Entre un père joueur de poker et une mère timide, Youssef vit à Beyrouth dans un monde imprégné de sensualité et de mystère. Les mélodies de l'hébreu qu'il entend chez lui se mêlent aux sonorités de la rue arabe. La crise de Suez n'est encore qu'une lointaine rumeur. Ce qui l'occupe, c'est l'éveil au sexe, le tumulte de peur et de désir qu'il sent monter en lui.
Vingt ans après, en Mai 68, il s'engage en politique pour rencontrer des filles. Mais l'Histoire le prend au sérieux. Il se retrouve en prison et découvre qu'une véritable guerre civile coule dans les entrailles du pays.
Lorsque l'armée israélienne envahit le Liban pour en chasser les combattants palestiniens, il quitte Paris où il est devenu journaliste et revient à Beyrouth couvrir de l'intérieur le siège de sa ville. Dans les rues dévastées et les immeubles éventrés par la guerre se renouent les fils de son destin.
Chant d'amour pour une ville mythique, Le Tumulte décrit magistralement le mélange de tragique et de picaresque qui colore l'un des derniers grands conflits du vingtième siècle.
hagop est arménien, il photographie à jérusalem mariages arabes et circoncisions juives ; un homme ordinaire aux prises avec la grande histoire.
les treize nouvelles de ce recueil ont pour théâtre le moyen-orient. passant de l'humour au drame, elles offrent autant de points de vue intimes et lumineux sur l'une des régions les plus explosives du monde.
" J'ai toujours connu cette histoire.
Elle me paraissait invraisemblable. Comment Golda Meir, la pasionaria du sionisme, son incarnation même, aurait-elle pu se retrouver dans les bras d'un amant palestinien ? Vers la fin des années 1920, Albert Pharaon vivait au Liban. Descendant d'une riche famille palestinienne, vaguement banquier, il se trouvait un peu déplacé à Beyrouth. Les mondanités l'ennuyaient, les chevaux étaient sa seule passion.
Il revenait souvent à Haïfa, où il était né, à trois heures de route, jusqu'à s'y réinstaller un jour, abandonnant femme et enfants. La nouvelle scandaleuse était lancée, Albert avait une maîtresse juive en Palestine, elle s'appelait Golda Meir. L'une des nièces d'Albert vit encore au Caire. Il venait la voir chaque fois qu'il passait dans la ville. Il lui parlait de Golda, il ne pouvait en parler à personne d'autre.
Le reste de la famille préférait ne rien savoir. L'un des siens couchait avec l'ennemi. Il y avait là quelque chose d'inimaginable, d'indécent, de presque obscène. Une histoire impossible ? Presque impossible, contrainte de se jouer entièrement dans ce presque, le petit espace où ce qui ne devrait pas arriver arrive, l'étroite bande de terre où pousse la fleur interdite, la pulsion instinctive, la vie même.
"
Gamin, Menahem Lang était considéré comme un enfant prodige dans sa ville natale de Bneï Brak, au nord-est de Tel-Aviv, dont les 180 000 habitants sont quasiment tous juifs ultra-orthodoxes. « La ville des hommes en noir », comme on l'appelle, s'extasiait devant la voix exceptionnelle que l'Eternel lui avait donnée pour moduler le hazanout (chant religieux). Mais l'enfant au sourire clair cachait un secret que personne ne voulait entendre : il avait été violé par des membres de cette communauté qui l'adulait.
Sélim Nassib a suivi Menahem de retour à Bneï Brak sur les lieux du crime dont il a été victime. L'histoire de Menahem sera le fil rouge déroulé par Sélim Nassib dans cette communauté secrète, une communauté régie par ses lois et ses rituels, bercée par ses chants et ses danses et organisée en dynasties dirigées chacune par un grandrabbin n'ayant de comptes à rendre qu'à Dieu.
Ces harédim (les « craignant-Dieu ») n'ont accès ni à la télé, ni à la presse, ni à Internet. Ils n'ont pas davantage l'occasion de parler avec des gens venus de l'extérieur. Mais quand ils le font, ils ne savent pas ce qui se dit et ce qui ne se dit pas, de sorte que leur parole est extraordinairement libre. Ils abordent la sexualité, le viol ou la corruption avec une sincérité confondante. Et leur parole ouverte se révèle comme le meilleur remède à la loi du silence qui protège trop souvent les criminels.
Alors que le Hamas interdit aux femmes de circuler à vélo, elle traverse le territoire à bicyclette du nord au sud. Les femmes n'ont plus le droit au narguilé en public ? Elle s'attable aussitôt à une terrasse de café pour fumer. Oui, Asmaa, 32 ans, bloggeuse, journaliste et écrivain est une Fille de Gaza libre, une véritable provocation vivante dans son pays. Tout a commencé pendant la campagne électorale de 2006. La jeune femme qui se définit comme croyante et libérale - autrement dit de gauche et favorable à la laïcité - promet : « Si le Hamas emporte les élections, j'enlève mon voile ». Depuis, elle est l'une des rares filles de Gaza à se promener tête nue ; sa vie quotidienne est devenue un combat permanent, harassant et risqué contre les préjugés et les intégrismes religieux au sein même de sa famille. Dans une lettre ouverte adressée à l'un de ses oncles responsable de la sécurité du Hamas, elle rappelle des souvenirs d'enfance heureux et lance : « Est-ce là la patrie que tu veux pour nous ? ». La réponse ne tarde pas : pressions sur ses parents et menaces de mort. Son audace, son anticonformisme dans un monde où les femmes doivent baisser les yeux sont intolérables. Pourtant, Asmaa persiste et signe. Au-delà des critiques à l'égard du régime, rien n'échappe à son esprit critique, ni les organisations des droits de l'homme corrompues ni les mouvements féministes plus ou moins hypocrites ni bien sûr l'occupation israélienne et la guerre. Chronique d'un quotidien tragique, le livre est aussi le portrait d'une jeune femme de son temps, drôle et indomptable.