À travers ces impressions fugitives en Asie (Indonésie, Chine et Inde), Gilles Tiberghien croque un paysage sur le vif dans lequel il retrouve les traces de nombreux voyages faits dans des temps différents.
Je ne sais pas voyager sans écrire, et ces deux activités, à mes yeux, sont intimement liées. Ce n'est pas que je voyage pour cela, même si j'admire le travail de tant d'autres. Mais le réel n'est pas une réserve d'impressions, un stock à exploiter plus tard, sinon on passe à côté de l'essentiel : l'inutilisable, la part manquante qui est une ressource insoupçonnable. C'est à notre insu que nos impressions livrent leurs véritables résonnances.
Qu'est-ce que voyager ? Comment voyager ? Doit-on suivre les traces d'explorateurs légendaires, doit-on se fier aux guides ou doit-on se frayer son propre chemin dans des territoires inconnus ?
À travers ces impressions fugitives en Asie (Indonésie, Chine et Inde), Gilles Tiberghien croque un paysage sur le vif dans lequel il retrouve les traces de nombreux voyages faits dans des temps différents. Il confronte le monde qu'il découvre avec celui qu'il porte en lui, parfois en rêve et, sans pour autant les confondre, il éprouve la porosité de leurs frontières.
L'étymologie du mot cabane veut dire « petite maison » c'est pourquoi on a pensé que les cabanes étaient à l'origine de l'architecture. Mais on ne fait pas des cabanes comme on construit des maisons, en suivant des plans. Pour une cabane, on se débrouille sur place avec ce que l'on a, on bricole avec des planches, des draps, de la ficelle. On trouve des chaises, des branches, un arbre tout entier et on invente un monde.
Les cabanes, on s'y abrite et on y voyage. Elles nous protègent et nous exposent à la fois. Ces constructions sont souvent liées à la nature, mais on en trouve aussi en ville dans des lieux un peu retirés, sous des arcades ou des ponts où les SDF peuvent espérer dormir en paix. Ces cabanes sont des espaces précieux qui permettent de mieux vivre. Enfants comme adultes, nous avons tous besoin de construire des cabanes : c'est ce que démontre avec brio Gilles Tiberghien dans ce formidable texte plein d'originalité.
Dans ce livre, l'auteur s'intéresse à la façon dont l'imagination travaille l'activité cartographique non seulement à ses débuts mais aujourd'hui encore où, grâce à des instruments perfectionnés, les cartes ont acquis un statut scientifique indéniable. C'est dans l'irréductible écart entre les cartes et le monde que s'exerce l'imaginaire de ceux qui les fabriquent comme de ceux qui les consultent. Si bien que les Atlas, aussi exhaustifs soient-ils, demeurent pour nous des machines à rêver et ne laissent personne indifférent. Et moins que quiconque les voyageurs et les artistes qui nous ont souvent révélé certaines dimensions inaperçues des cartes.
Le paysage, loin d'être un spectacle ou un objet d'étude, doit être saisi comme un milieu dynamique. Qu'il ne soit pas quelque chose mais qu'il faille plutôt le considérer comme une relation. En étudiant diverses façon d'aborder cette question du paysage dans la manière dont nous l'appréhendons à partir de la marche, de la danse ou du déplacement en général, ce qui est privilégié ici, c'est l'expérience du paysage qui passe aussi par des formes particulières de désorientation que l'art nous permet de mieux appréhender. Pour comprendre et transformer nos paysages, pour y vivre et pour les aimer, il nous faut mobiliser un goût esthétique et un imaginaire productif.
L'art est au coeur de ces développements qui s'appuient en même temps sur l'histoire, la philosophie et l'anthropologie.
Devenue une référence dans l'histoire du livre de photographie, la collection Photo Poche poursuit son travail de dévoilement des grands noms, courants et écoles de l'histoire de la photographie. Première collection de livres de photographie au format de poche, elle propose des ouvrages soigneusement imprimés, maniables par leur format, accessibles par leur prix, à tous ceux que passionne un moyen d'expression dont on reconnaît aujourd'hui l'importance. Ses différentes déclinaisons (histoire, société...) couvrent tous les champs de la photographie et constituent une iconographie d'une exceptionnelle richesse et diversité.
En cent quarante-quatre pages et soixante-quatre photographies reproduites en couleur et duotone, Photo Poche donne à voir l'essentiel d'une oeuvre de Nadar à Henri Cartier-Bresson, des pictorialistes aux grands noms du photoreportage. Les monographies des grands maîtres du médium alternent avec les sujets thématiques essentiels qui de La Nature morte au Nu déploient les différentes approches d'une esthétique du XIXe siècle à nos jours. Chaque titre est préfacé de manière didactique par un spécialiste du sujet abordé et enrichi de notices biographiques et bibliographiques régulièrement remises à jour.
Les oeuvres du Land art se déploient dans le silence des déserts, nues, massives, monumentales et cependant d'une fragilité extrême. Pures présences, elles sont toujours sur le point de devenir invisibles, toujours au bord de la disparition. Penser leur restauration excède largement le domaine de spécialisation dans lequel on a souvent tendance à enfermer l'acte même de restaurer.
Gilles A. Tiberghien enseigne l'esthétique à l'Université Paris 1 Panthéon. Depuis la publication en 1993 de Land Art, il est considéré comme un des spécialistes mondiaux de cet art en milieu naturel. Lors de deux longs séjours aux États-Unis en 1991 et 1994, il est allé à la rencontre des chefs-d'oeuvre de Michael Heizer, Robert Smithson, James Turrell, Nancy Holt, Charles Ross ou Walter De Maria dans les sites difficilement accessibles où ces artistes les ont implantées au cours des années 1970.
Land Art Travelling est composé d'extraits du journal qu'il a tenu de ses pérégrinations dans l'Ouest américain, parfois en compagnie des artistes eux-mêmes.
Land Art Travelling a connu une première édition quasi confidentielle en 1996 (École des beaux-arts de Valence). Pour la présente édition, Gilles A. Tiberghien a rédigé en 2016 une longue postface, Vingt ans après, où il évoque, à nouveau sous la forme d'un journal, la façon dont la notion de Land Art s'est progressivement imposée en France dans les deux dernières décennies.
Enfin, l'iconographie a été enrichie de très nombreuses images en couleur.
En 1993, lorsqu'a paru le livre de Gilles A. Tiberghien, il n'existait pratiquement rien en français sur cet ensemble d'oeuvres rattachées à ce que l'on appelle le Land art. Même aux États-unis, l'intérêt restait marginal. Aujourd'hui, nombre des artistes présents dans cet ouvrage sont reconnus parmi les plus grands créateurs du XXe siècle. Le livre, à travers une approche d'historien et de philosophe de l'art, défrichait tout un pan de l'histoire de l'art, et c'est sans doute pourquoi sa version originale, devenue introuvable, reste un ouvrage de référence et de bibliophilie. L'idée d'une réédition mise à jour et augmentée était fondée, à plusieurs titres.
Au cours des années, l'intérêt pour le Land art et certains de ses principaux acteurs s'est considérablement accru, au point d'être devenu un sujet d'enseignement et de sortie pédagogique dans les écoles du primaire. Au risque aussi d'une certaine confusion : que tout oeuvre dans la nature soit désormais qualifié de Land art. L'originalité du livre est à la fois de prendre en compte la dimension historique du phénomène artistique et de réfléchir aux extraordinaires potentialités poétiques des productions considérées en termes d'espace et de volume, de paysage et de commande publique, d'invention formelle et de variations plastiques dans un contexte théorique plus large. La dimension philosophique de certaines interrogations suscitées par ces réalisations parfois impressionnantes permet en même temps de faire mieux comprendre une dimension importante de l'art de notre temps.
L'intérêt du livre tient aussi dans son approche thématique qui offre aux oeuvres de se laisser découvrir sous des aspects différents (le temps, la géographie, la cartographie) et de circonscrire assez strictement le phénomène en lui donnant pour origine la rencontre de sensibilités artistiques différentes formant un ensemble commun dont les paramètres discriminants seraient le type de matériau utilisé, le travail in situ et l'histoire artistique dont le phénomène hérite.
Le livre défend donc une thèse précise qui le distingue d'autres ouvrages qui confondent la plupart du temps l'art environnemental, l'art végétal, l'art écologique et d'autres types d'interventions artistiques qui plaident pour une intégrité et un respect de la nature.
Cette édition (2012) comporte deux nouveaux chapitres, un texte revu et des notes augmentées, plus de 120 illustrations nouvelles sur les quelques 500 du livre.
Nouvelle bibliographie et filmographie mises à jour accompagnées d'un index des oeuvres.
La question de la nature passe aujourd'hui largement par celle du paysage : ce dernier a en effet pris dans le débat social et culturel contemporain une place centrale.
Il convenait dès lors de reconsidérer cette question tant à l'aune des pratiques artistiques de notre temps que dans le contexte plus large où ces pratiques ont lieu, en ouvrant des perspectives éthiques sur les rapports de notre société à son environnement. Parler de paysage aujourd'hui, c'est convoquer perceptions individuelles et représentations collectives, nature et société, regard esthétique et maîtrise du territoire, psychologie et politique.
Chacun et tous, nous faisons et défaisons les paysages, de façon anarchique la plupart du temps, concertée plus rarement. Ce livre est en même temps un essai d'esthétique, de critique et d'histoire de l'art. Il analyse les articulations entre discours et pratiques artistiques contemporaines dans la nature depuis le Land Art, entre projets et transformations paysagères, et s'interroge sur la façon dont ces différentes attitudes nous concernent et nous rendent plus conscients à la fois de notre appartenance et de notre singulière étrangeté au monde.
C'est cette volonté qui semble obscurément guider le voyageur contemporain et qui le pousse à rechercher un état de suspension active lui permettant d'être, ici et maintenant, là comme ailleurs. Plus que d'une volonté, on peut parler d'un principe : le «principe de l'Axolotl». Cet ouvrage est un récit sur le voyage, qui est en même temps l'occasion d'une réflexion sur notre rapport au réel. Le début du texte en donne le fil conducteur : «L'objet réel du voyage [.] n'est pas de trouver mais de perdre, pas d'unifier mais de multiplier, pas de raconter mais d'écouter.» Conçu comme un essai, le texte propose une sorte de «rêverie philosophique», à travers des oeuvres poétiques, des romans, des films de cinéma, des pensées philosophiques. Les suppléments qui accompagnent ce «principe» ont pour fonction de prolonger ou d'expliciter certains propos du livre. Psalmanazar illustre ce qui est dit des récits. Voix prend pour point de départ un texte de Giorgio Agamben qui fait allusion, lui aussi, à ces larves mexicaines pour retrouver un certain lien entre l'«idée de l'enfance», dont ces animaux sont pour lui emblématiques, et les thèses ici proposées. Paysages s'attache à montrer que l'on ne voit un paysage qu'à la condition de le traverser et scrute, à l'intérieur du récit, le statut de la parenthèse comme manière de fabriquer ce que l'anthropologue Marc Augé nomme des «non-lieux». À cet ensemble, l'auteur a ajouté un dernier supplément : Déserts. À partir du témoignage de récits, comme ceux de Thessiger ou de Lawrence, il en vient à conclure que le voyageur contemporain doit réinventer, au moment où les nomades disparaissent, ce qui, pour les Bédouins, a toujours été un principe non écrit dans leur vie errante.
À partir des archives de l'IMEC, Gilles A. Tiberghien propose un voyage à travers nos représentations du monde.
Comment se sont-elles construites ? À quelles sources puisent-elles ? Du roman au journal de voyage, de la correspondance d'explorateur au compte rendu scientifique, de Jules Verne à Jean Rouch, de Jules Supervielle à Georges Devereux, le monde s'ouvre, se donne à voir, à comprendre, à méprendre.
Dans cette fabrique de l'imaginaire, les représentations occidentales de l'Afrique, de l'Asie, du Grand Nord s'élaborent dans un moment de conquête coloniale, versant incontournable de l'inconscient collectif. Entre centrement et décentrement, entre stéréotypes et voeux d'objectivité, quelles parts prennent les sentiments d'exotisme et les rêves d'aventure ? Récits de voyage, études de terrain anthropologiques, photographies, l'explorateur prend aussi le visage du rapporteur désireux de rendre compte d'une réalité nouvelle. Les archives racontent ces histoires, disent le monde, le saisissent ou l'inventent, elles nous livrent la trace de pérégrinations entre réel et imaginaire, où il est toujours aussi question de soi et de l'Autre.
Recueil de textes philosophiques, romanesques et poétiques sur toutes les formes de l'amour, du libertinage au mariage, du désir au deuil amoureux.
La rumeur des paysages vient jusqu'à nous ; c'est le bruissement du vent dans les feuillages, le ressac des vagues sur la plage, le froissement imperceptible des nuages qui prennent forme lorsque nous les nommons, les décrivons et les imaginons. Plutôt que de chercher à dire ce qu'est un paysage, à le définir ou à en faire la théorie savante, ce livre propose d'en raconter des histoires à partir des quelques pistes que savent nous faire découvrir les jardiniers et les paysagistes mais aussi tous ceux qui nous apprennent à mieux voir. Cette nouvelle édition comprend quatre nouveaux textes.
Patrick Tosani, artiste majeur de la scène artistique française, a développé en près de trente ans une oeuvre originale dont le médium photographique occupe le centre. Il a réalisé avec des moyens uniquement photographiques une oeuvre qui échappe, paradoxalement, à une photographie traditionnelle, bien que ses images ne soient pas détournées de leur fonction principale : rendre compte objectivement de la réalité. Partant de sujets ordinaires : talons de chaussures, cuillères, tambours, parties du corps, vêtements., il les "transforme" en images par l'intervention de la lumière, du cadrage, de l'agrandissement.
Cette monographie réunit chronologiquement l'ensemble de son oeuvre, en 6 grands ensembles thématiques (la construction architecturale, les éléments liquides, les objets, les extrémités, les signes, le corps et son enveloppe). Ce riche ensemble iconographique s'appuie sur un texte analytique et critique et sur un entretien avec l'artiste.
« Il semble que nous ne fassions que languir dans l'âge mûr pour dire les rêves de notre enfance, et ils s'évanouissent de notre mémoire avant que nous ayons pu apprendre leur langage. » Henri David Thoreau, Journal Ces notes ont commencé d'être écrites dans une cabane lors d'un séjour dans le Vermont. Elles ont été poursuivies, ensuite, durant plusieurs années et à diverses occasions. Au fil des réflexions développées ici, la cabane est apparue comme un opérateur intellectuel permettant de penser des expériences que chacun a pu faire ou imaginer dans l'enfance comme dans l'âge adulte et qui concernent peut-être d'avantage un espace psychique qu'un espace proprement physique. Les cabanes, contrairement à ce que pourrait laisser croire l'étymologie, ne sont pas de « petites maisons » : elles sont sans solutions de continuité avec les architectures dont elles sont supposées être l'origine. Fragiles et singulières, elles sont construites sans plan préconçu. Elles abritent des individus qui ne s'y installent pas, n'y habitent jamais véritablement. Aux marges des villes et des sociétés, elles recomposent une certaine idée de la nature à laquelle nous désirons nous confronter tout en la craignant. Cette ambivalence fondamentale fait de la cabane un lieu de contradictions où coexistent le haut et le bas, l'ouvert et le fermé, le mobile et l'immobile, le jeu et le sérieux, la vie et la mort.
" Ce fut leur immobilité qui me fit pencher vers eux, fasciné la première fois que je les vis.
Il me sembla comprendre obscurément leur volonté secrète : abolir l'espace et le temps par une immobilité pleine d'indifférence ", écrivait Julio Cortazar dans les Armes secrètes.
C'est cette volonté qui semble guider le voyageur contemporain et qui le pousse à rechercher cet état de supension active qui permette d'être ici et maintenant, là comme ailleurs. Plus que d'une volonté, on peut parler d'un principe : le principe de l'axolotl, du nom de ce remarquable animal, élevé au rang de mythe dans son pays d'origine, le Mexique.
Cette réflexion sur l'objet réel du voyage a trouvé un prolongement dans le projet Faros d'Ulf Rollof au cours duquel l'artiste suédois a élaboré un dispositif - un piège pour tenter l'amorce d'un dialogue avec l'axolotl à travers des installations et des objets mécanisés, mettant en scène de façon théâtrale une tension nature culture.
Le titre de cet essai s'est imposé à l'auteur lorsqu'il a cherché un verbe qui soit à l'amitié ce que le verbe aimer est à l'amour. Ce livre porte en effet non sur un état mais sur une relation dont il analyse diverses modalités pour en donner, au bout du compte, une image dynamique, un portrait mobile mais capable de restituer sur le plan du discours et de la pensée quelque chose de ce qu'est l'amitié vécue. Tentant de cerner la place de l'amitié dans notre monde, le présent essai tourne autour de quatre grands infinitifs, qui inscrivent dans le temps et l'espace la relation amicale : engager, éprouver, échanger et perdre.
Donc pas un traité de l'amitié, pas une philosophie de l'amitié qui dirait ce qu'elle est ou ce qu'elle doit être, mais un essai philosophique qui cherche à rendre compte de sa réalité contrastée, tant au travers des expériences que chacun peut en faire que de ses différentes tentatives de théorisations philosophiques.
Car l'amitié change de valeur d'Aristote à Rousseau : de positive et rationnelle qu'elle est pour le premier, elle devient chez le second, sous la forme de la compassion ou de la sympathie, une valeur beaucoup plus ambiguë, sujette à maints retournements. D'où la nécessité de penser ensemble des positions apparemment contraires.
Dans une enquête méticuleuse et passionnante, Gilles A. Tiberghien nous
entraîne à la découverte de l'oeuvre d'un écrivain qui incarne une modernité ne se limitant pas à la poésie. Qu'il interroge la grammaire, dérobe des formes littéraires pour les transformer - comme celle du roman noir américain -, qu'il tende à l'effacement des genres, Emmanuel Hocquard s'intéresse aux
processus par lesquels l'écriture poétique consigne notre rapport au monde. Cette réflexion portée sur la modernité littéraire se double d'une volonté de renouer avec certaines formes de la narration poétique, en particulier celle de l'élégie, dont il renouvelle le rythme et la signification.
De l'amour, la philosophie peut-elle dire mieux que l'ami ou l'amoureux ? Rien n'est moins sûr ; elle doit savoir entendre ce que l'amour donne à penser : « Tous ces sages contemplatifs, qui ont passé leur vie à l'étude du coeur humain, écrivait en effet Rousseau, en savent moins sur les vrais signes de l'amour que la plus bornée des femmes sensibles. Reste à savoir donner à ces expériences une pluralité de sens dans laquelle chacun pourrait se reconnaître.
Ecrit sous forme de correspondances croisées, ce livre rend compte de cette diversité en mettant chaque personnage dans une situation dont il médite le sens :
L'attente, la rencontre, l'érotisme, le narcissisme, la jalousie, la séparation, les retrouvailles. Construit en quatre saisons, cet essai romanesque évoque les différentes « étapes » de l'amour, de sa naissance à sa fin - voire à sa renaissance. Il s'inspire de la pensée de certains philosophes, mais aussi de nombreux romanciers, explorateurs tout aussi justes du sentiment amoureux.
Troisième volet d'une « poétique de l'imaginaire » initiée en 1998, l'essai de Gilles Tiberghien redessine, à partir d'une cinquantaine d'oeuvres d'art contemporain, les limites du monde réel pour l'ouvrir sur les territoires de l'imaginaire. Il regroupe, outre les reproductions des oeuvres, un choix de textes de poètes contemporains (Olivier Cadiot, Pierre Alféri, Yannick Liron, Emmanuel Hocquard, etc.), plusieurs textes de Tiberghien ainsi que des extraits de ses carnets de voyages.
Les études ici rassemblées traitent du romantisme allemand, de Bergson, de la phénoménologie sartrienne, de la réception d'Emerson en France et de Dewey en Italie, enfin de la notion de dégoût chez Spinoza. Malgré leurs formes disparates, ces textes ont en commun une façon de lire les philosophes et d'écrire sur eux en déjouant les conventions d'un discours figé. Il y a dans la notion de court-circuit l'idée de passer outre certains intermédiaires qui l'apparente à celle de raccourci. Si court-circuiter quelqu'un dans le langage ordinaire signifie tout simplement l'évincer dans un processus de décision, le terme, ici, fait plutôt référence à la figure de l'ellipse. Ce titre évoque une forme d'écriture plus rapide en surface mais peut-être pas moins susceptible de jeter sur les thématiques et tes auteurs cités un éclairage différent. Le court-circuit indique aussi une différence de potentiel entre deux points mis en relation, soit deux ou plusieurs types de pensées, de traditions, de styles. Des trouvailles, des éclairages obliques, des détails qui engagent un mouvement plus profond.
Des apparences bien suivies, est un écho au superbe moment d'échange et de complicité entre ces deux amis d'enfance lors d'une conférence à Nantes.
En réponse à « L'amertume du pamplemousse », texte élégiaque mais sans tristesse de Stéphane Crémer, Gilles A Tiberghien nous livre comme une confidence « La Lanterne rouge ».
En exergue, un court texte de Leibnitz (extrait d'une lettre à Simon Foucher), éclaire l'énigmatique « liaison des apparences ».