Une jeune femme d'origine musulmane suit son époux en France dans l'espoir de la vie meilleure qu'il lui promet.
Arrivée sur place, rien ne change dans son quotidien, elle continue de porter la burqa, d'assurer l'entretien de la maison et ne sort de l'appartement que pour accompagner sa fille à l'école. Un jour elle aperçoit une robe rouge dans la vitrine d'un magasin, symbole de féminité et de liberté. En même temps, un livre est déposé sur le pas de sa porte par un inconnu.
Sa fille qui apprend le français lui en lit deux mots : "Ose savoir".
La robe rouge libère son désir d'être une femme à part entière.
Les deux mots lus par sa fille dans Qu'est-ce que les Lumières ? du philosophe Emmanuel Kant lui révèlent la nécessité d'apprendre pour s'ouvrir au monde. La portée de ce conte contemporain puissant et lapidaire incite à relire les textes fondateurs autour de la période des Lumières contre la montée de tous les fondamentalismes actuels. Un florilège des ces textes accompagne ce récit.
Avec La Reine de l'oubli, Lamia Berrada-Berca aborde une nouvelle forme de l'intime, en explorant une individualité en repli sur elle-même. Sans nommer la maladie d'Aizelmer, l'auteur construit le présent d'une femme passée de l'autre côté du miroir, là où ses contemporains ne l'atteignent plus et où se déploie toute la palette des sentiments et sensations d'une vie sans contours fixes.
Après Kant et la petite robe rouge à la conquête de la liberté individuelle, Lamia Berrada-Berca explore le chant sombre et cruel des dictatures en une petite musique bouleversante de l'intime au prisme des pensées d'un fossoyeur, époux de la sage femme et à la solde du dictateur. Le grand intérêt de ce texte est la distillation dans une écriture très épurée d'un patrimoine littéraire et d'une réflexion profonde de l'auteur sur un thème qui lui tient à coeur depuis longtemps, devenu soudain d'une actualité brûlante.