Rémi Brague
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Nous vivons sous le poids écrasant du moralisme, alors que nous nous éloignons de plus en plus de la morale commune. Plus nous moralisons et moins nous savons de quoi nous parlons. Cette ignorance nous rend moroses, indécis et violents. La morale est une mais elle se prête à différents usages que ce livre entend explorer en parcourant son histoire sinueuse jusqu'à ses origines lointaines. Elle n'a nul besoin d'adjectifs ; elle n'est ni «traditionnelle» ni «moderne» et surtout pas «judéo-chrétienne». Mais bien qu'elle se suffise à elle-même, elle a ses pratiques et ses différentes interprétations, sociale, ascétique, légaliste, que la tradition chrétienne accorde en une synthèse originale. La morale, qui est recherche du Bien, première condition de l'Être, donne à l'existence humaine et au lien social leur fondement indispensable, leur souffle, leur rythme, leur sens. Les perdre, ce serait, à terme, se condamner à la dissolution de toute vie commune, voire à la disparition de l'humanité. Rien de moins.
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Le règne de l'homme : genèse et échec du projet moderne
Rémi Brague
- Folio
- Folio Essais
- 9 Février 2023
- 9782073009982
C'est à l'époque moderne que l'homme en est arrivé à se dire le créateur de sa propre humanité. Autrefois, il se croyait l'oeuvre de la nature ou l'enfant de Dieu. Désormais, il entend conquérir l'une et s'affranchir de l'autre. Il veut rompre avec le passé, se donner souverainement sa loi, définir ce qui doit être, dominer. Telle est l'ambition vertigineuse que raconte cet ouvrage. Descartes rêvait d'un homme maître et possesseur de la nature ; deux siècles plus tard, Nietzsche allait décréter que l'homme doit être dépassé, n'étant plus à la hauteur des attentes que lui-même avait définies. Rémi Brague interroge les origines de ce projet et retrouve les traits qui vont progressivement dessiner la nouvelle humanité dont nous sommes les héritiers. Pour reconstituer la longue trajectoire de l'homme moderne, ce livre convoque aussi bien la philosophie que la littérature ; il y découvre les espoirs et l'enthousiasme qui portent ses débuts, mais aussi, à l'épreuve de cette expérience impossible, l'angoisse et les désillusions qui en marquent l'échec. Le Règne de l'homme clôt une longue enquête sur la manière dont l'homme, de l'Antiquité à nos jours, a pensé successivement son rapport d'abord au monde, ensuite à Dieu et, pour finir, à soi-même.
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à chacun selon ses besoins : petit traité d'économie divine
Rémi Brague
- Flammarion
- 4 Octobre 2023
- 9782080412096
Si vous vous jetez dans un précipice sans avoir vérifié que l'élastique était bien attaché, croyez-vous qu'un matelas va apparaître tout au fond ? C'est ainsi que beaucoup s'imaginent que fonctionne la Providence : je fais n'importe quoi, et «tout s'arrangera». En fait, Dieu a déjà donné. Au bout de tout un processus, partant du Big Bang et passant par la naissance de la vie et son évolution, Il a commencé par créer un vivant doté d'assez de jugement pour ne pas prendre de risques inutiles. Selon Rémi Brague, qui s'inspire ici d'intuitions de Thomas d'Aquin, c'est ainsi que Dieu procède envers tout ce qu'Il a créé. À chaque être, Il donne d'emblée ce dont il a besoin pour atteindre le bien qui lui convient, et pour l'atteindre par lui-même. À l'élément, Il donne assez de consistance pour qu'il reste ce qu'il est, là où il est. À la plante, de quoi tirer sa nourriture du sol et du soleil. À l'animal, l'instinct qui lui fait assurer sa survie et la reproduction de son espèce. Dans chaque cas, Il donne une latitude plus grande de mouvement : la plante croît ; l'animal se déplace ; l'homme, qui subsiste comme une personne libre et intelligente, peut accumuler son passé en une mémoire et se construire une histoire. Avec l'homme, où culmine la liberté, la providence devient prudence, sagesse pratique. Chez Dieu, elle devient économie du salut. Là où l'homme a blessé sa liberté et perdu la force de voir clairement son bien et d'en vouloir vraiment les moyens, Dieu combine de quoi libérer la liberté de l'homme en la retournant de l'intérieur.
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L'islam suscite des controverses sans fin et prête à bien des confusions. Mais qu'est-ce que l'islam ? Une manière d'être face à Dieu ? Une religion avec ses dogmes et ses normes ? Une civilisation ? Des personnes et des peuples ? Au fond de cette réalité plurielle se pose encore la question des fins : que veut obtenir l'islam et par quels moyens, violents ou pacifi ques, cherche-t-il à y parvenir ? Rémi Brague retrouve ces questions fondamentales pour explorer la vision islamique de Dieu et du monde. Il interroge l'usage de la raison, le rapport à la loi, la subordination intégrale qu'elle requiert, l'attitude envers l'autre, la légitimation et l'emploi effectif de la force. Cet ouvrage redessine à frais nouveaux le tableau de la civilisation islamique et ses apports à la culture européenne. Mais il réfute, en scrutant faits et textes, les constructions légendaires qui y voient la source vive de toutes les avancées, Renaissance et Lumières, dont se flatte l'Occident. L'islam, écrit l'auteur, n'est pas une religion au sens où nous l'entendons. C'est avant tout une loi qui conçoit la croyance comme une évidence innée qu'on ne saurait refuser sans mauvaise foi. Un monde où le non-croyant n'a pas sa place. Par où il se distingue radicalement des religions bibliques.
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La Sagesse du monde : Histoire de l'expérience humaine de l'univers
Rémi Brague
- Le Livre de Poche
- Biblio Essais
- 20 Février 2002
- 9782253943228
Comment imaginer notre existence d'hommes, notre souci du bien, notre présence dans le monde ? Pour explorer ces questions, Rémi Brague propose de retraverser l'histoire de la pensée. Son livre restitue le rapport mouvant de l'homme à l'univers : il en interroge les origines antiques et les sources bibliques, en retrace les inflexions médiévales et en décrit le naufrage à l'époque moderne.
Pendant deux mille ans, l'homme s'est vu comme un monde en petit, dressé vers le ciel, fait pour le contempler. Il a cru que la sagesse qu'il cherchait était en phase avec celle qui gouvernait déjà l'univers. L'ordre et la beauté du monde étaient le modèle imposant du bien. Tendre vers la vertu, c'était imiter le ciel. Sur terre, lutter contre le mal, c'était résorber une infime exception au regard de l'immensité du bien. Là-dessus, Platon était en accord avec la Bible. Mais cette image antique de l'être dans le monde, qui survivait encore au Moyen Age, allait s'effacer à l'aube des temps modernes. Elle a fait place à des « visions du monde » où des fragments épars empruntés à l'image ancienne se mêlent à des modèles concurrents autrefois refoulés.
Ainsi l'univers a-t-il cessé d'être le précepteur de l'homme. Nous ne savons plus où contempler notre humanité. La sagesse du monde nous est devenue invisible. Il nous faut aujourd'hui la repenser à nouveaux frais. -
Du Dieu des chrétiens ; et d'un ou deux autres
Rémi Brague
- Flammarion
- Champs Essais
- 7 Novembre 2009
- 9782081232556
Quel est le dieu des chrétiens? Quelles en sont les caractéristiques? Quelle en est la singularité? À ce sujet vaste et quelque peu intimidant, le philosophe Rémi Brague répond en sept chapitres concis, informés, stimulants.
Que Dieu soit bien au-delà des représentations que l'on s'en fait, c'est une affaire entendue, mais cela ne justifie pas pour autant les approximations et les confusions qui sont de mise aujourd'hui dès qu'on aborde les questions religieuses. Car tout le monde ne se fait pas de Dieu la même idée, et celle que s'en font les chrétiens est, au fond, plutôt surprenante. Qui est alors ce dieu, et qu'en pouvons-nous connaître? Il est un, mais pas de n'importe quelle façon; il est père, mais non pas mâle; il a parlé, mais pas pour nous demander quoi que ce soit; il pardonne, mais sans ignorer la décision de notre liberté.
Au terme de cette enquête, le lecteur pourra accepter ou refuser le dieu des chrétiens ; dans les deux cas, il le fera en connaissance de cause.
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Modérément moderne ; les temps modernes ou l'invention d'une supercherie
Rémi Brague
- Flammarion
- Champs Essais
- 5 Octobre 2016
- 9782081366572
Cet essai philosophique aborde de manière érudite et humoristique les paradoxes de la modernité à travers les notions de culture, d'histoire, de sécularisation, de progrès...
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Après l'humanisme : l'image chrétienne de l'homme
Rémi Brague
- Salvator
- Philanthropos
- 24 Février 2022
- 9782706721939
Un exposé magistral sur la spécificité du regard chrétien porté sur l'homme.
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L'Europe, lorsqu'il s'est agi de définir son identité, a très tôt été rapportée à une double origine, grecque et juive. C'est, sous la plume des historiens des Lumières comme des romantiques du siècle dernier, la célèbre opposition entre Athènes et Jérusalem. Rémi Brague reprend à nouveaux frais la question de l'identité, en s'intéressant à la «voie romaine», à la latinité de l'Europe.Le propre de l'Europe ? C'est une appropriation de ce qui lui est étranger. Historiquement, philosophiquement, l'Europe prend, en effet, sa source hors d'elle. À partir d'emprunts à d'autres civilisations, la voie romaine a opéré une synthèse fondatrice de la première unité culturelle qui fut le premier espace européen. Au point que, aujourd'hui encore, définir l'Europe, c'est marquer comment elle se distingue de ce qui n'est pas elle par son caractère originairement latin.
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Réflexion centrée sur la question de l'humanisme et sur la façon dont, depuis plusieurs décennies, celui-ci a connu un bouleversement radical. R. Brague montre en effet que la pensée moderne est à court d'arguments pour justifier l'existence même des hommes. Il démontre et proclame l'échec du projet athée des temps modernes.
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Articles et contributions à des colloques, revus, sur les thèmes communs aux philosophes médiévaux des cultures chrétienne, juive et musulmane, leurs rapports avec la religion, l'apport de la philosophie médiévale au monde moderne, etc...
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La loi de dieu histoire philosophique d'une alliance
Rémi Brague
- Folio
- Folio Essais
- 29 Mai 2008
- 9782070357901
L'alliance entre Dieu et la loi, nouée en Grèce antique e dans la tradition biblique, a revêtu des formes différentes dans le judaïsme, le christianisme puis l'islam. Dans le judaïsme de la Dispersion, la Loi figure la seule présence de Dieu auprès d'un peuple désormais privé de son royaume et de son Temple : elle coïncide avec Dieu. Dans le christianisme naît et se déploie leur séparation : Dieu n'est plus seulement le législateur du temps des Hébreux, il est source de la conscience humaine et communique la grâce qui permet d'y obéir. Cette séparation façonne les institutions politiques de la chrétienté médiévale, l'Empire comme l'Église. À l'opposé, l'islam se constitue progressivement en une religion où la Loi se tient au centre de tout : à la différence des deux religions bibliques, c'est Dieu qui doit la dicter directement. L'idée de loi divine, qui nous est devenue étrangère, a dominé les croyances et les pratiques pendant près de trois millénaires. C'est l'histoire de sa longue genèse, de son épanouissement contrasté au sein des trois religions médiévales, de sa dissolution enfin avec la modernité européenne que Rémi Brague retrace.
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Il y a trente ans, quand on voulait être pris au sérieux, on parlait politique ; évoquer la religion, en revanche, était le meilleur moyen de faire rire. Aujourd'hui, la situation s'est inversée ; la religion fascine, inquiète, et la peur s'installe à l'égard de certaines de ses formes, voire de la violence que, suppose-t-on, elles fomentent.
Il importe d'essayer d'y voir un peu clair. Poursuivant le travail d'élucidation qu'il a entrepris depuis une dizaine d'années, Rémi Brague s'interroge sur la légitimité même du terme « religion », puis sur le contenu propre des religions - avant tout sur celui des « trois monothéismes ». Qu'est-ce que la religion nous dit de Dieu, et de l'homme en tant qu'il est doué de raison ? Qu'est-ce qu'elle nous dit d'autres domaines de l'humain comme le droit, la politique ? En quoi garantit-elle - ou menace-t-elle - la liberté morale, sinon l'intégrité physique, des individus ?
Un essai salutaire pour délaisser nos a priori et prendre de la hauteur.
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« Sauver ? » : telle est la question à laquelle les membres de l'Académie des sciences morales et politiques ont consacré pendant un an des interventions et des débats, sous la présidence de Rémi Brague. Un tel sujet, volontairement polysémique, a permis d'aborder des questions aussi variées que l'économie, le malthusianisme, la pensée réactionnaire, le salut en religion ou l'urgence en écologie. Autant de thèmes qui reflètent les différents défis caractéristiques de notre époque, et dessinent ses limites et ses spécificités, dont s'emparent ici les intervenants. Qu'ils soient philosophes, chimistes, historiens, économistes, anthropologues, chacun apporte un point de vue éclairant sur le sujet. Cet ouvrage est le résultat d'un an de réflexion au sein de l'ASMP autour d'un thème qui met en lumière des grandes questions, intemporelles ou actuelles, qui nous concernent tous.
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Comment la philosophie ancienne est-elle née ? Comment s'est-elle imposée en Grèce ? Comment s'est-elle peu à peu émancipée du mythe ? Explorant les concepts et le déploiement de cette philosophie en train de se faire, qui caractérise les premiers temps de la pensée, Rémi Brague nous convie à un dialogue passionnant avec les plus grands auteurs - de Parménide aux Stoïciens en passant par Platon et Aristote - traçant ainsi un chemin entre passé et présent, indispensable à quiconque veut commencer à comprendre la philosophie.
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«On n'a pas besoin de métaphysique, et encore moins de sa version populaire, la religion. Il suffit d'une bonne morale pour savoir quoi faire, d'un droit et d'une politique efficaces pour la faire respecter.» Cela a pu être vrai, et cela reste vrai là où il s'agit de fournir des règles pour que les hommes vivent en paix les uns avec les autres. Mais aujourd'hui, l'homme a réalisé le projet moderne et pris son destin en main. Il peut décider librement d'être ou de ne pas être. Désormais, une nouvelle question se pose : celle de la légitimité de l'humain. Il ne suffit pas que la vie soit agréable ou intéressante pour ceux qui sont déjà vivants - ce que nul ne nie. Il faut encore que la vie soit un bien tellement grand que l'on ait le droit d'y appeler d'autres. Et affirmer que l'être vaut toujours mieux que le néant, c'est une décision métaphysique. Pour que la vie humaine reste possible, il faut donc une métaphysique forte. La métaphysique n'est pas, ou plus, un édifice dans les nuages. Elle est devenue l'infrastructure même de la vie humaine. «Animal métaphysique», l'homme est en train de le devenir le plus littéralement du monde.
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Philosophie, économie, histoire, sociologie, littérature, histoire de l'art, psychanalyse ... autant de sciences humaines qui délimitent les champs du savoir. Autant de disciplines fondamentales présentes de bout en bout dans la collection "Quadrige", à travers les plus grands auteurs, les plus grands titres, les plus grands textes. Quadrige : des ouvrages d'hier et d'aujourd'hui qui sont aussi des textes pour demain.
La collection se divise en quatre sections : -- Références (dictionnaires, histoire générale ...) jaune pantone 116 -- Textes (Bachelard, Bergson, Durkheim ...) rouge 2718 -- Essais (Laplanche, Levinas ...) bleu 2728 -- Manuels (Ellul, Denis ...) vert green c .
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Critique impitoyable de son époque, Chesterton n'hésitait pas à voir dans les valeurs du monde moderne des « vérités chrétiennes devenues folles ». Dans le sillage de l'écrivain anglais, Rémi Brague n'hésite pas à reprendre cette expression en ouverture de son propos. Car le problème avec la modernité, selon lui, c'est que nous ne considérons plus le monde créé et l'humanité comme un don intrinsèquement précieux. Nous ne savons plus pourquoi nous poursuivons le Bien, privés que nous sommes de toute référence ultime. Les développements positifs de la modernité dont nous bénéficions - la santé, la liberté, la connaissance ou la paix - n'obéissent plus à une dynamique rationnelle, car même la notion d'existence humaine est remise en question. Face à cela pourtant, un sursaut est possible, le désespoir n'a rien d'une fatalité. Se référant aux auteurs médiévaux, Rémi Brague plaide ici, non pour un retour à un Moyen Âge obscur, mais pour que nous retrouvions un sens plus juste de l'homme et du monde, sans évacuer la question de Dieu. Oui, il est possible de guérir les « vérités folles »... AUTEUR Rémi Brague, de l'Institut, est philosophe. Il a notamment publié chez Flammarion Modérément moderne (2014) et Sur la religion (2018), ainsi qu'un livre d'entretiens chez Salvator, Où va l'histoire ? (2016).
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Image vagabonde ; essai sur l'imaginaire baudelairien
Rémi Brague
- Transparence
- 6 Mars 2008
- 9782350510316
Dans mon coeur mis à nu, baudelaire note un projet : " glorifier le culte des images (ma grande, mon unique, ma primitive passion).
" la parenthèse nous livre une confidence sur le fond du coeur du poète que viennent corroborer d'autres données biographiques : " très jeunes, mes yeux remplis d'images peintes ou gravées n'avaient jamais pu se rassasier, et je crois que les mondes pourraient finir [...] avant que je devienne iconoclaste ", et baudelaire avoue ailleurs son " [g]oût permanent, depuis l'enfance, de toutes les images et de toutes les représentations plastiques ".
Rien n'interdit de prolonger l'aveu conscient par une dimension que la psychologie des profondeurs pourrait explorer. dans cet ordre d'idées, on peut citer un souvenir d'enfance, que le poète raconte à sa mère : " je me souviens d'une promenade en fiacre ; tu sortais d'une maison de santé où tu avais été reléguée, et tu me montras, pour me prouver que tu avais pensé à ton fils, des dessins à la plume que tu avais faits pour moi.
" si, selon la théorie de baudelaire, l'imagerie est " nécessaire à l'enfance des peuples ", la persistance de ce souvenir semble montrer que, par rapport aux images, baudelaire n'avait jamais perdu cette enfance du regard.
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Où va l'histoire ? entretiens avec Giulio Brotti
Rémi Brague
- Salvator
- Forum
- 12 Mai 2016
- 9782706713637
C'est peu dire que notre époque se caractérise par un sentiment de lassitude et de scepticisme à l'égard de l'histoire humaine : on considère même comme naïve la tentative d'y retrouver des lueurs de sens ou des raisons d'espérer. Dans cet entretien avec Giulio Brotti, Rémi Brague se livre à un examen sans concession de cette attitude, contestant avec force bien des stéréotypes sur la relation que nous autres postmodernes entretenons avec nos racines. Les considérations philosophiques sont étroitement liées ici aux questions les plus concrètes, de dramatique actualité, comme celles de la coexistence entre les grandes religions, de la possibilité d'un dialogue avec l'islam, de la « vocation » de l'Europe, de l'avenir des biotechnologies et de la tentation - qui s'insinue dans la culture de notre temps - d'« en finir avec l'homme », au nom d'un idéal de perfection mortifère. Ce livre est aussi l'occasion pour Rémi Brague de revenir sur son parcours intellectuel, lui qui se définit volontiers comme « modérément moderne », selon l'expression d'une de ses publications récentes.
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A l heure du dialogue interreligieux, à un moment où la religion musulmane se rend de plus en plus visible, il apparaît nécessaire de trouver un chemin sûr entre deux écueils. Tout d abord, le chrétien ne peut s enfermer dans un splendide isolement et refuser de reconnaître ce que les autres sagesses et traditions religieuses peuvent enseigner de juste et de vrai. En sens inverse, le risque existe de tomber dans un relativisme qui n a, en fait, que l apparence du dialogue. C est pour mettre en lumière ce que le visage de Dieu a d original pour les chrétiens que, chacun à sa façon, les deux auteurs nous invitent à sortir des confusions et approximations, trop courantes aujourd hui.
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Le restant : Supplément aux commentaires du Menon de Platon
Rémi Brague
- Vrin
- 3 Mai 2000
- 9782711607914
Que reste-il à dire sur le Ménon? Quel dialogue de Platon semble mieux connu? Une méthode renouvelée permet seule de montrer que les passages les plus célèbres ne nous ont pas livré tous leurs secrets, et que ceux sur lesquels le regard glisse doivent au contraire retenir l'attention.
L'interprétation ici proposée refuse de séparer forme et contenu : si Platon a écrit des dialogues, et non des traités, il devait avoir ses raisons. Le sens d'un dialogue ne se limite pas à celui des répliques d'un seul personnage. Socrate n'est pas le porte-parole de Platon. Platon ne parle jamais en son propre nom. C'est le dialogue tout entier qui est l'enseignement, dans son plan, dans ses personnages, dans sa mise en scène.
Elle refuse de supposer le sujet du dialogue : personne ne sait ce qu'est « la vertu ». C'est le dialogue qui doit appprendre ce qu'elle est. Elle refuse de se laisser imposer des passages classiques - la torpille, la réminiscence - entre lesquels il n'y aurait que du remplissage. Elle refuse d'expliquer les choix de Platon pour tel personnage, telle date, telle situation, par le renvoi positiviste à des faits extérieurs à la pensée réfléchie du philosophe.
Elle refuse d'ignorer les récentes découvertes sur l'enseignement oral de Platon et en retrouve les principales doctrines dans le contenu, mais aussi la forme du texte.
Elle démontre ainsi sur l'exemple d'un dialogue la fécondité d'une méthode applicable à l'ensemble de l'oeuvre écrite de Platon. -
Comment imaginer notre existence d'hommes, notre souci du bien, notre présence dans le monde ? Pour explorer ces questions, Rémi Brague propose de retraverser l'histoire de la pensée. Son livre restitue le rapport mouvant de l'homme à l'univers : il en interroge les origines antiques et les sources bibliques, en retrace les inflexions médiévales et en décrit le naufrage à l'époque moderne.
Pendant deux mille ans, l'homme s'est vu comme un monde en petit, dressé vers le ciel, fait pour le contempler. Il a cru que la sagesse qu'il cherchait était en phase avec celle qui gouvernait déjà l'univers. L'ordre et la beauté du monde étaient le modèle imposant du bien. Tendre vers la vertu, c'était imiter le ciel. Sur terre, lutter contre le mal, c'était résorber une infime exception au regard de l'immensité du bien. Là-dessus, Platon était en accord avec la Bible.
Mais cette image antique de l'être dans le monde, qui survivait encore au Moyen Age, allait s'effacer à l'aube des temps modernes. Elle a fait place à des "visions du monde" où des fragments épars empruntés à l'image ancienne se mêlent à des modèles concurrents autrefois refoulés.
Ainsi l'univers a-t-il cessé d'être le précepteur de l'homme. Nous ne savons plus où contempler notre humanité. La sagesse du monde nous est devenue invisible. Il nous faut aujourd'hui la repenser à nouveaux frais.
Rémi Brague, professeur de philosophie à l'Université de Paris I, est l'auteur de plusieurs ouvrages, notamment Aristote et la question du monde (1988) et Europe, la voie romaine (1992).