Christian Bourgois
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Au terme d'un repas, un banquier démontre à son convive que ses convictions et ses actions en matière d'anarchisme n'ont rien à envier à celles des poseurs de bombe. Il déploie ainsi les trésors d'une rhétorique insidieuse au service de sa personne et s'installe dans de provocants paradoxes. Si ce banquier anarchiste nous enchante par son esprit retors, ses raisonnements par l'absurde et une mauvaise foi réjouissante, la véritable dimension du livre, cependant, n'est pas là : il s'agit en fait d'un pamphlet incendiaire contre la société bourgeoise, ses hypocrisies et ses mensonges. C'est aussi une dénonciation du pouvoir de l'argent, qui mine de l'intérieur le bien le plus précieux de l'homme : la liberté.
Le Banquier anarchiste est l'unique oeuvre de fiction publiée du vivant de Pessoa et signée de son vrai nom. Un texte explosif, un véritable brûlot.
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Un beau jour du seizième mois de l'automne, Siméon arrive dans une vallée perdue où se succèdent inlassablement deux saisons, une de pluie et une de gel bleu, et où seules les lentilles parviennent à germer. En pleine saison pourrie, cet étranger qui se déclare écrivain cherche dès lors à prendre place dans la communauté hors du temps qui y vit, vaille que vaille. étranger au milieu de ces habitants taciturnes, Siméon devra s'affronter à une hostilité grandissante. Il est le paria, l'autre absolu.
Parviendra-t-il à écrire le livre dont il a le projet ?
Depuis près de quarante ans, Les Saisons conquit un réseau souterrain de lecteurs enthousiastes, souvent prosélytes, qui n'hésitent pas à faire circuler ce livre. Une confrérie d'initiés qui partage un même univers ; ils se connaissent et se reconnaissent entre eux, un peu comme les lecteurs de Malcolm Lowry ou de Julio Cortázar. Voici pour la première fois ce « livre culte » en poche chez Christian Bourgois. Maurice Pons s'y saisit de toute la crasse humaine pour la transformer en or.
« Quand un monde est inhabitable, on le change, ou on en change. »
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Baba Yaga a pondu un oeuf
Dubravka UgreSic, Chloé Billon
- Christian Bourgois
- Titres
- 2 Février 2023
- 9782267051971
Trois vieilles dames zagreboises s'offrent des vacances luxueuses dans un spa. Beba, une ancienne infirmière aux cheveux blonds et aux seins énormes, cite constamment des poèmes dont elle mélange les phrases. Il est possible qu'elle gagne des milliers de dollars au casino du spa. Kukla, autrice anonyme d'un vif succès littéraire, a été veuve plus souvent qu'à son tour. Pupa, ex-gynécologue acerbe au corps tout fripé, est poussée en chaise roulante - ses jambes déformées coincées dans une botte géante. Elle rentrera chez elle dans un oeuf en bois géant.
Ce trio rocambolesque de vieilles sorcières vivra des aventures folles pendant ce séjour à Prague. Ugrešic explore le mythe de Baba Yaga pour évoquer un sujet peu traité dans la littérature contemporaine : le devenir des femmes âgées. Cette figure du folklore, de la mythologie et des contes russes (et plus largement slaves) est l'une de ses créatures les plus omniprésentes et les plus puissantes. -
Pour la première fois, à travers des témoignages de sang et de larmes recueillis auprès de simples soldats, d'officiers, de mères et de veuves de combattants soviétiques morts en Afghanistan, une jeune journaliste d'URSS prenait le risque de briser la loi du silence et de dénoncer la trahison, le mensonge d'une propagande dont a été victime toute une génération aujourd'hui rejetée par la société. La première génération perdue d'URSS, mutilée dans sa chair et dans son âme.
Ce livre présente un intérêt exceptionnel à plusieurs titres : c'est tout d'abord un témoignage unique sur la conduite des soldats soviétiques à la guerre et sur les rapports humains au sein de l'armée. C'est aussi la façon dont la population civile, le pays profond a vécu la guerre, et à cet égard, Les Cercueils de zinc est un document passionnant sur la révision morale et intellectuelle qui, au-delà du seul problème de l'Afghanistan, a déchiré le pays. C'est enfin une photographie étonnante de la mentalité russe, qui nous est offerte par une voix courageuse issue de la Perestroïka.
L'auteur, après un bref « récit de plus en guise d'épilogue », revient également sur le procès que lui valut la parution du livre en Biélorussie. Svetlana Alexievitch fut en effet violemment accusée d'avoir déformé et falsifié les récits des soldats et de leurs mères. Après quelques extraits de presse de l'époque, le procès est présenté sous forme de « chronique » des auditions, avec les témoignages de l'accusation et des défenseurs de Svetlana Alexievitch, et enfin le jugement rendu.
Les accusations, particulièrement celles portées par les mères de soldats et par les témoins mêmes du livre, frappent par leur violence et jettent une lumière nouvelle sur le terrible chagrin de ses femmes pour qui plus s'éloigne dans le temps la guerre d'Afghanistan, plus la mort de leurs enfants engagés dans cette désastreuse entreprise semble absurde.
Ces nouveaux textes révèlent à quel point ce livre a paru être une offense à tous ceux pour qui la vérité sans fard sur la guerre d'Afghanistan est un fardeau trop lourd à porter.
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Fernando Pessoa a beaucoup écrit sur lui-même. Un singulier regard peut être vu comme un prélude à son oeuvre et le complément de son chef-d'oeuvre et livre total, Le Livre de l'intranquillité. Les textes qui composent le présent volume révèlent en effet des aspects méconnus de l'auteur à travers des textes et correspondances. Ils constituent un journal de sa vie intérieure, tout entière tournée vers l'auto-analyse.
On trouvera dans cet autoportrait passionnant, souvent impitoyable, la lente progression d'une personnalité en pleine gestation, depuis une adolescence chaotique jusqu'à une maturité magistrale. Les écrits très intimes rassemblés ici montrent l'angoisse, la solitude et la lucidité de l'écrivain et la genèse de sa personnalité.
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Nocturne du Chili
Roberto Bolano, Robert Amutio
- Christian Bourgois
- Titres
- 19 Avril 2007
- 9782267019124
Nocturne du Chili met en scène un chilien, critique littéraire et poète qui, le long d'une nuit d'agonie, tâche de se défendre des accusations qu'il entend et qui ne sont probablement qu'une dernière manifestation de sa conscience. Sur son lit de mort, le père Icabache revient fébrilement sur son passé. A mesure que le récit se rapproche de notre présent, le prêtre glisse vers l'enfer,
sans rien perdre de sa mégalomanie ni de son aveuglement, lesquels atteignent leur paroxysme lorsqu'il accepte de donner des cours de marxisme à Pinochet et assiste à des soirées chez Maria Canales, dont le mari, nord-américain, torture dans la cave des opposants au régime (anecdotes
malheureusement historiques...). Le portrait s'achève alors, à la fois ridicule et effrayant, et le personnage est enfin confronté à la « tempête de merde », son apocalypse personnelle. Le tout 70 dans une sorte d'élan de joie et de rage. Dans ce roman/poème en prose, mêlant vision et grotesque, l'auteur éclaire un demi-siècle d'histoire du Chili et repose une des questions qui le
hantent : que peut la littérature face aux ténèbres oe
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Queer
William S. Burroughs, Christine Laferrière, Sylvie Durastanti
- Christian Bourgois
- Titres
- 3 Novembre 2022
- 9782267046762
Queer est le récit halluciné d'une errance, d'un mal de vivre incurable qui a pour toile de fond un Mexique couleur de cauchemar, avec son soleil obsédant, ses étendues de tôles ondulées et toute une faune pittoresque et violente. Lee, alter-ego de Burroughs, héros désenchanté, titube de bar en bar, noyant son désespoir dans l'alcool, dans la drague, à la fois avide et indifférent, spectre sur qui pèse la menace d'une dissolution. Son seul repère : Allerton, jeune homme indolent, jaloux de son indépendance, mais aussi secrètement flatté d'être l'objet de la convoitise de Lee. À force de séduction, de prévenance et de ténacité, Lee parviendra à ses fins et accompagnera son compagnon dans une étrange expédition à travers l'Amérique du Sud, à la recherche d'une mystérieuse drogue, le Yage, connue pour ses pouvoirs télépathiques.
Queer est essentiellement une peinture du manque, le récit d'une douloureuse tentative de sevrage. Par-delà son exotisme sulfureux, ce roman est la remarquable radiographie d'une détresse sans autre recours que l'écriture. -
L'Usine, un gigantesque complexe industriel de la taille d'une ville, s'étend à perte de vue. C'est là qu'une femme et deux hommes, sans liens apparents, vont désormais travailler à des postes pour le moins curieux. L'un d'entre eux est chargé d'étudier des mousses pour végétaliser les toits. Un autre corrige des écrits de toutes sortes dont l'usage reste mystérieux. La dernière, elle, est préposée à la déchiqueteuse de documents. Très vite, la monotonie et l'absence de sens les saisit, mais lorsqu'il faut gagner sa vie, on est prêt à accepter beaucoup de choses... Même si cela implique de voir ce lieu de travail pénétrer chaque strate de son existence ?
Dans une ambiance kafkaïenne où la réalité perd peu à peu de ses contours, et alors que d'étranges animaux commencent à rôder dans les rues, les trois narrateurs se confrontent de plus en plus à l'emprise de l'Usine. Hiroko Oyamada livre un roman sur l'aliénation au travail où les apparences sont souvent trompeuses. -
Le gaucho insupportable
Roberto Bolano, Robert Amutio
- Christian Bourgois
- Titres
- 6 Mars 2008
- 9782267019766
L'univers inquiétant et fantaisiste de ces cinq nouvelles est du meilleur bolano.
Des lapins sauvages et féroces investissent la pampa ; des rats s'entretuent ; des poètes tristes errent dans la nuit tandis qu'un écrivain argentin plagié se rend à paris sur les traces du coupable, qui est aussi son meilleur lecteur. dans cet univers entre onirisme, humour noir et violence latente, des doubles et des triples de l'auteur se combattent dans des jeux de miroirs déformés. figurent aussi deux conférences où bolano parle de lui, de sa mort, de son amour violent de la littérature et de la vie : deux textes magnifiques et émouvants, " littérature + maladie = maladie " et " les mythes de chtulhu", où il cingle la littérature récente, les écrivains qui déshonorent leur art.
Drôle, cruel, polémique et émouvant, ce recueil, remis à son éditeur quelques jours avant sa mort, nous montre bolano au sommet de son art
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Il existe à New York une rue au nom évocateur : Division Avenue. Elle se situe dans une partie spécifique de Brooklyn, le quartier juif orthodoxe. C'est là que vit Surie Eckstein, qui peut s'enorgueillir d'avoir vécu une vie bien remplie : mère de dix enfants, elle passe des jours tranquilles avec sa famille. Alors qu'elle pensait être ménopausée, Surie découvre qu'elle est enceinte. C'est un choc. Une grossesse à son âge, et c'est l'ordre du monde qui semble être bouleversé. Surie décide de taire la nouvelle, quitte à mentir à sa famille et à sa communauté. Ce faisant, Surie doit affronter le souvenir de son fils Lipa, lequel avait - lui aussi - gardé le silence sur une part de sa vie. Un secret peut avoir de multiples répercussions ; il permettra peut-être à Surie de se réconcilier avec certains pans de son passé.
Avec Division Avenue, Goldie Goldbloom trace le portrait empathique, tendre et saisissant d'une femme à un moment charnière de son existence. Et nous livre un roman teinté d'humour où l'émancipation se fait discrète mais pas moins puissante. -
Dans le Nunavut des années 1970, une adolescente inuite grandit et fait l'expérience de l'amitié, l'amour parental, l'art du camouflage et de la survie. Elle connaît l'ennui et l'intimidation. Les ravages de l'alcool, la violence sourde, la menace des hommes, le courage d'aimer les petites peurs. Elle connaît le pouvoir des esprits. Elle scande en silence la puissance brute, amorale, de la glace et du ciel. C'est l'histoire d'une fille qui devient femme, en s'appropriant son corps, sa culture, sa voix.
Croc fendu chronique les jours terribles d'un village écrasé sous le soleil de minuit. Mêlant descriptions hallucinées et plongées intimistes, ce portrait d'une héroïne inoubliable nous pousse à reconsidérer la différence entre le bon et le mauvais, l'animal et l'humain, le réel et l'imaginaire.
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"La vraie poésie ne dit rien. Elle ne fait rien que proposer des opportunités et ouvrir toutes les portes. Vous pouvez choisir celle qui vous convient et la franchir. Ce qui me plaît tant dans la poésie, c'est son immortalité. Tant qu'il y aura des hommes sur terre, ils pourront mémoriser des mots et une combinaison de mots. Rien d'autre que la poésie ou la chanson ne pourrait perdurer après un holocauste, personne ne peut décrire un film, une sculpture, une peinture, mais tant que l'homme existera, la poésie et la chanson pourront durer. Si ma poésie a un but, c'est celui de délivrer les hommes des limites par lesquelles ils voient et ressentent." Jim Morrison "Une lumière dionysiaque l'habitait, lui dont le rock fit la gloire et laisserait dans l'ombre sa poésie coupante, lucide, réfléchie comme la vie se réfléchit même dans l'acier d'une lame." Claude Michel Cluny
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Dans la salle de lecture surchauffée de la bibliothèque municipale, ils ont échangé leurs premiers regards. Puis, autour d'un café, leurs premiers mots. II est suisse et fait des recherches sur les wagons de luxe américains. Elle est américaine, étudiante en physique et rédige sa thèse de doctorat. Ils dînent ensemble, partent en excursion dans les forêts environnantes, visitent les musées. Un jour, Agnès lui demande d'écrire un portrait d'elle. Soir après soir, il se prête à ce qui n'est au début qu'un jeu. Mais, peu à peu, leur vie se conforme aux aléas du récit, au risque que celui-ci prenne le pas sur la réalité. "Qu'est-ce qui relie les êtres entre eux ? Peter Stamm a écrit un premier roman cérébral et singulier. Une réflexion sur les mystères de l'amour. Un voile soulevé dans un bruit de déchirure. Agnès raconte la mort de l'innocence".
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Ce court roman se présente sous une forme épistolaire ce qui lui vaut toute son originalité. L'histoire se construit à travers les différentes correspondances échangées entre plusieurs protagonistes, rehaussant ainsi les opinions et personnalités de chacun. Lady Susan, ravissante veuve d'environ trente-cinq ans, est au centre de ces correspondances. Par ses interventions mais surtout par les réactions que ses comportements provoquent autour d'elle. Ses agissements volages engendrent bien des critiques. Cette veuve spirituelle et jolie mais sans le sou trouve en effet refuge chez son beau-frère, un riche banquier. Est-elle dénuée de scrupules, prête à tout pour faire un beau mariage, ou simplement une coquette qui veut s'amuser ? Le jeune Reginald risque de payer cher la réponse à cette question... Grande dame du roman anglais, Jane Austen trace le portrait très spirituel d'une aventurière, dans la lignée des personnages d'Orgueil et préjugé et de Raison et sentiments.
Jane Austen est née en 1775 à Steventon, fille d'un pasteur anglican et benjamine d'une famille de huit enfants. Elle a vécu une vie toute unie et toute familiale jusqu'à 41 ans, âge de sa mort « au moment où elle commençait à croire qu'elle réussirait ». Jane Austen commence à écrire très tôt, encouragée par l'exemple familial. Elle s'oriente vers le récit, s'inspirant des romans sentimentaux qui constituent le fonds des bibliothèques. Les oeuvres de jeunesse qui ont été conservées, copiées à la main en trois cahiers intitulés Volume I,II et III, ont été écrites sans doute entre la douzième et la dix-septième année de l'auteur. En 1795, Jane Austen commence un roman intitulé Elinor et Marianne, première version de ce qui allait être Raison et Sentiments. Dans la foulée, elle écrit First Impressions, qui deviendra Orgueil et préjugés. Enfin en 1798, elle écrit Northanger Abbey, sous le premier titre de Susan. Ces trois romans majeurs sont écrits entre vingt et vingt-cinq ans. Son père tente de faire publier First Impressions, sans succès dans un premier temps. En 1800, elle s'installe avec toute sa famille à Bath, ville qu'elle apprécie peu mais qui a inspiré de nombreux passages de ses romans.
Son père meurt en 1805, laissant Jane, sa mère et sa soeur Cassandra dépendantes des revenus fraternels. Elles quittent Bath en 1808 pour s'installer dans le village de Chawton. C'est là qu'elle passa les dernières années de sa vie, écrivit l'essentiel des oeuvres, qui lui firent connaître le succès de son vivant : Orgueil et préjugés, Mansfield Park et Emma.
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Tentative d'épuisement d'un lieu parisien
Georges Perec
- Christian Bourgois
- Titres
- 11 Juin 2020
- 9782267032130
« Ce qui se passe quand il ne se passe rien, sinon du temps, des gens, des voitures et des nuages. » La place Saint-Sulpice à Paris. La place Saint-Sulpice vue par les yeux de Georges Perec. Les 18, 19 et 20 octobre 1974, à différents moments de la journée. La place Saint-Sulpice vue successivement du Tabac Saint-Sulpice, du Café de la Mairie, du Café de la Fontaine Saint-Sulpice, ou « sur un banc en plein soleil, au milieu des pigeons, regardant dans la direction de la fontaine ». Des listes. Les petits faits insignifiants de la vie quotidienne. Rien, ou presque rien. Et pourtant si : un regard, une perception humaine, unique, vibrante, impressionniste, variable, comme celle de Monet devant la cathédrale de Rouen. Les mille petits détails inaperçus qui font la vie d'une grande cité - d'un petit coin dans une grande cité. Les mille variations imperceptibles du temps, de la lumière, du décor, du vivant. Autobus, chiens, passants, touristes.
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« Tout a débuté par un essai, consacré à quelques uns des problèmes esthétiques, et moraux, que pose l'omniprésence des images photographiques : mais plus je réfléchissais à la nature des photographies, plus elles devenaient complexes et suggestives. Si bien qu'un essai en engendra un autre, qui à son tour (à mon grand étonnement), en engendra un troisième, et ainsi de suite, chacun ajoutant un maillon à une chaîne d'essais sur le sens et la vie des photographies, jusqu'à ce que je fusse allée assez loin pour que le développement esquissé dans le premier essai, étayé puis prolongé dans les suivants, pût être récapitulé et généralisé de façon plus théorique. Et trouver son terme. [.] Ecrire sur la photographie, c'est écrire sur le monde. Et ces essais sont en fait une méditation prolongée sur la nature de notre modernité. » (Susan Sontag) Paru pour la première fois en 1977, Sur la photographie est devenu un livre culte sur le sujet.
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Tokyo-Montana Express, le très spécial TGV (Texte à Géniales Visions poétiques) conçu et piloté par Richard Brautigan, fait la navette entre le Montana, où il vivait une partie de l'année, et le Japon, pays dont il était tombé amoureux. Au long des quelque 130 stations qui jalonnent son imprévisible itinéraire, on trouvera des restaurants où toutes les serveuses ont la même tête ; d'autres désespérément vides ; un taxi rempli de carpes ; le plus grand film érotique du monde ;
Et la plus petite tempête de neige jamais observée depuis l'invention du bulletin météo.
Flânerie dans les mots et les paysages, invitation à regarder le monde d'un oeil neuf, attentif à la beauté de ses plus infimes et improbables détails, Tokyo-Montana Express est l'une des oeuvres de Brautigan dans lesquelles il livre le plus de lui-même, tout en laissant libre cours à la fécondité de son imagination à nulle autre pareille. Il y a là la quintessence de l'art poétique d'un des écrivains les plus attachants, loufoques et émouvants de la littérature américaine. -
« Toni Morrison donna à l'université de Harvard une série de conférences sur le roman américain qui sont à l'origine de Playing in the dark. Elle analyse le rôle attribué au personnage noir, et la place qui lui est réservée dans les oeuvres de Melville, Twain, Willa Cather, Poe, Hemingway., écrites pour des lecteurs à peu près toujours identifiés à des Blancs. Toni Morrison apporte un éclairage nouveau et très personnel sur la fiction américaine, et, plus généralement, sur la manière dont s'est constituée l'identité blanche américaine au fil de l'histoire littéraire.
« Qu'arrive-t-il à l'imagination textuelle d'un auteur noir, qui reste à un certain niveau toujours conscient de représenter sa propre race devant, ou malgré, une race de lecteurs qui se pense comme « universelle » ou sans race ? » demande-t-elle. » (Nicole Zand, Le Monde) -
San Francisco, 1942. Card est un détective privé dont les affaires ne marchent pas très fort. Et pour cause : au lieu de s'occuper de la sordide histoire de cadavre volé dans laquelle l'a embarqué une femme mystérieuse (et fatale, comme il se doit), ou de trouver une nouvelle secrétaire après que la précédente a claqué la porte, Card passe son temps à rêver. En imagination, le voici qui se transporte dans le temps et l'espace à Babylone, où il devient le fin limier le plus célèbre et adulé de la cité antique.
Détournement jubilatoire des codes du polar, portrait hilarant et poignant d'un homme pour qui la vie est littéralement un songe, Un privé à Babylone est l'un des joyaux de l'oeuvre de Richard Brautigan, et sans doute l'un des romans les plus personnels de cet écrivain culte, devenu le saint patron littéraire de tous ceux qui tournent le dos au monde pour mieux le réenchanter par la fantaisie et la poésie.
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La pêche à la truite en Amérique ; sucre de pastèque
Richard Brautigan
- Christian Bourgois
- Titres
- 3 Mars 2022
- 9782267045895
Est-ce un lieu ? Le nom d'un personnage cul-de-jatte ? Un cours d'eau ? Une librairie ? Un hôtel ? Un slogan politique ? Ou encore, tout simplement, un poisson ? La «truite» de Richard Brautigan est un peu tout cela, et plus encore ; métaphore aussi enchanteresse qu'incongrue d'une Amérique rêvée et réinventée de fond en comble par Brautigan à l'orée de l'âge beat, c'est surtout son chef-d'oeuvre, le livre qui lui conféra du jour au lendemain une gloire à ce jour jamais démentie.
Livre totem, qui de génération en génération aura toujours trouvé sa place sur les chevets des amoureux de la littérature la plus libre et poétique, La Pêche à la truite en Amérique, auquel répond Sucre de pastèque comme une sorte de face B plus satirique, est un émerveillement inépuisable.
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Les terres ingrates du Nebraska, glacées en hiver, caniculaires en été, soumises à de violentes tempêtes. Des voix féminines y résonnent et s'entremêlent, défiant le temps perdu tout autant que l'avenir.
Il y a Cora, qui épouse un fermier au début du xxe siècle.
Il y a Madge, leur fille, et Sharon Rose, élevées comme des soeurs. Madge qui devient une femme de la campagne dure à la tâche, désireuse de se marier. Et Sharon Rose qui part étudier à Chicago, observant de loin la vie de la famille et de la ferme qui continue sans elle. C'est l'époque où arrivent le téléphone, le réfrigérateur et la télévision - la modernité. C'est l'époque où le monde, leur monde, change.
Un roman à l'écriture éblouissante, capable d'embrasser l'immensité des paysages comme l'intimité sensible de ces femmes fortes. -
Le langage, le rythme, les choses, l'invention, la clarté, la voix: tels sont les titres des six brefs
chapitres de ce livre bref. Livre de philosophie, mais sans références, sans citations, sans
guillemets, sans italique. Énoncé de phrases qui cherchent, en se succédant à la façon des tuiles
d'un toit, à couvrir la question de la phrase et, à travers elle, à ouvrir celle du penser. Chercher
une phrase, c'est l'équivalent à la fois libre et exigeant de "penser". Comment et avec quoi penset-
on ? Telle est la question ici posée, question qui soutient, par sa forme même, que la littérature
est la réponse: les phrases nouvelles pressenties puis formées.
L'auteur
Pierre Alféri a fondé la revue 'Détail' avec Suzanne Doppelt et est également co -fondateur de 'La
revue littéraire générale' avec Olivier Cadiot. Il a été pensionnaire de l'Académie de France à Rome
entre 1987 et 1988 et 'écrivain résident' de la Fondation Royaumont entre 1991 et 1992. Il a écrit
une dizaine de romans, poèmes et essais qui combinent ses différentes qualités d'écrivain, poète et
philosophe. Lauréat du festival Poem (mars 2003) dans la catégorie court de création, pour son
court-métrage Tante Elisabeth, il a également réalisé des travaux communs avec le plasticien
Jacques Julien ainsi que des disques et des performances avec le musicien Rodolphe Burger (Kat
Onoma). Pierre Alféri a par ailleurs traduit plusieurs poètes anglo -saxons contemporains, John
Donne, Giorgio Agamben et Meyer Schapiro.
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Karim, dix-sept ans, un adolescent rêveur, cherche désespérément à échapper à la banlieue sud de Londres et à goûter aux fruits défendus que les années 1970 semblent offrir.
Entre son père d'origine indienne qui se découvre une passion pour la philosophie chinoise et se transforme en un gourou New Age initiant ses voisins aux secrets de la méditation, et sa mère british qui essaie de l'empêcher de sortir, il ne cesse de tenter de nouvelles expériences. Lorsque l'opportunité improbable d'une vie dans le show business se présente, Karim commence à gagner le genre d'attention qu'il espérait.
Avec la publication de ce roman d'éducation déjanté, à la sauce punk rock en plein coeur de l'Angleterre métissée, Hanif Kureishi s'est imposé dans le paysage littéraire comme une nouvelle voix singulière et un écrivain irrévérencieux qui brise les tabous.
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En septembre 1968, pour échapper à la police qui envahit l'Université de Mexico, Auxilio Lacouture se cache au quatrième étage de la faculté de Lettres et de Philosophie. Cette Uruguayenne, amie des poètes et de la poésie, passe treize jours et treize nuits ainsi enfermée dans les toilettes des femmes. "J'étais à la faculté ce fameux 18 septembre quand l'armée viola l'autonomie de l'université et entra sur le campus pour arrêter ou tuer tout le monde.
"Ainsi recluse, elle raconte son histoire au fil d'un vaste récit qui mêle passé et futur, évoquant les jeunes gens qu'elle a connus à l'université - génération bientôt sacrifiée par l'armée - et les événements de ces années troubles qu'elle a traversées comme une ombre. Par moments, cette réflexion prend également les allures d'un songe mystique au sein duquel surgissent certains personnages historiques tels Remedios Varo, peintre surréaliste épouse du poète Benjamin Péret, ou la poétesse salvadorienne Lilian Serpas.
Dans cet ouvrage qui fut l'un des premiers de Roberto Bolano à paraitre en France, on retrouve la combinaison, propre à l'auteur, d'une atmosphère angoissante, proche des récits d'Edgar Allan Poe, et d'une terreur politique bien contemporaine. A cet égard, Amuleto annonce les oeuvres futures de l'auteur, où les écrivains et les poètes jouent souvent un rôle essentiel : La littérature nazie en Amérique, Etoile distante, Nocturne du Chili...