Sur fond de retour de la guerre aux portes de l'Europe, ce livre d'entretiens revient sur la trajectoire intellectuelle de l'historien Stéphane Audoin-Rouzeau, dont l'oeuvre bouleversa non seulement toute notre vision de la Première Guerre mondiale, mais renouvela aussi en profondeur notre approche du fait guerrier et des violences du champ de bataille. Il s'agit ici d'un dialogue à battons rompus entre historiens, laissant parlà même apparaître plus volontiers accords et désaccords, convergences et divergences. Mais la spécificité de cet ouvrage tient surtout dans sa réflexion nourrie sur la difficulté qu'il y a, comme dit Stéphane AudoinRouzeau, à regarder la guerre de près et bien en face. Nos réactions incrédules au déclenchement de la guerre en Ukraine, le 24 février 2022, en disent long sur nos refus de voir, sur nos aveuglements, sur les dénis nombreux qui caractérisent notre rapport contemporain à la violence de guerre. Là, sans doute, se situe l'apport principal du livre.
Ce livre est le fruit d'une expérience historiographique menée par l'un des plus grands historiens de la Première Guerre mondiale : après avoir tant travaillé sur les combattants des tranchées et leur expérience de la guerre, Stéphane Audoin-Rouzeau a choisi de se tourner vers les siens.
Même si elles s'y apparentent parfois, les pages que l'on va lire ne constituent pas un récit de famille. Et quoique l'on puisse sans doute s'y tromper, ces mêmes pages ne sont pas non plus un essai d'ego-histoire. En effet, Stéphane Audoin-Rouzeau n'a pas tenté d'écrire une autobiographie d'historien, mais de raconter le cheminement d'un événement, de retrouver la manière dont la Grande Guerre a traversé l'existence de trois générations, quitte à inscrire ses effets au-delà même de leur propre vie.
Quelle histoire est un livre saisissant, sensible et maîtrisé, où l'historien s'efforce au fond de retrouver l'Histoire dans l'homme.
Mais que s'est-il passé ?
Après trois décennies d'un parcours de recherche entièrement consacré, dès l'origine, à la violence de guerre, un « objet » imprévu a coupé ma route. On aura compris qu'il s'agit du génocide perpétré contre les Tutsi rwandais entre avril et juillet 1994, au cours duquel huit cent mille victimes au moins ont été tuées, en trois mois.
Ce qui se joue ou peut se jouer chez un chercheur, dans l'instant tout d'abord, dans l'après-coup ensuite, constitue l'axe du livre qui va suivre. Car l'objet qui a croisé ma route ne s'est pas contenté de m'arrêter pour un moment : il a subverti, rétroactivement en quelque sorte, toute la gamme de mes intérêts antérieurs.
En août 1916, une jeune domestique qui a été violée par un soldat allemand tue son nouveau-né. Elle sera acquittée. A partir de ce fait, l'auteur popose une étude sur la question du viol des femmes françaises par des soldats allemands pendant la Grande Guerre et les débats qui ont eu cours : l'éducation de ces enfants, l'autorisation de recourir à l'avortement, l'infanticide.
La Grande Guerre a été beaucoup photographiée, c'est une évidence. Elle l'a été de manière «officielle» par les reporters-photographes de la Section photographique de l'Armée, créée au printemps 1915 ; elle l'a été aussi à des fins de renseignement militaire. Mais la guerre fut bien davantage photographiée «au ras du sol», par ceux qui combattaient, gradés ou simples soldats.
Les clichés de trois jeunes sous-officiers, promus officiers au cours du conflit, occupent une place de choix dans cet ouvrage. Henri Pétin, Jean Pochard et Robert Musso ont vécu au quotidien avec leurs hommes et ne se sont pas pensés comme des «reporters» mais comme des soldats, ponctuellement photographes amateurs. Pas d'héroïsme dans leur vision.
L'historien Stéphane Audoin-Rouzeau présente et commente 120 photographies inédites, issues des fonds privés du Service historique de la Défense. Un témoignage juste et émouvant sur l'expérience combattante et la violence de guerre.
L'expérience du combat a suscité de nombreux témoignages, mais peu de réflexions approfondies dans le champ des sciences humaines et sociales. Comme si la guerre ' au ras du sol ' était un objet pour eux interdit, rares sont les anthropologues et les historiens à s'y être intéressés, y compris parmi ceux qui portèrent les armes et connurent le feu des batailles (Marcel Mauss, Marc Bloch, Norbert Elias, Edward Evans-Pritchard, Edmund Leach, pour ne citer que les plus célèbres). C'est à partir d'une enquête sur cet étrange silence que Stéphane Audoin-Rouzeau tente de poser les jalons d'une anthropologie historique de la guerre moderne, depuis le début du XIXe siècle jusqu'à l'aube du XXIe. Penser la violence de guerre au plus près du combattant, la placer au centre de l'inverstigation, c'est non seuolement s'efforcer de combler une lacune, mais accepter de la regarder en face, dans ses moindres détails, et s'interroger à nouveaux frais sur la nature profonde de nos sociétés.
Voici le récit du destin extraordinaire de Yashka, simple paysanne russe qui s'est engagée dans l'armée du Tsar dès le début de la Première Guerre mondiale. Lorsque survient la révolution de mars 1917, elle obtient du gouvernement provisoire de créer un bataillon de femmes placé sous son commandement.
Si certains font d'elle une haute figure du féminisme, Yashka aspire seulement à sauver sa « Sainte Russie » et à faire honte aux hommes qui ont renoncé à se battre dans l'espoir d'une paix séparée. Pourtant, lors de la dernière offensive de l'armée russe, le «bataillon de la mort» conduit par Yashka se fait massacrer en pure perte.
Dans la guerre civile qui s'annonce, elle s'engage du côté de la contre-révolution. Les événements la poussent à quitter la Russie et à rejoindre l'Amérique afin d'y effectuer une tournée de propagande pour les «blancs». C'est là qu'elle rencontre Isaac Levine, un exilé russe à qui elle raconte son histoire. Publié en 1919, ce récit était tombé dans l'oubli. Stéphane Audoin- Rouzeau et Nicolas Werth le ressuscitent en soulignant la véracité et la portée historique de ce texte exceptionnel.
Stéphane Audoin-Rouzeau est directeur d'études à l'EHESS (École des hautes études en sciences sociales).
Nicolas Werth est directeur de recherche à l'IHTP (Institut d'histoire du temps présent).
Ce livre est le fruit d'une expérience historiographique, mené par l'un des plus grands historiens de la Première Guerre mondiale : après avoir tant travaillé sur les combattants des tranchées et leur expérience de la guerre, Stéphane Audoin-Rouzeau a choisi de se tourner vers les siens.
Même si elles s'y apparentent parfois, les pages que l'on va lire ne constituent pas un récit de famille. Et quoique l'on puisse sans doute s'y tromper, ces mêmes pages ne sont pas non plus un essai d'ego-histoire. En effet, Stéphane Audoin-Rouzeau n'a pas tenté d'écrire une autobiographie d'historien, mais de raconter le cheminement d'un événement, de retrouver la manière dont la Grande Guerre a traversé leur existence, sur trois générations, quitte à inscrire ses effets au-delà même de leur propre vie.
Au-delà des individualités évoquées dans ce récit de filiation, le premier rôle restera à la Grande Guerre. En ce sens, ce livre demeure un livre d'histoire.
Quelle histoire est un livre saisissant, sensible et maîtrisé, où l'historien s'efforce au fond de retrouver l'Histoire dans l'homme.
La lettre d'un homme décrivant à sa femme ce qu'il reste de leur maison après qu'elle fut rasée par l'artillerie allemande ; La canne sculptée par le Poilu Claude Burloux dans la boue d'une tranchée ; Le combat de la veuve Maupas pour la réhabilitation de son mari ou encore la présence de la délégation des gueules cassées à Versailles en 1919 sont autant de « petits sujets sur la violence du fait guerrier ».
Stéphane Audoin-Rouzeau aime cette micro-histoire, Le temps court (le plus court possible parfois), l'incident (souvent minuscule), l'objet isolé ou l'image unique, et finalement l'acteur social dans sa singularité irréductible.
Le texte est accompagné d'un cahier en couleurs illustrant les sujets du livre.
Aux quelques 140 photos qui ont été sélectionnées, l'auteur a associé un commentaire qui fait comprendre dans quel esprit ce combattant de la guerre de 1914-1918, a photographié les poilus et la vie au front.
En juillet 2016, un important colloque scientifique a commémoré le bicen- tenaire de la création de la Caisse des Dépôts, intervenue lors de la seconde Restauration en 1816. Ce livre est la principale forme de restitution de ce colloque et le résultat du travail collectif de sciences sociales lancé par la Caisse à l'occasion de cet anniversaire afin de promouvoir une réflexion approfondie sur l'histoire de l'institution.
Ce n'est pas la première fois que la Caisse des Dépôts s'« autocommémore ». En 1966, elle célébrait son 150e anniversaire, au cours duquel le général de Gaulle rendait hommage à ce qui constituait pour lui un alliage de stabilité institutionnelle et d'ouverture à la modernité. Le 175 e anniversaire de l'institution est fêté en 1991 par François Mitterrand, le 190e en 2006 par Jacques Chirac. La Caisse des Dépôts s'est donc servie ici de l'injonction mémorielle pour mener à son terme un effort de sciences sociales et, plus particulièrement, un travail d'histoire.
Cet ouvrage se construit en deux axes. Le premier se situe à une frontière entre socio- logie et histoire en abordant l'histoire interne de la Caisse des Dépôts (les métiers et les carrières en son sein depuis le début du XIXe siècle). Le second a trait au rôle de la Caisse et de son personnel dans le cadre de la conflictualité contemporaine (son rôle sous le régime de Vichy et dans la guerre d'Algérie, les résistants à la Caisse etc.).
Document exceptionnel, pour l'historien Stéphane Audoin-Rouzeau, les carnets de l'aspirant Laby le sont à plus d'un titre : écrits à chaud, ils ne sont pas retouchés par la suite ; émanant d'un médecin, ils témoignent sans fard de la cruauté de cette guerre et de la violence des affrontements - de la Marne au Chemin des dames, en passant par Verdun et la Somme, Laby sera de tous les grands engagements de la guerre. À travers son souci de vérité, on voit comment l'optimisme et le patriotisme des débuts ont été petit à petit recouverts par des sentiments plus critiques. Une lecture passionnante.
Un sujet au programme de l'agrégation d'histoire 2004 : « La culture de guerre 1911-1939 en Europe, Russie, Etats-Unis » (question nouvelle).
Tandis que disparaissent les derniers combattants, la Grande Guerre nous revient, dans une tout autre lumière, comme la matrice d'où sont sortis tous les désastres du XX? siècle. Romans, films, recueils de lettres et documents, collections d'objets, sites historiques : une curiosité nouvelle s'exprime de la part des jeunes générations pour ce qui apparaît comme l'énigme d'un suicide collectif de l'Europe.Du côté historien, c'est une équipe internationale réunie autour d'une expérience de terrain, l'Historial de la Grande Guerre de Péronne, dans la Somme. Stéphane Audouin-Rouzeau et Annette Becker s'en font ici les interprètes et les porte-parole. Il ne s'agit plus de savoir, comme autrefois, qui porte la responsabilité de la guerre ou comment se sont déroulées les opérations, mais d'explorer une culture de la violence, d'analyser un nationalisme de croisade, de mesurer la profondeur d'un deuil peut-être non terminé.Il s'opère aujourd'hui sur la guerre de 14 le même type de subversion du regard que sur la Révolution française dix ans plus tôt. Le phénomène mérite attention : en peu d'années, deux des plus gros massifs de l'histoire nationale auront connu ainsi un basculement comparable et, dans des conditions différentes, un renouvellement du même ordre.
2 août 1914 : les puissances européennes entrent en guerre. Par le jeu des alliances, le conflit se transforme en affrontement mondial. La guerre est totale : non seulement militaire, mais aussi économique et culturelle. Sur les fronts, bientôt stabilisés, s'installent les tranchées, qui mèneront les armées aux extrêmes limites de l'épuisement. A l'arrière, tous participent à l'effort, armant ou nourrissant les combattants.
Le 11 novembre 1918, l'armistice est signé à Rethondes. Suivent les traités qui imposent réparations aux vaincus et démantèlent les empires. La paix, certes, mais l'effroyable bilan : près de 10 millions de morts, 30 à 40 millions de blessés. Et combien d'orphelins, de veuves, de mutilés ? Stéphane Audoin-Rouzeau et Annette Becker éclairent d'un jour nouveau les années 1914-1918, qui, en ébranlant le monde, ont orienté dans un sens infiniment tragique le destin du XXe siècle.
Loin d'être reléguée dans les archives de la mémoire collective, la Première Guerre mondiale est omniprésente dans nos sociétés contemporaines. Les changements d'orientation des recherches participent de cette étonnante « survie » historique : l'histoire nationale, militaire et événementielle de la guerre de 1914-1918 est aujourd'hui achevée ; reste à écrire une histoire internationale et totale de la Grande Guerre. Cette encyclopédie veut y contribuer.
Fruit d'un travail collectif de plusieurs années, elle rassemble des articles signés par les meilleurs spécialistes mondiaux du sujet. Son ambition est de couvrir tous les aspects de la guerre (militaire, politique, économique, social, technique, religieux, artistique, et plus largement culturel) afin de donner au lecteur une compréhension exhaustive de ce cataclysme qui fui la matrice du XXe siècle.
Ce premier tome rassemble les parties « Le monde en 1914 et l'éclatement de la guerre », « Combattre » et « Conduire la guerre ».
La Grande Guerre - on l'appelle ainsi dès 1915 - constitue un événement qui non seulement résiste au temps mais bénéficie aujourd'hui d'un vif regain d'intérêt. Loin d'être reléguée aux archives de la mémoire collective, la Première Guerre mondiale continue d'être présente, au sens plein du terme, dans les sociétés occidentales contemporaines. Les changements d'orientation des recherches historiennes participent de cette étonnante "survie" historique : l'histoire nationale, militaire et événementielle de la guerre de 1914-1918 est aujourd'hui achevée ; restait à écrire une histoire internationale et totale de la Grande Guerre, et l'ambition de cet ouvrage est d'y contribuer. La Grande Guerre est le fruit d'un travail collectif de plusieurs années. Il rassemble une centaine d'articles signés par les meilleurs spécialistes mondiaux du sujet, écrits dans la perspective d'une approche nouvelle de la guerre.
Pour les combattants de la Grande Guerre, formés dans la tradition des musiques militaires, l'oreille fut parfois l'organe qui leur apprit, à leur corps défendant, la nouveauté technique du conflit ; elle leur permit aussi d'entretenir, sous la forme d'activités musicales développées dans des conditions précaires, un lien avec leur part d'humanité. À l'arrière, le caractère rituel des pratiques musicales - à commencer par le concert -, donna aux discussions sur l'engagement et le patriotisme une traduction politique directe, dont témoignent également la réorganisation de la vie musicale et parfois même la création d'institutions. Enfin, la guerre mit les compositeurs face à une véritable alternative esthétique et morale, entre la culture de la « musique pure » et la production d'une musique politique que certains envisagèrent comme une forme de combat. En dépit de cet intérêt musicologique et historiographique, l'histoire de la musique entre 1914 et 1918 reste mal connue, en France comme ailleurs. L'équipe internationale d'historiens réunie à la fin des années 1980 autour de l'Historial de la Grande Guerre a tenté de bâtir une nouvelle histoire culturelle du conflit en centrant l'analyse sur les représentations des contemporains. Cependant, cet effort historique si actif dans les domaines de l'image ou de l'objet n'a pu éviter une lacune, celle de la création musicale. Pour sa part, la musicologie fait volontiers de la guerre de 14-18 le véritable portail du XXe siècle, mais, si l'on excepte certains travaux pionniers, cette affirmation générale est rarement étayée par un examen des réalités musicales elles-mêmes. Axé sur la France sans toutefois exclure le cas d'autres nations, c'est la multiplicité des manifestations de la guerre dans le champ musical, et de la musique dans le champ de bataille, que le présent volume veut aider à mieux connaître. Sont ainsi reprises certaines des contributions à deux journées d'études interdisciplinaires, organisées par l'équipe Approches historiques du monde contemporain du Centre de recherches historiques (É.H.É.S.S./C.N.R.S.), l'équipe Musique du Centre de recherches sur les arts et le langage (É.H.É.S.S./C.N.R.S.), l'Institut de recherche sur le patrimoine musical en France (C.N.R.S./ministère de la Culture/B.N.F), le Centre de recherche de l'Historial de la Grande Guerre et l'association Musiciens entre guerre et paix.
La Grande Guerre - on l'appelle ainsi dès 1915 - constitue un événement qui non seulement résiste au temps mais bénéficie aujourd'hui d'un vif regain d'intérêt. Loin d'être reléguée aux archives de la mémoire collective, la Première Guerre mondiale continue d'être présente, au sens plein du terme, dans les sociétés occidentales contemporaines. Les changements d'orientation des recherches historiennes participent de cette étonnante "survie" historique : l'histoire nationale, militaire et événementielle de la guerre de 1914-1918 est aujourd'hui achevée ; restait à écrire une histoire internationale et totale de la Grande Guerre, et l'ambition de cet ouvrage est d'y contribuer. La Grande Guerre est le fruit d'un travail collectif de plusieurs années. Il rassemble une centaine d'articles signés par les meilleurs spécialistes mondiaux du sujet, écrits dans la perspective d'une approche nouvelle de la guerre.