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Sciences humaines & sociales
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Au bout de la langue est le premier essai philosophique de Martin Rueff aux éditions Nous. L'auteur expose dans ce livre une approche très personnelle de la langue, entendue dans tous les sens du mot, à la fois comme organe et comme capacité d'expression. En jouant avec la polysémie du terme, qui permet une appréhension à la fois physique, symbolique et philosophique de la langue, Martin Rueff propose un essai passionnant, à la fois érudit - riche d'exemples très variés provenant de traditions, d'époques et de langues différentes - et très facile d'accès, se démarquant par une grande clarté d'exposition et une adresse directe aux lecteurs. La transversalité de l'approche (phonologie, linguistique, philosophie, mythologie, poésie, physique) est portée et unifiée par une écriture prenante et un ton très libre, non dénué d'une forme de légèreté, voire d'humour.
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Foudroyante pitié ; Aristote avec Rousseau, Bassani avec Céline et Ungaretti
Martin Rueff
- Mimesis
- L'esprit Des Signes
- 27 Novembre 2018
- 9788869761713
L'évidence foudroyante de la pitié constitue l'objet de cet essai. De qui at- on pitié ? Quand ? Comment ? A quelle distance faut-il être de quelqu'un pour éprouver ce sentiment ? Doit-on connaître la peine qui l'afflige pour en être frappé ? La pitié a-t-elle quelque chose à voir avec l'expression de la souffrance ou avec son empêchement ? Et si oui, peut-on avoir pitié des animaux ? Ces questions quotidiennes, qui nous concernent tous, semblent avoir été écartées par la réflexion contemporaine qui préfère à la pitié toutes sortes de doubles dont elle tient à la distinguer : l'empathie (plus naturelle), la sympathie (plus universelle), le care (plus socio-politique). Et pourtant, la pitié résiste avec la force d'une évidence vécue.
Cette évidence foudroyante de la pitié constitue l'objet de cet essai. Pour l'aborder l'auteur a suivi des maîtres anciens : Aristote, Rousseau croisent ainsi Céline et Ungaretti. On se demande en passant si une histoire littéraire et philosophique de la pitié est possible.
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à coups redoublés ; anthropologie des passions et doctrine de l'expression chez Jean-Jacques Rousseau
Martin Rueff
- Mimesis
- L'esprit Des Signes
- 27 Novembre 2018
- 9788869761706
Selon Rousseau le langage n'est pas né pour dire le monde, mais pour dire l'amour. Au 18ème siècle, cette thèse originale déplace les lignes car elle met l'expression des affects au coeur de la communication : ce n'est pas pour assurer la référence que nous parlons mais pour instituer le monde de nos passions. C'est à suivre ce fil rouge qu'est consacrée cette étude. Il ne s'agit pas seulement de montrer qu'un tel fil permet de lire ensemble l'Essai sur l'origine des langues et le reste de l'oeuvre, ou qu'il traverse et unit les écrits du philosophe et ceux de l'écrivain. Il y a plus et plus important - là où Rousseau noue anthropologie des passions et doctrine de l'expression, un mystère quotidien nous attend. C'est celui par lequel ce que nous disons de ce que nous sentons ne se distingue plus en droit de ce que nous sentons. Un amour est comme un feu : s'il se déclare, il existe autrement. Il est plus vif, plus intense. Plus dangereux aussi.
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Au bout de la langue : je l'ai sur le bout de la langue - ce n'est pas un baiser dont il s'agit, mais d'un mot. Je le cherche, il ne vient pas, mais je sens qu'il est là. Oui, mais où ? Où sont donc les mots qui sont « au bout de la langue » ? Et d'où viennent-ils ? Se poser cette question c'est s'interroger sur une étrangeté : dans plusieurs langues que nous parlons le mot « langue » renvoie à la fois à l'organe et à la capacité de parole, à ce qu'une longue tradition de pensée considère comme le propre de l'homme. Que nous dit cette ambiguïté ? Fait-on assez attention à notre langue ? Connaît-on ses pouvoirs ? Il semble qu'on se soit avertis des risques qu'elle fait courir. Est-ce donc parce qu'elle seule a la capacité de rentrer et de sortir du corps qu'on y voit un symbole de liberté et qu'on menace de la couper pour punir ceux qui l'ont trop déliée ? Au bout de la langue, on touche, on goûte, on mange, on respire. Au bout de la langue, on parle et on vit. C'est une affaire sérieuse que celle qui relie l'expression et la prononciation. Il faut faire attention à notre langue qui nous abrite comme lorsque Pantagruel, le géant de Rabelais tire la langue et protège son armée en les couvrant comme une poule couve ses poussins. On se livre donc ici à un examen attentif de ce que la langue dit de la langue. Cet examen est la condition d'une réflexion sur la liberté d'expression.