Les femmes font aujourd'hui du bruit ? C'est en regard du silence dans lequel les a tenues la société pendant des siècles. Silence des exploits guerriers ou techniques, silence des livres et des images, silence surtout du récit historique qu'interroge justement l'historienne. Car derrière les murs des couvents ou des maisons bourgeoises, dans l'intimité de leurs journaux ou dans leurs confidences distraites, dans les murmures de l'atelier ou du marché, dans les interstices d'un espace public peu à peu investi, les femmes ont agi, vécu, souffert et travaillé à changer leurs destinées.Qui mieux que Michelle Perrot pouvait nous le montrer ? Historienne des grèves ouvrières, du monde du travail et des prisons, Michelle Perrot s'est attachée très tôt à l'histoire des femmes. Elle les a suivies au long du XIXe et du XXe siècles, traquant les silences de l'histoire et les moments où ils se dissipaient. Ce sont quelques-unes de ces étapes que nous restitue ce livre.
« Il est difficile de parler de Nohant sans dire quelque chose qui ait rapport à ma vie présente ou passée », écrivait George Sand. C'est par Nohant, par sa maison, que je l'ai rencontrée. Nohant, elle en rêvait comme d'un phalanstère d'artistes, une communauté égalitaire, un endroit de création et d'échanges par la musique (Liszt, Chopin, Pauline Viardot), la peinture (Delacroix, Rousseau), l'écriture (Flaubert, Dumas, Fromentin, Renan, Tourgueniev...), le théâtre, la conversation. Ce lieu, Sand l'a investi. Nohant est le creuset d'une utopie, pénétrée par le désir de changer le monde.
Pas plus que personne, Sand n'a réalisé son rêve. Aujourd'hui, il nous reste ce lieu, de pierre et de papier, témoin d'une histoire d'amour aux accents infinis.
Michelle Perrot est une des plus grandes historiennes contemporaines. Ses travaux, pionniers en matière d'histoire sociale, d'histoire des marges, des femmes et du genre, ont puissamment contribué à renouveler la discipline et ses objets. Les trois séquences qui rythment ce volume correspondent à ses thèmes de prédilection : ouvriers, marges et murs, femmes.
S'intéressant à travers eux à des figures de dominés, longtemps ignorés par les chercheurs, elle explore les traces à demi effacées de vies ordinaires qui, elles aussi, ont fait l'histoire : celles des ouvriers en grève ou des détenus du XIXe siècle, celles des enfants des rues, vagabonds ou autres Apaches de la Belle Époque. Celles enfin des femmes, toujours inscrites dans la diversité de leurs parcours et saisies dans la variété de leurs lieux de vie : la chambre, l'atelier, l'usine, la maison bourgeoise, la rue.
Longtemps étouffées ou inaudibles, les voix de ces femmes, ouvrières (« mot impie », selon Michelet) ou autrices (au premier rang desquelles George Sand), militantes ou anonymes, aux corps assujettis ou triomphants, exploités et désirés, sont restituées par la force d'un style singulier. Toutes semblent se rejoindre in fine dans la figure de Lucie Baud, « révoltée de la soie », meneuse de grève en Isère et inspiratrice de Mélancolie ouvrière, saisissant livre-enquête ici reproduit en intégralité.
Michelle Perrot a elle-même assuré la sélection, l'agencement et la présentation des textes retenus, portant un regard résolument lucide et personnel sur plus d'un demi-siècle de recherche et d'engagement. Ce volume permet d'en mesurer toute l'ampleur.
Avec un superbe talent d'écriture, Michelle Perrot fait revivre la bouleversante destinée d'une inconnue : Lucie Baud (1870-1913), ouvrière en soie du Dauphiné, rebelle et meneuse de grèves. Elle renoue les fils d'une histoire pleine de bruits et d'ombre, énigmatique et mélancolique. Mélancolie d'un mouvement ouvrier qui échoue - les grèves menées par Lucie se solderont par des échecs -, d'une femme acculée peut-être au suicide - elle se tire trois balles dans la mâchoire en 1906 -, de l'historienne enfin, confrontée à l'opacité des sources et à l'incertitude des interprétations.
Bien des chemins mènent à la chambre : le sommeil, l'amour, la méditation, Dieu, le sexe, la lecture, la réclusion - voulue ou subie. De l'accouchement à l'agonie, elle est le théâtre de l'existence, là où le corps dévêtu, nu, las, désirant, s'abandonne. La chambre est une boîte, réelle et imaginaire. Quatre murs, plafond, plancher, porte, fenêtre structurent sa matérialité. De l'Antiquité à nos jours, Michelle Perrot esquisse une généalogie de la chambre, creuset de la culture occidentale, et explore quelques-unes de ses formes : la chambre de Louis XIV, la chambre d'hôtel, la chambre conjugale, celle de la jeune fille, du malade ou du mourant, celle de l'écrivain, la cellule du religieux ou celle de la prison.
Mon histoire des femmes. " Mon " histoire des femmes est en réalité " notre " histoire des femmes, et des relations entre les hommes et les femmes. Comment changent les apparences, la sexualité, la maternitéoe Quand est né le désir d'enfantoe Les histoires d'amour ont-elles une histoireoe Quel rôle ont joué les religions dans la vie des femmesoe Pourquoi l'accès au savoir, à la lecture et à l'écriture, au travail et au métier, a-t-il été si difficileoe Peut-on parler de "révolution sexuelle " dans le dernier demi-siècleoe Celle-ci est-elle le fruit de la modernitéoe du désir des femmesoe Quel est le poids des féminismes?. Ce livre, issu d'une série d'émissions diffusées sur France Culture, propose de retracer le combat des femmes pour exister à part entière, à égalité avec les hommes. Un combat aujourd'hui encore nécessaire à mener.
Michelle Perrot rend hommage à trois figures féminines du XVIIIe et XIXe siècle. Trois femmes de lettres qui ont marqué leur époque en s'engageant contre la violence de l'ordre établi. Trois vies soumises à la brutalité de l'opinion publique et de la sphère privée.
Olympe De Gouges (1748-1793), auteur de la « Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne », rabaissée, méprisée puis guillotinée à la sortie de la Révolution qu'elle avait tant souhaitée. Flora Tristan (1803-1844), harcelée à mort par son mari, voyageuse infatigable (Pérou, Angleterre, tour de France), qui avait pour ambition d'unifier le monde ouvrier. George Sand (1804-1876), « l'égérie de la révolution de 1848 » selon ses adversaires, amie de Balzac, Dumas, Flaubert et pourtant dédaignée, par misogynie et jalousie, par une grande partie de la société.
Dans ses portraits enrichis des textes des trois auteurs, Michelle Perrot réhabilite la mémoire et l'héritage de personnalités longtemps oubliées et qui ont tant contribué à la cause des femmes.
Quel rôle joue aujourd'hui la prison dans la gestion de la pauvreté, des inégalités et de l'exclusion ? Sur ce sujet d'actualité, M. Perrot adopte d'abord une approche historique, du XIXe siècle à Michel Foucault, pour mieux éclairer le lecteur sur les permanences de la société et son malaise actuel. Puis elle se consacre aux théoriciens des prisons du XIXe siècle, comme Bentham et Tocqueville.
Il existe un double intérêt à republier les 8 numéros de la revue Questions féministes, parus entre 1977 et 1980.
Le premier intérêt est historique. Aujourd'hui, les études sur le genre sont devenues monnaie courante et le CNRS a tenu une conférence officielle sur ce thème au printemps 2010. Il a aussi émis le voeu que ce domaine de recherches soit renforcé, et a reconnu que la France avait un grand retard en la matière.
Questions féministes a joué en ce domaine un rôle précurseur : c'est la première revue de ce qui ne s'appelait pas encore études féministes, encore moins études sur le genre, car ce mot était inconnu. Cette revue a été fondée par des universitaires, en majorité chercheuses au CNRS, et bien qu'elle n'ait pas bénéficié d'un soutien institutionnel, elle a néanmoins ouvert la voie de ces études : d'un nouveau domaine de recherche, aujourd'hui établi. D'autres revues se sont créées par la suite, mais pas avant les années 1990. L'autre intérêt historique est qu'à sa suite a été créée Nouvelles Questions féministes, en 1981, et que celle-ci existe encore aujourd'hui : la première des revues d'études féministes est aussi la plus ancienne, et la plus prestigieuse. L'autre intérêt est scientifique : en effet c'est dans Questions féministes qu'ont été publiés des articles qui sont devenus, dès leur publication, soit au fil du temps, des classiques sur lesquels s'appuie en grande partie la formation théorique des étudiant. es d'aujourd'hui dans ce domaine, en France, mais aussi en Suisse, en Belgique, et au Québec. Or si certains de ces articles ont été republiés dans des recueils réunis par leurs auteures, d'autres restent difficilement trouvables, bien qu'ils jouissent d'une grande réputation.
Il est clair que les deux intérêts se rejoignent : le contenu de la revue fait partie du corpus du champ d'études, et fait en même temps partie de son histoire ; mieux, il est à l'origine de son histoire. Les numéros de cette revue sont quasiment inaccessibles car les bibliothèques universitaires ne les achetaient pas ; on ne peut les trouver qu'à la Bibliothèque Marguerite Durand, et à la BNF, toutes deux à Paris, et nulle part en province. Toutes ces raisons font qu'il est nécessaire de remettre ces textes à la disposition des lectrices et des lecteurs.
Alors que pour les plus jeunes, l'égalité entre les femmes et les hommes semble aujourd'hui une réalité, de nombreuses différences - responsabilités ménagères, traitement du corps, accès au pouvoir, etc. - persistent qui ne s'expliquent pas par « la nature » mais bien davantage par l'évolution de notre société au cours des siècles.
En posant directement leurs questions à l'historienne Michelle Perrot, Héloïse et Oriane ont découvert des sujets la plupart du temps absents de leurs manuels scolaires :
« Le thème de l'École m'a donné des réponses aux questions que je me pose souvent sur le savoir des femmes » ;
« Moi, je n'imaginais pas que les femmes avaient dû attendre si longtemps pour pouvoir voter ».
Il était une fois l'histoire des femmes a été conçu autour de 10 grands thèmes et s'adresse à des jeunes à partir de 10 ans. Richement illustré et très vivant, il permet aux parents et aux enseignants d'ouvrir un débat d'actualité qui intéresse les filles et les garçons au quotidien.
Dans le panthéon des écrits politiques contemporains, rares sont les femmes, longtemps exclues de la citoyenneté.
En voici une, et des plus grandes, hésitante pourtant sur sa légitimité et même sur l'opportunité d'accorder le droit de vote aux femmes. Lorsque Michel Lévy, en 1875, lui propose d'éditer en un volume ses écrits politiques dans le cadre de ses oeuvres complètes, George Sand refuse, " parce que je n'ai pas fait de politique proprement dite ". Lorsqu'en 1848 on lui propose la candidature à la députation, elle se récuse alors qu'elle est " dans la politique jusqu'au cou ".
" Une manière d'homme politique ", disait Tocqueville. La Seconde République marque le sommet de son engagement. Elle mit sa plume au service du Gouvernement provisoire, rédigea les Bulletins de la République dont certains firent scandale, publia les Lettres au Peuple, créa l'éphémère Cause du Peuple et donna à la Vraie République de Thoré de vivants reportages, au centre de l'événement, et des analyses percutantes qui éclairent ses relations avec la République et le socialisme, la propriété et la violence, le peuple et les femmes.
On trouvera ici l'intégralité des textes politiques de Sand, réuni dans un ordre chronologique qui vise à donner une idée de son parcours et des formes de son intervention. Nous avons accompagné cette publication d'une lecture de sa correspondance (édition Georges Lubin), qui permet de suivre au jour le jour les mouvements de sa pensée et de son coeur. Dans cette dualité du public et du privé, inséparables, on saisit l'expérience singulière d'une femme, actrice et témoin de la grande aventure du siècle : l'invention de la démocratie.
(Michelle Perrot)
L'histoire a des zones d'ombre auxquelles la prison appartient.
Avec Michel Foucault, Robert Badinter et beaucoup d'autres, Michelle Perrot tente de les dissiper. Les études qui suivent ouvrent autant de pistes pour mieux comprendre la centralité de la prison dans notre système pénal, en dépit de la constance de son échec. Les plus grands esprits - Bentham, Tocqueville... - s'y étaient confrontés et voyaient pourtant dans une bonne prison la clef de la régénération.
Pourquoi la délinquance était-elle déjà l'objet de discours obsédants, de statistiques sans fin et de préoccupations quotidiennes ? De quelle manière les marginaux, dont le vagabond, l'enfant errant, le jeune Apache, figures majeures du XIXe siècle, ont-ils dessiné un imaginaire social et nourri «le fait divers criminel», à la une de la grande presse ?
A l'heure où l'insécurité est plus que jamais au coeur du débat politique, où les prisons, minées par la pauvreté, le sida, la violence, paraissent impropres à la réinsertion et à l'exercice d'une démocratie minimale, le XIXe siècle, dont les écoles n'ont pas suffi à fermer les prisons, comme l'espérait Victor Hugo, demeure à l'horizon de nos expériences contemporaines.
On ne naît pas féministe, alors comment le devient-on ? Précurseure de l'histoire des femmes, Michelle Perrot, 94 ans, livre ici un magnifique texte à la fois intime et théorique, livre d'histoire et autobiographie. Celle à qui son père conseillait de ne pas se mettre trop tôt un homme sur le dos, qui se rappelle avoir toujours voulu être comme les autres, abolir les différences avec les hommes, aborde son cheminement, de l'engagement chrétien au féminisme en passant par le communisme. Son itinéraire intellectuel, depuis sa thèse où elle voit rétrospectivement un regard presque masculin sur les femmes, donne à voir un siècle de changements sociétaux et la profondeur historique des luttes qui agitent aujourd'hui nos sociétés.
Première historienne à enseigner l'histoire des femmes en France, en 1973, Michelle Perrot nous emmène dans une épopée au féminin en explorant toutes ses ramifications : l'histoire de l'accession à l'égalité, l'histoire du patriarcat, l'histoire du mouvement féministe et des grands débats qui l'ont parcouru et structuré, sur le corps, le genre, l'universalisme contre le différentialisme, la sororité, MeToo. Dans ces pages, la grande histoire se mêle au destin des femmes qui ont porté leur cause et l'on voisine avec Artemisia Gentileschi, Olympe de Gouges, Lucie Baud, Christine Bard, Hubertine Auclert ; l'on dialogue avec Monique Wittig, Arlette Farge, Yvette Roudy, Antoinette Fouque...
La pensée lumineuse de Michelle Perrot, sans rien omettre des sujets les plus épineux, permet de déconstruire et parfois même de dépasser les clivages du féminisme contemporain. Le livre essentiel d'une pionnière, témoin d'un siècle de féminisme, dont l'engagement n'a d'égal que sa hauteur de vue.
Lire les entretiens des trois personnalités réunies dans ce recueil procure beaucoup d'apaisement par la profondeur de la réflexion comme par l'humanité des réponses, par la combativité aussi que suppose la défense de chaque terme de la devise républicaine. Voilà pourquoi, nous lecteurs, sommes des privilégiés. Éric Fottorino Directeur de l'hebdomadaire Le 1
Projet démesuré que de couvrir près de vingt siècles d'histoire du monde antique gréco-romain, de parcourir un espace qui va des rivages de la méditerranée à ceux des mers du nord, des colonnes d'héraklès aux rives de l'indus, de se plonger dans des documents aussi divers que les tombes d'une nécropole, la stèle inscrite plaquée aux murs du sanctuaire, le rouleau de papyrus, la scène peinte sur la panse d'un vase...
Et une littérature grecque et latine qui, si elle n'a pas donné la parole aux femmes, a beaucoup parlé d'elles.
On l'aura deviné, ce livre n'a pas pour fonction de remplacer l'énorme production qui existe en ce domaine. il aborde un petit nombre seulement des questions qui nous ont paru importantes pour aider à comprendre la place des femmes dans le monde antique et, plus encore peut-être, dans la perspective d'un ensemble de volumes traitant de l'histoire des femmes, comprendre les fondements d'habitudes mentales, de mesures juridiques, d'institutions sociales qui ont duré des siècles en occident.
Michelle Perrot, pionnière de l'Histoire des femmes, est aussi une spécialiste des questions relatives à l'histoire de la prison, des écrits carcéraux d'Alexis de Tocqueville, des bandes de jeunes, du fait divers au XIXe siècle et des femmes emprisonnées. Elle a consacré à ces thématiques autant de temps et d'énergie que pour ses productions et ses engagements en faveur des femmes. Le présent livre d'entretiens revient sur un itinéraire et des chantiers ouverts dès les années 1970. Il restitue aussi les rencontres, les échanges et les travaux menés avec Michel Foucault ou Robert Badinter. Cette histoire pénitentiaire s'ouvre par la révolte des prisons, en France comme aux Etats-Unis, et montre comment la question carcérale est devenue d'actualité. Ensuite Michelle Perrot pousse les portes des maisons d'arrêt et des centrales, s'intéresse aux « modèles » d'enfermement, mais aussi au « gibier pénal », c'est-à-dire aux détenus et aux prisonnières. Le dernier temps de ces entretiens s'arrête sur la séduction du fait divers qui, par la médiatisation du crime, attise le voyeurisme mais constitue aussi une entrée pour saisir l'état d'une société et la part obscure des individus...
Les travaux et les jours.
Intermède. d'elle, il est tant parlé. dissidences : la parole, la voix, l'écrit. dissidences : chemins de traverse et rébellions. paroles de femmes.