn't what he seems. A brilliant novelist, Eshkol Nevo vividly depicts how the grinding effects of social and political ills play out in the psyche of his flawed yet compelling characters, in often unexpected and explosive ways.