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« Dans l'ennui d'une adolescence provinciale au beau milieu des années 1970, les footballeurs de l'AS Saint-Étienne ont laissé la marque d'une évasion en nous laissant entrevoir une autre vie. Pendant quelques jours de printemps, la France s'est prise de passion pour le feuilleton télévisuel et sportif de cette équipe qui ressemblait à sa ville, ouvrière et fiévreuse, une ville qui accédait à la lumière, grâce à la Coupe d'Europe de football, au moment même où elle fermait ses mines.
J'avais treize ans, répartissais mes admirations entre Dominique Rocheteau, Neil Young et les filles, jouais au foot et me languissais à la lisière de ce monde fantasmé, de ce territoire qui cachait mes racines familiales. Comment se soustraire à l'assignation à résidence par l'âge et par la géographie ? Il m'est arrivé de croire, en 1976, que les Verts étaient la réponse à tout. »
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Ils étaient plus que des stars de cinéma. Ils étaient le couple rêvé, un feuilleton national. Entre 1930 et 1940, Carole Lombard et Clark Gable incarnaient une certaine idée du bonheur et Hollywood qui aimait les chimères était à leurs pieds. Elle était le glamour, elle était drôle, parlait comme un marin, imposait sa loi. Son charme agissait comme un sortilège, sur certaines photos elle était presque nue et on ne regardait que ses yeux. Il était l'homme qui embrassait les femmes, une aura reposant toute entière sur un geste originel, une manière d'agripper sa partenaire par le bras, qui disait où était le pouvoir, où était l'électricité.
Il était la star de Autant en emporte le vent, elle irradiait dans La Joyeuse suicidée, ils s'étaient rencontrés sur le plateau d'Un mauvais garçon. Il est possible que tous les deux aient eu moins de partenaires à l'écran que dans la vraie vie. Ils essayeraient de rester ensemble au milieu du désir des autres, dans ces existences irréelles que les studios contrôlaient et inventaient, même.
Du fantasme à l'envers du décor, de l'ironie à la tendresse, ce serait Elle & Lui, et puis Lui sans Elle, une succession de remords et de rédemptions, un crépuscule essoufflé, avant de s'allonger à ses côtés sous le marbre de Los Angeles.
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« J'ai retrouvé une photo de Kornelia au fond d'un carton de souvenirs dans le grenier de mes parents. Sur une des fiches cartonnées des héros olympiques, elle sortait de l'eau, ses cheveux blonds plaqués en arrière, parce que les sirènes ne reviennent pas à la condition terrestre avec une frange qui leur tombe sur les yeux. Elle avait dix-sept ans et à cet âge tout battait la chamade, son coeur d'artichaut et ses ailes musculeuses qui rythmaient le papillon.
Je l'ai cherchée comme on part sur les traces d'un amour de jeunesse, dans l'empreinte d'une époque qui avait sacré sa blondeur blanchie par le chlore, dans les archives d'un régime qui avait tout consigné, même ce qu'elle avait oublié. J'espère que je l'ai trouvée. » -
« Maradona good, Pelé better, George best ».
George Best a été la première popstar du football, le premier joueur médiatisé au-delà de ses performances, le sportif le plus photographié des années 1960 et 1970, un joueur d'une grâce infinie, une gueule d'ange qui a débarqué dans la nuit en même temps que la minijupe et la pilule. Les penseurs d'alors affirmaient que les Beatles s'occupaient de la musique et George Best de la chorégraphie.
Le Cinquième Beatles est une histoire dont le football n'est pas le coeur, mais une atmosphère. Une histoire d'innocence, de sexe et de rock'n'roll. George Best est devenu un mythe de la culture foot, parce que les traces de son jeu sont celles d'un génie, parce qu'il venait d'Angleterre, berceau du sport le plus populaire au monde, de la musique et d'une presse tabloïd qui a raconté son existence au jour le jour, en noir et blanc puis en couleurs, des sommets des années 1960 avec mannequins et voitures de sport à la déchéance, l'alcool et la mort, avant ses soixante ans. « Toute ma vie, j'ai rêvé de coucher avec George Best. » C'est ce que, au crépuscule de sa vie, les femmes disaient de lui.
Il est devenu un mythe parce qu'il a arrêté le football de haut niveau à vingt-sept ans, dans le désintérêt d'autres sommets, parce que la plupart de ceux qui l'ont vu étaient persuadés qu'il était le plus grand, parce que personne n'a jamais osé, ni avant ni après, vivre et brûler comme lui.
À l'image glamour qui a porté son mythe, il a su ajouter une légende faite de panache, d'humour et d'autodérision.
Partout se vendent les tee-shirts qui reprennent ses formules et ne s'encombrent pas de signatures. Épitaphe favorite de tous ceux qui le vénèrent : « J'ai dépensé tout mon argent en filles, en verres et en voitures. Tout le reste, je l'ai gaspillé. »
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Les dix derniers sélectionneurs (dans l'ordre chronologique) : Michel Hidalgo, Henri Michel, Michel Platini, Gérard Houiller, Aimé Jacquet, Roger Lemerre, Jacques Santini, Raymond Domenech, Laurent Blanc, Didier Deschamps.
La fonction de sélectionneur de l'équipe de France est une fonction à hauts risques. Comme nos Premiers ministres, nos entraîneurs nationaux sont placés entre le marteau de leurs hiérarchies respectives et l'enclume d'une opinion où prolifèrent, dit-on, 66 millions de sélectionneurs amateurs. Sur ou au bord du terrain, ce sont eux qui insufflent, bousculent et mobilisent, tout en étant perpétuellement remis en cause. Certains ont connu la gloire, mais tous ont eu maille à partie avec la critique et l'opprobre.
Vincent Duluc, « M. football » à L'Équipe, a connu et côtoyé les dix derniers sélectionneurs nationaux. Il a partagé leur quotidien, leurs doutes et leurs enthousiasmes. Pour ce livre, il les a à nouveau soumis à la question et mieux compris, avec le recul, la façon dont chacun s'est accommodé - ou non - avec l'exercice du pouvoir. Comment Michel Hidalgo a-t-il digéré le France-Allemagne de 1982 ? Pourquoi Henri Michel en veut-il toujours à Eric Cantona ? Quand Aimé Jacquet pardonnera-t-il à ses contempteurs ? De quelle façon Raymond Domenech s'est-il égaré en Afrique du Sud ?
Agrémenté de très nombreuses révélations et anecdotes, ce livre-document balaie trente-cinq ans de football français en même temps qu'il nous rapporte le parcours d'hommes plus souvent sur la sellette qu'ils ne l'auraient jamais imaginé.