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« La littérature - c'est la bête. Le dépeceur - c'est la nuit et l'hiver. » Ce Bruit du temps qui s'achève
sur cette sombre et sarcastique image est bien plus, bien moins qu'une autobiographie. Le je qui parle
ici est un je passif par où s'exprime l'époque. Le livre parut en 1925. Petits chapitres tendus, précis,
cruels : il monte de ce livre laconique une musique insistante, le bruit d'une époque qui meurt.
Mandelstam observe avec une acuité sans indulgence ce passé qu'il ne veut pas rapprocher, mais
éloigner. Car la mémoire de Mandelstam n'est pas amie, mais ennemie du temps. Sa chronologie
d'odeurs, de modes, de bribes de concert est plus sûre que celle des manuels. Les quatorze esquisses
qui composent cet ensemble « impressionniste » de souvenirs arrachés à la nuit de l'oubli sont parmi les
plus belles pages en prose du grand poète russe. Fragments d'un monde englouti dans le tourbillon
révolutionnaire, elles restituent, mieux que ne le feraient les compilations des érudits ou les analyses
des historiens, le ton subtil d'une fin de règne qui prend, avec le recul des événements et les
enseignements de l'expérience, des allures de Belle Epoque. On saisit mieux, à l'écoute de ce « bruit »
d'un temps révolu la secrète et inimitable substance dont était faite la Russie du début du siècle dernier
apparemment engourdie et mystérieusement palpitante.
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La Quatrième prose est, après Le sceau égyptien, Le bruit du temps et Voyage en Arménie, le dernier
des grands textes en prose de Mandelstam a voir le jour en français. Déjà publié à un petit tirage très
vite épuisé, nous avons demandé à André Markowicz d'en donner une version entièrement nouvelle,
complétée par un dossier comprenant d'autres textes liés à la problématique de La Quatrième prose.
Ce livre constitue la réplique virulente de Mandelstam à une accusation de plagiat dont il a été victime. A
travers Arkadi Gornfeld, son accusateur, c'est l'ensemble du monde corrompu de l'establishment
littéraire stalinien qui est visé. Cri de haine contre les littérateurs, ces pages permettent également à
Mandelstam d'exprimer ses convictions les plus profondes sur la nature de son travail. Comme toujours
chez lui, le point de départ anecdotique et polémique de ces textes où il exprime ses convictions les plus
profondes sur la nature du travail littéraire est dépassé, corrigé par l'imprévisibilité d'un style
virevoltant.