Juifs et musulmans ont partagé en Algérie une longue histoire qui s'acheva en 1962 avec l'indépendance du pays. Si, en 1954, on y comptait environ 130 000 juifs, il n'en reste plus aujourd'hui. Pourquoi cette coexistence a-t-elle pris fin ?
Juifs et musulmans ont vécu ensemble les grands mouvements de l'histoire de l'Algérie : les débuts de l'islam et les rivalités entre dynasties au Moyen Âge, l'intégration à l'Empire ottoman entre le XVIe et le XIXe siècle, la colonisation française, les lois antijuives du régime de Vichy, la guerre d'Algérie enfin.
Sans parti pris, Lucette Valensi s'attache à comprendre les relations que juifs et musulmans ont entretenues, faites de domination et de violences sur la minorité juive, mais aussi d'échanges et de paisible collaboration.
On admet généralement que l'immigration massive des musulmans vers l'Europe a commencé avec la colonisation et qu'elle s'est développée depuis la Première Guerre mondiale, quand l'armée avait besoin de soldats et les usines de main d'oeuvre. La croissance économique d'après 1945, et la fin des empires coloniaux, ont relancé et amplifié le mouvement, l'immigration gagnant des régions de l'Europe qui ne l'avaient pas connue jusque-là.
Mais était-ce bien la première fois que l'Europe accueillait des musulmans et que des relations quotidiennes se nouaient entre eux et le reste de la population ? Lucette Valensi a remonté le temps à la recherche de ces musulmans qui ont sillonné le monde chrétien entre XVIe et XVIIIe siècles. Galériens dans tous les grands ports, morisques en Espagne, exilés politiques, aventuriers, marchands, voyageurs ou ambassadeurs des États musulmans : de la Moscovie à la Grande-Bretagne et des Pays-Bas à l'île de Malte, c'est par milliers qu'ils ont vécu au milieu des chrétiens.
La grande bataille des trois rois (el-Ksar el kébir, 4 août 1578), la mort du souverain portugais dom Sébastien & l'impact de l'événement dans les mémoires musulmane, juive et chrétienne.
Au point de départ, un événement : une guerre qui présente l'économie d'une tragédie classique. Elle se joue en quelques heures, en une seule bataille, qui s'achève par une victoire éclatante du Maroc sur le Portugal. Trois rois ou princes trouvent la mort au cours de l'affrontement. Guerre meurtrière, une des plus sanglantes du XVIe siècle, elle marque un tournant décisif dans l'histoire du face-à-face entre islam et chrétienté. On sut partout qu'elle resterait gravée dans les mémoires.
Quels souvenirs garde-t-on d'une grande guerre ? Qu'en retient-on quand on est vainqueur, comment oublier que l'on a essuyé une défaite ? Qui transmet les souvenirs quand disparaissent les derniers témoins ? Et pourquoi ? Et pour qui ?
L'Histoire peut-elle saisir «l'étoffe dont nos rêves sont faits» ? L'étoffe, le mot dit bien l'entrelacement, la trame, l'épaisseur du voyage peu ordinaire auquel nous convie Lucette Valensi.
L'expédition commence par un événement d'écriture : six petits versets de l'Evangile selon saint Matthieu énonçant le départ de la Sainte Famille pour l'Egypte afin d'échapper à Hérode, puis son retour en Palestine. Cette courte séquence va engendrer un véritable monde fait de textes (les évangiles apocryphes, les traditions musulmanes, La Légende dorée, etc.), d'images (l'iconographie chrétienne et musulmane et la peinture européenne), de musiques (tel le récent opéra, El Niño, de John Adams) et, enfin, des lieux, des géographies sacrées concurrentes. Ce cosmos textuel et imagier est en expansion, il passe les rives de la Méditerranée, va d'Orient en Occident, traverse le temps en s'enrichissant, monde de rencontre, de diffusion, de transformation dans des contextes culturels différents. Il ne s'agit pas, pour l'historienne, de suivre la fortune d'un texte ou d'un thème iconographique, mais bien de se placer au confluent des textes et des espaces, des textes engendrant des espaces, des traditions et des sociétés, dans une histoire totale grosse de passages, de ponts et de routes. L'Histoire n'est peut-être pas à la hauteur de nos rêves, mais, à coup sûr, elle accompagne l'homo viator sur ces chemins.
L'Islam accuse l'Occident. On mesure, dans ses griefs, le poids des troubles du dernier demi-siècle : décolonisation, conflit palestinien, question du Cachemire. Mais y a-t-il des causes plus lointaines, des blessures plus profondes ? Le discours islamiste le dit, invoque le Prophète et la génération fondatrice, énumère la litanie des offenses subies quatorze siècles durant, y trouve les raisons compulsives de ses combats. Il ne s'agit pas de balayer ce discours identitaire, mais de constater qu'il doit davantage au tiers-mondisme et à la modernité qu'à la tradition. Pour y voir clair, les deux auteurs reviennent sur l'histoire longue de l'Islam, sur les rapports de l'Etat islamique ancien avec la foi, l'entrée dans la modernité et l'ampleur de l'esprit de réforme, sur ses échecs aussi. Une analyse magistrale écrite par deux des meilleurs spécialistes du monde arabe.
Co-édité avec les Editions Déméter (Tunis), l'ouvrage richement illustré retrace l'histoire d'un artisanat méditerranéen d'une extraordinaire richesse en même temps que le parcours d'une famille remarquable. Les «fils de Jacob Chemla », fut un cas unique d'une entreprise juive engagée dans la production de céramique d'art, une activité régulièrement exercée exclusivement par les musulmans depuis le Moyen-Age. Les Chemla l'ont revivifiée et l'ont inscrite durablement dans l'art et le paysage tunisiens. Des années 1860 à la fin du XXe siècle, c'est l'aventure de cette entreprise unique que le livre présente, en même temps que le souvenir d'une Tunisie plurielle que la nouvelle Constitution du pays tente, avec bien des difficultés et bien des efforts, de faire revivre.
Écoutez ces voix toutes proches, écoutez ces voix:elles viennent de si loin. Écoutez parler ces gens très ordinaires:tous sont juifs, chacun à sa mode; et c'est pourquoi un jour ils ont quitté leur pays natal. Pourquoi? pourquoi tous ces chemins devaient-ils mener en France? Cinquante histoires de vie, provoquées puis recueillies par Lucette Valensi et Nathan Wachtel, cinquante destins se répondent pour raconter cette histoire et pour évoquer une mémoire. Mémoire individuelle et, inséparablement, mémoire collective dans laquelle le souvenir n'a de sens que parce qu'il témoigne d'une expérience partagée. Ces voix juives venues de partout racontent toutes l'exil et le deuil. Mais elles disent aussi la volonté de survivre et de sauver la mémoire du bonheur et de l'indicible. Inlassables, elles répètent l'impératif biblique, l'obligation essentielle et toujours actuelle:zakhor, souviens-toi.
L'Islam nous accuse. On mesure, dans ses griefs, le poids des troubles du dernier demi-siècle, décolonisation, conflit palestinien, question du Cachemire, mobilisation contre le communisme. Mais y a-t-il des causes plus lointaines, des blessures plus profondes ? Le discours islamiste le dit, invoque le Prophète et la génération fondatrice, énumère la litanie des offenses subies quatorze siècles durant, invite les peuples musulmans à n'en rien oublier, y trouve les raisons compulsives de ses combats.
Il ne s'agit pas de balayer ce discours identitaire, mais de constater qu'il est tenu par de jeunes générations musulmanes plus au fait de l'Occident honni que des traditions de l'Islam. On met donc en lumière dans un premier temps certains des mécanismes fondamentaux de l'État islamique ancien et de ses rapports avec la foi - mécanismes irréparablement brisés par la modernité. On insiste ensuite sur l'ampleur de l'esprit de ' réforme ', d'adaptation à la modernité depuis le XIXe siècle, et sur son échec aussi surprenant que relatif. Dans une conclusion à deux voix, les auteurs tombent enfin d'accord sur le modernisme des mouvements islamistes, et sur l'héritage tiers-mondiste qu'ils pervertissent.
Co-édité avec les Éditions Déméter (Tunis), l'ouvrage richement illustré retrace l'histoire d'un artisanat méditerranéen d'une extraordinaire richesse en même temps que le parcours d'une famille remarquable. Les « fi ls de Jacob Chemla », fut un cas unique d'une entreprise juive engagée dans la production de céramique d'art, une activité régulièrement exercée exclusivement par les musulmans depuis le Moyen-Âge. Les Chemla l'ont revivifi ée et l'ont inscrit durablement dans l'art et le paysage tunisiens. Des années 1860 à la fi n du 20e siècle, c'est l'aventure de cette entreprise unique que le livre présente, en même temps que le souvenir d'une Tunisie plurielle que la nouvelle Constitution du pays tente, avec bien des di cultés et bien des e orts, de faire revivre.