«Une andouille sans cervelle, voilà ce qu'il était. Gustav Mahler était une andouille décérébrée qui risquait le bonheur et la vie de ce qu'il avait de plus cher pour quelques minutes de barbotage.»1911. À cinquante ans, Gustav Mahler est un compositeur adulé et le chef d'orchestre le plus réputé de son temps. Mais dans l'intimité, ce génie caractériel se révèle être un père aussi dévoué que tourmenté, un homme à la santé fragile qui chérit son bonheur et l'amour de son épouse Alma. Au fil de ses souvenirs - sa journée avec Freud, la décennie mouvementée pendant laquelle il a dirigé et réformé l'Opéra de Vienne, son passage désastreux dans l'atelier de Rodin -, ce roman restitue le coeur battant de la vie de l'un des derniers prodiges de la musique.
«Et ceci, mes chers concitoyens, nous ramène une dernière, toute dernière fois, à mes erreurs:oui, j'ai graissé des pattes, fait de fausses promesses, et probablement un tas d'enfants illégitimes, j'ai menti et j'ai trompé, j'ai été mauvais. En résumé, les amis, j'ai été l'un d'entre vous!»Que nous diraient les défunts de Paulstadt s'ils pouvaient s'exprimer une dernière fois? Il suffit de tendre l'oreille pour le savoir. Car dans le cimetière de ce petit village autrichien, leurs voix bruissent. D'anecdotes en confidences, la communauté reprend vie sous nos yeux:le maire, l'institutrice, le curé disparu dans l'incendie de l'église... Au fil de cette chronique tendre et pleine d'humour, c'est le portrait d'une humanité incroyablement attachante qui se dessine.
«Alors comment se fait-il que tout le monde tombe amoureux partout, à tout bout de champ ? - Jeune homme, dit Freud en marquant un temps d'arrêt, on n'a pas besoin de comprendre l'eau pour y plonger tête la première.» En 1937, Franz débarque à Vienne chez Otto Tresniek, un buraliste unijambiste. Au tabac Tresniek, où se mêlent classes populaires et bourgeoisie juive, il fera l'apprentissage de la vie. Conseillé par Otto et un vieux docteur malade, fidèle client du tabac du nom de Sigmund Freud, Franz tente de séduire Anezka, une artiste de cabaret dont il est tombé amoureux. L'humour viennois d'Otto Tresniek et de Freud est la politesse du désespoir dans une société déboussolée où ils ne trouvent plus leur place. Pas plus que leur protégé, qui tentera pourtant, fidèle à leur enseignement, de nager à contre-courant.
Né à l'aube du XX? siècle, Andreas mène une vie humble au coeur des Alpes autrichiennes. Il prend part à l'aventure des téléphériques qui vont ouvrir sa vallée à la modernité, avant d'être envoyé sur le front de l'Est dans les montagnes du Caucase. À son retour, «à la place des croix gammées les géraniums ornent les fenêtres des maisons». Le saisissant portrait d'un homme ordinaire qui ne se donne jamais d'autre choix que d'avancer.
Als Andreas Egger in das Tal kommt, in dem er sein Leben verbringen wird, ist er vier Jahre alt, ungefähr - so genau weiß das keiner. Er wächst zu einem gestandenen Hilfsknecht heran und schließt sich als junger Mann einem Arbeitstrupp an, der eine der ersten Bergbahnen baut und mit der Elektrizität auch das Licht und den Lärm in das Tal bringt. Dann kommt der Tag, an dem Egger zum ersten Mal vor Marie steht, der Liebe seines Lebens, die er jedoch wieder verlieren wird. Erst viele Jahre später, als Egger seinen letzten Weg antritt, ist sie noch einmal bei ihm. Und er, über den die Zeit längst hinweggegangen ist, blickt mit Staunen auf die Jahre, die hinter ihm liegen.
If the dead could speak, what would they say to the living? From their graves in the field, the oldest part of Paulstadt''s cemetery, the town''s late inhabitants tell stories from their lives. Some recall just a moment, perhaps the one in which they left this world, perhaps the one that they now realize shaped their life for ever. Some remember all the people they''ve been with, or the only person they ever loved. These voices together - young, old, rich, poor - build a picture of a community, as viewed from below ground instead of from above. The streets of the small, sleepy provincial town of Paulstadt are given shape and meaning by those who lived, loved, worked, mourned and died there. From the author of the Booker International-shortlisted A Whole Life , Robert Seethaler''s The Field is about what happens at the end. It is a book of human lives - each one different, yet connected to countless others - that ultimately shows how life, for all its fleetingness, still has meaning.
En cette année 1966, Robert Simon, un de ces héros ordinaires que Robert Seethaler affectionne, décide de prendre un nouveau départ, la trentaine venue. Employé journalier au marché des Carmélites, dans un faubourg populaire de Vienne, il réalise son vieux rêve et redonne vie au café laissé à l'abandon devant lequel il passe chaque jour.
Vingt ans après la fin de la Deuxième guerre mondiale, la ville se remet peu à peu, l'économie redémarre et partout surgissent des décombres de nouveaux immeubles et des logements ouvriers. Robert se laisse gagner par l'effervescence et c'est avec un sentiment d'exaltation qu'il remet à neuf ce lieu dont il prend la gérance. Il trouverait prétentieux de lui donner son propre patronyme, comme le lui suggère le boucher du marché : ce sera donc le « Café sans nom », où se retrouvent les habitants du quartier, les commerçants, et où chacun amène sa propre histoire, sa nostalgie et l'espoir de voir advenir enfin un monde meilleur.
Logé dans une chambre meublée chez une veuve de guerre, qui n'a cessé de l'encourager à mener son projet à terme - « Je vous le dis, il faut toujours que l'espoir l'emporte un peu sur le souci. Le contraire serait vraiment idiot, non ? » -, la vie de Robert va elle aussi prendre un autre tour.
C'est avec sa coutumière attention aux détails que l'écrivain évoque les destinées modestes de ceux qui deviendront les habitués du café : ses portraits, empreints d'une profonde empathie, dessinent le monde nouveau dans lequel petit à petit ses personnages vont trouver leur place. Depuis Le Tabac Tresniek (paru en allemand en 2012), inoubliable portrait d'un apprenti buraliste à la fin des années trente, juste avant l'Anschluss, Robert Seethaler n'avait plus mis en scène sa ville natale : ses descriptions de Vienne renaissant de ses cendres ont ici une tendresse et une saveur particulières.