Filtrer
Christiane Rochefort
-
Les petits enfants du siècle
Christiane Rochefort
- Le Livre De Poche
- Le Livre De Poche
- 6 Avril 1971
- 9782253002949
Jo de Bagnolet « est née des allocations et d'un jour férié dont la matinée s'étirait, bienheureuse ». Dix enfants vont suivre, apportant en prime à leurs parents la machine à laver, le Frigidaire, la télé, la voiture et le prix Cognac ! Josyane les élèvera tous. Ses seules distractions : les courses et ses devoirs le soir sur la table de la cuisine. Ses seuls amis, Nicolas, le petit frère qui comprend tout, et Guido, le maçon italien, né sur les collines. L'amour de Guido bouleverse la vie de Josyane, il en chasse toute la laideur et la bêtise. Christiane Rochefort fait ici un tableau criant de vérité des grands ensembles, de ces blocs illuminés la nuit, en plein ciel, si gris le jour, le béton cachant mal la pauvreté. Elle dit, admirablement et avec beaucoup d'humour, le mal de vivre à Bagnolet, à Sarcelles et autres lieux du même genre, sans âme et sans arbres. Une oeuvre très forte du célèbre auteur du Repos du guerrier et des Stances à Sophie.
-
Le Repos du guerrier (1958) est le premier roman de Christiane Rochefort. Et quel premier roman ! Geneviève Le Theil, qu'une affaire de succession amène en province, se trompe de chambre et découvre Renaud Sauti, qui est décidé à se suicider. Elle le sauve, elle l'aime. Il est cynique et grossier. Installé chez Geneviève à Paris, il passe son temps à boire et à lire des romans policiers. Rochefort parle d'amour, et notamment physique, avec la même crudité qu'un homme. François Mauriac s'en horrifiera dans son Bloc-Notes. Succès de scandale en livre. La carrière de romancière de Christiane Rochefort était lancée.Roger Vadim a tiré un film célèbre de ce non moins célèbre roman (plus d'un million d'exemplaires vendus), avec Brigitte Bardot, en 1962.
-
Christiane Rochefort a tenu ce journal par intermittences entre 1986 et 1993. L'autrice de Printemps au parking, des Stances à Sophie, d'Une rose pour Morrison aborde alors la vieillesse avec, intact, « un certain état de fureur » qui est la condition de sa lucidité, de son ironie, de sa légèreté profonde. Fureur de vivre et goût de vivre, chez elle puissamment liés, se traduisent en réflexions lapidaires sur l'état du monde, en fragments émerveillés devant sa beauté, l'apparition des bourgeons, le vol des martinets, le chant des rossignols ou Mozart.
Exercice capricieux et opiniâtre, le Journal saisit la pensée « dans son mouvement au jour le jour », à l'exacte intersection de la vie et de l'écriture.
-
Printemps au parking
Christiane Rochefort
- Grasset
- Les Cahiers Rouges
- 16 Septembre 1998
- 9782246160335
Printemps au parking est le roman de la fugue d'un adolescent, Christophe, livré quelques jours à lui-même dans Paris, le temps de rencontrer des filles, des voyous et surtout un étudiant en chinois, Thomas, qui l'initie à la politique, à l'amour et à un plaisir jusque-là inconnu... Le portrait de ce jeune anarchiste de coeur déchaîna de telles passions à sa sortie, en 1969, que Christiane Rochefort écrivit dans la foulée C'est bizarre l'écriture, l'histoire de la rédaction de Printemps au parking. Ce récit, composé de faits réels tirés du quotidien de l'auteur, répond aux questions suivantes : D'où vient le livre ? Comment naît-il ? Pourquoi telle phrase, tel mot ? Un document exceptionnel : il est rare que le lecteur soit convié à partager les secrets de fabrication d'un grand écrivain.
-
Parce que la maîtresse de français, débutante, de cette cinquième D' de banlieue, leur a rappelé pour la troisième fois qu'ils étaient des échecs, tous les enfants de la classe se lèvent, sortent de l'école et s'en vont dans la campagne. L'incident n'est pas local. Partout des enfants manquent à l'appel. Il faut se rendre à l'évidence : c'est une épidémie. L'école buissonnière généralisée. Les enfants fuient de partout, l'école est une passoire. Les journaux titrent : " Une hémorragie d'enfants ".Régina, Grâce, le sublime David, et leur chien Mignon, les six Chevaliers Errants, les deux Maudites, les jumeaux miroirs, Pierre et Jacques, et le petit Paul qui ont saccagé leur école, les Amoureux et leur ange gardien Louise, Lucrèce qui est folle - les quelque vingt-cinq qui se promènent dans le livre (parce qu'on ne suit qu'une ligne) vont vers la mer, sans se presser. Ils surgissent, chapardent ou maraudent leurs maigres nourritures, et disparaissent on ne sait où, comme s'ils habitaient un autre monde - et c'est un fait qu'il y a un autre monde : un monde du rêve, et complice des enfants.Le monde de la réalité patrouille les routes, garde les supermarchés. Ses citoyens responsables organisent des battues à l'enfant et parlent de petits plombs dans les fesses. L'épidémie atteint tous les pays. Les villes de la réalité sont interdites aux enfants non accompagnés. L'ordinateur Toto est chargé des identifications. Mais l'autre monde s'insinue dans celui-ci. Les enfants ont des protections mystérieuses. Des portes s'ouvrent, des mains tendent du pain. Des parents manifestent contre les mesures brutales. Et voilà que les génies mathématiques désertent à leur tour !Les errants, pendant ce temps-là, sont devenus d'une beauté surhumaine. Ou peut-être humaine. N'est-il pas déjà trop tard ?
-
"De médecine contre mon père, il n'y avait qu'une. Le moyen était mon seul problème. Une piqûre avec de l'air dans la seringue - mais je ne sais pas faire des piqûres. La sarbacane avec fléchettes au curare - où est le curare ? La mort-aux-rats - c'est long, et ils se font tous prendre. Etouffage sous oreiller - pas encore assez de muscles. Le chandelier de bronze - faudrait que je monte sur une chaise et ça gâterait l'effet de surprise. Brûler des cierges ? - Dieu (le Père !) ne va pas m'exaucer. Action kamikaze ? Il avait un revolver, caché. Il le produisait dans les scènes de ménage, pour menacer de "se supprimer", citation. Tandis que derrière la porte je priais ardemment : "Fais-le ! oh, fais-le !" Mais non. Jamais. Ouais. Le kamikaze c'est le seul truc vraiment sûr. Suffisait de mettre la main sur le revolver, après je ne le louperais pas. Je profiterais qu'il est tout près. Mais, il y a un os : on veut vivre, nom de Dieu ! et libre ! c'est même toute la question. Bien plus j'estimais que, dans la circonstance, c'était un devoir. La survie passe avant les sentiments." On verra l'enfant rêveuse prise dans les noeuds multiples des pouvoirs paternels ordinaires. Se battant avec les armes de ceux qui n'en ont pas. Racontant, au passé présent futur, l'histoire de ses défaites ("Le combat a duré sept années. J'en ai perdu chaque bataille. Mais pas la guerre"). Et parvenant, au terme d'un itinéraire quelque peu délinquant, à la conclusion illuminante : "Le malheur, ce n'est pas le sexe. Le malheur c'est le Patron."Ch. R.
-
Christiane Rochefort prête sa voix à une narratrice qui lui ressemble fort. "Pourquoi raconterais-je ma vie que je connais déjà ?", avoue celle-ci d'emblée... Elle y revient cependant, et évoque sa mère, les relations que toutes deux entretenaient, les enfants qu'elle n'a pas eus... Ces pages sont comme une plongée en soi-même, par l'écriture, des variations insolites, émouvantes, sur une infinité de sujets : le Général de Gaulle, la rencontre amoureuse et le regard, le chômage, la frustrations, les nuits d'amours... Tant de secrets dévoilés, à peine, qui font la trame des jours.
-
Archaos ou le jardin étincelant
Christiane Rochefort
- Grasset
- Les Cahiers Rouges
- 20 Janvier 1999
- 9782246160137
Ce roman, rigoureusement extravagant, pourrait débuter comme un conte : "Il y avait dans le pays d'Archaos un roi nommé Avatar"... Tyran grotesque et dévot, Avatar, comptable d'inceste, sera contraint d'abdiquer, laissant sa place à son fils, Govan, fantoche plus sympathique, quoique incapable. Secondé par sa mère, la reine Avanie, le rejeton indique sabote joyeusement les bases du régime dictatorial. Les Archaotes découvrent les vertus du désordre. L'on produit moins mais mieux, les corps exultent, les imaginations se libèrent, l'intuition fait loi. C'est l'Age d'or et le début d'un long rêve de béatitude...
Avec la complicité fantasque d'une centaine de personnages, Christiane Rochefort réinvente le monde à son image : rebelle, imprévisible, toujours en question.
-
Philibert Morloiseau, promoteur de maisons, a rendez-vous, pour apprendre l'équation du 3e degré, avec Sereine, une jeune professeur de téléologie, dont il est épris bien qu'elle soit de condition inférieure. Mais Sereine ne vient pas au rendez-vous car le jour même elle est tombée sur le beau et naïf Théostat et amoureuse. Ce contretemps produira d'imprévisibles remous dans le milieu universitaire, sur lequel la police a l'oeil en la personne de l'agent Cléoporte, que saisit en cours de mission la soif de connaissance. Pour échapper à sa filature, Théostat sera amené à semer le trouble dans l'existence de Triton, 15 ans, pensionnaire d'une école préparatoire au mariage, qui deviendra chanteuse rock et (mais beaucoup plus tard) héroïne nationale.Le pauvre Philibert, éconduit, ne trouvant plus de charme à sa vie de luxe avec sa femme Girofle (atteinte de nymphomanie onirique) et ses deux charmants jumeaux, et ayant perdu un jour de la semaine et tout sens social, finira dans la déchéance et la révolte individuelle, au milieu de l'effondrement de sa vie et de ses maisons, ainsi que de la société tout entière, pourtant parvenue à un indestructible état d'équilibre, de bonheur, et d'autosatisfaction. Comme quoi on ne sait jamais.Il s'agit on le voit d'une histoire d'amour toute simple, pavée de bonnes intentions, se déroulant dans un monde tout à fait imaginaire, où les méchants sont méchants, laids, vieux, et impuissants et les bons amoureux, jeunes, beaux, et très bons, où ceux-ci sont récompensés et ceux-là châtiés, et où poussent des fleurs de rhétorique carnivores.
-
"Le monde est comme deux chevaux, qui tirent chacun dans un sens. L'un, dit Elle, est un cheval-vapeur qui fait beaucoup de bruit et de fumée, l'autre est une vache sacrée qui rumine (médite), et aucun sage n'est sur son dos. J'ai découvert ça ce matin en fouillant dans les poubelles de l'Histoire. Elles puaient l'enfer, jamais ça n'a été à ce point-là depuis le début, je crois bien - et en même temps il y avait quelque part très lointaine comme une faible brise de, voyons, oui, de chèvrefeuille."
-
Le titre de ce roman est tiré d'une phrase de Nietzsche : "Quand tu vas chez les femmes, n'oublie pas ton fouet." Comme on peut l'attendre de Christiane Rochefort, cette phrase outrageante est employée en dérision. Et s'il est bien question de fouet, et d'outrages, c'est l'ouvrage qui est outragé, et le fouet se retourne contre son usage. Voici l'histoire d'une passion, vécue solitairement, sans réciproque aucune. Un homme en quête de sa vérité à travers ses tendances masochistes franchement assumées s'éprend follement d'une très jeune femme, qui ne partage pas ses goûts et ne répond en rien à ses demandes. Espérant l'initier, il se fait son esclave, elle n'accepte de ses services que les plus triviaux, en fait sa bonne. Pourtant elle consent parfois à l'accompagner dans son monde, mais elle ne participe pas aux rituels, elle les détourne. Elle joue son propre jeu dont le but n'apparaît que peu à peu : il a introduit la jeune louve dans la bergerie. Et tandis qu'elle gravit les échelons du succès et de la domination, lui est entraîné dans une chute dont il paraît seul l'auteur, où il perdra sa réputation, son travail, son bien. Tandis que, plus il tombe bas, plus son esprit s'éveille. Toute cette tragi-comédie est contée le plus joyeusement du monde, dans une écriture extrêmement classique.
-
Comme c'est bizarre l'écriture et comme c'est intéressant. Pourquoi ne lit-on jamais, dans toute cette marée noire d'écrits sur l'écriture, des choses précises qui arrivent pour de vrai et qui sont tellement marrantes parfois ?
Quel dommage qu'on ne raconte jamais de bout en bout l'histoire d'un livre, d'où il est diable sorti, où il est arrivé, comment il s'est fait du commencement à la fin.
Il me semble que de tels récits, strictement composés de faits réels, délivrés simplement, répondraient peut-être en partie aux questions posées par les vrais gens, ceux qui lisent les livres, et qui apparemment n'ont pas trouvé réponse dans les nombreux textes théoriques dont ils ont tenté l'abordage.
-
Les femmes et les non-blancs ayant crié assez fort, on leur a finalement consenti le statut d'opprimés. Mais on ne pense pas encore aux enfants, car ils se taisent.
-
Textes courts de Christiane Rochefort, textes arrachés à la vie, aux insomnies, aux désirs... Les animaux sont les amis qui reviennent ici le plus souvent : le chat, compagnon fidèle et silencieux, mais aussi la fourmi, à l'air perdu et héroïque, la palombe, la grive, le rhinocéros, le pigeon, tout un bestiaire familier et fantasque : "Les bêtes, ça n'existe pas. C'est une idée. A nous.".
-
Un magnifique roman écrit par la célèbre Christiane Rochefort.
-
L'auteur et le livre:
Ce sixième volume de la collection « Bibliothèque » rassemble tous les romans de Christiane Rochefort :
Le Repos du guerrier Les Petits Enfants du siècle Les Stances à Sophie Une rose pour Morrison Printemps au parking Archaos Encore heureux qu'on va vers l'été Quand tu vas chez les femmes La Porte du fond (prix Médicis 1988) Auteur mythique dès son premier livre, Le Repos du guerrier (1958), succès de librairie qui deviendra en 1962 un succès du cinéma par l'adaptation qu'en a faite Roger Vadim dans son célèbre film avec Brigitte Bardot, Christiane Rochefort (1917-1998) n'a cessé d'écrire pour la liberté, l'insolence et l'utopie.
Si, dans Le Repos du guerrier, une jeune bourgeoise faisait la découverte du plaisir sexuel entre les mains d'un homme cynique, dans Les Petits Enfants du siècle (1961), c'est l'insolente Josyane qui remet en cause la vie dans les grands ensembles qui ne portaient pas encore le nom de « quartiers ». Dans Les Stances à Sophie (1963), l'héroïne fuit le confort du mariage avec un jeune technocrate ennuyeux. Une rose pour Morrison (1961) nous montre un monde pollué, gouverné par une société policière qui bride une jeunesse qui se révolte.
Révolte : Christiane Rochefort est un des auteurs qui annonce mai 68, période où elle est d'ailleurs renvoyée de son poste de chef de service de presse au festival de Cannes. Ses romans suivants ne se domestiqueront pas pour autant : d'Archaos ou le Jardin étincelant (1972), qu'elle considère comme son grand oeuvre et qui décrit un royaume utopique, à La Porte du fond (1988), qui traite de l'inceste, Christiane Rochefort bouscule les habitudes - en riant : loin d'être une romancière à thèse, elle n'oublie jamais de se moquer et de rire.
Le livre est préfacé par Martine Sagaert, professeur de littérature comparée à l'Université de Bordeaux III, éditeur du Journal d'André Gide dans la Pléiade et spécialiste de l'oeuvre de Christiane Rochefort.
Arguments de vente :
Un auteur historique de la maison Grasset. Plusieurs best-sellers et des romans restés dans la mémoire collective, comme Le Repos du Guerrier.
L'édition comprend la première chrono-biographie sur Christiane Rochefort. -