C'est l'une des lettres les plus célèbres de toute la tradition épistolaire occidentale. L'une des plus belles, l'une des plus essentielles aussi. On y a vu l'invention du paysage. Pétrarque, poète et ecclésiastique à la cour papale, a trente-deux ans en 1336 lorsqu'il rédige cette lettre à l'attention de son confesseur. Cela fait plus de dix ans qu'il vit à Avignon et que Laure l'a éconduit. Le mont Ventoux appartient au spectacle naturel de la région à laquelle Pétrarque est si attaché depuis son enfance. Pic d'une crise spirituelle, le récit de son ascension est celui d'une formidable expérience dont il découvre la portée allégorique. L'Ascension du mont Ventoux marque une conversion, la réconciliation de Pétrarque avec l'ordre du monde et la splendeur de Dieu.
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« Aucun fleuve ne coule avec plus de vitesse que le temps de la vie »
Ce texte de Pétrarque est resté longtemps ignoré et se doit d'être lu tant pour son contenu philosophique que pour mieux appréhender ce personnage illustre, l'un des plus éminents auteurs de la littérature italienne. Sous la forme d'un dialogue d'une durée de trois jours, à la manière de Platon, Pétrarque s'entretient avec saint Augustin, en présence de la Vérité comme arbitre. Ils débattent de ses passions et de ses tourments à l'approche de la mort. Abordant sans détour sa passion dévorante pour Laure, il nous livre ses plus belles réflexions sur l'Amour.
Extrait 1 - Préface de Victor Develay, traducteur : « Sous le titre de Mon Secret, Pétrarque a fait dans un cadre plus restreint, mais avec non moins de sincérité et d'éloquence, ce qu'ont fait saint Augustin et J.-J. Rousseau dans leurs Confessions. Il s'est raconté lui-même à la postérité. Mais, chose singulière ! tandis que les Confessions de saint Augustin et de Rousseau sont dans toutes les mémoires, on semble en quelque sorte se faire scrupule de violer le Secret de Pétrarque. C'est bien à tort. On se prive ainsi de gaieté de coeur du moyen le plus simple et le plus sûr de le connaître, car on le suit dans ces pages, à travers les méandres multiples de sa nature si complexe, sans risque de se fourvoyer. « Il est à douze cents lieues de nous, et son livre imprime en nous son image comme la lumière réfléchie va peindre au bout de l'horizon l'objet d'où elle est partie. »
Extrait 2 - Introduction : « Nous nous assîmes là tous les trois. Alors, la Vérité, jugeant de tout en silence, à l'exclusion d'autres arbitres, un long entretien s'engagea de part et d'autre et, grâce à l'étendue du sujet, se prolongea pendant trois jours. Quoique bien des choses y aient été dites contre les moeurs de notre siècle et sur les vices communs aux mortels, en sorte que ces reproches semblaient dirigés moins contre moi que contre le genre humain, j'ai gravé plus profondément dans ma mémoire ceux qui me concernaient.
Pour que cet entretien si intime ne fût point perdu, je l'ai mis par écrit et j'en ai fait ce livre. Non que je veuille le joindre à mes autres ouvrages et en tirer vanité ; mes vues sont plus élevées : le charme que cet entretien m'a procuré une fois je veux le goûter par la lecture toutes les fois que cela me plaira. Ainsi donc, cher petit livre, fuyant les réunions des hommes, tu te contenteras de rester avec moi, en étant fidèle à ton titre ; car tu es et tu seras intitulé : Mon Secret, et dans mes méditations les plus hautes, tout ce que tu te rappelles avoir été dit en cachette, tu me le rediras en cachette. »
TEXTE INTÉGRAL AVEC 193 NOTES DYNAMIQUES
Dans Sur sa propre ignorance et celle de beaucoup d'autres, Pétrarque (1304-1374) nous propore, dans un style très vivant et avec une ironie souvent mordante, une excellente synthèse des idées auxquelles il tient de manière intransigeante : défense de l'Antiquité classique, exaltation de la poésie et de l'éloquence, primauté de la philosophie morale, rôle de la piété comme vraie sagesse. À une époque qui est encore, chronologiquement, le Moyen Âge, Pétrarque formule le premier des idées qui seront celles de l'humanisme naissant.
« Que puis-je encore faire ? J'ai presque tout tenté et nulle part je n'ai trouvé la paix ». Le lecteur, pour qui Pétrarque est d'abord le chantre de Laure, découvrira ici le passionnant portrait d'un infatigable voyageur (peregrinus ubique) amoureux et théoricien de la vie solitaire (le Val clos, la petite maison d'Arquà), les aléas d'une vie faite d'éclatants succès (le couronnement au Capitole) et de profonds chagrins (la perte des amis lors de la grande peste de 1348), l'homme de l'examen de conscience et celui des délicates missions auprès des puissants de ce monde, enfin le grand lettré qui, sans renier le message évangélique, fonde sur la redécouverte des Anciens l'espoir de jeter les fondements d'un monde meilleur. Pétrarque gardait copie de ses lettres depuis environ sa seizième année. Mais la décision de les réunir en un monument est liée à sa découverte, à Vérone en 1345, des Lettres à Atticus de Cicéron, qui, alternative aux Lettres à Lucilius de Sénèque, lui offraient le modèle d'une oeuvre promise à la durée à partir des contingences de la vie et de l'histoire. Il la réalisera avec un premier ensemble (Lettres familières, 24 livres), achevé en 1366, et un deuxième, de lettres écrites à un âge plus avancé (Lettres de la vieillesse, 18 livres), devenant à son tour le modèle des grandes correspondances humanistes, de Marsile Ficin, de Pic de la Mirandole, d'Érasme, et, à travers elles, des Lettres de Voltaire, de Rousseau, de Claudel et de Gide, dont nous sommes si friands. Dans le large choix de lettres présentées ici, traduction française et intégralité des notes sont celles des onze volumes de la collection des « Classiques de l'Humanisme », parus entre 2002 et 2015.
Tout amateur de poésie connaît Pétrarque qui, pour l'Europe entière, fut un modèle de perfection formelle dans le domaine de la poésie amoureuse. Si son Canzoniere a été admiré et imité par les poètes français au milieu du XVIe siècle, ce sont les Trionfi qui furent le premier de ses textes en vers et en italien à susciter l'intérêt des lettrés français. Dans ce long poème, Pétrarque met en scène son amour pour Laura, tout en abordant les thèmes qui lui tiennent le plus à coeur, comme la fuite du temps effaçant l'amour, la gloire, la renommée.
Vers 1500, bien avant la vague du pétrarquisme français, Simon Bourgouin a fourni une traduction française des Trionfi, en vers alexandrins, diffusée sous forme de manuscrits richement décorés et parfois bilingues. Rhétoriqueur et valet de chambre du roi, auteur de la moralité de l'Homme juste et l'homme mondain, Bourgouin s'essaya aussi à la traduction en français de textes en latin, dont quelques-unes des Vies de Plutarque.
Témoignage de la fortune du Pétrarque italien au delà des Alpes, les Triomphes offrent aussi un bel échantillon de langue française inconnu des spécialistes. Une première édition critique de cette traduction est proposée ici, avec la transcription du texte italien présent dans deux des témoins conservés.
Les pages qui suivent sont extraites des Entretiens familiers de Pétrarque Sur la bonne et mauvaise fortune ou L'Art de vivre heureux, publiés en 1673 et traduits par Pierre Trabouillet. On y retrouve les chapitres suivants : - De la Sagesse - De l'Amour - Du Bonheur - De la mort et de l'immortalité de l'âme.
Il dit le temps où commença son amour. CE fut le jour où l'on vit les rayons du soleil se voiler par pitié pour le Créateur, que je fus pris soudainement, ma Dame, et que vos beaux yeux m'enchaînèrent.Je ne croyais pas qu'il fût besoin alors de me défendre contre les coups de l'Amour, et je marchais hardiment et sans soupçon : c'est de ce jour que mes peines commencèrent dans la douleur commune.L'Amour me trouva tout à fait désarmé et s'ouvrit le chemin de mon coeur par mes yeux, où il a fait couler tant de larmes.Fruit d'une sélection réalisée au sein des fonds de la Bibliothèque nationale de France, Collection XIX a pour ambition de faire découvrir des textes classiques et moins classiques dans les meilleures éditions du XIXe siècle.
'Dans l'univers en expansion du Canzoniere, chaque sonnet est un monde. Nul progrès de l'un à l'autre - du même au même -, mais les distances infinies d'un espace sidéral. Ciel de glace et de feu régi par la musique des nombres, le Canzoniere a ses étoiles fixes - scintillante nébuleuse de sonnets - et ses météores : brèves fusées des ballades, "soeurs lumineuses des blancs ruisseaux" de la Canzone, tourbillons clairs-obscurs des sextines, feux dansants du madrigal. Il a aussi ses planètes, brillant d'un éclat emprunté à l'astre de Laure, et ses constellations écrites en lettres d'or dans le ciel des idées.'
Jean-Michel Gardair.
L'intégrale 2023 de la collection Fondateurs COMPRENANT : Les 4 regards sur : London, Kant, Petrarque et Leopardi
3 moments clés dont 2 pamplets et un roman de London, le Talon de Fer
Incluant le texte latin et traduction
Pétrarque (Francesco Petrarca, 1304 -1374) : Poète et humaniste florentin compte avec Dante Alighieri et Boccace, parmi les premiers grands auteurs de la littérature italienne, passé à la postérité pour la perfection de sa poésie qui met en vers son amour pour Laure de Sade, puis essentiellement grâce à son immortel Canzoniere. C'est dans cette oeuvre majeure qu'il se présente comme un Janus au regard duel, tourné vers le passé et l'avenir, l'antiquité et la chrétienté, la légèreté et l'ascèse, le lyrisme et la connaissance, l'introspection et l'extrospection. Grand voyageur, il a retrouvé les correspondances perdues de Cicéron, puis publia ses propres lettres.Celle relatant l'ascension du mont Ventoux avec son frère reste parmi les plus connues.Cette marche a-t-elle réellement eu lieu ? La vérité importe peu, quand la question interroge surtout la fonction qu'accorde une civilisation à l'art de la fiction, et parmi ses meilleures armes, l'allégorie, la métaphore et le symbole.
Richard Escot : Auteur de plusieurs romans, essais, encyclopédies et dictionnaires qui traitent du sport, de la littérature et de la pensée, il a publié en 2021 Oser Savoir aux éditions les défricheurs. Né à La Rochelle en 1959, diplômé de psychologie de l'université de Poitiers, ce journaliste-écrivain vit depuis 1982 en région parisienne.
Le mot de l'éditeur : Après son regard posé sur Kant (Oser Savoir - les défricheurs, 2021) Richard Escot s'empare de ce texte de Pétrarque et le projette dans une perspective originale, un continuum littéraire qui relie l'esprit de la Renaissance aux oeuvres de Jack Kérouac - en passant par René Char, Dante Alighieri et René Daumal.