Support
Langues
Nathalie Quintane
-
Tout va bien se passer ! D'autant plus que cela se passe à Paris, non dans les rues obscures de quartiers périphériques mais en plein centre ! Quel bonheur de retrouver notre capitale, de fières avenues en fiers boulevards - et bâtiments officiels ! Car l'essentiel a lieu rien moins qu'à l'Élysée. Vous vous y dirigerez de salons en salons (voluptueusement décrits) sans jamais vous y perdre et en allant droit au but grâce à vos guides : la narratrice et... un sémillant ministre. Mais nous ne serons pas seuls, le ministre, vous et moi. Une autre personne viendra prêter main forte, née en 1780 : Lucile Franque, peintre. C'est que je n'ai trouvé personne de mieux pour me donner un coup de main dans ce livre, c'est-à-dire nous donner un coup de main dans la vie. Que dire d'autre ? Ah oui : un brouillard agréable baigne l'ensemble.
-
Les pauvres et les riches ont profondément changé : les premiers ont été transformés en une foule semi-clandestine ; les seconds, en roue libre, se sont mis à enfourner et recracher du fric comme un distributeur détraqué. Alors que tout autour est dans le Zola ou dans le Barbara Cartland, le milieu du tableau continue à avancer prudemment en plein ciel après avoir perdu le contact avec la planète. Et si les classes moyennes étaient le seul véritable ennemi de la démocratie ?...
-
En quarante-huit courts chapitres, Nathalie Quintane fait le tour d'une vie d'élève, puis d'enseignante, la sienne, en s'attachant aussi bien aux objets (l'estrade, la trousse...) qu'à l'institution (ses concours, son personnel)...
Et à ses « mutations », insidieuses ou à marche forcée.
-
Inspiré par l'« affaire de Tarnac », Tomates (P.O.L, 2010) parle de ce qui se passe au moment où il est écrit (2009). Nathalie Quintane le présente ainsi : « C'est un texte occupé. Pas seulement par moi, malgré les apparences. Un texte occupé par l'imposition d'un style, comme ils disent, par un ton, par des faits, par des manières de rapporter ces faits. De cette occupation, je n'ai pu me défendre que par une préoccupation - une inquiétude. Et par un amateurisme acharné en tout (de la culture des tomates à la culture tout court, de la politique à l'autobiographie). Il ne faudrait pas en attendre une définition, ou une description, valides (encore moins validées) du fascisme, par exemple, même s'il en est souvent question. Je crois qu'on y repère par moments des bribes d'essai, de critique littéraire, une conversation romanesque autofictive, des pamphlets en trois lignes, un lot de syllogismes, et toutes sortes de ressemblances ponctuelles avec des genres existant ou ayant existé. Cela dit, comme je l'ai écrit d'une traite, il me semble qu'il peut se lire d'une traite ; traversé, accompagné, par l'inquiétude - ou l'impression durable d'avoir les boules que je ne pense pas être la seule à avoir ressentie cette année-là. »
-
En mars 1976, on a pu lire dans la presse : « Des partouzes chez la jolie prof de philo du lycée mixte ! Tous les honnêtes gens de Digne crient au scandale et ils ont raison. » La prof en question s'appelait Nelly Cavallero, trente-quatre ans, professeure agrégée de philosophie au lycée de Digne. Suspendue de ses fonctions par décision rectorale du 3 mars 1976, inculpée d'incitation de mineurs à la débauche par un juge d'instruction. Pour Nathalie Quintane, la Cavalière, c'est elle, Nelly Cavallero. En ce milieu des années 70, loin déjà de 68, on est bien décidé à l'éteindre, et pour cela à l'atteindre.
Inculpation. Procès. Nelly, c'est bien plus qu'une enseignante suspendue ou radiée des cadres de l'Education nationale, en ces années où la chose n'était pas si rare. Toutes celles et ceux qui l'ont connue et que Nathalie Quintane a rencontrés pour écrire ce livre, quarante-cinq ans plus tard, s'accordent : « Elle mettait le feu - non tant pour ce dont on la soupçonna (à tort) à l'époque mais parce qu'elle fut une acharnée de la vérité ». Les témoins parlent ; ils se souviennent d'elle, mais surtout de cette époque.
Ce livre n'est pas une simple biographie. « La vie de Nelly Cavallero ouvre bien d'autres portes, écrit Quintane, et m'a considérablement aidée à réécrire pour aujourd'hui des questions essentielles : si nous devons changer de vie, pour quelle(s) vie(s) devons-nous changer ? En quoi celles et ceux qui vécurent d'autres vies que les nôtres il y a une cinquantaine d'années ont-ils encore quelque chose à nous dire que nous puissions entendre ? » La Cavalière est un livre aimanté par le présent et nourri de mille vies vivantes, douloureuses parfois, mais traversées par ces années singulières de contestation, de colère, de moments inouïs et de découragements, et que Nathalie Quintane confronte à notre propre situation actuelle. Des vies à l'assaut d'un ciel bien réel - celui qui éclaire d'une lumière crue une petite ville de province et la France - en ce milieu des années 70, bien décidées à empêcher tout réel changement, quoi qu'il en coûte. « Mais est-ce que je cherche à comprendre ? se demande Nathalie Quintane. Des choses montent - des vues, des bribes. Je les recopie, je les consigne. J'aimerais bien savoir si vous voyez ce que je vois, si vous entendez ce que j'entends, si vous pensez que j'exagère ou au contraire que je suis en dessous de la réalité. »
-
"J'adore apprendre plein de choses" est un livre qui mêle des anecdotes, des idées, des mémoires, des critiques concernant l'éducation nationale. La forme varie d'un chapitre à l'autre. Le texte est très rythmé, l'ensemble a été composé avec attention, et il faudrait en parler comme d'un collage plutôt qu'un poème ou un essai. Le livre commence par "Là-bas au fond, on se tait, s'il vous plaît."
-
Ultra-Proust ; une lecture de Proust, Baudelaire, Nerval
Nathalie Quintane
- Fabrique
- 9 Mars 2018
- 9782358721615
Prenons trois monuments : Proust, Baudelaire, Nerval. Et prenons, dans ces trois monuments, le plus parfaitement monumental et délicat, le plus usé par les baisers désormais séculaires de ses admirateurs : Marcel Proust.
Essayons de comprendre comment cette admiration, sous couvert de nous donner Proust, et de nous le donner mieux (à goûter, à apprécier), dans un même mouvement nous le retire, nous en prive.
Voyons comment et pourquoi Proust, en son temps, dans Contre Sainte-Beuve, régla violemment leur compte à ceux qui désamorçaient Baudelaire et Nerval, en les qualifiant de poètes « bonhommes », « charmants », et « bien français ».
Voyons comment et pourquoi ils ne le furent pas.
Voyons en quoi l'excitation sensible en littérature (écrite, lue) n'est pas séparable d'une excitation politique, et comment s'y fabriquent in vivo des biens symboliques inaliénables, sans cesse inventés, des gestes en continuité et en écho avec nos expériences quotidiennes.
En s'appuyant sur une lecture précise des chapitres que Proust a consacrés à Baudelaire et Nerval et à leur réception, ainsi que sur l'oeuvre de ces deux poètes, Ultra-Proust entend enthousiasmer la littérature, et nous la rendre comme équipée pour aujourd'hui.
-
En voiture, à la maison, et dans les situations banales de la vie quotidienne, nous ne sommes plus le plus souvent que des automates, l'esprit ailleurs, occupé à des choses sérieuses.
Or, la narratrice de remarques nous oblige à fixer notre regard précisément sur ces instants sans " histoire ", ces temps morts qui constituent le plus clair de nos vies, et que nous ne cessons d'oublier. ils suggèrent alors comme autant de mystères, et le monde, et notre existence dans le monde, prennent le caractère d'une énigme.
Telle est la puissance " poétique " d'un texte qui nous laisse tout surpris de trouver de la vérité et de la profondeur là oú, jusqu'à présent, l'on, n'avait vu que de l'insignifiance.
-
Automne 2016 : des Centres d'Accueil et d'Orientation pour les réfugiés migrants s'ouvrent un peu partout en France, à la suite du démantèlement de la « jungle » de Calais. Les enfants vont bien commence là. Président de la République, ministres, textes de loi, presse régionale, animateurs du C.A.O., réseau d'aide... Tout le monde a quelque chose à dire des réfugiés, et c'est chaque pa- role, chaque phrase, chaque énoncé ou fragment de texte officiel, de chacun, sur chaque page, que ce livre recueille, entre 2014 et 2018. La simple juxtaposition de ces phrases forme une mélopée d'autant plus triste (et cruelle) qu'elle est parfois éclairée par des regains d'espoir. A la lecture, l'effet est radical. On lit en creux le drame de ces personnes que l'on n'entend pas, que l'on ne lit pas, et qui ne citent rien.
-
Les années 10 regroupe une série de textes écrits entre novembre 2013 et juin 2014. Le livre part d'une visite pré-électorale de Marine le Pen dans une ville de province et s'achève sur une question : pourquoi l'extrême gauche semble-t-elle préférer les essais à la littérature ?
En usant de genres, d'outils et d'opérations propres à la littérature, la plupart des textes tentent de revenir sur ce qu'on entend par « peuple », réexaminent les façons de ceux qui, n'étant pas ou plus du peuple, voient, désirent, fantasment, sabordent, ruinent, suppriment le, ou un « peuple ». Au-delà de « s'appuyer sur une expérience personnelle », chaque texte entend produire comme expérience l'analyse de ce que c'est que « peuple » quand on dit bâtir pour lui, qu'on le façonne en personnages, qu'on en fait la critique nécessaire, qu'on espère s'y noyer ou s'en éloigner, pour mieux, pense-t-on, le voir, le cerner, le comprendre, en revenir et y revenir.
Ce qui peut apparaître comme une recherche en direct, progressive, - dont l'humour n'est pas absent - est une possible ressource pour que nos assertions acceptent d'être indécises et sans cesse revues. C'est à ce travail continu, ouvert, sérieux sans être grave, qu'invite Les années 10.
-
Nathalie Quintane dissèque les moeurs et coutumes des habitants de V. De digressions en accumulations, avec humour et ironie, elle balade le lecteur où elle l'entend dans sa tentative d'épuisement d'une petite ville de province.
Nelly Maurel s'approprie les images et rebondit en jeux de mots, références et autres énigmes pour nous livrer du texte sa vision cocasse et personnelle.
-
La littérature pas plus que la philosophie ne sont déprofessionnalisées, pas plus que la connaissance sexuelle : si la connaissance sexuelle étaient enfin totalement déprofessionnalisée, Brigitte ne s'acharnerait pas deux heures par jour tous les jours sauf le week-end. Oui mais la littérature peut être lue par tous et non par un, et tous écoutent l'émission et comprennent.
Crâne chaud parle d'amour, non au sens de j'aime les vacances ou j'aime mon chat, mais au sens plus précis de sentiment sexuel.
Comme le genre n'est jamais simple à dire, on pourrait avancer que ce livre est une fantaisie, ou plutôt une fantaisie réaliste, ou encore une fantaisie réaliste critique.
-
Chaussure nest pas un livre qui, sous couvert de chaussure, parle de bateaux, de boudin, de darwinisme, ou de nos amours enfantines. Chaussure parle vraiment de chaussure.
Chaussure ne résulte pas dun pari ; il ne présente aucune prouesse technique, ou rhétorique. Il nest pas particulièrement pauvre, ni précisément riche, ni modeste, ni même banal. Ce nétait pas un projet, mais ce nest pas un brouillon, mais il na pas encore trouvé sa fin.
Chaussure sest gorgé de tout ce quil a croisé sur son parcours : des patins, des chaussons descalade, un homme avançant en palmes sur la plage, Socrate nu-pieds dans Athènes, Caligula, Imelda Marcos (bien sûr), la Transcaucasie, linvention de la chaussure, le squelette du pied, la terre quon foule etc, et il la rendu.
Bref, cest un livre de poésie pas spécialement poétique, de celle (la poésie) qui ne se force pas.
-
Des morts ont parlé.
Dexcellents médiums ont rapporté leurs paroles.
Ce livre prend leur relais.
-
Vous vous souvenez peut-être qu'Elvis, à la fin de sa vie, faillit mourir noyé dans un bol de soupe. Gladys morte, obèse et sans repères, il aurait eu besoin de «formage». En voici deux : Chien jaune, Roger, qui n'en manquèrent pas. Le premier, sportif assez doué (ski, escalade), le second, incarnant une bonne fois pour toutes le mot qui l'a choisi. Les phrases par lesquelles au fur et à mesure ils se construisent et offrent leur construction poussent, grassement nourries, puis se poussent. Formage est, à tous les sens du terme, un livre de formations. Ses trois parties pourraient s'annoncer ainsi : - la une, partie sportive, ou comment s'assimiler par l'écriture une qualité qu'on ne possède pas (bien au contraire), - la deux, partie politique, ou comment se faire un allié du lecteur en lui racontant un fait inhabituel, - la trois, partie polonaise, ou comment se transporter, personnages compris, dans un pays et à une époque qui ne semblent plus rien avoir en commun avec les nôtres. Ainsi fait, Formage est une vaste entreprise de conciliation.
-
«Bergen, Berlin, Rio, Paris - et la province française. Des gens s'assemblent, discutent, écrivent sur des murs, certains tapent dans des vitrines. En échange, on leur tape dessus, on les convoque au tribunal et, à l'occasion, on leur ôte un oeil. C'est la vie démocratique. Alors, je me suis dit : Tiens, et si, pour une fois, je sortais un pavé ?»
-
Antonia Bellivetti est, à onze ou douze ans, et en classe de cinquième, ce que l'on appelle une pré-adolescente. Elle vit dans une Cité, a une soeur, plus exactement une demi-soeur surnommée « Boulimi « avec qui elle a l'air de bien s'entendre, une copine préférée, Isabelle, qui habite la cité voisine, la Cité Michel Foucault, et qui a un frère, Luc, dont le comportement l'intrigue, comme un entomologiste le serait de celui d'un insecte. En attendant mieux, peut-être. Voilà pour l'environnement immédiat.
Sinon, on voit bien qu'Antonia, outre le fait qu'elle devrait mieux surveiller son alimentation côté sucreries, ne s'en laisse pas compter et qu'elle est une fille d'aujourd'hui.
Elle va au collège, subit des devoirs idiots, a des copines, regarde Star'ac et le loft, vole un peu, pas plus que ça, au Mégamarché d'ailleurs elle se fait prendre, s'aventure dans les caves de la Cité où il ne se passe presque rien, contre toute attente, voire contre tout espoir se fait vaguement embêter par de vieux adultes moches, regarde les garçons comme une race à part, inférieure bien entendu.
Arrivent les premiers jours des grandes vacances, on reste d'abord à la Cité où, passé les explosions de pétards dans les boîtes à lettres, et les jets de pierres sur les voitures qui passent sous le pont de l'autoroute, ou encore les jeux vidéos de simulation, on s'ennuie ferme. Il y a des plus grands que l'on va visiter sur les lieux de leur stage, on ramasse des bouchons en plastique pour une association de quartier. Puis c'est vraiment les vacances et les deux filles s'en vont pour un mois à La Souterraine, chez la grand'mère de Boulimi. On y fait passer le temps dans un monde sans évènements notables, on rentre.
Nathalie Quintane est professeur dans un collège de Digne. Elle est aussi un écrivain aux recherches extrêmement poussées. Très naturellement, ces deux qualités composent un livre étonnant, clair, convaincant. D'abord parce que la rigueur formelle qu'impose la pratique de la poésie aujourd'hui évite tout débordement sentimental dans le traitement d'un thème l'adolescence en banlieue qui semble pourtant, si souvent, appeler irrésistiblement une telle dérive. Ensuite parce qu'elle est nourrie d'une expérience humaine et sociale, et qu'en retour, grâce à cette distance qu'introduit toujours le travail de la forme, elle en rend compte avec précision, clarté, avec une efficacité et une force de conviction renforcées par un air inimitable de ne pas y toucher. Pas de dramatisation ici, mais au contraire beaucoup d'humour, un humour qui n'empêche pas que les choses soient dites, montrées. Une virtuosité pince-sans-rire et pas sans clins d'oeil (variations typographiques, par exemple) qui trouve une application impeccable avec ce sujet à haut risque.
-
Un fantôme nous hante, insatisfait de sa commémoration (l'année de l'algérie, 2003), qui le célébra pour mieux l'effacer encore.
Ce livre donne un corps à ce spectre. l'auteur y interroge sans relâche sa mémoire personnelle et plus que son souvenir : celui de cette génération d'avant, qui fit la guerre, ces phrases fameuses (on utilisera tous les moyens, on ne mettra pas les gants, etc.) que les démocraties s'autorisent parfois sans complexe, mais aussi la légèreté avec laquelle un pays tout entier met en scène son passé. au pragmatisme policier (du grec politeia, organisation politique), grand ensemble oppose une pratique de la langue, cruelle et drôle, pour qu'un peu les gorges se desserrent..
-
Jeanne D'Arc a les yeux au ciel, et elle porte un costume de bergère.
C'est une fille trop inquiète et trop rude pour s'y tenir. Sa vie est ici repassée : et voilà qu'elle agit et qu'elle parle, presque comme on l'attendait.
-
Morceaux de scénario, fragments de conversations, bribes de reportages, amorces de réflexion, poème (un), parcelles autobiographiques, photos, dessins, schéma : un appareil qui produit essentiellement du récit ne peut que raconter des histoires.
Ou une histoire, celle de Mortinsteinck, le film : un jeune homme en tue un autre. De remords et de tristesse, il part s´engager dans la Légion étrangère... Le livre dans sa progression renvoie au format choisi pour le film - la vidéo ordinaire S-VHS : il ne cherche pas l´image en plus (un supplément, voire un enrichissement) ou la belle image, mais une image de moins, défectueuse, hétérogène, ouverte.
-
Les Quasi-Monténégrins et Deux frères ont comme origine deux taches aveugles : tache aveugle d'un peuple, disparu, dans l'oeil de l'expert parti à sa recherche; tache aveugle du fils, disparu, dans l'oeil de la mère.
Cette cécité partielle se révèle un bon moyen de les faire parler, mêlés à de plus ou moins personnages (un choeur d'enfants prédélinquants ou les griffes des pattes d'un chien dans Les Quasi-Monténégrins; un mécanicien, une boulangère ou une pochette de disque dans Deux frères), et vivant des aventures pleines de difficultés linguistiques. Il est ici question de quelques-uns de ceux qui n'ont pas victorieusement résisté.
-
Ayant tué à coup de boule de bowling un touriste russe, le narrateur décide de fuir à vélo les bords pollués du lac Salton...
De la Californie du Sud à la Lost Coast, via... la forêt de Compiègne, il rencontre une série de personnages logorrhéiques et plus ou moins affamés - le contre-rhétoriqueur paranoïaque, la jardinière égarée, le collectionneur de petits cyclistes, un pêcheur (curieusement silencieux), un dominicain vulgaire, un Canadien sympathique... et même Jeanne Hachette. En faisant irruption, ils viennent sans cesse trouer la cavale du héros - et la cavale du roman vers sa fin.
Roman excentré, qui propose d'emblée au lecteur 21 manières de se commencer - 21 débuts qui seront la réserve théorique et pratique du livre -, Cavale est le devisement d'un monde flottant, fait à une époque " assez désagréable ", par un narrateur douteux.
-
-