Lautrec, c'est la légende de Montmartre, le peintre du Moulin-Rouge, du Mirliton, celui qui immortalise Bruant, la Goulue, Jane Avril. Mais c'est aussi un petit homme foutraque, issu d'une famille de la haute noblesse de province, atteint d'une maladie génétique qui fragilise ses os et interrompt sa croissance. Fasciné par les cabarets, les bals, les bistrots, les théâtres et les prostituées, il peindra des hommes et des femmes toute sa vie, négligeant le paysage et la nature morte. Alcoolique, rongé par la syphilis, il meurt à trente-six ans en laissant une oeuvre foisonnante et inclassable.En mettant en scène l'obsession de Henri de Toulouse-Lautrec pour la peinture, celle qui montre les êtres humains dans ce qu'ils ont de plus brut et de plus vivant, Matthieu Mégevand s'éloigne des représentations habituelles pour dresser le portrait de l'artiste en voyant et de l'homme en possédé.
Après La bonne vie sur le poète Roger-Gilbert Lecomte et Lautrec, sur le peintre, Tout ce qui est beau vient clore avec Mozart une trilogie intitulée « créer-détruire » sur ces trois artistes incandescents morts en pleine fleur de l'âge.
« Vous savez bien que je ne cherche rien d'autre, dit-il enfin. Ma musique, des boutons, un habit... c'est la même chose... tout ce qui est bon, véritable et beau... le reste... rien... » Toute sa courte vie durant, de l'enfant prodige qu'il a été jusqu'à sa mort prématurée, Wolfgang Gottlieb Mozart de son vrai nom - et de grâce divine il sera question - n'aura eu de cesse de « dire » par la musique. Avec ce dernier opus, Matthieu Mégevand réussit le tour de force de « capturer » Mozart en si peu de pages, de nous le faire « entendre » en littérature.
« Regarder à se crever les yeux, à éclater le crâne avec les yeux de derrière les yeux, de derrière la tête ».
L'homme qui écrit ces lignes tentera, toute sa courte vie durant, de voir. Né à Reims en 1907 et mort à trente-six ans à Paris en 1943, le poète Roger Gilbert-Lecomte - que raconte ce roman - est le fondateur avec René Daumal, Roger Vailland et Robert Meyrat de la revue Le Grand Jeu. Au coeur de l'émulation artistique des années 1930, il côtoie André Breton, Arthur Adamov ou encore Antonin Artaud et poursuit, tout au long de sa vie, une quête existentielle et poétique acharnée, accompagnée de prises massives d'alcools et de drogues. La littérature est pour lui considérée - au même titre que diverses substances - comme un moyen de dépassement de la condition humaine.
Loin de l'image d'Épinal du poète maudit, Matthieu Mégevand met en scène la vie de Roger Gilbert-Lecomte en cherchant à approcher son point d'incandescence - c'est-à-dire le moment où l'existence ne se suffit plus, se dépasse, surchauffe, et où l'acte créateur surgit. Au final, un destin d'étoile filante et un roman à son image : éclatant, lumineux, profondément existentiel et qui défile à toute allure.
Matthieu Mégevand est éditeur et écrivain. Né à Genève en 1983, diplômé en philosophie et en Histoire des religions, il a travaillé comme journaliste pour le bimestriel Le Monde des Religions.
Il a publié un premier recueil de nouvelles en 2007 (Jardin secret, l'Âge d'Homme), puis un roman (Les deux aveugles de Jéricho, l'Âge d'Homme) en 2011.
En septembre 2013 paraît Ce qu'il reste des mots aux éditions Fayard, une réflexion littéraire et philosophique sur le drame de Sierre. Depuis 2015, il dirige la maison d'édition Labor et Fides.
Comment revenir sur ce qui, dix ans plus tôt, aurait pu vous tuer ? Les mots peuvent-ils capturer le souvenir, recomposer ce qui, dans la mémoire, s'est éparpillé, désagrégé, fixé ou perdu au fil du temps ? Dans ce récit, Matthieu Mégevand revient sur la maladie qui l'a atteint en 2004 et retrace, selon les caprices de la mémoire, la succession des événements : des prémisses de l'affection aux traitements et jusqu'à la guérison, une agrégation de souvenirs tragiques, émouvants, anodins ou burlesques couchés sur le papier. Par le mélange de précision technique parfois insoutenable et l'évanescence de certains souvenirs, l'écriture entraîne un rapport au réel modifié, avec un effet de loupe sur certains aspects, et une occultation pour d'autres. La maladie est presque ici un prétexte : ce dont il s'agit d'abord c'est une réflexion entre langue et réminiscence, une mise en mots du souvenir.
Comment trouver sa place ? Comment habiter sa vie? C'est à partir de ces questions-là, si fondamentales, que Matthieu Mégevand brosse le portrait du peintre Philippe Fretz. Et c'est à une rencontre heureuse que nous invite l'écrivain.
Le 13 mars 2012, à Sierre, en Suisse, vingt-deux enfants décèdent dans un accident d'autocar. Le véhicule était en parfait état ; le chauffeur, sobre, respectait les limitations de vitesse ; la chaussée était sèche et bien entretenue. Nulle négligence ne permet de comprendre le drame. Aucune faute. Aucun coupable. Aucune explication. Situation intolérable pour l'esprit. Face à cette aporie, Matthieu Mégevand refuse de s'incliner. Il mobilise toutes les ressources de la pensée et de l'écriture dans une quête à la fois philosophique et romanesque. Il replonge dans d'anciennes lectures, se retire dans la solitude, taquine l'autofiction, s'invente des interlocuteurs, contradicteurs ou complices, et des situations imaginaires qui pourraient l'éclairer. Les mots sont impuissants ? C'est à voir. Avant de proclamer leur défaite, il faut au moins leur faire livrer bataille. Envisager tous les recours. Quitte à admettre que grammaire et logique n'épuisent pas le langage, qui doit se transcender lui-même lorsqu'il s'agit de trouver la raison pour laquelle la mort nous est insupportable.
Matthieu Mégevand a publié Jardin secret (2007) et Les deux aveugles de Jéricho (2011) aux éditions L'Âge d'Homme.
Pourquoi quatre évangiles au lieu d'un seul ? Que savons-nous du Jésus historique ? Quel sens donner aux notions de péché, de Jugement dernier ? Andreas Dettwiler, historien et exégète, passe en revue avec brio les grandes problématiques du Nouveau Testament : histoire et formation du canon, lecture critique des évangiles, des lettres de Paul...
Il prend soin de répondre aux difficultés que peut éprouver le lecteur contemporain, qu'il s'agisse de la personne de Jésus, de miracles, de dogmes, de la notion même de Dieu, de la résurrection. Il propose une lecture renouvelée, audacieuse, qui revient sur des idées préconçues, mais qui se révèle capable d'élargir et d'approfondir la foi chrétienne.
Un grand entretien sans concessions sur ce que signifie l'Evangile encore aujourd'hui et comment en comprendre la portée, le message.