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Poésie
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"C'est entre 1927 et 1928 que Mandelstam rédigea Le timbre égyptien, dans une apparente incertaine direction. C'est aussi entre deux dates, deux révolutions, entre février et octobre 1917, que Mandelstam campe son personnage, alias Parnok, faisant se culbuter les temps, à Saint-Pétersbourg.
Cette prose inventive, radicale et libre, s'inscrirait dans les pas de « La fin du roman », article paru en 1922 dans De la poésie, où davantage qu'un éclatement, Mandelstam parle de « la ruine sans merci de la biographie », soit la ruine de la continuité, ou pour le dire autrement de l'ordre du développement (y compris historique).
« Passant d'un point de vue à l'autre, de la troisième à la première personne, avec ses ellipses, incises, digressions, Le Timbre égyptien est un incroyable fondu-enchaîné, une technique narrative faite de décrochés, de glissades acrobatiques. » (Extrait de la postface.) Événements politiques, allusions littéraires, sens inouï de la comparaison, éclats de musique, souvenirs, « mémoire étonnée », composent ce texte-palimpseste dont le principe réinventé est, non sans ironie, évoqué par cette ouverture : « Je n'aime pas les manuscrits en rouleaux. Certains sont lourds, graissés par le temps, comme la trompette de l'archange. » "
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Ce quatrième ouvrage à La Barque d'Ossip Mandelstam traduit par Christian Mouze démontrera de lui-même l'amitié entre un auteur et son traducteur. Et c'est bien une chance pour le lecteur qui le découvrira puisque lui aussi se retrouvera en amitié avec le grand Mandelstam. Lui-même en amitié avec Dante. Le ton y est juste, rigoureux et audacieux tel Mandelstam lui-même.
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Ce livre réunit pour la première fois le Voyage en Arménie (lui-même constitué de huit textes - huit tels les octaèdres des monastères d'Arménie) et les « Poèmes d'Arménie », comprenant ici le poème « du retour » où Mandelstam, lucide, sait la fin approcher, avec l'ascension du « Montagnard du Kremlin », alias Chapouk in « Alaguez », texte par lequel se termine précisément le Voyage. L'Arménie dont il rêvait, ultime sursis qui aura duré de printemps à automne 1930, est un grand souffle ô combien partagé. C'est l'amitié des hommes ; le jeu des enfants ; « un morceau de calcaire poreux, tenant sa forme de quelque boîte crânienne » respectueusement enveloppé dans un mouchoir ; c'est « le culte rendu par les nuages à l'Ararat » ; c'est l'art et la science ou « la vie savante et la vie de gagne-pain de tous les jours » réunis ; c'est la découverte d'une langue aux sonorités interdites - c'est la vie du poème à nouveau possible.