Peut-on encore prendre soin du monde et s'en émerveiller ? N'y-a-t-il pas d'alternatives à la prédation généralisée ? S'il y a une crise des énergies fossiles, y-aurait-il une voie pour les énergies spirituelles dans nos manières d'habiter le monde ?
Nos existences hors-sols ne dureront pas telles quelles bien longtemps, en tout cas pas pour tout le monde. Nous allons devoir, à un moment ou un autre, quitter notre confort extractiviste, nous devrons le faire pour bien vivre. Notre rôle à nous, humains, pourrait être alors de prendre soin de la Terre comme si notre vie, tant matérielle que spirituelle, en dépendait. C'est ce que propose Jean-Philippe Pierron dans cet ouvrage, en explorant la dimension spirituelle et personnelle de l'écologie.
à l'aide d'une langue extrêmement sensible et sensuelle, poétique, le philosophe Jean-Philippe Pierron poursuit son exploration écob iographique (voir son précédent livre dans la collection Mondes Sauvages : "Je est un nous") pour révéler l'importance primordiale de gestes en apparence triviaux et anodins, ceux du jardinier, du paysan, de l'artisan, du cuisinier, mais aussi ceux du musicien, du danseur et de l'écrivain, dans l'élaboration concrète et quotidienne, profonde et le plus souvent tue, d'une manière d'être au monde révélatrice d'un souci, d'une attention portée au monde et aux vivants qui cohabitent avec nous.
Le toucher nous ancre dans la vie. Le tact fonde notre lien à l'autre. La main pense. Les gestes créatifs, ceux des artistes et des artisans ou ceux que nous produisons quotidiennement réveillent en nous la liberté de gestes qui ouvrent et pas simplement de gestes qui prennent et se servent. Ces gestes, qui impliquent de toucher la matière et d'être touché par elle, permettent une meilleure compréhension de notre présence au monde de notre manière de l'habiter. Si la crise écologique?est une crise de la présence du vivant humain parmi les vivants, le sentir et le tact activé dans le touché peuvent se penser comme un "soin" apporté à cette qualité de présence, en faisant en sorte que notre existence prenne véritablement sol.
On fait l'hypothèse dans cet essai que c'est en?mobilisant des?expériences?sensibles et poétiques, comme la beauté de la main de l'artiste et de l'artisan au travail, que l'on pourra?soutenir une écologie non seulement de réparation, mais de fondation. Il s'agit ici de renouveler, par le geste, par le toucher, par le tact, ?la relation entretenue avec soi, les autres et la nature.
Notre culture occidentale moderne s'est évertuée à effacer nos liens à la nature, à nos milieux de vie, à des animaux, des arbres, une rivière ou une montagne. Nous en avons dénié l'importance mais ils resurgissent à la moindre occasion sans même que nous nous en rendions compte. « Quel temps fait-il ? » devient ainsi «la» question fondamentale qui prouve notre attachement inconscient au monde et l'importance qu'a le ciel sur nos climats intérieurs. Jean-Philippe Pierron nous emmène sur la piste philosophique de quelques personnages historiques et grands penseurs afin de comprendre comment ils ont pu, eux, prendre conscience de l'importance de ces liens et les intégrer dans leurs systèmes philosophiques.
Qu'il s'agisse de consentements affectifs et sexuels, de consentements me´dicaux sous leurs diffe´rents aspects (aux soins qui nous sont propose´s, que nous subissons et auxquels nous devons nous soumettre), de divers consentements juridiques et commerciaux, ou de toutes autres natures, la question du consentement s'e´rige en question majeure pour les sciences humaines. Elle e´merge sur fond d'une crise des accords tacites intrasociaux, intrafamiliaux et plus ge´ne´ralement des rapports interpersonnels, lie´e aux remaniements identitaires de l'espace commun.
Cet ouvrage permet de mettre au jour cette dimension majeure des accords tacites alors que le consentement est essentiellement envisagé du point de vue de l'importance contractuelle et positive qu'encourage le droit. Le modèle en est le « consentement libre et éclairé ».
En montrant qu'il y a un travail du consentement, que le consentement est un processus et pas seulement un contrat, et en le démontrant à partir d'exemples précis, cet ouvrage veut contribuer à une attention fine au « travail du consentement » pour l'accompagner, le soutenir dans le soin médical, familial mais aussi social, en vue d'une conception émancipatrice et libre des relations et du monde humain.
La philosophie du soin, que l'on parle aujourd'hui de care, d'attention ou de sollicitude, est maintenant bien installée dans le paysage intellectuel. À tel point que parler de moment du soin, à l'intersection entre philosophie, sciences humaines et sociales, arts et politiques, est devenu un point d'accord. Cet ouvrage, en s'installant au coeur d'une philosophie du soin, cherche à en tirer les conséquences dans quatre champs explorés singulièrement : le travail, le numérique, l'architecture et l'écologie.En quoi penser et agir en termes de soin a-t-il des effets sur notre manière d'éclairer ce qui s'engage dans les métiers et les professions dans une philosophie du travail ? Quels aspects du soin le numérique, de la robotique à l'intelligence artificielle et aux logiciels, vient-il soutenir, déplacer ou abîmer ? Comment le soin s'explicite dans des manières spécifiques de ménager l'espace, dans les questions d'architecture et d'urbanisme ? Enfin, à quel point d'intersection, entre santé et environnement, le soin permet-il d'accompagner la transition écologique ?
Gaston Bachelard, le facteur bourguignon qui deviendra professeur, a une étrange passion pour le Feu. Est-ce science, psychologie, poésie ?
L'auteur vous embarque dans son aventure familiale à la découverte de solutions écologiques concrètes et astucieuses pour améliorer le quotidien de sa famille (santé, alimentation, bien être, produits toxiques et alternatives pour le corps, le ménage, le jardinage, le mobilier, ...) tout en découvrant qu'il fait des économies. Exemple d'un passage heureux, à beaucoup de points de vue, vers l'écologie.
Un petit livret idéal pour ceux qui souhaitent découvrir des actes écologiques et économiques concrets pour leur vie quotidienne. Si vous êtes débutant de l'écologie, ce livret est pour vous ! Et si vous êtes un écolo averti, alors vous avez là un outil pédagogique directement en lien avec le quotidien de chacun et très digeste par son petit volume et un discours sans blabla.
Comment soigne-t-on aujourd'hui les personnes malades ? Ces dernières années, la médecine a fait des progrès énormes.
Les soins que l'on apporte aux patients sont de plus en plus savants et techniques. Peut-on pour autant rabattre l'épreuve de ceux qui souffrent à une simple série de " signes cliniques ", seuls censés être objectifs, neutres et rationnels ? Quelle est la place du malade au sein de l'hôpital ? En analysant des situations délicates et complexes (cancer, fin de vie...), Jean-Philippe Pierron s'interroge sur la signification des soins que la médecine offre aux personnes qui souffrent.
L'homme malade a besoin d'être reconnu et cette reconnaissance exige du temps. Prendre soin de lui, le soigner, c'est l'accompagner au quotidien : c'est donc et tout d'abord prendre en compte l'extrême vulnérabilité dans laquelle nous plonge la maladie.
La pandémie de la covid-19 a été l'occasion de revisiter l'intérêt, la force critique et la portée d'étayage des acteurs de l'éthique médicale, au sens large, dans sa dimension clinique comme dans sa dimension d'éthique de la recherche. Une crise offre la douloureuse opportunité de révisiter les grands principes éthiques et l'actualité de l'éthique au chevet du malade. Autour des grands domaines que sont le système de soin, l'éthique en contexte, la question des personnes vulnérables (personnes âgées, en réanimation, pédiatrie), les relations entre santé et environnement et des soins du corps des défunts, cet ouvrage se propose de mobiliser des soignants et des auteurs de SHS engagés autour de l'Espace de réflexion éthique de Bourgogne Franche Comté, qui furent biographiquement et intellectuellement confrontés à l'irruption de cette crise
« On ne choisit pas ses parents, on ne choisit pas sa famille »... on connaît la chanson !
Tout comme est familier l'incomparable air de famille, cette étrange ressemblance qui fait que ces autres sont aussi les miens...
C'est vrai. Alors, la famille serait subie comme un destin indépassable. Est-ce aussi sûr pourtant ?
L'expérience de l'adoption n'affirme-t-elle pas, haut et fort, que la famille est choisie ?
Qu'il n'y a pas de parents naturels ?
Que toute naissance est une reconnaissance ?
Le livre de Jean-Philippe Pierron exploite, sans mépris aucun, mais avec humour, les images et figures qui marquent notre époque : l'air du temps. La mythopée (de mythologie et canopée) ne désigne en effet rien d'autre que « cette épaisseur feuilletée d'images qui fait la vie d'une culture », comme le précise l'auteur, ses capacités créatrices mais aussi sa mémoire et ses attentes. L'auteur dépeint ainsi une collection de miniatures tirées du quotidien, qui témoigne de la dynamique poétique de ce début du XXIe siècle : le légume bio, le chèque-cadeau, le serveur vocal, le trader, le Burn out, les aidants naturels, l'indignation, le bonobo, le vivre ensemble... et bien d'autres.
Paul Ricoeur n'a cessé de dialoguer avec les grands courants de pensée de son temps, de notre temps; il reste notre contemporain. À ce titre, exposer sa philosophie, c'est nécessairement penser de conserve avec lui. Les dialogues auxquels elle nous invite ont pour matière les grandes questions d'aujourd'hui : l'épistémologie des sciences historiques, l'identité narrative, la poétique, la métaphore vive, la sagesse pratique, la dialectique de la morale et de l'éthique, l'herméneutique juridique, etc. Tous, ils prennent leur racine commune dans une pensée née au croisement de la philosophie réflexive, de la phénoménologie et de l'herméneutique. Il faut prendre le temps de déchiffrer le monde comme on déchiffre un texte, quoiqu'il faille compter avec les résistances vives qui émergent dans le monde contre l'entreprise de narration. Ricoeur nous amène ainsi à dépasser l'opposition dylthéenne entre l'explication et la compréhension pour réinstaller celle-là au coeur de celle-ci.
L'imagination sa juste place dans une philosophie de l'action. L'imagination est le médiateur de la créativité. Elle est la faculté du possible pratique en nous ancrant poétiquement au monde. Les images fournissent un cadre herméneutique pour l'agir.
Elles augmentent notre intelligence du réel et testent notre capacité a nous investir. En ces termes dominés par la rationalité instrumentale et le contrôle, voire l'évaluation tous azimuts du vécu, reconnaître la place des puissances de l'imagination est devenu tâche urgente pour habiter autrement notre monde !
Canalisée, maîtrisée, distribuée, l'eau nous apparaît désormais facile, à portée de robinet.
Les guerres de l'eau qui sévissent pourtant régulièrement, et la soif qui frappe encore trop durement une grande partie de la population mondiale, nous semblent lointaines. Quant à ces temps archaïques où chaque rivière, chaque source, chaque nappe phréatique était habitée par une nymphe, nous les avons oubliés.
Et pourtant... Du philosophe présocratique Thalès de Millet qui, affirmant que « tout est eau », faisait d'elle le principe de toute chose, en passant par le chimiste Lavoisier, qui, au XVIII e siècle, désenchantera l'eau pour y découvrir un composé chimique constitué d'hydrogène et d'oxygène, pour en arriver au moment écologique contemporain, toute une histoire se déploie. Et pas des moindres :
L'histoire de l'eau est avant tout notre histoire. Elle nous rappelle qu'avant d'être un « bien », l'eau est un « commun » qui nous relie au vivant, à la genèse du cosmos.
À l'heure où la préservation de cette ressource essentielle relève d'une urgence, écrire cette histoire est un geste qui se veut autant philosophique et politique que poétique. Car pour changer les pratiques, ne nous faut-il pas dépasser le simple rapport utilitaire et produire un nouvel imaginaire ?
"Philosophes et psychiatres nourrissent des capillarités secrètes et des questionnements communs. Souvent, la méditation du philosophe se met à l'école de ces situations et de ces visages de l'humain malade qui habitent des masques que l'on croit inhabitables, « horla », et que lui rapporte le psychiatre. Sous le souci de biologiser la maladie mentale, le savoir et le savoir-faire de la psychiatrie font le pari de l'humanité et de la nécessité de la relation..."
Ecce homo , voici l'homme, voici le témoin, le médiateur privilégié et pourtant si fragile de la vérité. Car de quelle vérité le témoin est-il médiateur ? Il pourrait bien s'agir d'une vérité flatteuse pour l'émotion mais sans doute bien moins pour la raison. La tentation esthétique conduit souvent à enjoliver la réalité et à tomber dans l'apologie ou l'hagiographie. Sans compter le faux témoignage ou le contre-témoignage. Fragile est donc le témoin et d'autant plus fragile est sa vérité - toujours noué charnellement à son propos sans pour autant se confondre avec ce dont il témoigne. Le témoin n'a d'ailleurs rien de nouveau à dire ; tout est dans sa façon de le dire. C'est ainsi qu'une histoire singulière est touchante et devient susceptible d'en engager d'autres. Aussi, en plus d'une esthétique, il faut rappeler une éthique du témoignage qui apparaît alors comme le préalable à toute éthique de la discussion pour notre temps. -- Ecce homo'; behold the man, behold the witness, the privileged yet fragile mediator of truth. But of what truth is this witness the mediator? It may very well be a truth that flatters emotion; but reason, much less. The temptation of aestheticism often leads us to enhance reality and resort to apology or hagiography. Not to mention false witnesses or counter-testimony. So the witness is fragile and his truth all the more fragile - always carnally bound to his words, though never confused with that to which he bears witness. The witness has nothing new to tell us; what counts is how he tells it. That is how a unique story becomes moving and likely to engage others' attention. But as well as its aesthetic value, we must remember the ethic of testimony, which appears to be the prerequisite to all ethics and to discussion in our times.
Ce livre va prendre sa place et sa part dans le débat contemporain qui oppose les tenants de la famille classique ou traditionnelle à ceux qui affirment la disparition de la famille normale, arguant que toute famille est une construction sociale et donc que toutes les compositions familiales se valent. A sa manière, il prolonge donc le débat qui a été engagé en France lors du projet de loi sur le mariage dit " mariage pour tous ", mais aussi à toutes les questions qui se posent aujourd'hui autour des enjeux familiaux : le débat sur l'adoption et l'accès aux origines ; la place et le rôle de la biologie dans la référence à l'aide médicale à la procréation pour définir ce qu'est une famille naturelle ; l'intérêt inédit pour la généalogie et les histoires familiales ; le statut des tiers d'engendrement ( mère porteuse, donneur de gamète) et des tiers éducatifs (beaux-parents) ; la définition de ce qui fait qu'une famille est une famille lorsque les familles recomposées, monoparentales ou bien encore homosexuelles semblent rendre difficile une réponse à cette question.
Le sens de la famille, disait-on autrefois, on l'a ou on ne l'a pas. Et on le brandissait comme un étendard. Le blason familial était suivi de son cortège d'obligations à honorer pour être respectables sinon respectés, de disciplines des corps, et d'innombrables normes invitant à s'y conformer. Il justifiait des rapports de dominations entre sexes ou entre générations. Il cautionnait l'idée qu'espace privé séparé de l'espace public, il était évidemment promoteur de solidarité et de justice naturelle dans la " cellule familiale ". Ces idées ont fait long feu.
On n'a pas une famille comme on possède un patrimoine. Aussi, est-ce au moment où le sens de l'honneur familial s'étiole, désuet et archaïque, qu'il importe de le revisiter. Le sens de la famille, plutôt qu'un programme à honorer, n'est-il pas un processus à déployer ? Si on ne choisit pas sa famille n'apprend-on pas à y consentir dans un long processus, parfois douloureux mais qui peut aussi être joyeux ou tendre ? Et si le sens de la famille était le nom donné à ce consentement ?
Il faut toutes ces questions pour retrouver la riche palette de ce que chaque famille appelle à vivre. Porteuse d'évaluations fortes, n'est-elle pas, à chaque fois, une petite école des capacités qui ne prétend pas, pour autant être donneuse de leçons ?
« Suis-je le gardien de mon frère ? » À partir de ce verset de l'Ancien Testament, cinq intellectuels interrogent tour à tour les rapports que l'être humain entretient avec ses semblables : une lecture plurielle consacrée à la solidarité et à la responsabilité, où se confrontent les interprétations des trois grandes religions monothéistes et de la philosophie contemporaine. Conçu à partir d'un événement organisé par la Villa Gillet dans le cadre du festival « Mode d'emploi », en novembre 2015, quelques jours après les attentats de Paris, ce livre propose une belle réflexion polyphonique.
Cet ouvrage s'adresse à l'ensemble des acteurs du travail du soin. Il vise à repenser dans une perspective interdisciplinaire et interprofessionnelle le concept fondamental de travail à l'aune de sa spécificité dans les services de soins.
Le travail du soin ne repose pas que sur des compétences certifiées ou des actes techniques. Un regard, un geste, une présence, une écoute... : il tient pour beaucoup à ce qui ne s'inscrit pas dans les tableaux de bord. Ces dernières années, les transformations organisationnelles ont grandement modifié, voire altéré, les conditions dans lesquelles les soins sont apportés. Indicateurs de qualité, mesure de la rentabilité, cotation des actes : tout le travail du soin doit pouvoir être passé à la toise des managers. Comment expliquer que l'attention à l'autre fasse l'objet d'une telle déconsidération institutionnelle ? Comment prendre soin du travail alors qu'il suscite fatigue de la compassion voire épuisement professionnel ?
Les auteurs, chercheurs en sciences humaines et sociales, soignants, personnes atteintes de maladies rares, étudient ces questions en interrogeant les conditions de possibilité du travail du soin. Ils analysent en particulier la valeur intangible de la relation dans le contexte d'organisations en tension. Les tensions découlent des rapports de pouvoir, des dispositifs de rationalisation et d'une certaine idée du management. Ils questionnent aussi la valeur travail, si difficile à juger lorsque l'essentiel de la pratique est invisible. Peut-être a-t-on pensé un peu vite que, comme elle n'était pas mesurée, elle ne comptait pas. Il s'agit alors de voir comment prendre en compte cette part impalpable du travail du soin afin de prendre soin du travail et, au-delà, de la qualité des soins et de la relation.
Cet ouvrage s'adresse à l'ensemble des acteurs du travail du soin. Il vise à repenser dans une perspective interdisciplinaire et interprofessionnelle le concept fondamental de travail à l'aune de sa spécificité dans les services de soins.
Essais sur l'accompagnement des mourants, dans le contexte des soins palliatifs, à la lumière de l'approche de la mort par Jankélévitch.
Il faut repenser l'éducation en proposant des renouvellements paradigmatiques ainsi que des préconisations éducatives qui se doivent de dépasser l'éducation à l'environnement ou l'éducation au développement durable).
L'entrée dans l'Anthropocène amène des questions sans précédent, notamment celle de la fin possible de l'espèce humaine. C'est sur l'existence même d'un avenir possible que porte l'incertitude contemporaine.
Ce qui pouvait avoir de la valeur il y a quelques décennies peut devenir obsolète à la lumière de la conscience de l'entrée dans l'Anthropocène. Un chantier de définition de ce qu'est éduquer à l'époque de l'Anthropocène est à entreprendre.
L'éducation est le moyen politique par excellence des changements durables du moyen et du long terme.
Prendre soin du langage qui raconte le soin c'est encore soigner. C'est soigner les corps blessés, soigner les âmes meurtries. C'est aussi prendre soin des soignants eux-mêmes. Il ne s'agit pas d'un manuel pour « bien vivre » malgré la maladie, mais plutôt d'un recueil d'expériences multiples rapportées par des professionnels d'horizons divers lors de deux colloques. Il porte pour les soignants sur les façons de dire « la vérité au malade » et pour les soignés d'entendre cette « vérité ». Il rappelle que la médecine n'est pas seulement une suite de gestes techniques, mais aussi une posture d'écoute et d'attention. Il souligne précisément l'intérêt et la portée de la médecine narrative. La parole du malade est forte et ouverte à l'extériorité. Elle l'accompagne dans son parcours de soin. Le récit n'est pas qu'un élément diagnostic ! Il ouvre une constellation biographique là où l'on tend à réduire la maladie au biologique et au fonctionnel.
Le numéro Ce que le numérique fait au langage. Imaginaires et rationalités du paradigme cybernétique, est centré sur l'étude des liens entre langage et numérique.
Gaston Bachelard, « l'homme du théorème et du poème » n'a pas travaillé le numérique, on le comprend aisément pour des raisons historiques. Mais il n'a cessé de discuter les relations du concept et de l'image, de la rationalité et des imaginaires investis dans le langage, et avec lui de la parole dans la langue, et de ses mises en forme. Il a ainsi travaillé aux conditions épistémologiques d'advenue de la science moderne par l'invention d'une langue : celle notamment que construisit Lavoisier avec les symboles de la chimie. Il a discuté comment la littérature, quant à elle, est cette puissance de subversion des formes établies, de mise en travail de ce qui est le plus informé voire corseté, par les variations de l'imagination. Nous voudrions prendre prétexte de ce double geste pour questionner ce qu'aujourd'hui le numérique fait au langage et examiner quelles ressources poétiques le maintiennent dans sa dimension de langage instituant et non de langage institué.