Michel Déon
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Le rendez-vous de Patmos et autres pages grecques
Michel Déon
- Folio
- Folio
- 27 Avril 2023
- 9782073018298
«De Spetsai à Patmos, en passant par Rhodes, Corfou, Mytilène, Skyros, Paros, Antiparos, Naxos, Chypre, Hydra, Kalymnos et Leros, j'ai, sur une trentaine d'années, réuni une gerbe d'histoires, de caractères, de souvenirs qui évoquent le parfum de ces îles et leur séduction comme aussi leur tristesse, leur solitude et leur déchéance. Des hommes habitent ces lieux privilégiés. L'existence n'en a pas toujours fait de doux agneaux, et, depuis Ulysse et Thésée, nous savons que les Grecs ont plusieurs vérités, mais ce qui est en cause ce n'est pas leur sincérité, c'est leur double appartenance : à l'Occident par le goût et parce qu'ils lui ont donné une civilisation, à l'Orient par nature et parce que Ia géographie les y oblige.»
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«C'était bien Anne, et quand nous approchâmes, courant dans les derniers cent mètres, la marée montante lui léchait déjà les pieds. Étendue sur le dos, un bras replié sous elle, maculée de vase, elle offrait au ciel son visage livide sur lequel le sang coulant du front avait déjà séché, engluant une paupière et les cheveux épars. Je défis son blouson de daim et passai la main sur sa poitrine. Une mince chemise protégeait un sein tiède qui se soulevait par saccades.»
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Un an avant le début de la Seconde Guerre mondiale, le hasard réunit à Cambridge quatre étudiants, trois Britanniques et un Français. Un cinquième, français aussi, deviendra leur historiographe, le témoin et le confident de leurs vies chaotiques dans les pires épisodes de la guerre froide. Le roman tient son titre d'une vision poétique, bref répit dans le Londres pilonné par les Allemands. La mort y frappe à l'aveuglette et Georges Saval s'évade pour une fin de semaine dans une auberge de la New Forest en compagnie d'une jeune femme dont le destin est déjà scellé. Ouvrant la fenêtre un matin, ils voient des poneys s'égailler en lisière de forêt, dernière vision d'un monde qui ne connaîtra jamais la paix. Les poneys sauvages est un livre aux multiples facettes où le romanesque rencontre l'Histoire sans pitié. Pour ses révélations sur le massacre de Katyn et la guerre d'Algérie, il fut violemment attaqué à sa parution. Couronné par le prix Interallié, il demeure l'un des chefs-d'oeuvre de Michel Déon.
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Sur les rives du lac de Garde, en Italie, un couple rencontre un fortuné vieillard qui accepte, non sans hésitation, de leur louer la villa qu'ils convoitent pour les vacances. Mais leur séjour, qui s'annonçait idyllique, va rapidement être assombri par le comportement étrange et oppressant du vieil homme, qui semble s'intéresser d'un peu trop près à ses invités... À Paris, un étudiant rencontre une jeune femme troublante mais désespérément insaisissable. Et quand un autre garçon entre dans ce chassé-croisé amoureux, l'innocence va très vite laisser place au drame.
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Sur les rives du lac Léman, dans les rues de Paris ou de Formentera, les personnages de Michel Déon ont souvent l'allure et la décontraction d'un Gregory Peck, ou le charme et le piquant d'une Audrey Hepburn. Ce sont les années 50, celles des Vacances romaines, celles où un héros pouvait s'émouvoir à la simple vue de la lisière d'un bas, où le coeur d'une héroïne s'emballait au rythme d'un mambo. Mais si une pointe de désenchantement se laisse parfois deviner au cours de ces chassés-croisés amoureux, c'est peut-être parce qu'il ne faut pas prendre l'amour à la légère.
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L'été 1949, un jeune homme à l'enthousiasme stendhalien, Jacques Sauvage, historien de son état, retourne dans l'Italie qu'il a brièvement traversée avec sa section de tirailleurs en 1945. De tous ses souvenirs encore frais, le plus lancinant et le plus émerveillé est celui d'une halte à Varela, bourgade fortifiée dans une vallée perdue au coeur de l'Ombrie. En historien il s'intéresse au passé de Varela, fondée au XVI? siècle par un condottiere ; en ancien combattant il aimerait tirer au clair un des mystères de sa brève campagne d'Italie ; en homme il désire revoir celle qui l'a hébergé pendant son séjour, la Contessina Beatrice de Varela, dernière du nom, au beau et noble visage. À peine arrivé, il est brusquement plongé dans la vie cachée de Varela et de sa vallée, dont les moeurs n'ont pas bougé en trois siècles. La clé de l'énigme est une fête païenne à laquelle tous les habitants se préparent en secret.
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À quel moment de son existence un homme découvre-t-il que la perte des jouets de sa vie - une canne d'alpiniste, une statuette de corail - l'affecte plus que la perte de la femme aimée ? Et a-t-il vraiment perdu ces objets ou ne l'ont-ils pas plutôt quitté comme on abandonne un navire en détresse avant qu'il sombre ? Gilbert Audubon est un homme sain que la vie a gâté, qui aime les plaisirs autant que les risques et les efforts, et qui rêve d'amours au dessin parfait comme un jardin japonais. Il ne lui manque que d'avoir connu une certaine solitude. Quand il la rencontre, il sait que c'est le moment de montrer du courage. Heureusement, Rhadamanthe, son chien, est avec lui.
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«J'écris des romans depuis l'âge de quatre ou cinq ans. Revenant du Petit Cours La Fontaine, rue du Ranelagh, un genou légèrement écorché pendant la récréation, j'ai prétendu avoir été attaqué par un loup égaré avenue Mozart. Fort heureusement, j'avais pu le tuer avec un bâton. C'est bien mon premier roman. Faute de savoir écrire, je le parlais. Quatre-vingt ans plus tard, rendons justice à mes parents. Au lieu de se moquer de moi, ce qui, étant donné ma déjà grande susceptibilité, aurait brisé une carrière en herbe, ils feignirent de me croire et répandirent l'histoire dans leur entourage où des cris d'effroi et d'admiration accueillirent mon exploit. J'aurais dû les trouver pas mal crédules et même leur rire au nez, mais, on le sait, la vanité des auteurs est immense et, de toute façon, il est à peu près certain qu'à force d'entendre répéter cette fable, j'ai fini par y croire moi-même.» Michel Déon.
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Le jeune homme vert, enfant trouvé en 1919 à Grangeville (Normandie), adopté par le jardinier du domaine de la famille du Courseau, grandit dans l'intimité de ses parents adoptifs et dans celle de ses nobles maîtres. Ses aventures à travers la France et l'Europe, mêlées à de nombreux événements publics et sociaux, inspirent à Michel Déon un roman picaresque dans la tradition de Lesage et de Fielding.
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« Ses parents lui disaient : C'est impossible que tu te souviennes. Tu n'avais pas un an quand nous avons quitté l'appartement rue de la Roquette. Il persistait et, jusqu'à un âge très avancé, la perfection de cette image est restée la même.Plus tard, il s'est beaucoup interrogé sur cette vision si bien gravée dans sa mémoire, mais s'est refusé à consulter un spécialiste de la psychiatrie infantile sur l'éclair de lucidité qui, pour une raison inconnue, illumine la mémoire d'un nourrisson et y imprime, à jamais, une image en couleurs, une image d'ailleurs sans importance, alors qu'il aurait tant aimé en garder une autre, par exemple celle de son père et de sa mère penchés sur son berceau ou s'embrassant. »Michel Déon.
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Si l'auteur s'adresse ici à de belles amies, c'est, dit-il, qu'on n'écrit pas aux femmes sur le même ton :
« On est tenté de leur faire des confidences, de se montrer sous un jour brillant, favorable. » Il prend par la suite le parti de s'adresser à lui-même, notant au jour le jour ce qu'il voit au-dehors quand sa fenêtre s'ouvre sur la plage de Nazaré, le lac de Lugano, le jardin de la villa Serbelloni, la nuit d'Athènes ou la douce mer Égée. D'entre ces images présentes surgissent des histoires passées. Tout l'amour du monde est une réalité rêvée, l'expression d'une soif de liberté et d'amitié. Comme Valery Larbaud, comme André Fraigneau qu'il admire, Michel Déon sait partout se dépayser, et rendre le dépaysement avec une grâce qui n'appartient qu'à lui.
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« Rien n'est tout à fait fortuit. Depuis des siècles, l'Art et la Fiction entretiennent d'intimes relations, l'un avec l'immédiateté, l'autre avec la durée. La peinture montre à voir, les romans et la poésie déchiffrent des messages. Ces quelques évocations des auteurs de chevet et des oeuvres qui ont nourri ma vie disent ma gratitude. Nous sommes leurs enfants rebelles ou soumis. J'ai vécu leurs oeuvres. Je me suis baigné sur une plage de Corfou avec Ulysse et Nausicaa, j'ai marché dans Milan avec Stendhal, été à Guéthary avec Toulet, navigué en mer de Bengale avec Conrad, retrouvé Larbaud quelque part en Europe, médité avec Braque à Varengeville, passé une journée à Manosque chez Giono et suis allé partout avec Morand. Nicolas Poussin est dans mon panthéon. Je leur dois bien quelques lettres de château. » Michel Déon réunit pour la première fois dans ce volume un florilège de ses études consacrées à ses écrivains et peintres préférés. Autant d'artistes dont il révèle, en fin lecteur et observateur, certains des traits les plus insoupçonnables de leur génie. Autant d'occasions de souligner chez eux ce qui lui importe en matière de création artistique : un certain sens de l'amour, de la vie d'aventure et de la hauteur, dont toute sa propre oeuvre est aussi traversée.
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" un jeune homme trop vite devenu un homme plus sceptique s'est promené dans l'europe de ce demi-siècle.
Agacé parfois, heureux plus fréquemment, il a vu notre continent changer de visage, des peuples muer comme la chenille du ver à soie, des moeurs disparaître en très peu de décennies. de son expérience, le promeneur est revenu différent, poursuivi, en incorrigible romancier qu'il est, par des images volées au temps dévorant : en italie, une jeune fille, pieds nus, aux lèvres ourlées couleur de brugnon, à la voix chantante, dépose devant lui une assiette de poisson grillé, des tomates rouges et des poivrons verts.
En tourbillonnant, sa large jupe dévoile la tendre saignée des genoux. il aurait donné n'importe quoi pour qu'elle s'appelât graziella comme dans le roman de lamartine, et bien que ce ne fût pas à ischia, mais à elba. " md.
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«Une absence pèse un poids beaucoup plus intolérable qu'une présence. Contre une absence, on ne peut pas se battre. Elle est un mal qui ronge jusqu'au jour où, dans l'éclair d'une rencontre, le voile se déchire¿ : «Ce n'était que cela...», se dit Jean Dumont, mais pour se libérer il a dû se plonger dans la nuit de Paris des années 50. En vivant la nuit - en vivant aussi la nuit -, il a lutté contre ce monstre caché au fond du labyrinthe¿ : le temps dévorant. Sur son chemin, il a rencontré des êtres qui lui ont tenu la main un instant. Il n'était pas aussi seul dans la vie qu'il l'aurait cru, et Paris est une ville grosse de mystères, de tendresses inattendues et de violences soudaines. Paris est une ville in¿niment poétique où les femmes ont reçu le don de guérir les hommes de leurs obsessions.» Michel Déon.
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«De Spetsai à Patmos, en passant par Rhodes, Corfou, Mytilène, Skyros, Paros, Antiparos, Naxos, Chypre, Hydra, Kalymnos et Leros, j'ai, sur une trentaine d'années, réuni une gerbe d'histoires, de caractères, de souvenirs qui évoquent le parfum de ces îles et leur séduction comme aussi leur tristesse, leur solitude et leur déchéance. Des hommes habitent ces lieux privilégiés. L'existence n'en a pas toujours fait de doux agneaux, et, depuis Ulysse et Thésée, nous savons que les Grecs ont plusieurs vérités, mais ce qui est en cause ce n'est pas leur sincérité, c'est leur double appartenance : à l'Occident par le goût et parce qu'ils lui ont donné une civilisation, à l'Orient par nature et parce que la géographie les y oblige.»
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Quel fil rouge peut lier les unes aux autres des nouvelles aussi différentes que Bligh Manor et Le prix de l'amour, Une résurrection et Hélène de Sparte ? Aucun je crois, sinon que l'auteur est le même qui joue avec la seule règle de la nouvelle : elle doit raconter une histoire. C'est là un petit jeu, souvent acrobatique puisqu'il faut retomber sur ses pieds en un temps relativement court. En dehors de cette règle, la nouvelle a droit à autant de liberté, dans la forme et le fond, que le roman. Les nouvelles qui composent ce recueil reflètent les sautes d'humeur d'une imagination et le bon plaisir de l'auteur qui s'improvise témoin amusé ou ému, acteur qui dit je pour mieux se dissimuler, détective ou même historien de la plus belle des fables, la mythologie grecque.»Michel Déon.
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Nouvelle édition avec une postface de l'auteur
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Les poneys sauvages - un taxi mauve - le jeune homme vert - les vingt ans du jeune homme vert
Michel Déon
- Folio
- Folio
- 15 Novembre 2000
- 9782070416196
Coffret de quatre volumes vendus ensemble
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Le petit Thomas est malade, étreint par la douleur et la fièvre. Mais, toutes les nuits, il part en avion dans son île apaisante rejoindre ses animaux, ses arbres et ses plantes préférés. Un jour, un homme gris et froid fait irruption dans son paradis. Cet être étrange sait tout, aussi Thomas va-t-il lui demander ce à quoi aucun adulte n'a su répondre : où s'arrête l'infini ? L'homme, embarrassé, va essayer de lui donner la réponse...
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« On sait rarement pourquoi une image, une situation, parfois une simple phrase vous traversent l'esprit, occupent impérieusement la place et restent là, plantées en travers de ce qu'on a décidé d'écrire. Les nouvelles réunies dans cette édition Folio ont été des récréations venues interrompre des travaux que je trouvais plus ambitieux et qui ne l'étaient pas forcément. Souvent, je les appelais « mes danseuses » bien que j'ai plutôt été leur danseur. Elles tombaient dans ma vie comme des billets gagnants d'une loterie céleste et il suffisait d'à peine quelques soins pour qu'elles répondissent à leur règle rapide de la fin au dernier mot. Dans mon esprit, les nouvelles sont des images, une situation, une chute. En vérité, elles peuvent même ne rien raconter du tout et, souvent, les meilleures confient au lecteur le soin de les prolonger au-delà du mot fin. » Michel Déon.
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Un souvenir. Ce n'est qu'un souvenir. Peu de chose en vérité pour Edouard qui, désireux de goûter à tout, s'est gardé libre sa vie durant. Pourtant ressuscité de ses cendres grâce à une vieille photo, ce souvenir, qu'Edouard croyait enfoui sous des montagnes d'autres souvenirs, refait soudain surface et lance un appel au secours pour que ne soinet pas oubliés les élans passionnés de l'adolescence, les tendres échanges avec une frêle beauté. Cela se passait avant la guerre, à Westcliff-on-Sea, une station balnéaire de l'Essex, et ils étaient très jeunes, elle Sheila, lui alors surnommé Ted. Trop jeunes pour se dire toujours.Quand, un demi-siècle plus tard, Edouard retrouve inchangés le ciel, la mer, la maison de la bien-aimée, le souvenir devient si douloureux à son coeur qu'il pense seulement à le fuir. Ce voyage sur des traces anciennes n'aura tout de même pas été inutile : dialoguant avec son passé, Edouard sait enfin que la vie a été généreuse avec lui : elle lui a permis d'aimer.
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«À Corfou, toute une nuit, des amis se parlent, s'écoutent parfois, divaguent souvent. Quand l'aube se lève, ils ont pratiquement fait le tour de la Terre et visité l'Univers. Un seul d'entre ces amis connaîtra la clé du Grand Mystère et l'emportera avec lui. Les autres attendront en continuant de fantasmer avec assez d'esprit pour que les petites et grandes tragédies de la vie se réduisent à des hypothèses, voire à des potins. Mais, pour une nuit, l'île shakespearienne du magicien Prospero aura été le centre du Monde.»Michel Déon.
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«L'Irlande existe peut-être... En vérité, on n'en sait rien. La dire imaginaire n'est pas faux non plus. Elle a trop bien joué de ses légendes et de son héroïque et désastreux passé. Entre les illusions et la réalité, la marge est à peine perceptible. Parce que l'Irlande parle d'abondance, le mieux est de l'écouter. Qui croire ? Tout le monde sans doute. C'est bien plus simple. Les temps modernes n'ont pas encore fait taire les conteurs et les rêveurs, mais qu'on ne s'y trompe pas : l'imagination est au pouvoir. Quand un peuple en est aussi généreusement pourvu, il est assuré de survivre à toutes les tyrannies, et, un jour, de se retrouver en pleine lumière, au coeur de tous les dangers.» Michel Déon. Le «premier essai d'Irlande» de Michel Déon, à Kilcolgan Castle, dat de 1969, il y a plus de trente ans. Ces «Pages irlandaises» qu'il nous offre aujourd'hui succèdent aux Pages françaises et aux Pages grecques, où il inventait cette manière savante d'entrelacer souvenirs et portraits. Cavalier, passe ton chemin ! est un livre de connaisseur, d'esthète aussi, où l'observation passionnée d'un pays et de ses habitants approfondit chaque fois un peu plus un sentiment d'affinité jamais démenti.
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Pierre Gauthier, après une jeunesse où il a eu froid, peur et honte, alors que rôdaient autour de lui l'injustice et la mort à bon marché, a gardé le goût des aventures politiques dangereuses. Sur la terre brûlante de Chirfa, au coeur d'un monde arabe empoigné par l'hystérie, cette aventure n'engage que lui, bien sûr, mais elle l'engage trop vite et trop violemment pour qu'il puisse se poser le problème de la fin et des moyens. Certains hommes ne craignent pas d'être jugés : ce ne sont pas les pires.