Petite bande est dans les doigts.petite bande est la main.petite bande c'est les morts qui nous poussent dans la main.la main écrit dans la bouche avec la petite mort. toutes les paroles viennent mourir dedans nos écrits. petite bande c'est les langues. petites langues qui nous poussent dans l'écrit.
Charles Pennequin, dans son recueil Les voix du venir, envoie bouler le ronronnement de la poésie contemporaine, de sa langue libre, riche et drôlement folle.En pavement compact, ses textes cheminent, morceaux de vie, réflexions tant endophasiques qu'orales, voire criées, comme l'auteur les clame sur scène ou dans les rues.Ça dépoussière, ça enchante, ça hurle, ça murmure, cette profondeur et cette légèreté mêlées dont il détient la secrète alchimie. Et ça fait du bien, à la poésie comme à ses lecteurs et auditeurs.
Jésus est dans la ville. Jésus préfère toujours aller dehors. Jésus dit : Soyez passants, passez de l'en-dehors à l'en-dedans et soyez perdurants. Éternisez-vous dans la passade. Allez et venez à vous en donner le tournis. Dehors c'est la vivance dit Jésus. Il faudrait imprimer l'air autrement, tracer dans les êtres et les sentiments. Jésus n'écrit pas dans sa tête mais dans sa bouche. La bouche à Jésus est une imprimante à mains. Jésus dit : Nous sommes des machines dont la pensée passe par nos doigts. Tous ces lointains imprimés dans les souvenirs, toutes ces vies qui l'entourent Jésus et notamment celle de Lulu. Son pays sa famille ses amours, Jésus va passer tout ça par le fil de l'écrit. Jésus est un poète qui trace sa vivance dans le poème.
« Père en fuite / dans mon pire / c'est le temps / mal signé / mal soignant. ».
Père ancien est une émouvante série poétique consacrée au père, aux souvenirs de famille. Le livre regroupe des ensembles de poèmes écrits entre 1995 (poèmes du Père ce matin) et 2018. Dixhuit poèmes, à la fois chansons, élégies, refrains, aveux, qui tentent d'évoquer le souvenir du père, et plus généralement celui de la vie familiale et de l'enfance. Ce sont des bribes de paroles, des fragments de souvenirs, des mots, des phrases, des images pour transmettre la nostalgie d'un monde, d'une présence, d'une langue. Le père devient figure du poème : « j'ai fait ce rêve du père il erre dedans cette ruine / intime la nuit titube les soucoupes pleines... ».
Ce volume est composé de plusieurs textes. Bobines, totalement inédit, s'est écrit sur plus de vingt ans. Bibine, par son sujet et son humour, peut faire penser au roman récent de l'auteur, Gabineau-les-bobines (2019). Et tout ça finit toujours en drame est tiré des sensations de lecture de l'auteur, en hommage discret à Madame Bovary de Gustave Flaubert. Le texte final, poème éponyme de l'ouvrage, est en quelque sorte une visite de la maison familiale abandonnée, suite à la disparition des parents.
Je parle de toi mon amour. Je parle de ton amour. Ou bien c'est de moi. C'est mon amour à moi dont il est question. Je me pose des questions sur notre amour à moi. Car y'a plus que moi dans cette affaire. Et je peux pas tout faire. Je peux pas faire l'amour avec moi tout seul. Et je peux pas parler tout seul non plus. Faut qu'on soit deux. Qu'on soit au grand complet pour se parler. Pour tout sortir. Faire le grand tri entre nos phrases. Pour dégager le terrain. Faut qu'on soit là pour faire table rase. Et pour qu'on soit plus qu'un. Faut qu'on discute un brin. Sinon ça sert à quoi de s'entêter. De tant vouloir être des hommes. Si déjà l'amour c'est pas humain.
'Le pamphlet contre la mort se regarde comme quand on contemple longtemps un cercueil et qu'on imagine quelqu'un dedans. Dans ce livre, le cercueil sera le cerveau de toute l'histoire d'un type en dedans, avec sa vie, ses pensées, ses colères, ses amours, ses rêves et ses héros bas de plafond. Tout ça qu'il a voulu brûler par l'écrit. Tous les papiers du type qu'on imagine dans le cercueil. Toutes les paroles et ses manifestes qui l'ont traversé ces derniers temps et qui sont consignés, ici, dans cette cervelle de papier. Une cervelle pamphlétaire.'
Les poèmes de C. Pennequin sont faits d'une véhémence qui trouve sa force dans une colère et une indignation à la fois sociales, syntaxiques et philosophique.
« J'ai écrit ce livre en pensant à un début de roman policier un peu old school, avec des noms de l'ancien temps, ou plutôt des surnoms. Il y a Gégène et Lulu et il y a un personnage qui s'appelle Gabineau, c'est l'un des rares qui n'a pas de surnom mais on ne sait pas qui c'est. » (Charles Pennequin) Tout le long du livre, il est question de Gabineau, qui serait un compagnon à Gégène que ce dernier aurait connu durant la Seconde Guerre mondiale. Il est d'ailleurs question de plusieurs événements dans le livre, traversés par différents groupes d'individus : la famille de Gégène, ouvriers dans le Nord de la France, la famille de Mimille, la fille d'un pied-noir devenu maoïste dans les années soixante-dix, mais aussi la des- cendante d'une famille de Normandie. Il y a aussi la gendarmerie car pendant un certain temps, Charlie, le fils de Gégène, s'imagine que Gabineau est un Adjudant d'escadron mobile basé à Melun.
Tous ces récits s'entremêlent dans une sorte de manège où les vies partent et reviennent sans cesse avec des histoires banales, tragiques ou drôles... Et il y a Gabineau, ami mystérieux, dont on connaîtra un peu plus la vie au fur et à mesure que le livre démêlera le vrai du faux.
Qui est bibi ? Qui le force à être ? A devenir lui-même, c'est-à-dire à se pendre ? Qui pousse bibi à commettre cet acte insensé pour se retrouver à travers ceux qui l'ont poussé à être ? Bibi reste collé à sa naissance, au désespoir d'avoir pu être sans avoir jamais été vraiment.
" Quand on me dit de parler, c'est-à-dire d'être, je sens bien à quel point je me manque. Car personne n'a jamais été si peu bibi que moi-même, pense-t-il. Ce ne sont pas mes souvenirs, ce n'est pas moi qui parle. Qui me parle ? Qui vit autant que moi la double catastrophe de s'être vu tout en n'étant pas lui-même ? " Bibi attend, attend d'être soi. La naissance fut sa première maladie. Mais il n'est pas né à terme, car s'il est au terme de sa maladie, il sait qu'il ne peut plus faire partie des humains.
" Je ne suis pas celui que tu crois être, pense bibi, je ne suis pas celui qui colle à la peau de la réalité. Je suis celui qui sort. On m'a sorti de moi-même tel un pendu. Comme un qui naît sans langue. La langue pendue, c'est comme l'histoire de moi, l'histoire de comment vont mes phrases. Comme un qui pend son être en voix, voilà pourquoi seulement j'écris, nous dit bibi. ".
Qu'est-ce que c'est qu'un exozome ? Disons que c'est un homme, c'est l'homme, c'est l'huma- nité telle que la voit Charles Pennequin : grandiose et dérisoire, triviale et sublime, gueulante et prostrée, stupide et géniale. C'est l'homme en soi et hors de soi, l'autre et soi-même à la fois.
Ce livre tout autant fait pour être déclamé que pour être lu silencieusement est une suite de textes liés plus ou moins les uns aux autres : ils racontent des histoires, ou plu- tôt des commentaires d'histoire, ils vitupèrent le genre humain dans une sarabande verbale endiablée et colorée, pleine de colère et d'amour. Il y est beaucoup question de littéra- ture, de ce qu'elle peut et ne peut pas, de ses pouvoirs infinis et de sa faiblesse inhérente.
4 textes de fiction poétique sur Charles Péguy, écrivain mort au front au début de la guerre de 14. Charles Pennequin s'appuie sur les écrits de Péguy et sa biographie pour lui rendre hommage.
"J'ai écrit sur lui parce que je suis de la même région symbolique que lui, celle du souffle, de l'écrit, de la passion, de l'obsession à dire" C.Pennequin
Vous êtes trop.
Trop beaux. trop dans le faire. et dans le faire beau. trop dans le savoir. vous êtes trop dépositaires. vous allongez trop. vous aimez trop l'épaisseur. trop la logistique. vous êtes trop techniques. trop dans les idées. les institutions. alors vous faites des blocs. des monolithes. de la morale. mais laissez-nous vivre. on s'en fout des dépositions. on veut la vie. on veut respirer. et si la littérature nous en empêche, on ira voir ailleurs.
On veut inventer. on veut inquiéter. on veut foutre la zone. la vie nous appelle à la zone. au naufrage de nous-mêmes. nous sommes des êtres qui de toute part déconnons. nous déconnons de toute part et ça ne fait que commencer. la déconnade est la seule contre-mesure. la contre-mesure face à ce qui nous est dit, dans la littérature et ailleurs. votre pensée est la mesure qui convient trop à notre temps.
Et il faut en découdre avec le temps. l'homme est un mesrine en puissance. c'est un être qui déconne de toute part. c'est pour ça qu'il faut écrire des manifestes. des manifestes pour qu'on nous foute la paix.
Rien, impossible. Tout peut s'ajouter. Tout s'ajoute déjà. Il faut en finir avant d'empuantir à nouveau. Il faut terminer ça une bonne fois pour toutes et refermer la boîte. Ca va sentir. Ca sent déjà. Puis on rouvrira la boîte. Histoire de se sentir moins seul. Ou seulement se sentir. Comme un seul homme. Histoire de causer. Encore un bout. Un bout de chemin. C'est toujours comme ça qu'on finit. Ca recommence.
J'écris un livre pour comprendre la vie.
Si au bout du livre je n'ai rien compris, alors il faudra laisser tomber le livre par terre. Peut-être même le livre tombera par terre avant. Peut-être il n'y a rien à comprendre, pas une ligne. Ne lisez pas les lignes pour comprendre la vie. Il y a mille choses à faire à chaque minute. Toutes les minutes comptent. Chaque minute est une somme de possibles. Tandis que les livres donnent la mort à la minute.
Chaque mort est insufflée par une ligne du livre. Le livre est impossible à donner. Il se donne, mais pour mort. Il donnerait sa mort pour comprendre la vie le livre. Ceci est un livre fait pour comprendre la vie. La mienne de vie. On dit ça. On dit :J'ai la vie mienne. Et je comprends rien. Ceci est un livre qui aide à comprendre rien. Ce n'est pas facile de rien comprendre. Je pourrais m'expliquer ça. M'expliquer la vie des heures durant.
Des heures durant je suis là à attendre que ça se passe. Tout pourrait ainsi passer. Que nos envies passent de main. C'est comme ça aussi qu'on passe le vivant. De la main à la main. On se refile le baigneur.
Recueil lié à la manisfestation Poésie dans les Chais en Jurançon.
Colette Prévost, Alain Hélissen & Vincent Wahl, Charles Pennequin, Didier Bourda, Edith Azam, André Gache et Dimitri Vazemsky.
Ce livre est le petit frère de CHAIS sorti en 2006.
Cet ouvrage est une réédition numérique d'un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d'origine.
En attendant Beckett en entendant Becquerel Tac... Tac.. Tac tac.
La jeunesse pousse du dedans comme l'herbe ça vient comme l'avenir dans l'espace du dédain du ça-va-dans-la-vie les mots d'un peuple à l'autre existent dans le vide du corps terre à terre à tête du top du cafard à gogo GO !
Beckett à bâbord !
Becquerel à tribord !
Et nos éprouvettes à ras bord de jeunesses .
Von Knapheyde