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Cornelius
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Rancho Bravo est un territoire sauvage de l'Ouest américain. C'est aussi un état d'esprit, une manière de concevoir la liberté, la vraie?: déguster un plat de fayots sous la nuit étoilée, se réchauffer devant une bonne flambée ou sillonner à cheval les plaines de l'Arizona. Mais Rancho Bravo, c'est surtout ce que le genre western peut produire de pire en matière de personnages?: des gangsters bas-du-front, des justiciers justiciables, des cowboys peureux et des cowgirls possessives, des militaires en manque affectif, des enfants cruels... des assureurs et des comptables.
Dans chacune des 12 histoires qui composent ce recueil, ces personnages se retrouvent malmenés sous la plume de Capron et le crayon de Blutch. L'univers du western n'est ici qu'un prétexte pour distiller un humour souvent féroce fait de scènes cocasses où l'absurde et le ridicule déclenchent l'hilarité.
Entourloupes et quiproquos, c'est le genre à la sauce parodique que les auteurs nous proposent, loin des clichés du cowboy viril et des femmes faciles du western classique de John Ford. Avec Rancho Bravo, Blutch et Capron nous serve un condensé d'humour noir qui vient dynamiter le politiquement correct, brisant au passage le manichéisme latent du genre. -
Que se passe-t-il dans la tête de Nicole Claveloux lorsqu'elle s'endort ? Il y a d'abord Loïc Lalune, le chef décorateur de l'imagination, Lili et Zizi Frisson spécialistes des sensations ou encore Madame Reine Bancale, experte de la mémoire en charge des archives et bien sûr la Grande directrice, Nicole Claveloux elle-même. Mais voilà qu'une belle nuit débarque Charles Chaposec, responsable discernement du département «Logique et raison», un homme rigide qui souhaite effectuer un contrôle de gestion dans le secteur des rêves. Et c'est ainsi que notre joyeuse bande s'embarque dans un voyage haut en couleur au pays des songes et des cauchemars...
Plus de quarante ans après sa dernière bande dessinée, Nicole Claveloux reprend du service et livre une oeuvre d'une richesse incroyable. Jonglant avec brio entre différents styles de narration, l'artiste joue avec les limites du cadre, déforme les phylactères et convoque des apartés avec le lecteur pour jouer de la mise en abîme. Elle n'a rien perdu de son goût pour le baroque et son dessin conserve l'impact et l'étrangeté qui ont fait sa réputation.
Les personnages, tous présents dans le cerveau de la narratrice, représentent chacun un pan de la personnalité humaine. À travers eux, Nicole Claveloux nous parle du culte de la performance, du lien entre l'artiste et son oeuvre et de l'importance d'écouter ses émotions. Tout en conservant son trait si particulier rempli d'humour malicieux et d'onirisme, elle offre avec ce livre une ode à l'imagination et à la fantaisie, et ouvre au passage une véritable réflexion sur la création et le métier d'artiste. -
Calfeutré dans l'atmosphère moite de son appartement, un homme nu est avachi devant sa télévision. Les sacs poubelles jonchent le sol, les objets s'accumulent, l'espace se rétrécit. Seul sur son îlot de déchets, l'homme semble coupé du monde depuis une éternité. Mais voilà qu'un matin, il disparaît pour de bon... Quelques semaines plus tard, une équipe de nettoyage est envoyée sur place pour vider les lieux. Parmi les agents, Adel, effectue son premier jour dans l'entreprise. Très vite, le jeune homme ne peut s'empêcher de s'interroger sur les raisons qui ont poussé le dernier locataire à un tel isolement. Une curiosité imprudente qui l'amène à s'identifier dangereusement au mystérieux occupant.
Dans cette bande dessinée, Jérôme Dubois s'intéresse au phénomène hikikomori, un état psychologique qui pousse certaines personnes à vivre cloîtrées dans leur chambre pendant des mois, voire des années. Ce point de départ sert de socle pour questionner notre rapport aux présences invisibles et à la mémoire des lieux. La gamme chromatique du livre, faite de rouge/vert/bleu, accentue ce jeu entre espace intérieur et extérieur en convoquant un regard sur le monde qui ne passe que par les écrans. De l'ensemble naît une atmosphère aussi lumineuse que pesante, presque irréelle, à l'image du fantôme par les yeux duquel nous suivons une partie de l'histoire.
Jérôme Dubois signe avec Immatérielune oeuvre somptueuse et métaphysique en réussissant le pari osé de mettre des images et des mots sur l'invisible. -
Absorbé par l'image déformée que lui renvoie le grille pain en face de lui, Brian Milner s'aperçoit qu'il est en train de dessiner un auto-portait. Dans la pièce derrière lui, à des années lumières de sa propre pensée, ses amis font la fête. L'esprit de Brian a déjà traversé l'espace pour se perdre dans un autre monde où tout est plus vivant, plus étincelant, lorsqu'une ombre se glisse derrière lui. Cette première rencontre avec Laurie marque le début d'une nouvelle histoire dont elle jouera le rôle principal.
Enchevêtrant subtilement le cinéma et la vraie vie, Dédales est le premier tome d'une série qui construit sa narration autour du rapport entre l'inconscient et sa représentation. Ce thème, qui puise ses sources dans les fondements de la psychanalyse, est ici décliné par Charles Burns à travers d'incroyables séquences où le rêve devient source d'inspiration de la fiction. Pour l'auteur, comme pour Brian, le personnage central de la série, la caméra et le crayon deviennent alors des outils introspectifs qui créent un pont entre l'imagination et la réalité. Burns s'amuse ainsi à nous semer dans différents niveaux de lecture pour mieux renforcer le sentiment d'étrangeté qui se dégage de ses illustrations. Il livre au passage un brillant hommage au cinéma fantastique et à sa capacité d'agir comme un miroir déformant de l'existence. Le premier tome de cette nouvelle série, publié en exclusivité mondiale, prouve une nouvelle fois le génie de Charles Burns à travers son aptitude à s'emparer de sujets toujours plus complexes tout en créant des liens délicats entre les disciplines artistiques, le tout, servi par un dessin époustouflant.
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Pour Brian Milner et Laurie Dunn, le clap de fin approche. Entourés de leurs amis, les deux protagonistes se réunissent une dernière fois près d'un lac pour tourner les ultimes scènes de leur film amateur. Le soir venu, autour du feu de camp sur lequel grillent les poissons pêchés dans la journée, l'heure est à la fête et toutes conditions d'une happy end sont rassemblées. Pourtant, l'histoire ne semble pas suivre le storyboard initial...
Enchevêtrant subtilement le cinéma et la vraie vie, Dédales est une série qui construit sa narration autour du rapport entre l'inconscient et sa représentation. Ce thème est ici décliné par Charles Burns à travers d'incroyables séquences où le rêve devient source d'inspiration de la fiction mais aussi une échappatoire à la réalité.
Jouant avec la confusion des genres, Burns nous plonge dans une histoire qui oscille sans cesse entre science-fiction, romance et film d'horreur pour mieux nous emmener là où on s'y attend le moins. Il nous offre dans ce dernier et ultime tome un dénouement sublime qui, comme dans tout grand film, laisse de profondes réminiscences bien après le générique. -
Alors que le premier tome de Dédales marquait la rencontre entre Brian, un jeune réalisateur au regard déroutant, et Laurie, l'égérie de son nouveau film, l'heure est désormais venue de commencer le tournage. Entourés de quelques amis, les deux protagonistes se retrouvent dans une cabane perdue au milieu de la forêt pour filmer les premières scènes. Les images du film s'esquissent à peine et les tensions émergent déjà au sein du petit groupe isolé...
Enchevêtrant subtilement le cinéma et la vrai vie, Dédales est une série qui construit sa narration autour du rapport entre l'inconscient et sa représentation. Ce thème, qui puise ses sources dans les fondements de la psychanalyse, est ici décliné par Charles Burns à travers d'incroyables séquences où le rêve devient source d'inspiration de la fiction. Pour Brian, le personnage central de la série, comme pour l'auteur, la caméra et le crayon deviennent alors des outils introspectifs qui créent un pont entre l'imagination et la réalité. Burns s'amuse ainsi à nous semer dans différents niveaux de lecture pour mieux renforcer le sentiment d'étrangeté qui se dégage de ses illustrations.
Cette nouvelle série, publiée en exclusivité mondiale, prouve une nouvelle fois le génie de Charles Burns à travers son aptitude à s'emparer de sujets toujours plus complexes tout en créant des liens délicats entre les disciplines artistiques comme entre les personnages, le tout servi par un dessin époustouflant.
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Jack et Patience filent le parfait amour, malgré quelques problèmes d'argent ils forment un couple harmonieux et comblé par l'arrivée futur de leur premier enfant. Un jour, ce bonheur vole en éclats. Jack rentre du travail et découvre qu'un étranger lui a arraché son fragile équilibre familial. Pour empêcher l'irréparable, Jack fera tout ce qui est en son pouvoir même si pour cela il doit courber l'espace et le temps.
Daniel Clowes signe ici l'une des oeuvres les plus abouties et des plus accessibles de sa carrière. Avec subtilité, il joue avec les codes de la science-fiction pour mieux exprimer les sentiments complexes de ces protagonistes. Fluide et addictive, la lecture de Patience transporte le lecteur dans un tourbillon d'émotions jusqu'au dénouement final, proche du «happy end». Avec une virtuosité incomparable, l'auteur utilise la fiction et les voyages temporels pour mieux aborder des problématiques multiples, la construction de l'identité, la part du secret dans le couple, le deuil, la vengeance et bien sûr, l'amour. Sorte de Retour vers le futur pour adulte, Patience mélange rêves d'enfance et questionnement matures dans un enchevêtrement de rebondissements et une intrigue à couper le souffle.
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Seymour, 27 ans, d'origine irakienne, est monteur dans le cinéma du Hollywood des années 1970. Films de série B, bandes annonces... il n'est que simple exécutant au sein des studios Revery. Or, Seymour se rêve cinéaste, et espère qu'il pourra bientôt réaliser son premier projet, Blood of the virgin, un film de loup-garou qu'il a presque fini d'écrire. Lorsqu'on lui propose enfin de le produire, le budget alloué est minime, on lui en refuse la direction et il s'en retrouve très vite complètement dépossédé. Perpétuellement rabroué lors des conflits avec ses collaborateurs et leurs egos, Seymour traverse en même temps une crise dans son couple, fragilisé depuis la naissance de leur fils.
Tout semble lui échapper à mesure qu'il s'accroche. Seymour évolue dans un système qui broie les individus, les rend fous ou désabusés. Dans un monde où les apparences deviennent identités et les vérités avancent sous le masque du non-dit, il n'a pas d'autres choix que de partir en quête de lui-même et de la femme qui partage sa vie.
Cette histoire captivante et profonde sur le désenchantement du rêve hollywoodien s'enrichit de digressions géographiques et temporelles, de changements de points de vue et d'un découpage nerveux et cinématographique.
Sammy Harkham réussit avec brio à nous plonger dans le quotidien de ses personnages, dont la sensibilité et l'imperfection provoquent immédiatement l'attachement. -
Comme un gant de velours pris dans la fonte
Daniel Clowes
- Cornelius
- Solange
- 26 Novembre 2004
- 9782909990453
Clay, le héros de Comme un gant de velours pris dans la fonte, part à la recherche des producteurs d'un snuff movie dans lequel il a cru reconnaître sa femme, disparue quelques temps plus tôt. Sur cette trame, Daniel Clowes organise un road movie cérébral qui abolit toute frontière entre cauchemar et réalité. Dans ce chaos nocturne, parfois simple transposition hallucinée des peurs et des solitudes urbaines, il nous porte à entrevoir l'ombre fugitive et glaçante d'une horreur intime et universellement partagée.
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Un jeune homme dans son lit, un pansement sur la tempe. Doug se lève et suit son chat noir, Inky - pourtant mort depuis des années - et se laisse entraîner de l'autre côté du miroir. Que s'est-il passé ? Une soirée punk, un concert, William Burroughs, une jeune femme nommée Sarah, des polaroïds, un amant jaloux... À grand renfort d'ellipses, Charles Burns fait voler en éclats nos repères spatio-temporels, multiplie les allers-retours entre rêve et réalité, nous place un foulard sur les yeux, nous fait tourner sur nous-mêmes et nous laisse seuls dans un pays inconnu, juste après le déluge. Inspiré par des influences aussi diverses que Hergé ou Burroughs, Toxic est un rêve sombre et fascinant.
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Le quotidien d'un groupe d'adolescents est chamboulé lorsque deux jeunes filles sont retrouvées un matin, sauvagement assassinées aux abords du lycée. La présence de la police empêche Pola de dealer autour de l'école, le discret Daniel a des pulsions de plus en plus morbides, et la populaire Laurie commence à se remémorer des souvenirs traumatisants. La vie de la petite bourgade est très vite rythmée par les flashs télévisés et la rumeur d'un dangereux meurtrier armé d'une batte se propage rapidement dans la ville. La fin des cours approchant, l'avenir semble incertain, pourtant chacun veut préserver l'illusion d'une éternelle insouciance. Mais le mal est pourtant bien là, dissimulé sous leurs yeux...
Véritable hommage au cinéma de genre américain, L'Entaille nous plonge dans le quotidien d'une petite ville de bords de mer dont la tranquillité est soudainement rompue pars l'arrivée d'un tueur en série. On y retrouve ainsi tous les codes du slasher ou du teen movie qui sont ici habilement adaptés en bande dessinée. Les planches, entièrement réalisées au crayon papier, provoquent un sentiment d'irréalité proche du rêve éveillé et nous baignent instantanément dans une ambiance feutrée.
Avec L'entaille, Antoine Maillard signe un récit initiatique contemporain où les adolescents quittent subitement le monde préservé de l'enfance pour affronter un univers d'adulte, inconnu et menaçant. Ainsi, l'intrigue centrale met en exergue les états d'âme juvéniles des personnages, leurs doutes et leur mal-être quotidien, dans des moments introspectifs qui renferment une forme de poésie.
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Pelléas et Mélisande et autres récits
Nicole Claveloux
- Cornelius
- Solange
- 14 Septembre 2023
- 9782360812073
Composé d'une première histoire longue suivie de plusieurs récits courts, ce quatrième volume de l'anthologie que nous consacrons au travail de Nicole Claveloux témoigne de l'affection que l'autrice porte aux clowns. Dans Pelléas et Mélisande, oeuvre principale qui introduit l'ouvrage, Nicole Claveloux revisite la célèbre pièce de théâtre de Maurice Maeterlinck créée en 1893 (reprise en opéra par Debussy) et transforme la totalité des personnages en facétieux bébés à gros nez rouges. Elle offre ainsi une toute autre lecture à cette complexe histoire d'amour et de jalousie, épurant les scènes de tout décors au profit d'un humour espiègle et délicieusement outrancier. Ce récit d'une quarantaine de pages est complété de deux Histoires de clounes construites comme de courtes scénettes mettant en scène le désir amoureux, d'une série de quinze dessins spectaculaires initialement paru dans l'ouvrage Pour de rire, ainsi que de deux histoires inédites Quand ça va plus, ça va plus et Macaroni malade contre dragonorgeuilleux.
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Doug, le héros de Toxic, se confesse sur son passé à une jeune femme. Il se bat pour se souvenir du mystérieux incident qui a changé sa vie et qui pourrait bien être lié à son ancienne petite amie, Sarah, et à l'ex de celle-ci. Doug va chercher des réponses dans un monde alternatif cauchemardesque, où il est un petit employé de la Ruche.
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Après Toxic et La Ruche, Charles Burns signe avec Ca/averos la fin de sa trilogie chez Cornélius ...
Quelques années après l'épisode de La Ruche, nous retrouvons Doug, jeune adulte grassouillet et un peu perdu dans la vie. Poursuivi par des fantômes et des regrets, il continue de dérouler jusqu'au bout le fil de sa vie passée et décide de retrouver son amour d'adolescent: Sarah ...
Calaveros boude avec maestria toutes les intrigues déroulées au fil des précédents tomes. De quoi s'alimentent réellement les peurs de Doug? Qu'a-t-il cherché à fuir?
Comment son alter ego "tintinesque" se sortira-t-il de cet étrange pays peuplé de lézards au service de la Ruche?
Explorant dans ce tryptique sa fascination pour Hergé et William Burroughs, Charles Burns, pour sa première bande dessinée en couleurs, réussit un objet obscur et limpide à la fois, perdant le lecteur dans les méandres d'un univers instable et fascinant éclairé par la rigueur graphique qu'on avait pu apprécier dans Black Hole, et sublimé par un découpage et un art de la mise en abyme à leur paroxysme.
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David, héros et narrateur de l'histoire, est un jeune homme qui oscille entre la fin de l'adolescence et les prémices de l'âge adulte. Pressé de quit- ter l'un et réticent à entrer dans l'autre, il occupe son temps à s'ennuyer, relisant entre deux conquêtes féminines insatisfaisantes un recueil de bande dessinée réalisé 30 ans plus tôt par le père qu'il n'a jamais connu. Cette atti- tude vole en éclats le jour où il croise la route de Wanda. Ce qui prenait la tournure d'un récit introspectif bascule alors peu à peu dans le cauchemar :
Un inconnu tente de l'assassiner, des gens meurent ou disparaissent mysté- rieusement, une guerre bactériologique éclate dans le lointain... et plus rien ni personne ne peut garantir que le monde est ce qu'il paraît être.
Mêlant observation pointue des sentiment et ambiances à la limite du fantastique, Clowes dresse un époustouflant portrait de l'adolescence en quête d'identité et signe un véritable chef-d'oeuvre.
Publié dans son pays par un éditeur de littérature au même titre que les ouvrages d'écrivains contemporains, ce livre a été salué par la critique comme la preuve (enfin !) que la bande dessinée était une écriture à part entière. Cette nouvelle édition que nous proposons, intègre désormais les cases en couleur présentes dans l'édition originale. L'album sera cartonné avec un dos toilé puis proposé en avant-première au Festival d'Angoulême en présence de Daniel Clowes.
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Le rayon de la mort est le dernier opus de la série Eightball, dans laquelle Ghost world et David Boring ont vu le jour. On y retrouve les thématiques fétiches de Clowes, à savoir un mélange de parade éloquente et d'aliénation poignante, tout en retournant brillamment les codes du superhéros.
Andy est un garçon solitaire, sans famille ni copains, un tantinet misanthrope.
Accablé par la médiocrité mêlée d'arrogance de ses contemporains et hanté par un terrible désir de vengeance, il se rêve une destinée exceptionnelle. Las d'une adolescence qui s'éternise, indifférent au monde qui l'entoure, il passe le plus clair de son temps avec Louie, son meilleur - et unique - ami. Tous deux coulent une jeunesse mélancolique dans une banlieue ordinaire, jusqu'au jour où Louie entraîne Andy dans ses frasques, l'initiant au Punk Rock et. aux cigarettes. Surprise, le tabac a sur Andy un effet inédit, le dotant soudain d'une force extraordinaire et de pouvoirs mystérieux. Le voilà désormais dans la peau d'un super héros. Les super méchants n'ont plus qu'à bien se tenir.
Tandis que les héros de bandes dessinées ont tendance à habiter les grandes métropoles grouillantes de criminels et de criminologues, le monde où vit Andy est plus proche du notre, sans robots ni aliens, mais avec ses rivalités minables et ses arrangements mesquins. Face à une pénurie de vrais méchants, Andy fait avec ce qu'il a sous la main : un assortiment de petites brutes, d'ersatz de rebelles et de jeunes losers. « À quoi bon avoir un pote avec des super pouvoirs, si on ne trouve même pas de criminels à buter ? » se plaint Louis, l'acolyte d'Andy.
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Fritz the Cat est sans conteste le personnage le plus célèbre de Robert Crumb, mais sa renommée repose sur une équivoque. La plupart des gens ne connaissent en effet Fritz que comme le héros du dessin animé que le réalisateur Ralph Bakshi a sorti en 1972, d'après les bandes dessinées de Crumb publiées quelques années plus tôt. Premier dessin animé classé X, le long-métrage de Bakshi a connu un tel succès commercial qu'il a durablement tordu la perception que l'on peut avoir du matou original, celui que Crumb dessinait depuis l'adolescence pour son propre plaisir.
Le présent volume rétablit la véritable identité de Fritz, tel que l'a dessiné Robert Crumb : de sa première apparition en 1965 dans le magazine Help ! à sa mort violente en 1972 (en réponse au film de Bakshi), on le découvre étudiant glandeur, obsédé sexuel, révolutionnaire à-la-mie-de-pain, simili James Bond outrancièrement macho, héroïnomane en pleine déchéance, star vieillissante et cynique, c'est-à-dire l'antithèse des beautiful people du mouvement hippie d'alors... Faussement cool et vaguement ringard, Fritz synthétise la vision acérée que Crumb avait à l'époque des gens de sa génération.
Inspiré, dans son graphisme contrasté et son découpage fluide, par les strips des classiques de la bande dessinée d'humour américaine des années 1920 et 30, Crumb, quand il dessine Fritz, se fait chroniqueur acerbe, à la manière de ses maîtres en satire Harvey Kurtzman et Jules Feiffer.
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On retrouve beaucoup de Robert Crumb dans ces personnages aux noms improbables. Dirty Dog, Crybaby Beanhead, Etoain Shrdlu, Shuman the human ou Onion Head, héros malheureux de cette vingtaine d'histoires qui couvrent trente années de la vie de leur créateur. Trois décennies passées, selon ses propres mots, à pleurnicher et se vautrer dans l'auto-apitoiement. Le petit bonhomme, nu et sans défense, qui vit dans la tête de Crumb comme dans celle de chacun de nous, regarde, impuissant, la folie humaine précipiter à grand train l'univers vers sa fin. Des névroses de l'après Seconde Guerre mondiale aux apocalypses écologiques annoncées, en passant par les désillusions du mouvement hippie, Robert Crumb dresse un portrait cruel de l'homo erectus, à la fois prédateur et victime, tiraillé entre ses angoisses et ses frustrations, et terrifié par le silence des espaces infinis. En route vers le néant, l'homme cherche une consolation à sa solitude dans le travail, le pouvoir, l'abrutissement télévisuel ou la croyance en une intelligence supérieure, divine ou extraterrestre, illusions qui ne font bien sûr qu'aggraver son aliénation. Toutes ces interrogations aboutissent à cette évidence grandiose : la vie, c'est... comment dire... un truc existentiel. Le plus avisé, conseille Crumb, passé du statut de jeune homme amer à celui de vieux sage de la montagne, est d'accepter les choses telles qu'elles sont et d'essayer de jouir de la vie avant que la Faucheuse ne nous rattrape. En un mot comme en cent : en attendant la mort, lisez Crumb.
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Une gamine toujours dans la lune et autres récits
Nicole Claveloux
- Cornelius
- Solange
- 28 Janvier 2021
- 9782360811854
Troisième volume de l'anthologie que nous consacrons à Nicole Claveloux, Une gamine dans la lune est composé d'une dizaine d'histoires courtes réalisées à la fin des années 70. Ces récits au ton irrévérencieux abordent avec malice des thèmes chers à l'autrice, de la naissance de la sexualité à la place de la femme dans la société.
Des sujets parfois tabous que Nicole Claveloux se plaît à bousculer et à tortillonner au gré de son imagination sans limite.
Ce recueil permet également de saisir le regard si particulier que Nicole Claveloux porte sur l'enfance et l'apprentissage du monde. Se qualifiant elle-même de « bébé » ou encore de « clown qui n'aurait pas grandi », on perçoit à travers son oeuvre sa capacité à toujours se placer du côté de l'enfant, sans juger ses inhibitions ou ses maladresses. Une faculté qui fait d'elle aujourd'hui, l'une des plus grande illustratrice de livres pour la jeunesse.
À travers l'histoire Une gamine toujours dans la lune, qui raconte les rêves de menstruation d'une fillette, J'aime un économiste (avec Élisabeth Salomon au scénario), récit d'une femme harceleuse, ou encore les Crapougneries, véritable ode aux bêtises et aux interdits de l'enfance, Nicole Claveloux nous montre - encore une fois - toute la puissance évocatrice et désarmante de son talent, secouant au passage le féminisme militant des années 70 et la bien-pensance parentale.
Une oeuvre intemporelle, pleine d'espièglerie et d'onirisme, qu'il est urgent de redécouvrir.
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Il faut moins de cent pages au talent et à l'intelligence de Winshluss pour décortiquer les théories darwiniennes et illustrer par l'exemple le passage du singe à l'homme moderne.
Ballet animalier au dessin ébouriffant de grâce et d'énergie, décrit le combat ancestral des plus faibles pour survivre face à la force brute. Dans le cas présent, il s'agit d'un petit singe aux manières espiègles, quotidienne- ment confronté aux pièges de la jungle et à ses nombreux prédateurs.
Bien sûr, il est le plus astucieux d'entre tous et il n'y a pas un mauvais pas dont il ne sache se tirer avec panache. Il incarne la supériorité du cer- veau sur le muscle, du raffinement sur la brutalité, de la culture sur l'instinct...
Jusqu'à ce qu'un épilogue se déroulant 2 000 ans plus tard vienne nous rap- peler que la civilisation ne s'est pas construite sur les bons sentiments et que les plus faibles finissent toujours par crever un jour ou l'autre...
Réédité dans un tout nouvel écrin, Smart monkey est pour le première fois présenté en grand format avec une couverture cartonnée. Une bonne façon de découvrir ou redécouvrir ce chef-d'oeuvre luxuriant de Winshluss !
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Tous les amateurs le savent, Robert Crumb n'aime rien tant que chevaucher les croupes bien rebondies des jeunes fans qui viennent le solliciter pour un dessin. Cette manie trouve son origine dans une adolescence pétrie de puritanisme et de rêve américain. Car si les « Happy Days » étaient pleins de promesses pour les jeunes premiers de la société de consommation, ils savaient se montrer sans pitié avec les faibles, les binoclards et les puceaux boutonneux. Frustré toute son adolescence, l'insignifiant « Quatre-Yeux » de l'époque a compensé son insuccès en développant les talents de dessinateur et les fantasmes pervers qui l'ont rendu célèbre dans le monde entier.
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Vous pensez tout connaître des yokai?? Leurs apparences, leur habitat, leurs habitudes et même comment les faire fuir s'ils vous menacent?? Mais vous êtes-vous déjà demandé ce qui les constituait?? En effet, le fonctionnement interne de chaque yokai est très particulier et nécessite des organes spécifiques adaptés à son environnement et ses capacités. C'est dans l'optique d'apporter le complément scientifique nécessaire à la compréhension de ces êtres magiques que Shigeru Mizuki a dessiné dans les années 1960 près de 85 coupes anatomiques de yokai. Le lecteur découvrira comment Fukuro-sage, un tanuki originaire de la préfecture de Nagano, possède un estomac capable de changer la nourriture en sake ou encore comment Mannen-dake, un bambou vieux de 10?000 ans, utilise ses doigts (semblables à des seringues) pour aspirer les âmes des voyageurs perdus. Drôles et insolites, les textes accompagnant chaque dessin ont été écrits par Mizuki lui-même. Ces informations viennent étayer l'imaginaire fascinant du folklore japonais.
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Dans une atmosphère lourde, accentuée par des lavis marrons et des fonds charbonneux, une société s'écroule lentement sous le coup de la pénurie de metax, un mystérieux matériau enfoui qui leur a autrefois valu le prestige.
Les paysages, rendus lunaires par les cicatrices causées par les incessantes fouilles minières, sont le théâtre d'une série de tragédies : des attentats terroristes envers le royaume, des exécutions secrètes, et un étrange virus faisant apparaître des étoiles dans les yeux de ses victimes...
Pendant que l'ingénieur en charge de l'extraction du metax essaie désespérément de trouver de nouvelles pistes, l'homme de main du roi, tire les ficelles pour servir la cupidité de celui-ci et les rebelles tentent au mieux de protéger leur secret.
Avec ses compositions et son découpage cinématographiques, Antoine Cossé nous transporte dans un univers suffocant où les routes sinueuses semblent ne jamais mener nulle part. Cette atmosphère est accentuée par une narration tout en déliés et une ambiance sonore graphiquement très appuyée. Metax est une oeuvre sombre, romantique et poétique, une exploration de la cupidité, de ses conséquences et de la possibilité de s'en échapper. -
La main verte et autres récits
Nicole Claveloux, Edith Zha
- Cornelius
- Solange
- 5 Décembre 2019
- 9782360811687
Récit onirique d'un corbeau mélancolique et d'une jeune fille rêveuse, La Main verte est paru pour la première fois dans le magazine Métal Hurlant en 1977 avant d'être édité l'année suivante aux Humanoïdes associés. Cette histoire fantasmagorique aux couleurs psychédéliques nous entraîne dans un univers surréaliste où les plantes parlent toute seule et les maîtres d'hôtel font des mots croisés. Comme dans une suite de rêves, le récit est divisé en plusieurs épisodes qui s'entremêlent subtilement. on retrouve dans ces pages l'influence de dessinateurs tels que moebius ou druillet mais aussi celle de l'illustrateur tchécoslovaque Heinz edelmann.
Le livre est complété par de nombreuses histoires courtes, pour la plupart parues dans le recueil Le Petit Légume qui rêvait d'être une panthère et autres récits et dont certaines étaient restées jusqu'alors inédites.
Scénarisés et illustrés par Nicole Claveloux, ces récits en noir et blanc au trait fin abondent de détails et de touches d'humour absurde. D'une grande richesse graphique, les dessins de Nicole Claveloux possèdent une force évocatrice intemporelle qui s'imprime immédiatement dans l'imaginaire des adultes comme des enfants.
De Topor à Gustave Doré en passant par Lewis Caroll, son oeuvre convoque de nombreux croisements tout en possédant une énergie unique qu'il est temps de redécouvrir. Ce premier ouvrage de rééditions consacré à l'oeuvre de Nicole Claveloux en bande dessinée adulte.