ivan bounine
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Cette rare nouvelle de Bounine, quasiment introuvable, Les songes de Tchang, datée d'octobre 1916 fait suite à La Barque à Un monsieur de San Francisco (1915). « Chaque être est digne d'attention... », ce sera ici Tchang, vieil ivrogne chien somnolant, compagnon canin du capitaine qui lui sert sa vodka, avec lequel six années durant « il lia sa vie terrestre ». « Six années enfin, c'est beaucoup ou peu ? », c'est le temps de vieillir ensemble, sans plus voyager, sur terre et non plus sur mer, dans le plus grand dénuement, avant d'avoir à finir ses jours. Ce sera « désormais avec les yeux de la mémoire » que Tchang verra le capitaine, c'est que même, se retrouvant avec son nouveau maître, le peintre ami du capitaine installé dans « un galetas de plus, mais plus chaud, parfumé de l'odeur du cigare, couvert de beaux tapis, garni de vieux meubles, d'immenses tableaux et de précieux brocarts... », il ne l'aura pas quitté. Demain, quel demain ? En cette vie, dormir est un passe-temps. Autant se rendormir. Voici alors que le rêve de Tchang nous est conté, débutant sur le pont d'un bateau, « sur un large fleuve de Chine »...
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Texte : 38 nouvelles. thèmes : l'amour, la mort, la femme. Auteur : Ivan Bounine, né à Voronej en 1870, mort à Paris en 1953. Premier écrivain russe à recevoir le prix Nobel de littérature (décembre 1933). Autres oeuvres : Le Village, Le Sacrement de l'amour, Le Monsieur de San Francisco, L'Amour de Mitia... Jugement sur Les Allées sombres : « N'allez pas croire que Bounine soit un rêveur impénitent, un romantique ! Ses héros sont des hommes qui aiment les femmes charnellement, violemment, animalement, parfois jusqu'au viol. [...] Cet érotisme, si rare dans la grande littérature russe, est délibéré. » Jacques Catteau.Ce livre est le meilleur que j'aie jamais écrit. Ivan Bounine.
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A travers le personnage d'Arséniev, l'écrivain russe Ivan Bounine décrit sa propre jeunesse à la campagne, dans la région des steppes. D'emblée, La Vie d'Arséniev nous plonge dans l'univers intime d'un enfant solitaire élevé dans une nature dépouillée, qui s'étend à perte de vue... Accomplissant un intense travail de mémoire, Bounine bâtit le canevas précis d'une enfance, à une époque d'extrême déchéance de la noblesse russe. Les périples au coeur d'une Russie poétique, chaleureuse, interlope, la rencontre avec des personnages insolites, la vie sentimentale - marquée par la violence - d'un homme aussi despote que séduisant forment la trame de ce magnifique et puissant exercice de réminiscence et d'écriture. Avec, en toile de fond, un monde destiné à disparaître...
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Échelonnées entre 1900 et 1949, les 36 nouvelles rassemblées dans ce recueil couvrent des périodes très différentes de la vie de Bounine. Qu'elles soient écrites dans son pays ou en exil, elles dépeignent dans leur grande majorité la Russie, dont il devient un chantre bouleversant. De nombreuses nouvelles sont imprégnées des souvenirs émerveillés de la terre natale, de ses paysans, de ses hobereaux, de son monde poétique mais fragile.
Poète-prosateur au regard original et profond, Bounine est le créateur d'un langage aux multiples ressources, l'un des plus somptueux que compte la littérature russe du XXe siècle.
Cette édition s'accompagne d'une nouvelle inédite, Une passion. -
Avec cette prose, Ivan Bounine (1870-1953), écrivain (nouvelliste, romancier) et poète, déploie son art de la sensation, portant un regard précis et ample à la fois sur le monde qui l'entoure au travers d'une constellation de personnages de classes et de catégories sociales diverses, les uns servant les autres, chacun saisi dans une distance, et selon le degré de leur apparition, trouvant à s'incarner dans la magie de son écriture. Qu'il s'agisse du déclin d'un monde amené à disparaître, rappelé par le nom même du paquebot qui conduit le Monsieur de San Francisco accompagné de sa femme et de sa fille dans l'Ancien Monde depuis le Nouveau Monde, l'Atlantide, jusqu'à la ville de Babylone dont il est fait référence en exergue dans une citation extraite de « L'Apocalypse » (Chapitre 18), ou du déclin d'un homme que la mort soudaine emporte, tout ici est vacuité sans que toutefois la vie ne soit abandonnée à une noirceur par trop nihiliste. Ivan Bounine reçut en novembre 1933 le prix Nobel de littérature. C'était la première fois que ce prix était décerné à un écrivain russe. Il est mort en exil, alors en France, misérable, sans être rentré en Russie. Cette nouvelle datée d'octobre 1915, ici traduite par Christian Mouze, n'avait jamais été retraduite depuis 1934, date à laquelle elle paraissait sous la traduction de Maurice Parijanine pseudonyme de Maurice Donzel.
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À travers l'histoire de deux frères, Tikhon et Kouzma, Ivan Bounine dresse le portrait de la campagne russe à la fin du XIXe siècle. Le Village fit scandale à sa parution en 1910 : jamais personne n'avait dépeint le paysan russe, le moujik, traditionnellement idéalisé jusque dans ses défauts, sous des couleurs si crues et si sombres, qui font du premier roman de son auteur un poème noir et désespérant. Une écriture dense et précise, au service d'une fresque immense et terrifiante où se manifeste la cupidité, la plus féroce des jalousies et l'égoïsme le plus total. Un chef d'oeuvre !
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«Mitia accompagnait Katia au théâtre, au concert, il se rendait chez elle et y demeurait jusqu'à deux heures du matin. Elle passait aussi parfois chez lui, dans son meublé de la Moltchanovka, et leurs rendez-vous s'écoulaient tout entiers dans le lourd enivrement des baisers. Cependant Mitia ne pouvait se défaire de l'idée qu'une chose terrible s'était enclenchée tout soudain, qu'un changement s'était produit, qu'une transformation s'opérait peu à peu en Katia, dans son attitude envers lui.»Et une jalousie morbide, folle, va empoisonner les relations entre Mitia, étudiant à l'université de Moscou, et Katia, jeune comédienne du Théâtre d'Art. Tout devient suspect, et les prétextes les plus futiles alimentent son désespoir, à tel point qu'il quitte Moscou pour la propriété familiale à la campagne où il espère chaque jour une lettre de sa bien-aimée.Peinture de la passion et des âmes mortes, Ivan Bounine traite de l'amour malheureux et son éternel pendant, la jalousie. Dans un style limpide et délicat, il analyse une descente aux enfers avec, en contrepoint, l'évocation délicate des beautés de la nature.
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Sans doute y a-t-il peu de points communs entre Sania Diespérova, qui, après trente années de désillusions, décide de boire la goutte de miel qui reste dans le calice de la vie, et la belle Véra qui rompt paisiblement avec son compagnon de quinze ans. Et peu de relations entre ces femmes et le berger Ignace, assassin amoureux, ou Paracha, trouvée folle sur le bord de la route. Hommes et femmes d'une Russie ancienne, prérévolutionnaire, ils sont tous, pour nous, comme les gens du domaine aujourd'hui désert de Soukhodol : ils sont morts et leur passé prend figure de légende.
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Ce volume contient sept des plus belles nouvelles de l'écrivain : « Trois roubles, La Grammaire de l'amour, Nuit en mer, Coup de soleil, Casimir Stanislasovtich, Ida, Le Sarafane de Mordovie ». Il reprend le volume « La Grammaire de l'amour » paru en 1997 aux éditions Sables à Toulouse, augmenté d'une septième nouvelle.
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Chronique nostalgique de l'âme russe, ténébreuse et lumineuse à la fois, Soukhodol est la saga des Khrouchtchev, petite noblesse de province derrière laquelle se dissimule la famille de l'auteur. Le regard de Bounine se pose avec un calme impitoyable sur un monde en déclin. Dans une langue précise et mélodieuse, hommes et nature composent un poème qui dégage une sobre magie empreinte de spiritualité, où se croisent Natalia, servante et « mémoire » de cette famille, Piotr Petrovich, son amour secret, ou Tante Tonia, qu'un amour déçu a enfermé dans la folie. Car « à Soukhodol, l'amour était singulier, la haine aussi ». Et leur temps nous semble, à nous comme à Bounine, « soit infiniment lointain, soit tout proche ». La Cerisaie de Tchekhov, dont Ivan Bounine fut disciple et admirateur, résonne dans ce récit avec des accents et des prolongements tragiques.
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Le présent recueil comprend des récits et nouvelles écrites à différentes périodes créatives de Ivan Bounine et couvre ses principaux thèmes (la poésie de l´enfance, l´art, l´amour ,la mort .) et transmet diverses caractéristiques de son style (penchant pour l´impressionnisme, concision de la pensée, lyrisme de la narration .). À l´exception de Rusak et Les pingouins, toutes les textes proposés ici sont traduits pour la première fois en français. Le livre comprend une section poétique, montrant au lecteur français Bounine poète, menant un dialogue avec les poètes de l´école parnassienne, dédiant ses lignes à Eschyle, et proposant des descriptions lyriques des paysages de Bretagne et de Provence.
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Dans La Nuit, recueil paru en 1925, la destinée humaine ressemble aux intempéries violentes qui s'abattent sur les landes russes. La nuit, dans sa dimension à la fois physique et sacrée, est le fil conducteur qui donne à ces nouvelles une troublante unité.
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Bounine, en 1930, a quitté la Russie depuis 10 ans. " Ces Petits récits, il convient donc aussi de les lire comme la tentative, à la fois humble et désespérée, confiante et sûre d'un "miraculé" de l'Histoire, de faire entendre, sans idéalisme ni complaisance, le génie d'une terre et d'un peuple que la tragédie moderne ne saurait complètement éradiquer. Sur le chevalet du souvenir, le motif revient en arrière-plan, " L'Elysée d'un passé " éternel que le peintre, d'un geste vivace et précis, cherche à fixer sous différentes lumières, par différentes scènes allégoriques, comiques, naïves, lesquelles réunies exposeraient la pérennité secrète d'une Russie intime et universelle. "
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Jours maudits est le journal que Bounine tint pendant la révolution russe de janvier 1918 à juin 1919.
Il s'agit d'un des rares témoignages sur le vif de cette époque chaotique où se décidait le sort de la Russie. À travers les notes quotidiennes qui le constituent apparaît l'image d'un pays déchiré et désemparé qui, en rejetant son passé, donne naissance à un autre monde.
Ces notes sont d'une diversité remarquable : Bounine rapporte des conversations saisies dans la rue, cite des extraits de journaux ou de discours de hautes personnalités politiques, évoque les grandes figures littéraires et polotiques de cette époque (Maïakovski, Trotski, Lounatcharski...) À ce titre, Jours maudits constitue un document historique précieux.
Comme dans le reste de son oeuvre Bounine reste, au coeur même du cauchemar de l'Histoire, sensible à la présence de la nature. On retrouve les accents qui ont fait de la Vie d'Arséniev un chef-d'oeuvre.
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Les Pommes Antonov, seize nouvelles écrites entre 1900 et 1949, composent aussi un univers commun où la nature imprime aux hommes ses paradoxes et ses débordements. Pris dans la tourmente de la guerre, dans celle des passions amoureuses ou des souvenirs cruels, les personnages affrontent les épreuves par le biais d'une imagination incandescente. Leur solitude est un exil intérieur, miroir de la condition de l'auteur.
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Un femme seule écrit des lettres à un écrivain dont le dernier roman a déclenché en elle un besoin d'aimer furieusement.
Une lycéenne d'une beauté troublante charme tous les garçons qui l'approchent mais choisit, pour l'initier à l'amour, un homme plus âgé et bien médiocre. Un ancien marin tient des propos virulents sur le meurtre et l'absence de repentir chez les assassins, tout en ayant lui-même un comportement criminel. Une femme mariée, mère de deux filles, voit sa vie bouleversée, le jour où elle rencontre un jeune homme immature en qui elle reconnaît le fils qu'elle n'a jamais eu.
Un poète, plongé dans la méditation, est persuadé de contenir en lui une parcelle de Dieu. Voilà quelques-uns des personnages que l'on peut croiser tout au long des huit nouvelles, teintées d'étrange et de fantastique, qui composent ce recueil.
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Y a-t-il jamais eu écrivain plus tourmente que Léon Tolstoï ? Légende vivante, génie universellement acclamé, il fut aussi apôtre du progrès social et chantre de la non-violence. Son imposant oeuvre littéraire porte la marque d'une recherche effrénée de la vérité que Tolstoï poursuivra jusqu'à la fin. Homme de contradiction, obsédé parla mort, il s'abîme dans une quête mystique tonitruante qui aboutira à son excommunication par l'Eglise russe. Ivan Bounine, qui fut son disciple, décrit ici le long calvaire existentiel de l'auteur de " Guerre et Paix ". Avec le talent qu'on lui connaît, il retrace l'itinéraire spirituel du grand écrivain, qui trouvera sa " délivrance ", dans la petite gare d'Astapovo, un matin brumeux de 1910...
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Mitia, un étudiant moscovite, est éperdument amoureux de la ravissante Katia. Celle-ci, qu'amuse la gaucherie du garçon, fréquente un milieu d'artistes bien supérieurs à Mitia et souffre de sa jalousie qui empoisonne leurs relations. Pour échapper à sa jalousie maladive, Mitia retourne dans le village de son enfance mais son obsession ne fait que grandir. L'image de Katia ne lui laisse aucun répit, même lorsqu'il a une aventure éphémère avec une villageoise. Une lettre de rupture définitive de Katia le pousse au suicide. Le roman ne s'attarde pas sur l'intrigue mais sur le complet anéantissement de l'âme de Mitia par la jalousie, véritable démon qui lorsqu'il effleure un être, ne l'abandonne qu'après l'avoir terrassé. La figure de Katia suggère elle l'indéfinissable mystère de l'amour.
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