Littérature
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Nonbinarité, LGBTQIA+, queer, genderfluid, agenre, demiboy, demigirl... Il fallait un poète pour entrer sans effraction dans l'espace sémantique d'un des tabous de notre temps. Pour déployer, sans le froisser, l'origami d'un terme souvent mal compris, galvaudé ou banni, conspué ou trop étroitement porté en étendard. Avec Martin Page, les mots refusent leur assignation à résidence dans une pensée caricaturale. Son texte, travaillé à la frontière entre essai et poésie, dans une langue simple et imagée, se veut lui-même espace ouvert à la liberté d'interprétation du lecteur. Il n'assène rien, il n'impose rien. Son domaine est celui de la nuance et du mouvement, de l'ouverture et de la tolérance, sans lesquels il devient impossible d'appréhender la complexité du monde. Un livre qui aide à se penser soi-même comme un autre.
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Un accident entre le monde et moi
Martin Page
- Bruno Doucey
- Jeunes Plumes
- 8 Septembre 2022
- 9782362294303
Il dit se sentir « bizarre et inadapté », avec des « idées étranges » et des mots « à côté de la plaque ». La vie quotidienne lui apparaît comme « une arme de destruction massive », et il aimerait trouver « des ciseaux pour découper la tristesse ». Mais qu'il est attachant, le poète qui donne à lire ici son premier recueil ! Avec Martin Page, les thématiques atemporelles et le trépied des muses sont priés de rester au vestiaire. Ce qui compte pour lui, c'est l'ancrage de la poésie dans le quotidien : celui du père de famille et des repas à préparer. De l'écrivain qui pousse la porte de son ordinateur. Du citoyen que tant de situations révulsent. Son rapport intranquille au monde se teinte d'imagination et de tendresse, pour nous offrir une poésie joyeusement désespérée, alerte et décalée.
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« - Tu veux dire, prononça lentement Ganja en mâchant des graines médicinales, tu veux dire que tu as été stupide d'essayer d'être si intelligent, que c'était à côté de la plaque, et que devenir un peu stupide, c'est ça qui serait intelligent... » Antoine a beau être diplômé d'araméen, de biologie et de cinéma, il n'en est pas plus heureux. Et, selon lui, ce sont précisément son intelligence et sa lucidité qui lui gâchent l'existence.
Aussi décide-t-il d'arrêter de penser. Il envisage d'abord de devenir alcoolique, mais, dès le premier verre, il sombre dans un coma éthylique. Il s'intéresse ensuite au suicide, mais la mort ne l'attire décidément pas. Reste l'acte ultime : la crétinisation. -
Lorsqu'il est chargé par Samuel Beckett de classer ses papiers, un jeune doctorant en anthropologie décide de tenir le journal de cette expérience. C'est un Beckett inattendu qu'il découvre chaque jour : grand amateur de chocolat chaud à la garde-robe extravagante, joueur de bowling et apiculteur passionné. Une drôle de relation se noue entre les deux hommes, tandis qu'en filigrane un metteur en scène demande à Beckett l'autorisation de monter une de ses pièces dans une prison.
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Daria, jeune écrivaine, rêve d'être publiée. En quête de réponses, elle entame une longue correspondance avec Martin Page. Au fil de leurs échanges, il esquisse des solutions pour affronter le milieu littéraire, ses névroses et ses fragilités. Mais la discussion gagne de plus vastes sujets : la morale, la politique, le féminisme. Un dialogue derrière lequel se dessine en filigrane l'autoportrait de l'auteur et qui s'inscrit, à l'image de Lettres à un jeune poète, de Rilke, dans une lignée héritée du XIXe siècle, du vieux sage s'adressant au jeune pour l'ouvrir sur le monde.
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Disons que c'est l'histoire de la journée d'un homme dont la principale occupation est de se suicider avec entrain.
Du lever au coucher, dans son immeuble, dans la rue, à son travail, à l'enterrement de ses amis. En fait tout irait à peu près bien si son médecin ne venaitde lui annoncer qu'un requin nage dans son corps. Heureusement, pour lui changer les idées, un quatuor de Mexicains apparaît régulièrement pour lui interpréter une chanson. L'auteur sait parfaitement mettre en scène les manies et les mesquineries de ses semblables.
Maniant habilement l'humour noir, il réalise une sorte de conte cruel drolatique qui rappelle L'Ecume des jours.
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Découvrez On s'habitue aux fins du monde, le livre de Martin Page. " Un producteur s'occupe de ceux qui entrent dans la lumière ; lui reste dans la douce nuit qui protège du regard et donne le loisir de frapper et de consoler, sans jamais être frappé, ni consolé. Elias organisait, négociait, remplissait des chèques, serrait dans ses bras, réservait des jets et des hôtels, trouvait les bons acteurs et les meilleurs somnifères. Mais son ?uvre ne laissait pas de traces. Il y a des fantômes sans qui rien ne fonctionnerait. Ce soir, alors que les premiers flocons de neige se posaient sur Paris, une cérémonie l'arrachait à l'immatérialité. Des inconnus refusaient de croire qu'il n'existait pas. " " Il avait aimé la Belle au Bois Dormant, ses cheveux d'or et ses yeux fermés, le royaume qu'elle promettait et l'assurance d'une vie partagée. Le prince tombe amoureux de la Belle au Bois Dormant car il croit qu'elle ne se réveillera pas. Il est surpris quand elle ouvre les yeux. Il ne l'avait pas prévu. Il ne sait pas quoi faire et, sans doute, lui en veut d'avoir changé de nature. Il l'aimait endormie, maintenant qu'elle est réveillée ça ne peut que tout gâcher. "
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En une semaine, la vie de Mathias bascule. Rédacteur des discours du maire de Paris depuis douze ans, il est envoyé au chevet de Fata Okoumi, une femme d'affaires africaine grièvement blessée par un policier auquel elle a refusé de présenter ses papiers d'identité. Alors que la bavure agite la presse et les associations militantes, Mathias est chargé de réparer l'outrage. Mais il s'attache de plus en plus déraisonnablement à Fata Okoumi. Ira-t-il jusqu'à exaucer son dernier souhait : " faire disparaître Paris " ?
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Roman«La peinture était le prétexte à son occupation criminelle. Ce qui
n'était qu'une couverture finit par devenir une petite passion qu'elle
retrouvait avec un plaisir grandissant. À un moment, elle se demanda si
elle n'avait pas organisé ce brigandage subtil pour se donner une
excuse à la pratique d'un art.»Fio a trouvé un moyen de gagner sa vie pas très honnête, mais ingénieux.
Imaginant que la plupart des gens ont des choses à cacher, elle
envoie des lettres anonymes au hasard, rédigées de la sorte : «Nous
savons ce que vous avez fait. Vous avez une semaine pour payer.»
La rançon doit être déposée dans un recoin de la falaise des Buttes-Chaumont.
Pour ne pas attirer l'attention, en attendant son enveloppe,
Fio plante un chevalet et peint. C'est ainsi que, bien malgré elle, elle
devient la coqueluche des galeries d'art. Et son existence s'en trouve
bouleversée...
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" On s'habitue à être surhumain, et très vite on comprend que ce n'est qu'une des multiples façons que la vie a trouvées pour nous dire qu'on est un inadapté. " Margot est une jeune orpheline timide et solitaire. Un jour, elle découvre sa véritable nature : elle est douée de capacités extraordinaires. Ces pouvoirs la terrifient, elle les dissimule jusqu'à ce qu'un événement tragique la contraigne à se dévoiler. On lui demande alors de mettre ses dons au service de l'humanité. Sa vie se partage désormais entre son quotidien de jeune fille espiègle et des missions d'une grande violence. Adulée et crainte, elle devient une icône. Mais peut-on sauver le monde si l'on s'y sent étranger ?
En s'inspirant de l'univers des superhéros, Martin Page se réapproprie les codes habituels du genre. Captivant, bouleversant, Je suis un dragon est un roman sur la puissance de la fragilité et sur la possibilité de réinventer sans cesse nos vies. -
De retour chez lui après une banale journée de bureau, Virgile trouve sur son répondeur un message pour le moins déroutant : Clara lui annonce qu'elle le quitte. Virgile a l'habitude d'être quitté par les femmes, c'est même une « certitude plus grande que la gravitation », mais il n'a aucun souvenir de cette prétendue Clara. Il s'affole, se demande s'il n'est pas gravement malade ou amnésique, file chez sa psy, pense encore à un de ces « accidents avec la réalité » dont il est coutumier, demande conseil à sa grande amie Armelle, cartomancienne de son état. A défaut de trouver une réponse satisfaisante, il finit par prendre une décision inattendue : reconquérir cette femme qu'il ne connaît pas...
Peut-être une histoire d'amour est une comédie romantique dont le charme repose tout entier sur le personnage de Virgile, héros décalé et farfelu, amoureux élégant et drôle, employé modèle mais discrètement révolté - qui rappelle beaucoup, avec une petite dizaine d'années de plus, le Antoine de Comment je suis devenu stupide. Martin Page a quelque chose de Boris Vian dans l'écriture, spirituelle et poétique et de très british dans l'humour décalé. Les histoires qu'il raconte, à mille lieues de la vie ordinaire, sont des fables qui nous entraînent résolument du côté de la rêverie, de la drôlerie et de l'éternel rebondissement.
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succession de délicieuses chroniques dévoilant le rôle de la pluie dans l'érotisme, la création musicale ou encore la sacralisation du monde, ce petit traité est tout sauf un manuel de météorologie.
philosophique et poétique, il se veut une apologie de la pluie. pour parvenir à ses fins, l'auteur n'hésite pas à utiliser les armes redoutables du romancier : l'imagination et la prestidigitation. le ton est sérieux, le propos constamment nourri de références historiques, artistiques et scientifiques, qui sont toutes vraisemblables, à défaut d'être véridiques. car martin page fait résolument oeuvre de prosélyte : il désire convertir son lecteur à sa passion des précipitations.
lorsque vous saurez que la pluie est un " monstre bienveillant ", qu'elle " porte en elle les gènes de l'enfance " et qu'" elle permet de tomber amoureux sans objet ", vous lèverez les yeux au ciel pour guetter les nuages.
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Marcel Martin Pagés dessine lorsqu'il écrit. Auteur espiègle et observateur des moments de vie il les croque en instantanés. Il décrit ses personnages d'un trait incisif et satirique. Son humour et ses mots comme des images nous portent du sourire jusqu'au rire, toujours avec tendresse et humanité.
D'un style jubilatoire il raconte le « P'tithommeblanc », ce jeune marseillais qui à la fin des années cinquante quitte sa ville natale de l'aéroport de Marignane pour partir à la conquête de l'Afrique. Recruté par une compagnie Française, celle-ci l'envoie en Afrique anglophone en Gambie pour une mission de trente mois.
Ces trente premiers mois révéleront le continent Africain au « P'tithommeblanc ». Une découverte faite de personnages et d'anecdotes souvent cocasses où le dérisoire des certitudes occidentales se heurte à la simplicité et au réalisme des Africains.
Au final il peint un tableau vivant, une bande dessinée où l'absurdité des uns côtoie la sagesse des autres dans une Afrique multiple enseignant l'humilité quant on croit y exporter la vérité.
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La disparition de Paris et sa renaissance en Afrique
Martin Page
- Éditions de l'Olivier
- 7 Janvier 2010
- 9782879297033
- La disparition et la renaissance : un roman des contraires,comique et tragique, politique et intime.Martin Page aime provoquer les histoires et il faut bien avouer qu'il a un don pour l'extravagance. Prenons Mathias, l'étrange et fantaisiste héros de son dernier roman : cet homme " de l'ombre " qui rédige depuis douze ans des discours pour le maire de Paris se voit confier, par un drôle de hasard, une mission très délicate : il doit trouver le moyen de réparer l'outrage dont a été victime Fata Okoumi, une richissime femme d'affaires africaine qui, alors qu'elle se promenait à Barbès, a été grièvement blessée par un policier auquel elle refusait de présenter ses papiers d'identité. Pour ce faire, il se rend au chevet de la dame pour recueillir ses doléances. Mais l'imprévu fait irruption : ces rendez-vous, qui devaient être professionnels, deviennent vite amicaux et Mathias s'attache déraisonnablement au " sujet " de sa mission. Quand Fata Okoumi lui confie, avant de tomber dans un irréversible coma, que sa seule consolation serait de " faire disparaître Paris ", Mathias tout d'abord s'effraie. Puis cède peu à peu au désir d'exaucer cet étrange souhait. " La disparition de Paris " devient alors l'histoire d'un homme qui désire accomplir quelque chose d'extraordinaire pour quelqu'un qui vient de mourir et, ce faisant, contribue à sa propre " renaissance ".Comme toujours chez Martin Page, il y a au départ une idée " folle " : ici, faire disparaitre Paris. Mais comme dans tous ses romans, l'originalité vient que cette folie est racontée avec réalisme. Cette alliance des contraires - la folie et la logique - est au cuur de l'écriture de ce roman de la disparition et de la renaissance : sombre et vivant, joyeux et mélancolique, nihiliste et idéaliste, léger et grave.
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Martin vient d'avoir 41 ans. Il se rend à Paris pour rencontrer une productrice qui souhaite adapter un de ses romans au cinéma. Logé chez un ami artiste, il découvre la dernière oeuvre de celui-ci, une curieuse "Machine à remonter le temps". Il s'y glisse et s'y endort. le temps d'une nuit, le voilà revenu 29 ans plus tôt, face à un double de lui-même âgé de 12 ans.
Le lendemain, il retrouve la productrice pour discuter de l'adaptation de son roman. Mais très vite, tout déraille.
Chaque nuit que compte ce séjour parisien où rien ne se passe comme prévu, Martin et son jeune-moi poursuivent leur conversation. Tout en lui révélant une partie de son avenir, le quadragénaire cherche à donner des conseils à l'adolescent, il veut l'aider et lui éviter les expériences douloureuses. Mais la relation se complique : ce jeune double a l'esprit de contradiction et ses remarques poussent Martin à se remettre en question. Vie rêvée et vie réelle deviennent aussi déstabilisantes et excitantes l'une que l'autre.
À la fois décalé, drôle et profond, le nouveau roman de Martine Page est aussi une réplique au pessimisme et une défense de l'imagination comme arme existentielle.
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Tristan apprend qu'il n'est pas un homo sapiens ; Raphaël doit prouver qu'il n'a pas été assassiné. L'identité est capricieuse, insaisissable. Que faire ? Ils pourraient la fuir, ou partir à sa recherche. Suivre l'exemple de l'homme qui emménage à l'intérieur de lui-même, ou de celui qui laisse un inconnu être lui, pour n'être plus personne. Prendre la mauvaise habitude d'être soi, ou la perdre.
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Nous avons des armes et nous ne savons pas nous en servir
Jakuta Alikavazovic, Martin Page
- Nuit Myrtide
- 20 Mars 2011
- 9782913192980
A la suite d'une résidence itinérante dans la région Nord Pas-de-Calais, J. Alikavazovic et M. Page ont échangé, à travers des lettres, sur leurs impression, sur les paysages, la population, le quotidien.