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Ossip Mandelstam
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Tristia et autres poèmes
Ossip Mandelstam
- Gallimard
- Poetes Russes Contemporains
- 15 Octobre 1975
- 9782070290970
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" Je n'ai pas envie de parler de moi, mais d'épier les pas du siècle, le bruit et la germination du temps...
" Même s'il s'en défend, avec Le Bruit du temps, publié en 1925 et rédigé en Crimée dès 1923, Mandelstam signe son livre le plus autobiogaphique et donc la meilleure introduction qui soit à son oeuvre. Il y évoque le Pétersbourg d'avant la révolution et sa formation de poète : de la bibliothèque (russe et juive) de son enfance à l'étonnant professeur de lettres, V. V. Gippius, qui lui a enseigné et transmis la " rage littéraire ".
Mais le livre est aussi une éblouissante prose de poète, qui annonce Le Timbre égyptien. Une prose où le monde sonore du temps (concerts publics, mais aussi intonations d'acteurs, chuintements de la langue russe) constitue la base du récit, une prose qui jaillit d'un regard à travers lequel le monde semble vu pour la première fois, avec une étonnante intensité. Mandelstam compose ainsi une suite de tableaux d'une exposition sur la préhistoire de la révolution.
Le livre s'achève au présent sous une chape d'hiver et de nuit (" le terrible édifice de l'Etat est comme un poële d'où s'exhale de la glace "), face à quoi la littérature apparaît " parée d'un je ne sais quoi de seigneurial " dont Mandelstam affirme crânement, à contre-courant, qu'il n'y a aucune raison d'avoir honte ni de se sentir coupable. Pourquoi traduire une nouvelle fois Le Bruit du temps alors qu'il existe déjà deux traductions en français, l'une, médiocre, dans une anthologie de proses de Mandelstam intitulée La Rage littéraire chez Gallimard, jamais rééditée ; l'autre, extrêmement précise, par Edith Scherer, à L'Age d'homme, reprise dans la collection " Titres " chez Christian Bourgois ? Sans doute parce qu'il fallait faire appel à un poète pour donner à entendre dans une langue d'une grande richesse, la musique et l'éclat si particuliers de cette prose.
Nous avons commandé cette traduction nouvelle à Jean-Claude Schneider, admiré de poètes allemands comme Hölderlin, Trakl, Bobrowski, qui avait déjà traduit de Mandelstam, à La Dogana, des poèmes de Simple promesse et surtout le magnifique Entretien sur Dante, précédé de La Pelisse.
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Sont réunis dans ce volume :
- Pierre en version complète - bilingue - de la première édition (1913) ;
- Pierre du matin (préface d'Odile des Fontenelles) ;
- Le Matin de l'Acméisme - Traduction inédite de Christian Mouze ;
- 20 linogravures originales de Zaven Paré. -
La réception hors de Russie de l'oeuvre du poète Ossip Mandelstam (1891- 1938) - selon Nabokov «le plus grand de tous ceux qui ont tenté de survivre sous le pouvoir soviétique» -est en soi une page passionnante de la culture européenne. En France, Mandelstam est traduit ponctuellement une première fois dans la revue Commerce, dès 1925. Mais, pour que son oeuvre trouve en n la place qui est la sienne, celle de l'une des oeuvres poétiques les plus importantes du e siècle, il faudra attendre que le poète allemand Paul Celan reconnaisse en lui son frère et le traduise en allemand (1959), puis la publication de Contre tout espoir, les volumes de souvenirs de Nadejda Mandelstam à partir des années 1970. Dès lors, Mandelstam a été traduit assez abondamment mais chez plusieurs éditeurs et par des traducteurs divers. Il est devenu l'égal des grands phares de la poésie qu'il n'a cessé de célébrer: Dante, Villon, Pouchkine, Verlaine...
La présente édition réunit pour la première fois, à la seule exception de la correspondance du poète, l'intégralité de l'oeuvre, entièrement traduite par Jean- Claude Schneider, éminent poète et traducteur auquel Paul Celan lui-même avait en quelque sorte passé le ambeau en lui o rant en 1966 sa propre version de quelques poèmes de Mandelstam.
Avec ces deux volumes, le lecteur français pourra en n circuler aisément des recueils de poèmes dont les titres lui sont peut-être familiers - La Pierre, Tristia, Les Cahiers de Voronej - aux récits en prose - Le Bruit du temps, Le Timbre égyptien, Le Voyage en Arménie - et aux essais, notamment à ses grands textes sur la poésie dont le plus célèbre est le magistral Entretien sur Dante. Et cela dans une traduction qui tente : « de ne rien perdre de cette langueni le ruissellement, ni la surprenante explosion sonore, et de ne rien lui ajouter qui l'alourdisse, la dilue, la paralyse». Mais il pourra surtout découvrir de nombreux textes moins connus, notamment les nombreux poèmes «non rassemblés en recueil ou non publiés» et tout l'éventail des passionnantes petites proses, depuis les «impressions de Crimée» et du Caucase jusqu'à sa «Préface auQuatrevingt-treize de Victor Hugo» et à son article sur «Scriabine et le christianisme».
L'indispensable appareil critique, aussi discret que possible (notes, chronologie, bibliographie placés en n de volume), est dû à Anastassia de la Fortelle, qui enseigne la littérature et la langue russe à l'université de Lausanne. Il parachève cette édition, préfacée par deux essais remarquables du traducteur, qui devrait devenir l'édition française de référence de ce grand classique de la littérature russe.
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"C'est entre 1927 et 1928 que Mandelstam rédigea Le timbre égyptien, dans une apparente incertaine direction. C'est aussi entre deux dates, deux révolutions, entre février et octobre 1917, que Mandelstam campe son personnage, alias Parnok, faisant se culbuter les temps, à Saint-Pétersbourg.
Cette prose inventive, radicale et libre, s'inscrirait dans les pas de « La fin du roman », article paru en 1922 dans De la poésie, où davantage qu'un éclatement, Mandelstam parle de « la ruine sans merci de la biographie », soit la ruine de la continuité, ou pour le dire autrement de l'ordre du développement (y compris historique).
« Passant d'un point de vue à l'autre, de la troisième à la première personne, avec ses ellipses, incises, digressions, Le Timbre égyptien est un incroyable fondu-enchaîné, une technique narrative faite de décrochés, de glissades acrobatiques. » (Extrait de la postface.) Événements politiques, allusions littéraires, sens inouï de la comparaison, éclats de musique, souvenirs, « mémoire étonnée », composent ce texte-palimpseste dont le principe réinventé est, non sans ironie, évoqué par cette ouverture : « Je n'aime pas les manuscrits en rouleaux. Certains sont lourds, graissés par le temps, comme la trompette de l'archange. » "
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Si la poésie amoureuse, comme le relevait Nadejda Mandelstam, tient une place quantitativement modeste dans l'héritage du poète, on ne saurait la qualifier de « périphérique » pour autant que ces quelques poèmes marquent des jalons essentiels de son parcours. Préparant, lors de son exil à Voronej, une émission radio sur la jeunesse de Goethe, Ossip Mandelstam notait que les femmes aimées avaient été pour le poète allemand « les passerelles solides par lesquelles il passait d'une période à une autre ». Sans doute parlait-il également pour lui-même tant il est frappant que chacune des phases de son oeuvre est encadrée, introduite et close par les quelques poésies que lui inspirèrent les différentes « muses » ...
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Le Sceau égyptien est avant tout une oeuvre révolutionnaire, dans la pleine acception de ce terme à multiples tranchants. D'abord parce qu'elle traite d'une période révolutionnaire : l'été 1917 - " l'été Kérenski ", comme dit Mandelstam, - depuis la révolution " bourgeoise " de février jusqu'à la révolution " révolutionnaire " d'Octobre. " Le Sceau égyptien " donne un reflet inhabituel et déconcertant de cette période cruciale de l'histoire russe Révolutionnaire - des éléments se succèdent apparemment sans liaison, pour se dissoudre en une image finement burinée d'un monde en gestation - Comme souvent dans la littérature russe, Pétersbourg prend une dimension cruellement humaine. La ville est avant tout un personnage qui conditionne l'action et les réactions des hommes.
Elle vit sa propre existence, en apparence indifférente à l'agitation qui l'habite, mais elle y participe. Mandelstam réussit à rendre ce sentiment fait à la fois de possession et d'insécurité ; dominatrice. -
Initialement paru en 1928, ce présent recueil d'Ossip Mandelstam réunit une série d'essais parus en revue, écrits entre 1910 et 1923. Ils sont, comme l'indique Mandelstam, liés par une même pensée... ajoutons : de la poésie. À leur parution, ces textes avaient subi l'influence de la censure, le premier jet a été ici rétabli.
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Ce quatrième ouvrage à La Barque d'Ossip Mandelstam traduit par Christian Mouze démontrera de lui-même l'amitié entre un auteur et son traducteur. Et c'est bien une chance pour le lecteur qui le découvrira puisque lui aussi se retrouvera en amitié avec le grand Mandelstam. Lui-même en amitié avec Dante. Le ton y est juste, rigoureux et audacieux tel Mandelstam lui-même.
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Restitue l'intégralité des poèmes du second recueil de Mandelstam, paru en 1923 et dont seule une partie avait été traduite en français. L'auteur, tout en puisant dans l'héritage classique de la Russie du début du siècle, prend part à l'élaboration de la doctrine acméiste, courant littéraire héritier du symbolisme.
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Ce livre réunit pour la première fois le Voyage en Arménie (lui-même constitué de huit textes - huit tels les octaèdres des monastères d'Arménie) et les « Poèmes d'Arménie », comprenant ici le poème « du retour » où Mandelstam, lucide, sait la fin approcher, avec l'ascension du « Montagnard du Kremlin », alias Chapouk in « Alaguez », texte par lequel se termine précisément le Voyage. L'Arménie dont il rêvait, ultime sursis qui aura duré de printemps à automne 1930, est un grand souffle ô combien partagé. C'est l'amitié des hommes ; le jeu des enfants ; « un morceau de calcaire poreux, tenant sa forme de quelque boîte crânienne » respectueusement enveloppé dans un mouchoir ; c'est « le culte rendu par les nuages à l'Ararat » ; c'est l'art et la science ou « la vie savante et la vie de gagne-pain de tous les jours » réunis ; c'est la découverte d'une langue aux sonorités interdites - c'est la vie du poème à nouveau possible.
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Humanisme et contemporaneite / Piotr Tchaadaev
Ossip Mandelstam
- Harpo & Editions
- 1 Janvier 2006
- 9782913886551
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Oeuvres poétiques Tome 5 ; cahiers de voronej
Ossip Mandelstam
- Circe
- 28 Septembre 1998
- 9782842420505
Quatrième de couverture Ossip Mandelstam, né le 2 janvier 1891, fit des études à Paris, Heidelberg et Saint©Pétersbourg. En 1911/1912 il participa, avec Goumilov et Akhmatova. à la création de l'acméisme qui voulait opposer au verbe désincarné des symbolistes une architecture fondée sur le " mot©objet ". Son premier recueil La Pierre (1913) révélait toutefois la force et l'originalité d'un poète sans réelle ascendance. D'abord lié à la révolution par une sorte de " joute et attrait " où le rythme et le mythe transcendent l'époque dans une " nostalgie de la culture mondiale ", avant tout méditerranéenne (Tristia, 1923), Mandelstam allait inverser nombre des éléments de sa poétique, à partir de 1930, afin d'appréhender la réalité nouvelle, marquée par une perversion sans précédent des valeurs et des signes. Quand on vient l'arrêter en mai 1934, il est " prêt à la mort ". Mais condamné à trois ans d'exil, il va écrire à Voronej, en quelques mois les plus fertiles de son existence, les poèmes des trois Cahiers qui sont un des sommets de la poésie russe du vingtième siècle. Arrêté une nouvelle fois en mai 1938, le poète est envoyé au Goulag et meurt le 27 décembre près de Vladivostok, au seuil même de la Kolyma.
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" ii est terrible de penser que notre vie est un roman, sans intrigue et sans héros, fait de vide et de verre, du chaud balbutiement des seules digressions et du délire de l'influenza pétersbourgeoise.
L'aurore aux doigts de rose a cassé ses crayons de couleur. ils gisent aujourd'hui comme de jeunes oiseaux, avec des becs béants et vides. cependant, tout absolument me semble contenir les arrhes de mon délire favori en prose. ".
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Ossip Mandelstam écrit en 1933 une Épigramme contre Staline. Plusieurs personnes peuvent en prendre connaissance. Arrêté en 1934, il est déporté à Voronej, une grande ville sur le Don.
Dès 1935, il commence à écrire les poèmes des Cahiers de Voronej (demeurés longtemps inédits et publiés après sa mort par sa femme qui les avaient appris par coeur et sauvés ainsi de la censure).
Libéré, puis à nouveau arrêté, il meurt en 1938, dans un camp de transit.
Sont ici publiés la plupart des poèmes des "Cahiers de Voronej", avec les deux poèmes consacrés à Staline (L'épigramme contre Staline et le Poème à Staline, sans doute une dernière tentative du poète pour sauver sa vie).
Les poèmes des "Cahiers" approchent une sorte d'"écriture automatique" dans laquelle des phrases semblent sorties d'un chapeau. Les moments d'écriture, basés sur une sonorité, s'emboitent pour former une polysémie imposante.
Peu de poètes ont écrit avec un tel malheur pour mémoire, une détresse, comme une fatalité du deuil. Les poèmes, donc, cette mémoire du malheur et de la mort. Au mot à mot.
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Le présent volume réunit des textes autobiographiques en prose où Mandelstam nous donne à voir la Russie de 1905 à 1926, plus que son monde intérieur, sur lequel il demeure fort discret. Une Russie très spécifique d'ailleurs, celle du «chaos de la judéité». L'auteur, en effet, est né dans un milieu demi-juif encore très proche du ghetto, où voisinent deux raffinements, celui de vétilleuses traditions talmudiques et celui des bonnes manières de la bourgeoisie huppée. Les tableaux-portraits qu'il nous brosse ne sont pas choisis au hasard : il ne s'agit pas seulement de décrire des personnages avec verve, couleur, humour, précision et poésie. Soudain ils sont emportés par le vaste tourbillon de l'épopée qui nous entraîne dans un espace universel et pathétique où chaque homme est lié à l'Histoire, où un étudiant de 1905 devient un «répétiteur de la révolution», où un capitaine de port, en 1921, se remplit les poches en laissant «s'émietter la patrie». Une fois le livre refermé nous nous sentons marqués d'une trace durable : l'exaltation d'un grand poète et la perception plus précise d'un monde condamné par son originalité même ne s'oublient pas.
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L'oeuvre d'ossip mandelstam (1891-1938), marquée par une recherche existentielle où le rapport du poète au monde ne cessa d'évoluer parallèlement à la transformation du matériau poétique, de ses principes d'organisation, se divise nettement en deux périodes, en deux parties à peu près égales en nombre de poèmes : 1908-1925 et 1930-1937.
Venant après un long silence de cinq ans, qui consommait la rupture avec la littérature " autorisée ", avec la littérature tout court, les poèmes de moscou incarnent un rare moment d'équilibre du " moi " et de la forme intérieure, d'ancrage polyphonique dans la substance même de la cité et de l'époque stalinienne. paradoxalement, mandelstam y accède à une liberté et une harmonie sans exemple dans la poésie russe du vingtième siècle.
Structuré en plusieurs cycles - arménie, le loup, moscou la bouddhique, les poésies russe et italienne, huitains philosophiques, requiem -, le livre s'achève au début de 1934 sur deux poèmes d'amour qu'illumine la destinée tragique du poète. peu de temps auparavant, il avait écrit et lu à quelques personnes une féroce épigramme contre staline, qui provoquera son arrestation en mai 1934. au lieu de la mort attendue, ce furent trois années d'exil à voronej.
Arrêté une deuxième fois en mai 1938, mandelstam disparaîtra bientôt dans un camp près de vladivostok, sur la rive du pacifique. publiés pour la première fois en version intégrale et bilingue, tout comme les cahiers de voronej déjà parus aux éditions circé, les poèmes de moscou devaient être réunis à ces derniers sous le titre commun et significatif de poésies nouvelles.
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Ete froid et autres textes
Ossip Mandelstam
- Actes Sud
- Romans, Nouvelles, Recits
- 1 Mars 2004
- 9782742743117
Eté froid regroupe quarante-deux textes en prose, écrits entre 1912 et 1936, qui viennent ainsi compléter l'édition de la prose d'Ossip Mandelstam en français. Après Lettres (Actes Sud, prix Sévigné 2000), une nouvelle approche du grand poète.
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Les poèmes ici rassemblés, choisis dans la première et la dernière période créatrice de Mandelstam, témoignent du génie multiple de l'écrivain et de la vigueur jamais démentie qui traverse l'immensité de son oeuvre.
Le présent choix rend tout particulièrement sensible, par un effet de contraste et une volonté de télescopage, l'évolution des choix poétiques de Mandelstam, alors même que d'un poème à l'autre s'affirme ce qui fait l'unité de l'oeuvre. -
Nombreux sont ceux qui, tel le prix Nobel de littérature Iossif Brodski, tiennent aujourd'hui Ossip Mandelstam pour " le plus grand poète russe du XXe siècle ".
Après les Cahiers de Voronej (1935-1937) et les Poèmes de Moscou (1930-1934), voici le Deuxième Livre qui s'articule en deux grandes sections. Tristia (1916-1920) et 1921-1925, auxquelles s'ajoutent les poésies pour enfants écrites en 1925, au seuil d'un silence de cinq années. Contrairement à La Pierre, le premier livre on dominait l'image de Rome antique et chrétienne, c'est l'âge d'or hellénique, accentué par un long séjour en Crimée-Tauride, qui sous-tend le " classicisme " de Mandelstam, parvenu à son faîte dans Tristia, et lui permet de renouer avec l'expression subjective du poète, médiatisée par les mythes et les thèmes éternels, alors même qu'il devenait impossible d'éluder l'histoire vive ae la révolution et la guerre civile, vis-à-vis desquelles Mandelstam aura longtemps une attitude plus contradictoire et nuancée que la plupart des poètes russes de son temps.
" Le mot erre librement autour de la chose, ainsi que l'âme autour du corps qu'elle a quitté sans parvenir à l'oublier " : cette conception du mot-Psyché va évoluer dans les poésies de 1921-1925 pour atteindre à une " musique associative " qui, déployée dans les champs sémantique et phonologique en me sorte de synthèse de l'acméisme et du futurisme, confine parfois à l'hermétisme dans les grands poèmes de 1923.
Eu dépit toutefois de la réalité " écrue et sévère ". de la marginalisation grandissante de Mandelstam, le Deuxième Livre est éclairé par la lumière du Midi russe mais aussi et surtout par plusieurs figures féminines exceptionnelles, dont les poétesses Marina Tsvetaïéva et Anna Akhmatova, les comédiennes Olga Arbénina et Olga Vaxel, et la jeune peintre Nadejda Khazina que Mandelstam a épousée au début de 1922.
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Une édition regroupant les derniers poèmes écrits en exil à Voronej, dans le sud de la Russie, entre 1935 et 1937. Une poésie recluse, menacée chaque jour de destruction et de disparition, et pour cela, destructrice.