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Knut Hamsun
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La seule chose qui me gênât un peu, c'était, malgré mon dégoût de la nourriture, la faim quand même. Je commençais à me sentir de nouveau un appétit scandaleux, une profonde et féroce envie de manger qui croissait et croissait sans cesse. Elle me rongeait impitoyablement la poitrine ; un travail silencieux, étrange, se faisait là-dedans.
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J'ai pas mal vagabondé en mon temps, me voilà devenu bête et flétri. Mais je n'ai pas cette croyance sénile et perverse d'être devenu plus sage que je n'étais. Et j'espère du reste que je ne deviendrai jamais sage. C'est un signe de décrépitude. Quand je remercie Dieu de la vie, ce n'est pas en vertu d'une plus grande maturité qui est venue avec l'âge, mais parce que j'ai toujours eu de la joie à vivre. L'âge n'apporte aucune maturité, l'âge n'apporte rien d'autre que la vieillesse. Un vagabond joue en sourdine est, après Sous l'étoile d'automne, le deuxième roman qu'Hamsun consacra à son double fictionnel, Knut Pedersen. Sans amertume, il y dresse le constat de l'absurdité de la vie bourgeoise et d'à peu près toute littérature. Tour à tour manoeuvre, bûcheron, flotteur de bois, il se fait spectateur passif du tumulte du monde, s'interdisant par là de protéger la femme qu'il chérit - mais peut-être n'y a-t-il là qu'inévitable résignation à notre fragilité, et à notre fondamentale impuissance ?
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Quand, en 1906, Hamsun publie Sous l'étoile d'automne, il a quarante-sept ans ; il est un auteur célèbre, mais traverse une période de doute et d'errance tant littéraires que personnels, suite à l'échec de son mariage avec une jeune femme qu'il a passionnément aimée.
Sous l'étoile d'automne est le récit du vagabondage dans les campagnes norvégiennes de Knut Pedersen, homonyme et double littéraire d'Hamsun. Usé par les déceptions d'une vie citadine et mondaine dont il ne dira rien, Pedersen s'embauche ici ou là comme manoeuvre, maçon, bûcheron, vit de rien, tente de revenir à une simplicité originelle dans sa manière d'être au monde ; il décrit les difficultés et les bonheurs de ses rencontres, des amitiés et amours qui inévitablement se nouent - avec une spontanéité, un naturel et une économie de moyens qui, de Thomas Mann à Henry Miller, marqueront des générations d'écrivains. -
Dans les années 1860, le lieutenant Willatz Holmsen, troisième du nom, vit une paisible existence de seigneur terrien dans son vaste domaine, aux confins du Nordland norvégien, tout comme ses pères avant lui. Époux d'une aristocrate allemande dont l'âme passionnée s'accorde bien mal avec sa raideur et son mutisme un peu hautain, il est l'heureux père d'un jeune garçon. Quand le négociant Tobias Holmengraa, fils de pêcheur ayant fait fortune aux Amériques, revient au pays natal et se montre désireux d'acquérir une parcelle de son domaine, comment le lieutenant Holmsen pourrait-il se douter qu'en accédant à sa requête il va déchaîner l'ouragan de la modernité sur le petit monde où il régnait en maître ?
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Dans une contrée montagneuse de l'ouest de la Norvège, Isak, paysan misérable, s'installe en pionnier dans une vallée isolée et s'unit bientôt à une jeune épouse, Inger, comme lui humble, illettrée et dure à la tâche. Des années de labeur, d'errements et d'expériences vont peu à peu transformer leurs terres en un domaine prospère où grandissent leurs quatre enfants.
Dans un style d'une extrême sobriété, où les personnages se dessinent et vivent à la seule lumière de leurs paroles et de leurs actes, Hamsun fait revivre une humanité disparue, et dépeint sans doute en Inger l'un des plus beaux personnages féminins de la littérature nordique.
Fils de paysans pauvres, Knut Hamsun (1859-1952) mène une vie errante jusqu'à la publication en 1890 de son roman Faim, qui lui apporte la célébrité. Paru en 1917, L'Éveil de la glèbe le mènera au prix Nobel de littérature. Il fut admiré d'auteurs aussi divers que Thomas Mann, Hermann Hesse, Henry Miller ou Arthur Koestler. -
L'amertume, la folie, la haine, le mépris, les dénigrements qui se donnent libre cours dans Mystères ne doivent pas nous faire oublier que Hamsun était d'abord et avant tout un amoureux de la nature, un solitaire, un poète du désespoir. Il est capable de nous faire rire aux moments les plus inattendus - parfois même au beau milieu d'une scène d'amour passionnée - et pas toujours pour de bonnes raisons. Il peut, en un clin d'oeil, retourner une situation. De fait, il paraît souvent vouloir se libérer, s'extraire de sa propre peau. Mais si incisif que soit son humour, si mordantes que soient ses récriminations, cela ne nous empêche pas d'avoir le sentiment, la certitude, que c'est là un homme qui aime, un homme qui aime l'amour, et qui est condamné à ne jamais rencontrer une âme accordée à la sienne. Hamsun est vraiment ce que l'on pourrait appeler un aristocrate de l'esprit.
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Pan est, après La Faim, le second et incontestable chef-d'oeuvre de Knut Hamsun.Glahn est chasseur, fils de la forêt, ermite vivant dans une hutte avec son chien pour toute compagnie. Il est débusqué, pourchassé par une jeune fille, l'androgyne Edvarda, qui n'a de cesse qu'il ne tombe à ses genoux, esclave d'amour à perpétuité...
Dans la lumière de l'été du Nordland, l'ombre d'Edvarda, souveraine et fantasque, plane sur la vie, les jours, les pensées de Glahn, l'orgueilleux devenu pantin, qui, dans un sursaut de révolte, prend à son tour une esclave d'amour, Eva, la servante, éperdue de tendresse pour l'égaré. -
Ove Rolandsen est fantasque, inventif, imprévisible et surtout rêveur. Il est épris de l'amour et fasciné par les femmes, que ce soit la toute jeune Olga, ou sa fiancée, ou la gouvernante, ou l'épouse du pasteur, ou encore la fille de Mack, un riche commerçant. Ove se joue avec bonhommie la comédie de la grandeur et de la passion fatale - au risque de tout perdre
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August a parcouru le monde. De retour dans son village, il raconte ses aventures mystérieuses. Il envoûte son ami Edevart, naïf au coeur pur, qui rêve de partir. Le drame du village se noue entre les sédentaires heureux de leur sort et ceux que l'inquiétude pousse à la découverte du monde.
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« La faim reparaissait, elle me rongeait la poitrine, me donnait des élancements, de petites piqûres qui me faisaient mal. N'avais-je vraiment pas un ami, une connaissance à qui je pourrais m'adresser ?. C'était tout de même une journée délicieuse. Il y avait beaucoup de soleil et beaucoup de lumière autour de moi. Le ciel déferlait comme une mer délicate par-dessus les monts de Lier. » Cette traduction de Régis Boyer reprend la préface d'André Gide, publiée dans la précédente édition. L'un comme l'autre reconnaissent le génie de cet inconnu, auteur d'un premier roman dont l'écriture, rompant avec toutes les règles habituelles du romanesque, se révélera d'une prodigieuse fécondité.
Le héros de ce livre, sans doute proche de Hamsun lui-même, se trouve dans un état permanent de faim qu'il semble entretenir avec délectation car il éprouve alors des sensations inconnues, se permet toutes les audaces allant jusqu'à sublimer sa condition marginale. Tout devient possible dans cette entreprise quasi-mystique de recherche de sa vérité.
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«Voici les dernières errances de Knut Pedersen, le vagabond perpétuel que nous avons suivi de lieu en lieu et d'amour déçu en amour vain dans Sous l'étoile d'automne et Un vagabond joue en sourdine.
Nous retrouvons dans ce troisième roman ce qui fit le charme des deux premiers : la connivence instinctive avec la grande nature du Nord, ses forêts, ses animaux, ses ciels sans fond que multiplie l'eau des lacs et des rivières, que cernent les pics des montagnes redoutables où l'accident fatal vous guette. Et, de nouveau, voici la Femme, instable et fantasque, éperdue d'amour : de soi ? de l'autre ? qui le saura ? Une fois de plus, l'écriture épouse avec bonheur les intermittences du coeur et réussit à suggérer ce qui ne se peut dire.» Régis Boyer.
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Au pays des contes ; choses révées et choses vécues en Caucasie
Knut Hamsun
- Grasset
- Les Cahiers Rouges
- 22 Septembre 2010
- 9782246587521
Au Pays des contes (1903) aurait pu s'intituler « Les Tribulations d'un Nordique en Russie ». De Moscou à Bakou, c'est un périple fantaisiste, en chemin de fer et à cheval, dans le Caucase d'il y a un siècle. Rien n'échappe au narrateur, ni les troupeaux, ni les grands espaces, ni l'accoutrement des femmes Tatars... La moindre anecdote (une montre obscène, des petits vendeurs de cristaux) lui saute aux yeux - des yeux malicieux car le voyageur ne se départit jamais d'une joyeuse ironie. Il joue avec les décors et le lecteur, bascule au détour d'une page, à la faveur d'une fièvre, dans des tableaux oniriques à la limité du délire, respectant le cahier des charges du sous-titre : Choses rêvées et choses vécues en Caucasie. Ce récit mouvant part donc dans tous les sens, bifurquant même vers un petit essai critique sur les mérites de Tourgueniev, Dostoïevski et Tolstoï. En fait Hamsun exploite les qualités qu'il prête au peuple russe : " spontanéité ", " faculté de déraillement ", " aptitude à l'absurde "...
C'est drôle, alerte, vif, écrit au présent. Ce livre déroutant fait miroiter tous les talents, toute la verve d'un grand écrivain. -
La trilogie : aux portes du royaume, le jeu de la vie,
Knut Hamsun
- Actes Sud
- 18 Avril 2001
- 9782742732029
Aux portes du royaume Le seul moyen pour Ivar Kareno d'être promu docteur en philosophie et d'obtenir une bourse serait de modérer ses écrits jugés trop destructeurs ou intempestifs. Mais il refuse de taire ses plus intimes convictions.
Le Jeu de la vie Tout en poursuivant sa quête de la vérité, Kareno s'est réfugié dans le Nord de la Norvège. Il travaille comme précepteur chez monsieur Oterman et tombe éperdument amoureux de la fille de celui-ci. Quatre saisons illustrent quatre moments de leur vie amoureuse.
Crépuscule Ivar Kareno a cinquante ans. Il n'est pas encore au crépuscule de sa vie car celle-ci prend un nouveau tournant idéologique - sa révolution personnelle s'opérera en deux jours.
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Nous retrouvons, dans ce livre qui est la suite de Benoni l'étrange et pittoresque parvenu au grand coeur qu'est Benoni Hartvigsen, devenu le riche B. Hartwich. En lui se prolonge l'un des thèmes majeurs du diptyque : cette exécration de l'argent, né de la civilisation urbaine et qui tue lentement les antiques valeurs de la culture rurale. Nous suivons également les errements des mêmes personnages principaux : Mack, le fier seigneur, et la douce Rosa avec ses angoisses d'amour. Cependant l'optique a changé avec l'irruption de deux nouveaux héros : le rédacteur du roman, l'étudiant Parelius, et la «baronne», la fille de Mack, fantasque, bizarre et volontiers machiavélique. La baronne vit dans la hantise du souvenir du lieutenant Glahn, le beau chasseur sauvage de Pan. Elle est la face primitive et folle d'une réalité dont Rosa représenterait l'aspect antithétique raisonnable et civilisé, tout comme Parelius équilibre Glahn. Ce roman apporte un souffle nouveau dans l'oeuvre de Knut Hamsun. En effet, derrière la diversité des personnages, s'impose l'obsédante présence de l'amour que l'on ne cesse de nous dire cruel. Dans ce monde frustré, la cruauté de l'amour confère à la vision de l'homme un tragique poignant, une intensité à la limite de l'étouffement, sur un fond de grisaille et d'angoisse qui finit par infuser à cet ouvrage une exceptionnelle et douce- amère gravité. Régis Boyer
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Sur la scène de Segelfoss, petite ville dotée d'un château, d'une gazette, d'une boutique florissante, d'une minoterie sur le déclin et d'un théâtre ouvert dans un hangar à bateaux, s'agitent deux générations d'hommes, dont Hamsun raconte les vies minuscules. Au château survit un aristocrate, enfant prodige de la musique qui a perdu son prodige en grandissant. Autour de la boutique s'affairent les bourgeois : parvenu ruiné, boutiquier prospère, homme de loi rapace. Tout au fond de la scène passe la masse indistincte des ouvriers, décrits comme un troupeau obtus, docile par intérêt.
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Auguste est, dans l'univers de knut hamsun, un de ces personnages récurrents, dont henry miller disait partager l'état d'esprit : " à une sorte de créature, de contrefaçon qui croyait être quelqu'un mais ne pouvait en fournir la moindre preuve. " après des années de voyage et d'errance, auguste est de retour dans son village natal, le petit port de polden.
Confronté à la méfiance et au soupçon, au conformisme et à la frustration, auguste provoque pour convaincre et sème la discorde pour rassembler les énergies. auguste s'ennivre d'un rêve de gloire et de fortune. ses aventures autour du monde ne l'ont pas assagi. elles ne l'ont pas enrichi non plus. après une pêche miraculeuse, polden commence à prospérer. les ambitions d'auguste sont à la mesure des espaces qu'il a parcourus. mais seules la ruine et la désolation viendront sceller ces grands projets. auguste, criminel, devra repartir à la veille d'un ultime rebondissement qui fera la fortune du port de polden.
Au-delà du récit d'aventures admirablement rythmé, auguste le marin apparaît comme une parabole messianique dans un monde sans dieu. auguste s'imagine être le messie. mais il est entouré d'hommes et de femmes de peu de foi. multipliant les richesses de ses concitoyens, auguste ne saura pourtant pas leur faire comprendre le sens de sa mission. créature divine, il ne pourra jamais, cependant, en donner la preuve.
Auguste le marin est le deuxième volet d'une trilogie composée de vagabonds (grasset, cahiers rouges, 1986) et de mais la vie continue (calmann-lévy, à paraître).
Fils de paysans, autodidacte, knut hamsun (1859-1952) a émigré à deux reprises aux etats-unis. de retour en norvège, il publie en 1890 la faim qui lui procure une notoriété internationale. il obtient le prix nobel en 1920. calmann-lévy a publié quinze de ses livres.
Traduit du norvégien par marguerite gay et gerd de mautort.
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On trouvera ici - dans la traduction et une présentation de Régis Boyer - le premier recueil français des articles majeurs de Knut Hamsun. Sont représentés les deux pôles de l'importante oeuvre critique d'Hamsun jusqu'à ce jour inaccessible au lecteur français ; d'une part, la question littéraire : là «De la vie inconsciente de l'âme», article mythique, est un texte capital, qui éclaire l'écriture hallucinée du célèbre roman La Faim (dont il est le pendant théorique) ; d'autre part, la question sociale : Hamsun s'y révèle un individualiste forcené, réfractaire à toute fatalité admise (fût-elle la vieillesse), un contempteur du monde moderne et un pamphlétaire de premier ordre.
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L'une des ambitions de Knut Hamsun était de devenir conférencier: il s'y est essayé dès 1881, sans succès. Mais neuf ans plus tard, un peu plus connu, il s'enhardit et écrit ces trois conférences - Littérature norvégienne, Littérature psychologique, Littérature à la mode - qu'il donnera dans toute une série de villes l'année suivante. Cet autodidacte, cet ombrageux orgueilleux, ce jaloux de nature - qui demeure l'un des deux ou trois romanciers de notre modernisme - est plus ou moins conscient de battre en brèche tous les mots d'ordre admis, d'ouvrir des voies inexplorées, de faire tout autre chose que ses aînés. C'est cela, l'intérêt des pages que l'on va lire: un des grands écrivains de notre siècle nous tend des clefs pour pénétrer dans son oeuvre. Ces trois conférences méritaient d'être accessibles en français car je gage que leur lecture sera désormais indispensable à quiconque s'attachera à percer les mystères du grand Norvégien !
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Toutes les facettes du multiple génie de Knut Hamsim se trouvent éclairées dans ce choix de nouvelles extraites des trois recueils qu'il publia entre 1897 et 1905 : son infime tendresse dans l'analyse des amours malheureuses d'adolescents ou de jeunes gens plus épris de leur propre passion que de l'Autre, ses satires ironiques et feutrées de la bêtise humaine en milieu petit bourgeois et surtout à travers de possibles souvenirs personnels, ses esquisses de ce qui restera son personnage inoubliable, le vagabond au grand coeur qu'une irrépressible passion de la liberté, un sens impénitent de la légende et une connivence innée avec le rêve écartent à jamais de toute stabilité.S'y ajoute ce qui reste sa marque inimitable cette voix de conteur inlassable qui s'entend magistralement à captiver l'attention du lecteur à partir indifféremment d'incidents insignifiants ( Une mouche tout à fait banale, de taille moyenne "), ou de ces histoires tragiques d'amour et de mort (" A Plamandso ") dont il fera, par la suite, les grands chefs-d'oeuvre de sa maturité. On retiendra surtout, peut-être, ces merveilles que sont les nouvelles ou la force de la fiction complaisamment entretenue aux dépens de toute vraisemblance (" La Dame du Tivoli ", " Un fieffé gredin ") finit par l'emporter sur le bon sens : ici, vraiment, la Parole s'est faite Création.Régis BoyerNé en 1800 en Norvège, Knut Hamsimétait fils de paysans et autodidacte.Ses premiers écrits passèrent inaperçus,et il dut émigrer aux Etats-Unis.Il obtint le Prix Nobel en 1920.Son talent est exprimé également à travers des récits de voyages,contes, nouvelles et pièces de théâtre.Il est décédé en 1952."
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Benoni est le premier volet d'un dyptique qui tient une place à part dans l'oeuvre de Knut Hamsun. Sans doute y retrouve-t-on la grande nature du Nordland, ses forêts, sa faune et sa flore, la mer, les nuits translucides de ses étés, la pesanteur de ses journées d'hiver ; de même y renoue-t-on connaissance avec un type d'analyse psychologique qui a fait école depuis, où tout n'est que suggéré par approches de biais, demi-teintes, gestes ébauchés et retenus, élans du coeur arrêtés d'une parole.
Cependant, Knut Hamsun y aborde de front, pour la première fois, ce qui deviendra une des préoccupations majeures de toute son oeuvre, un des problèmes essentiels aussi de la société scandinave : l'affrontement entre une culture rurale traditionnelle avec son éthique et ses valeurs typiques, et le monde de la ville, le capitalisme, l'argent. Autour de Mack de Sirilund gravite un microcosme qui accuse fortement le contrecoup de cet antagonisme : l'argent, nouveau maître, fustige insolemment parvenus aussi bien que mainteneurs de traditions, sans que l'on sente percer encore l'option résolument conservatrice que Knut Hamsun adoptera un jour. En second lieu, si l'amour joue, ici comme dans les autres romans hamsuniens, un rôle de premier plan, c'est en un camaïeu de gris qui a quelque chose de poignant dans son mélancolique bilan d'échecs et de ratés : Benoni et Rosa, Svend et Ellen, Nikolaï et Rosa font tour à tour l'expérience navrante de l'impossibilité d'aimer et d'être aimé sans retour. Violence ou timidité, cynisme ou naïveté, mépris ou sensualité, rien ne paraît devoir triompher d'obstacles insurmontables jamais dits, qui font de ce livre un lamento pudique et feutré. Enfin, en bon Scandinave conscient des très lointains tropismes de son peuple, Hamsun a mis en scène ici, plus clairement que nulle part ailleurs, le seul vrai personnage de son oeuvre, ce Destin inexorable et fantasque qui se plaît cruellement à flétrir les corps comme il ride les coeurs.
Régis Boyer Né en 1859 en Norvège, Knut Hamsun était fils de paysans et autodidacte. Ses premiers écrits passèrent inaperçus, et il dut émigrer aux Etats-Unis. Peu après son retour, en 1890. la Faim lui apporta la célébrité. De nombreux romans suivirent. Benoni, et Rosa, le second volet du dyptique, ont été publiés en Norvège en 1908. Knut Hamsun obtint le Prix Nobel en 1920. Son talent s'est exprimé également à travers des récits de voyages, contes, nouvelles et pièces de théâtre. Il est décédé en 1952. -
Victoria histoire d'un amour - - traduit du norvegien - edition
Knut Hamsun
- Flammarion
- 30 Juin 2008
- 9782080704221
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