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Jeanne Favret saada
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Désorceler nous introduit dans l'atelier d'une désorceleuse, Madame Flora, que Jeanne Favret-Saada a longuement fréquentée. Ainsi pouvons-nous saisir sur le vif les procédés verbaux et les actes rituels grâce auxquels la magicienne entraîne peu à peu ses patients à modifier leur manière d'être. Au contraire de ce qu'on imaginerait, elle n'exige d'eux une adhésion claire et inconditionnelle ni à son activité, ni à la sorcellerie. Il suffit qu'ils soient pris dans une spirale de malheurs incompréhensibles et qu'ils ne tiennent pas les sorts pour une hypothèse inenvisageable. Ensuite, tout son travail se déroule sous le signe de la supposition, comme dans les thérapies savantes que nous connaissons déjà. L'increvable stéréotype des cultures urbaines - de supposés magiciens dupant des paysans crédules - fait ainsi place à la description d'un lent processus de guérison. Conçu pour résoudre des crises propres aux familles d'agriculteurs bocains, son bien-fondé séduit pourtant quiconque se trouve l'objet de malheurs répétés.
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Dans le Bocage, être ensorcelé c'est être pris dans la répétition de malheurs qui atteignent gravement les personnes et les biens d'un ménage. N'importe quoi peut se produire dans cette escalade mortelle dont les victimes attribuent l'initiative à un sorcier. Seul un désorceleur a le pouvoir de vaincre l'agresseur, en lui livrant un combat magique. Être pris dans les sorts, dans la mort, dans les mots qui nouent le sort ou qui le détournent, c'est tout un.
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Les sensibilités religieuses blessées
Jeanne Favret-saada
- Fayard
- Histoire De La Pensee
- 6 Septembre 2017
- 9782213671093
Depuis la parution des Versets sataniques de Salman Rushdie en 1988, nous nous sommes habitués aux accusations islamiques de blasphème contre des productions artistiques, ainsi qu'aux redoutables mobilisations qui les accompagnent. Or elles ont été préparées, dans l'Europe et les États-Unis des années 1960 à 1988, par celles de dévots du christianisme (dont parfois leurs Eglises) contre des films dont ils voulaient empêcher la sortie. Ils en ont successivement visé quatre, qui font aujourd'hui partie du répertoire international : Suzanne Simonin, La Religieuse de Diderot (Jacques Rivette, 1966) et Je vous salue, Marie (Jean-Luc Godard, 1985) ; Monty Python : La vie de Brian (1979) ; et La Dernière tentation du Christ (Martin Scorsese, 1988).
En se fondant notamment sur des archives inédites, 'Jeanne Favret-Saada propose une suite de récits qui relatent les ennuis de chacun d'entre eux, et la modification progressive de l'accusation de "blasphème" en une "atteinte aux sensibilités religieuses blessées". Ce sont autant de romans vrais, qui retracent à eux tous un moment unique de l'histoire de la liberté d'expression.
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Une Anthropologie des polémiques à enjeux religieux : le cas des affaires de blasphème
Jeanne Favret-saada
- Societe D'Ethnologie
- 12 Avril 2016
- 9782365190152
Depuis 1989, Jeanne Favret-Saada s'est donné comme objet de recherche les affaires contemporaines de blasphème, comprises dans le cadre plus général des polémiques publiques à enjeux religieux. Elle a programmé l'examen de cas survenus depuis les années 1960 dans des États qui ont inscrit parmi leurs principes fondamentaux la séparation du politique et du religieux. Ils concernent deux ensembles religieux: d'une part, les christianismes, sur lesquels elle prépare actuellement un ouvrage; et d'autre part, les islams, sur lesquels elle a publié un premier livre qui traite de l'affaire danoise des dessins de Mahomet en 2005-2006. Ce travail sur des cas vise leur mise en série comparative et historique.
Or ce phénomène des accusations publiques de blasphème, qui occupe si souvent la une de nos journaux depuis vingt-cinq ans, est demeuré un non-sujet absolu pour l'ethnologie et la sociologie, sans que la moindre justification soit donnée à cette abstention. Jeanne Favret-Saada s'interroge sur cette situation, et développe quelques orientations de son travail en cours. -
Ce livre entrecroise deux histoires.
L'une, locale, minuscule, se focalise sur un village de la Bavière catholique, Oberammergau, où chaque décennie depuis 1634 les habitants jouent un Mystère de la Passion du Christ. Au fil des XIXe et XXe siècles, ce spectacle religieux a drainé des publics énormes de toutes confessions.
L'autre histoire se déploie sur la scène européenne puis euro-américaine et concerne les relations des Églises chrétiennes avec les juifs.
La culture antijuive du christianisme, et plus particulièrement du catholicisme, y apparaît sous ses divers aspects ; théologique, politique, social et esthétique.
En France, les historiens défenseurs de l'Église occupent toute la discipline. En effet, les intellectuels catholiques critiques ont abandonné le terrain depuis les années 70 ; et les athées laïques n'ont eu que désintérêt pour l'histoire religieuse.
Un "enseignement du fait religieux" paraît devoir se mettre en place. On trouvera dans ce livre une quantité importante de données, absente des histoires du christianisme même les plus récentes.
Le Christianisme et ses juifs construit une histoire des rapports entres les Églises et les juifs depuis deux siècles. Ce livre va déranger au moment où les Églises et leurs défenseurs réclament la reconnaissance, dans la constitution européenne, des fondements chrétiens de l'Europe : le livre nous montre en effet que les Églises n'ont pas été que des vecteurs de civilisations et d'humanisme.
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Jeux d'ombres sur la scène de l'ONU ; droits humains et laïcité
Jeanne Favret-saada
- Editions De L'Olivier
- Penser/rever
- 4 Mars 2010
- 9782879297156
Une anthropologue enquête sur un épisode jusqu'ici ignoré de l'histoire de l'ONU, un virage qui s'effectue de 1998 à 2001 : une majorité d'États refusant désormais de reconnaître l'universalité des Droits de l'homme, l'organisation internationale se rabat sur leur justification implicite par les religions. L'« Alliance des civilisations » qui est proposée à l'époque pour enrayer ce qu'on a appelé le « clash des civilisations » se transforme en une « paix des religions ». On assiste ainsi à une déraison du langage où « civilisation » signifie d'emblée « religion », où « religion » connote « suprêmement honorable » et où « critique de la religion » s'appelle « racisme », « intolérance », « haine » ou « islamophobie » : la langue ressuscitée du 1984 d'Orwell creuse l'ornière d'une prétendue « tolérance » nouvelle.
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Algérie 1962-1964 : essais d'anthologie politique
Jeanne Favret-saada
- Bouchene
- 1 Mars 2005
- 9782912946836
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Comment produire une crise mondiale avec douze petits dessins
Jeanne Favret-saada
- Prairies Ordinaires
- 20 Février 2007
- 9782350960456
comment produire une crise mondiale...
est le fruit d'une enquête sur l'affaire dite des " caricatures de mahomet ", que l'auteur a menée, entre autres, dans son lieu d'origine, le danemark, où elle a rencontré plusieurs protagonistes du conflit. la responsabilité de l'affaire a parfois été imputée au " racisme " du jyllands-posten et du gouvernement danois : jeanne favret-saada examine le passé du danemark, depuis l'arrivée des premiers travailleurs immigrés en 1969 jusqu'au vote d'une loi sur les étrangers en 2002.
parmi les réfugiés, une poignée d'imams islamistes, qui entendent rassembler les immigrés venus de pays musulmans en une " communauté " vivant en vase clos sous leur direction. ces imams, en conflit avec les médias et le pouvoir danois bien avant 2005, demandaient déjà la restriction de la liberté de la presse. au mois d'août 2005, la rédaction du jyllands-posten découvre de nombreux cas d'autocensure par peur de l'islamisme chez des artistes.
le journal monte alors une expérience in vivo: proposer à des illustrateurs de presse de dessiner mahomet " comme ils le voient ". le 30 septembre 2005, le journal publie douze dessins représentant le prophète entourés de plusieurs articles dans un dossier : " les visages de mahomet ". les textes évoquent l'autocensure des artistes en l'imputant clairement aux imams islamistes et non à l'islam. les douze dessins ne comportent que quatre caricatures, dont l'une deviendra l'emblème de l'affaire : elle montre la tête de mahomet coiffée d'un turban contenant une bombe à la mèche allumée.
le caricaturiste vise les justifications coraniques des jihadistes, mais il ne tardera pas à être accusé d'avoir atteint le prophète, l'islam et un milliard de fidèles musulmans.
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Comment produire une crise mondiale ; avec douze petits dessins
Jeanne Favret-saada
- Fayard
- 11 Mars 2015
- 9782213686806
Le 30 septembre 2005, le journal danois Jyllands-Posten publie une enquête sur l'autocensure des artistes danois qui comporte des articles et des dessins représentant le Prophète de l'islam. L'un d'eux deviendra l'emblème de l'affaire : il montre la tête de Mahomet coiffée d'un turban contenant une bombe à la mèche allumée. Le caricaturiste vise les justifications coraniques des terroristes, mais il va être accusé d'avoir insulté le Prophète, l'islam, et un milliard trois cents millions de musulmans.L'auteur a enquêté au Danemark en 2006 et reconstitué les faits avec minutie, depuis les hésitations de la politique danoise d'intégration des immigrés jusqu'à la coalition de quelques imams radicaux, qui s'emparent de la publication des dessins pour internationaliser une crise locale en s'alliant à de hauts responsables égyptiens et moyen-orientaux.Dans cette nouvelle édition, l'auteur inscrit l'affaire des « caricatures de Mahomet » dans une séquence historique ouverte depuis un quart de siècle par la condamnation à mort du romancier britannique Salman Rushdie en 1989 et poursuivie en 2015 par l'assassinat des collaborateurs du journal satirique français Charlie Hebdo, démontrant comment les conflits sur le droit à la satire et, au-delà, sur le droit à la liberté d'expression, ont aujourd'hui changé d'échelle et de méthode.Jeanne Favret-Saada est anthropologue, directrice d'études honoraire à l'École Pratique des Hautes Études, section des sciences religieuses. Elle a notamment publié Les Mots, la mort, les sorts (Gallimard, 1977).
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Les mots, la mort, les sorts ; la sorcellerie dans le bocage
Jeanne Favret-saada
- Gallimard
- Bibliotheque Des Sciences Humaines
- 25 Octobre 1977
- 9782070297535
Dans le Bocage, être ensorcelé c'est être pris dans la répétition de malheurs qui atteignent gravement les personnes et les biens d'un ménage. N'importe quoi peut se produire dans cette escalade mortelle dont les victimes attribuent l'initiative à un sorcier. Seul un désorceleur a le pouvoir de vaincre l'agresseur, en lui livrant un combat magique.
Être pris dans les sorts, dans la mort, dans les mots qui nouent le sort ou qui le détournent, c'est tout un.
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Le retour de l'accusation de blasphème est une révolution dans notre vie publique
Jeanne Favret-saada, Arnaud Esquerre
- Aoc
- 1 Décembre 2020
- 9782956720140
À quelques mois d'intervalle, entre 1988 et 1989, et à la faveur d'un film de Martin Scorsese, La Dernière tentation du Christ, et d'un roman de Salman Rushdie, Les Versets sataniques, l'accusation de blasphème a soudainement refait actualité dans nos paisibles démocraties pluralistes. Ce fut un tournant pour l'anthropologue Jeanne Favret-Saada, qui n'a eu de cesse, depuis, d'enquêter sur ce retour de bâton religieux, y compris les caricatures de Mahomet.
Un an avant l'assassinat du professeur Samuel Paty, AOC avait choisi d'accueillir un entretien important entre Jeanne Favret-Saada et Arnaud Esquerre, un texte refusé par la revue Terrain qui l'avait initialement commandé pour un dossier intitulé... « Faire taire». En revenant sur les enquêtes qu'elle mène depuis trente ans sur ces sujets, Jeanne Favret-Saada nous permet de mieux saisir comment le mot blasphème a fait son grand retour à la « une » des journaux.
Jeanne Favret-Saada est anthropologue, elle a travaillé successivement sur les systèmes politiques tribaux en Algérie, la sorcellerie dans le bocage de l'Ouest français, l'antisémitisme et l'antijudaisme catholiques et les accusations de blasphème dans l'Europe contemporaine.
Arnaud Esquerre est sociologue, il a notamment travaillé sur les sectes, les cimetières, l'astrologie, la censure. Il est le co-auteur avec Luc Boltanski d'Enrichissement (Gallimard).
AOC est un quotidien d'idées numérique fondé en janvier 2018 par Sylvain Bourmeau, Raphaël Bourgois et Cécile Moscovitz. Du lundi au vendredi, il publie chaque jour une Analyse, une Opinion et une Critique, le samedi un entretien et le dimanche un texte littéraire.
En presque trois ans, AOC a publié 2 500 articles de plus de 1 300 auteurs différents (chercheuses et chercheurs, écrivain.e.s, artistes, journalistes...). Plus de 80 000 lecteurs reçoivent chaque jour par email le sommaire, parmi lesquels 7 000 sont abonnés.
Dès avant son lancement, le quotidien d'idées AOC a imaginé publier dans un ouvrage de belle facture certains de ses articles de référence, renouant ainsi, à l'ère numérique, avec les brochures du XVIIIe siècle.
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Corps pour corps ; enquête sur la sorcellerie dans le Bocage
Jeanne Favret-saada, Josée Contreras
- Gallimard
- Temoins
- 24 Avril 1981
- 9782070243334
En 1969, Jeanne Favret-Saada s'installe dans le Bocage pour y étudier la sorcellerie. Personne ne veut lui en parler. Tenir un journal paraît alors le seul moyen de circonscrire un «objet» qui se dérobe : relater les conversations, incidents, coutumes qui pourraient avoir un lien quelconque avec la sorcellerie, noter systématiquement comment les gens refusent d'en parler. Dans la formulation même de ces refus se révèle peu à peu une conception du monde centrée sur l'idée de «force».
Un jour, tout bascule : parce qu'ils lui attribuent cette «force», des paysans demandent à Jeanne Favret-Saada de les désenvoûter. Un autre ensorcelé, qui devine sa peur, lui annonce qu'elle est «prise» et l'adresse à sa désorcelleuse. Dès lors, continuer à écrire permet à l'ethnographe de manier des situations incompréhensibles et dangereuses, de supporter l'enjeu mortel de toute crise de sorcellerie : «Corps pour corps, c'est lui qui y passe, ou c'est moi.»
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On y croit toujours plus qu'on ne croit
Arnaud Esquerre, Jeanne Favret-saada
- Editions De La Sorbonne
- Tires A Part
- 15 Octobre 2020
- 9791035105488
Tirés à part n. m. - Extrait d'une revue ou d'un ouvrage relié à part en un petit livret. Destiné habituellement à faire connaître un article récemment publié, la collection détourne l'usage et la fonction du tiré à part pour inviter à la (re)découverte d'un texte.
En lieu et place du traditionnel mot d'accompagnement de l'auteur, Arnaud Esquerre partage ici, dans une courte présentation, son expérience de lecture de : "On y croit toujours plus qu'on ne croit. Sur le manuel vaudou d'un président" de Jeanne Favret-Saada.
Croisant sorcellerie, droit et politique, un procès fait en 2008 par Nicolas Sarkozy, alors Président de la République, à une maison d'édition ayant édité une poupée vaudou à son effigie, attire l'attention de l'anthropologue Jeanne Favret-Saada. Elle livre quelques mois plus tard une analyse magistrale de cette affaire dans un article présenté par le sociologue Arnaud Esquerre.
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Le Moi et l'Autre
Jeanne Favret-saada, François Roustang, Jacques Hochmann, Josée Contreras, Octave Mannoni, Collectifs
- Denoel
- 4 Mars 1985
- 9782207231210
L'axe de la plupart des travaux, c'est une interrogation concernant le rapport (érotique) où l'individu se fixe à une image qui l'aliène à lui-même d'où prend origine l'organisation passionnelle qu'il appelera son «moi». C'est dans une tension conflictuelle que naissent, dans une concurrence agressive, les notions «d'autrui», du «moi» et de «l'objet». On verra ensuite que l'imaginaire ne se confond pas avec le spéculaire : quelle place accorder, dans la dynamique d'une cure, aux ressources de la fantaisie et de l'humour ? Dans ce recueil sont abordées, par ailleurs, des questions se rapportant à la croyance, au phénomène religieux, à la magie, au rituel superstitieux.