Littérature
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«Si l'on veut bien regarder la terre, il faut se tenir à la bonne distance.» En 1767, à la suite d'une dispute avec ses parents au sujet d'un plat d'escargots qu'il refuse de manger, le jeune Cosimo Piovasco di Rondò grimpe au chêne du jardin familial et n'en redescendra plus. Sautant de branche en branche et d'arbre en arbre, il s'élance à la découverte du monde : il étudie la philosophie, se passionne pour la politique, rencontre des bandits, connaît les joies et les peines d'amour. Et cela sans jamais reposer un pied sur terre, ni revenir sur sa résolution. Sous les apparences d'un conte philosophique, Italo Calvino rend hommage au siècle des Lumières dans un texte débordant d'humour, d'imagination et d'originalité. Le baron perché est le plus connu des trois volets qui composent le cycle Nos ancêtres - comprenant aussi Le vicomte pourfendu et Le chevalier inexistant.
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Alors qu'il se bat contre les Turcs, le vicomte Medardo di Terralba est fendu en deux par un boulet de canon. Seule la moitié droite est retrouvée, soignée et remise sur pied. De retour au château de Terralba, elle se montre vile et cruelle, terrorisant tous les habitants. Quelque temps après, la seconde moitié du vicomte, la gauche, revient sur ses terres, et se révèle aussi bonne et vertueuse que l'autre est méchante. Le curieux face-à-face entre ces deux moitiés du même homme provoque une série de péripéties rocambolesques. Avec un humour inépuisable, Italo Calvino explore la condition de l'homme contemporain et l'état d'incomplétude qui le caractérise. Le vicomte pourfendu est le premier des trois volets qui composent le cycle Nos ancêtres - comprenant aussi Le baron perché et Le chevalier inexistant.
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Récits, contes, nouvelles, fables : Italo Calvino, narrateur hors pair, a rédigé entre 1943 et 1985 des centaines d'histoires qui ont convergé dans des recueils que l'écrivain, sa vie durant, s'est employé à recomposer pour en modifier le sens, exerçant à ce jeu combinatoire une inventivité savante et gracieuse.
La présente édition propose un large choix de ces textes, réunis selon une progression chronologique qui met en évidence leurs liens thématiques autant que formels - des vignettes comiques à l'accent absurde de la prime jeunesse de l'auteur aux contemplations méditatives de ses dernières années, en passant par ses efforts pour dire l'expérience de la guerre, se faire l'observateur d'un contexte politique et culturel, cerner le silence au coeur des rapports humains.
Si l'édition prend pour point de départ l'ultime mouture des recueils établis par Calvino, elle restitue également la constellation de récits épars qui les entourent et dont la plupart sont restés inédits en français : pépites écrites en amont ou en aval. recueillies en volume à titre posthume uniquement.
Les qualités - légèreté, rapidité, exactitude, visibilité, multiplicité et cohérence - qui constituent les titres des fameuses Leçons américaines (1988) éclatent partout dans les récits ainsi rassemblés, témoignages de la confiance de l'écrivain, tenace, sans cesse renouvelée, en son art comme un moyen de connaissance : « Tu ne crois plus en la littérature ? Eh bien moi c'est la chose en laquelle je crois encore le plus. » (Lettre du 15 juin 1967.)
S'appuyant sur les multiples publications qu'a suscitées le centenaire de l'auteur en 2023, les présentations de Martin Rueff qui accompagnent le lecteur de ce « Quarto » offrent une vision innovante et saisissante d'une vie et d'une oeuvre exceptionnelles. -
«Les villes comme les rêves sont construites de désirs et de peurs, même si le fil de leur discours est secret, leurs règles absurdes, leurs perspectives trompeuses, et que chaque chose en cache une autre. - Moi, je n'ai ni désirs, ni peurs, déclara le Khan, et mes rêves sont composés soit par mon esprit soit par le hasard. - Les villes aussi se croient l'oeuvre de l'esprit ou du hasard, mais ni l'un ni l'autre ne suffisent pour faire tenir debout leurs murs.» À travers un dialogue imaginaire entre Marco Polo et l'empereur Kublai Khan, Italo Calvino nous offre un «dernier poème d'amour aux villes» et une subtile réflexion sur le langage, l'utopie et notre monde moderne.
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"Ce qui frappe dans ce roman c'est que la recherche formelle d'un roman sur les romans, qui est l'aventure d'un lecteur, se marie avec le plus grand naturel à une véritable histoire d'amour et de destin. Le traducteur est donc sommé de rester sur la crête : respecter les exigences intellectuelles du créateur, mais satisfaire aussi sa soif de récit. De la même manière, le traducteur ne doit pas essayer de gommer la tonalité singulière d'un texte qui marie le naturel et l'étrange, l'intellectuel et le sensible : le mécanique et le vivant.
Mieux - le maximum de sobriété doit faire éclater la plus grande étrangeté et parfois le plus grand comique."
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En 1767, à la suite d'une dispute avec ses parents, le jeune Cosimo Piovasco di Rondò grimpe au chêne du jardin familial et n'en redescendra plus. Sautant de branche en branche et d'arbre en arbre, il s'élance à la découverte du monde : il étudie la philosophie, rencontre des bandits, connaît les joies et les peines de l'amour. Et cela sans jamais reposer un pied sur terre ni revenir sur sa résolution. Le baron perché est un conte philosophique débordant d'humour, d'imagination et d'originalité.
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Sous les remparts de Paris, Charlemagne passe en revue les troupes de l'armée de France. S'approchant du chevalier Agilulf Edme Bertrandinet des Guildivernes, il découvre avec surprise que sous l'armure blanche, il n'y a personne. Le chevalier est dépourvu de corps, certes, mais pas de volonté. Tout l'inverse de son écuyer Gourdoulou, dont le corps est bien réel, mais l'esprit complètement dénué de conscience. Entre ces deux pôles opposés, d'autres personnages se cherchent et s'enfuient : Raimbault, jeune intrépide ; Bradamante, fière amazone ; Torrismond, douteur inquiet. Tous sont en proie au même questionnement et au même conflit : que signifie être ? Le chevalier inexistant clôt le cycle Nos ancêtres - qui comprend aussi Le baron perché et Le vicomte pourfendu - bien que, selon l'auteur, il puisse servir tant d'introduction que d'épilogue.
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Marcovaldo est manoeuvre. Il vit, avec sa femme et ses six enfants, dans une grande ville d'Italie du Nord. Un citadin parmi d'autres. Mais lui est différent. La publicité, le néon, la circulation, il ne les voit pas. Par contre, la moindre manifestation de la nature accroche son regard. Mais a-t-il certains sens atrophiés, ou la nature s'est-elle changée en venant en ville ? Marcovaldo n'arrive pas à retrouver cette nature, si saine, si pure dont il garde le souvenir. Elle est retorse cette nature, surtout en ville ! Marcovaldo l'apprend en vivant une suite d'aventures inattendues et souvent drôles évoquant un Charlot père de famille, en butte aux complexités de notre vie post-industrielle.
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Qu'est-ce qu'une vie bonne ?
Judith Butler
- Rivages
- Rivages Poche ; Petite Bibliotheque
- 27 Mai 2020
- 9782743649975
En 2012, au moment de recevoir le Prix Adorno, Judith Butler se demande s'il est possible de vivre une bonne vie dans une mauvaise vie. Que peut donc signifier mener une vie bonne, une vie vraie quand la plupart sont exposés dans leur chair à la vulnérabilité d'une mauvaise vie ? Comment penser la résistance de la vraie vie à la fausse ? Cette ancienne question de la philosophie morale prend un sens neuf si on la pose dans les conditions concrètes de nos existences.
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Le vicomte pourfendu / il visconte dimezzato
Italo Calvino
- Folio
- Folio Bilingue
- 19 Mai 2022
- 9782072961762
Alors qu'il se bat contre les Turcs, le vicomte Medardo di Terralba est fendu en deux par un boulet de canon. Seule la moitié droite est retrouvée. De retour dans son château après avoir été soigné, le vicomte, dépourvu de sa partie gauche, devient vil et cruel, terrorisant tous ceux qu'il croise sur son passage.
À travers ce conte philosophique aux péripéties rocambolesques, Italo Calvino explore la condition de l'homme contemporain avec un humour inépuisable.
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Dans Liguries, on découvre un Calvino arpenteur minutieux des paysages, homme de l'espace et non du temps, animé par une pulsion de voir et de décrire qui fut aussi forte que celle de raconter. Liguries est constitué de cinq proses et d'un ensemble de poèmes (les « Eaux fortes de Ligurie », rédigés pendant la période de la Résistance). Les proses s'étalent de 1945 à 1975 : « Ligurie maigre et osseuse », géographie humaine de la Ligurie comparée à une échelle ; « Sanremo, ville de l'or », qui se penche sur le destin de cette ville vouée à l'argent dans une région de pauvres gens ; « Ligurie », vaste et forte présentation des caractéristiques physiques d'où ressort une impression d'inquiétude et de fragilité de la vie ; « Savona :
Histoire et nature », qui suit le plan de la ville dans l'espace et dans le temps ; et « La mer forme le troisième côté » (sur Gênes) ». A travers les textes qui le composent, Liguries est bien un guide de la Ligurie : de son littoral, de son arrière-pays et de deux de ses principales villes, Gênes et Savone. On y suit cette fine languette de terre qui forme comme un accent circonflexe ou un sourcil sur l'oeil de la mer entre la France et l'Italie. On y découvre l'histoire de cette terre de batailles, on y comprend l'économie et la société ligures. -
Nino, un jeune mécanicien quitte sa Ligurie natale pour devenir ouvrier à Turin dans l'après-guerre. Là, il découvre la politique et les luttes : les convictions et les doutes. Il tombe amoureux de Giovanna, une jeune fille de la bonne bourgeoisie qui le fait tourner en bourrique. Comme Hercule à la croisée des chemins, il hésite sur la voie à suivre. Il fait part de ses doutes dans des lettres à Nanin, resté au pays, homme de la nature et de la fatalité. La lutte politique et les intermittences de l'amour déterminent le rythme fatal du récit comme les aventures de la liberté. Histoire d'une éducation à la fois politique et sentimentale, Les jeunes du Pô est un roman d'Italo Calvino que très peu de lecteurs connaissent. Il n'a jamais été publié à lui seul en volume, ni en Italie ni ailleurs. Entre 1948 et 1951, Calvino, écrivain engagé et membre du Parti communiste, cultive l'ambition d'écrire un roman sur la classe ouvrière et la civilisation industrielle. Après avoir abandonné en cours de route plusieurs ébauches de narration, il achève la rédaction de ce court roman, dont il n'est pas satisfait. Au moment où il renonce à le publier, il écrit d'un seul jet Le Vicomte pourfendu, qui inaugure un nouveau genre entre la fable et le récit fantastico-philosophique. Six ans plus tard, en 1957, Pier Paolo Pasolini propose à Calvino de faire paraître Les jeunes du Pô, jusque-là resté inédit, dans sa revue Officina. Calvino accepte, mais il tient à préciser dans une « Note » qu'il considère ce roman comme un échec. Malgré le jugement sévère de son auteur, Les jeunes du Pô mérite d'être enfin connu des lectrices et des lecteurs de Calvino, qui y retrouveront beaucoup de ses thèmes majeurs : le travail, l'amour, la ville, la nature, la politique et la recherche d'une vie harmonieuse. C'est le roman des possibles et des refus ; des espérances et des déceptions : des illusions perdues. C'est le roman du fleuve aussi. Le Pô de Calvino, c'est la colline de Pavese...
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La puissance de la pensée : essais et conférences
Giorgio Agamben
- Rivages
- Rivages Poche ; Petite Bibliothèque
- 3 Novembre 2021
- 9782743654689
Dans La Puissance de la pensée, Giorgio Agamben a rassemblé une vingtaine d'essais écrits entre 1975 et 2004. Conformément à sa méthode faite de géométrie et de finesse, il propose une série de lectures qui sont autant de confrontations avec les grandes figures de la Tradition : de Platon à Derrida. Regroupés en trois sections, Langage, Histoire, Puissance, ces textes sont des variations autour du concept qui occupe le centre de la réflexion d'Agamben : la puissance. Nouvelle édition.
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On voit le jour, on traverse le jardin de l'enfance, puis le moment vient de naître au monde et à soi-même. Une voie parfois étroite, brutale, où la solitude choisie devient ennemie, où les mots fouettent ou étouffent. Pour le narrateur, trois d'entre eux suffiront pourtant à tout libérer : « Je te connais ».
Sang lié n'est pas un roman. Ce n'est pas une histoire. C'est l'expérience de la mue, si intime et si universelle. C'est la conquête de la liberté sans solitude, dans une langue poétiquement, intensément vivante.
Premier roman de David Bosc, Sang lié a été publié en 2005 aux Éditions Allia. Il est accompagné dans cette nouvelle édition d'une préface de Martin Rueff, poète, traducteur et professeur à l'université de Genève. -
Le bien dans les choses
Emanuele Coccia
- Rivages
- Rivages Poche ; Petite Bibliotheque
- 3 Avril 2019
- 9782743647230
Regardez les murs de la ville : ils regorgent d'écrits et d'images qui nous disent comment mieux vivre, comment être nous-mêmes, comment devenir moraux. Pour qui sait la regarder, la publicité est porteuse de la morale publique. Si c'est le cas, il faut revenir avec plus de soin sur ce qui relie espace public et publicité. Le premier a mobilisé l'attention des philosophes et des sociologues; la seconde a attiré la foudre des moralistes. Et pourtant, la publicité exprime la valeur morale à venir. Pour le reconnaître, il faut opérer une véritable conversion du regard : la morale n'est pas refermée dans le rapport que nous entretenons avec les hommes et les femmes qui nous entourent ; elle est aussi, et pour une grande part, dans le rapport que nous avons avec les choses.
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Le feu et le récit
Giorgio Agamben
- Rivages
- Rivages Poche ; Petite Bibliothèque
- 25 Avril 2018
- 9782743643522
Qu'est-ce qui est en jeu dans la littérature ? Quel est ce « feu » que le « récit » a perdu et qu'il essaie, à tout prix, de retrouver ? Et qu'est-ce que la pierre philosophale que les écrivains, avec le même acharnement que les alchimistes, s'efforcent de produire au four de leurs paroles ? Et qu'est-ce qui, enfin, dans tout acte de création, résiste obstinément à la création et confère ainsi à l'oeuvre sa force et sa grâce ? Et pourquoi la parabole est-elle le modèle secret de tout récit ? Giorgio Agamben réunit ici en dix essais les motifs les plus urgents et les plus actuels de sa recherche. Et comme toujours dans ses écrits, l'interrogation sans relâche sur le « mystère » de la littérature, mystère poursuivi ici jusque dans ses aspects les plus matériels (la transformation de la lecture dans le passage du livre à l'écran) s'entrelace avec une méditation sur l'autre mystère de la modernité - éthique et politique, cette fois.
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«E finalmente arrivò il settembre» Et enfin septembre arriva est une nouvelle inachevée d'Antonio Tabucchi, écrite en 2011. Elle aurait sans doute été perfectionnée et surtout complétée si le destin ne s'y était pas opposé.
Il s'agit d'un condensé des thèmes que l'auteur affectionnait, texte sur l'engagement politique, l'absurdité de la guerre, sur la connaissance, la langue et aussi sur le Portugal. Il est aussi riche d'une émotion et d'une tension urgentes.
« L'épisode qui inspira Antonio Tabucchi lui a été raconté par une amie, Helena Abreu, qui l'avait vécu personnellement alors qu'elle fréquentait la faculté de Lettres de Lisbonne et qu'elle participait aux « excursions dialectales », organisées à la fin des années 60 par le grand professeur de linguistique portugaise Luís-Filipe Lindley Cintra, le professeur de cette nouvelle. Les faits dont il est question ont eu lieu à Trás-os-Montes, dans un village près de Chaves.
À cette occasion, alors que le groupe dirigé par le professeur interviewait près de la sacristie une vieille femme (il semblerait que le professeur était embêté, car on leur avait présenté des vieilles édentées, ce qui pouvait interférer dans la prononciation véritable des termes choisis pour le test de linguistique), on commence à entendre des cris terribles dans le village - des cris de femmes désespérées, aigus, presque inhumains, un coeur de tragédie grecque, des cris qui marquaient comme du fer chauffé à blanc. Rapidement on sut que la cause était l'arrivée d'un télégramme annonçant le décès sur le terrain de guerre en en Afrique d'un jeune du village. Parmi les membres du groupe de Lisbonne certains restèrent comme pétrifiés, d'autres effondrés en larmes. Cela avait été une des expériences les plus fortes de leur vie. La vieille était la grand-mère du jeune homme mort et, malgré la nouvelle, elle continua d'ânnoner des mots au magnétophone. »
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Depuis la fête qui entretient une relation contemporaine avec la boulimie, jusqu'à la nudité ; depuis le problème du corps glorieux des béats, qui ont un estomac et des organes sexuels mais qui ne mangent pas et ne font pas l'amour, jusqu'à la figure nouvelle d'une identité impersonnelle imposée à l'humanité par les dispositifs de la biométrie ; le point de fuite vers lequel convergent tous ces thèmes est le désoeuvrement. Il ne faut pas entendre ce terme comme oisiveté ou inertie, mais comme le paradigme de l'action humaine et celui d'une nouvelle politique. C'est la pratique même de ce désoeuvrement qui définit le no man's land où se meut une écriture qui est tout à la fois, pensée et littérature, divagation et fiche philologique, traité de métaphysique et note sur les moeurs.
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« Le poème migre / Il s'appelle / Chant sans Terre / il est serpent et dragon / tout à la fois sol des Migrants et Mer / Sans racine de terre, / Ulysse de justesse ? » Laure Gauthier poursuit ici son travail poétique sur l'énonciation et la polyphonie. Ainsi les dialogues de la première suite chorale intitulée Le terme des lamentations sont de véritables chants tenus par des protagonistes où se découvrent à la fois l'évocation de personnages classiques de la culture prémoderne (Abélard, Héloïse...) et la projection d'une sensibilité à fleur de voix. La deuxième suite poétique intitulée Le serpent b nous entraîne sur les hautes terres de l'Asie afin d'évoquer la légende chinoise des deux serpents vivant dans la montagne, et qui, après mille ans d'existence et de méditation, se transforment en femmes. Ces deux suites ne sont pas étrangères l'une à l'autre, elles inscrivent un même terrain de l'expérience du monde et de la relation à l'autre, plus singulièrement, de la relation amoureuse au sens le plus large et profond qui soit.
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La jonction rassemble deux textes très différents par leur registre et leurs objets. Le livre conjoint le traitement du corps et du symbole, du mythe et du contemporain, il frappe surtout par la manière dont une érudition actualisée se donne de façon frontale, par une écriture directe et un renouvellement des enjeux.
La jonction unit deux textes sur lesquels Martin Rueff a longuement travaillé depuis 2008 : « L'Amer fait peau neuve » et « L'Enrouement d'Actéon ». Ce ne sont pas de parties thématiques, mais de « petits univers complets ». « L'Amer fait peau neuve » est une rêverie concertée sur le bleu et les bleus - le bleu du manteau de Marie qui a été utilisé pour le drapeau européen (l'affaire est insensée) ; le bleu de la mer méditerranéenne où s'achève un destin de l'Europe. Mais le poème dérive vers une autre forme de bleus - les hématomes, où la formation des bleus devient une allégorie de la formation (naturelle) des poèmes. « L'Enrouement d'Actéon » est une reprise du mythe d'Actéon, mais aussi une réinvention de la tradition de ses interprétations. Chaque figure du mythe a droit à son poème. C'est aussi un poème contre le devenir animal d'une certaine poétique contemporaine. « La voix animale est une possibilité du langage poétique, une fiction sensible qui est aussi une rêverie des limites. [...] Le poème est aussi un geste critique. »
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Les poèmes de Giorgio Bassani (1916-2000) n'offrent pas seulement l'accompagnement de ses romans.
Ils en offrent la vérité, ou, commeaimait à le dire Bassani lui-même : toute la vérité.
À la fin de sa vie, dans son appartement romain de (à) via G. B. de Rossi, il n'était pas rare de voir l'auteur du Jardin des Finzi-Contini aller chercher un de ses poèmes pour le lire à voix haute et honorer ses invités. Il connaissait par coeur de nombreux chants de la Divine Comédie.
À ses yeux, il était avant tout un poète : un poète lyrique.
Et c'est pourquoi, de même qu'il avait tenu en 1980 à offrir la version définitive du Roman de Ferrare en rassemblant dans une oeuvre unique ses grands livres de prose (Dans les murs ; Les Lunettes d'or ; Le Jardin des Finzi-Contini ; Derrière la porte ; Le Héron ; L'Odeur du foin), il reprenait deux ans plus tard en un seul volume l'ensemble d'une production poétique dont la composition avait comme enchâssé le Roman de Ferrare : sous le titre d'In rima e senza (Avec et sans rimes), il réunissait Storie dei poveri amanti (1945), Te lucis ante (1947), Un'altra libertà (1951), Epitaffio (1974) et In gransegreto (1978).
Revue et augmentée, cette nouvelle édition d'un large choix de l'oeuvre poétique de Giorgio Bassani accueille aussi des essais de traductions - jusqu'ici inédits - de poèmes de Ronsard, Baudelaire, Rimbaud,Mallarmé, Apollinaire et Char.
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À chacun son ciel : anthologie poétique (1984-2019)
Fabio Morabito
- Le Seuil
- La Librairie Du Xxie Siècle
- 10 Novembre 2021
- 9782021423778
La poésie n'est pas synonyme de lenteur. C'est un raccourci linguistique par excellence. Les poèmes sont généralement courts ; ils constituent un accélérateur de particules qui permet de sauter beaucoup de choses et d'aller droit à l'essentiel. Le poète est un champion de la vitesse.
La poésie a le prestige de toute activité secrète, inutile et incompréhensible. Si elle n'était pas aussi incompréhensible, elle n'aurait pas ce prestige. Et nous, poètes, ne voyagerions pas comme nous le faisons.
Il y a une veine spéculative dans ma poésie, qui en accompagne une autre, plus vécue, souvent autobiographique. J'aspire à une poésie qui, sans perdre ses racines dans le quotidien, ne se limite pas à l'anecdote. À partir d'une expérience particulière, la poésie parvient à illuminer une zone profonde de l'esprit.
Être poète ne m'intéresse pas le moins du monde. Ce qui m'importe, c'est écrire un livre de poèmes. On n'est poète que lorsqu'on écrit de la poésie. Ensuite on cesse de l'être. Être poète n'est jamais une profession.
Fabio Morábito
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Nos ancêtres (le chevalier inexistant, le viconte pourfendu, le baron perché)
Italo Calvino
- Gallimard
- Du Monde Entier
- 26 Avril 2018
- 9782072788666
Coffret de trois volumes vendus ensemble
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Oeuvres Poétiques Tome 1 Yves Boudier : Poésie
Yves Boudier
- La Rumeur Libre
- 15 Juin 2025
- 9782355773952
Le Tome 1 des Oeuvres Poétiques de Yves Boudier contient la réédition intégrale des ouvrages suivants :- Là, publié chez Farrago en 2003, est une mise en poèmes d'une disparition des plus vives - « La mort d'une mère est le premier chagrin que l'on pleure sans elle » (Augustin) ;- fins, publié chez Comp'Act en 2005, une année, qui connut les commémorations de la Shoah, du génocide rwandais et d'actes meurtriers liés aux guerres du xxe siècle. Suivre le chemin qui mène de la douleur intime à celle qui nous échoit malgré nous en partage, tel fut leur dessein- Vanités Carré misère, « Propos d'avant » de Michel Deguy, publié à L'Act Mem, en 2009, se concentre sur la présence de la mort dans notre quotidien, celle qui hante les rues de nos villes, celle des sans-abri et des migrants qui meurent sous nos yeux, vanités contemporaines, memento mori de l'horreur sociale. - Consolatio, Postface La mort au Carré de Martin Rueff, publié chez Argol, en 2012, clôt cette traversée avec un souci d'apaisement, qui ne contredit cependant pas l'inéluctable, la nuit à venir.