Que la promotion du citoyen dans l'espace public passe par la maitrise des outils symboliques, et particulièrement du langage, est chose bien connue. Ce que l'on croit aussi savoir, c'est que les usagers éprouveraient de plus en plus de mal à maitriser ces outils. Et ce déficit serait surtout criant chez les francophones. La langue française n'est-elle pas perçue, à tort ou à raison, comme difficile, exigeante et trop dépendante d'une tradition élitiste ? S'il s'avérait que cette crise a bien lieu, il y aurait là un grave problème social : comment accepter que des usagers se sentent exclus de leur propre langue et de celle de la Cité ? Les organismes chargés de la politique des langues dans la francophonie septentrionale (France, Québec, Belgique, Suisse) ont voulu s'emparer de ce problème dans un colloque dont on trouvera les traces dans le présent volume. Les textes ici réunis à leur initiative étudient les représentations qui bloquent l'appropriation de la langue et envisagent les moyens d'agir sur elles ; ils proposent des pratiques didactiques propres à favoriser l'appropriation de la langue ; ils donnent à réfléchir sur les réformes de la langue susceptibles de renforcer son appropriabilité. En balisant les pistes menant à une meilleure appropriation du français par les francophones et les non francophones, ces travaux visent une réduction du cout social de la non-maitrise de la langue et, en dernière instance, une meilleure intégration de tous à la vie de la Cité.
Une étude novatrice sur les dérivés dits "parasynthétiques" en français, fondée sur l'analyse d'occurrences authentiques de dérivés observées en discours, dans leur contexte d'emploi.
Quelle différence y a-t-il entre les dérivés du type déboutonner et dévisser d'une part, les dérivés du type dépoter et désherber d'autre part ?
Les premiers sont traditionnellement décrits comme des verbes préfixés sur un verbe simple, tandis que les seconds appartiennent à la classe des formations dites 'parasynthétiques', dont la caractéristique principale réside dans l'ajout pour ainsi dire simultané de trois éléments - préfixe, base et suffixe - sans qu'une étape intermédiaire soit attestée.
Certains adjectifs comme sous-marin ou antigrippal sont parfois également décrits comme relevant de la parasynthèse, du fait que leur sens se traduit plus adéquatement en référence à la base substantivale mer et grippe qu'à marin et grippal.
Le présent ouvrage propose une étude syntaxique et sémantique approfondie de deux classes de faits, les dé-Verbes parasynthétiques et les dérivés en anti-, qui constituent un domaine d'étude privilégié pour interroger les catégories traditionnelles, préfixes vs prépositions.
Une analyse fine du comportement distributionnel de certains morphèmes présentant à la fois une variante préfixale et une variante prépositionnelle aboutit à une typologie des morphèmes « antéposés » à un nom ; l'auteure introduit le terme de pré-morphèmes pour référer à cette nouvelle catégorie grammaticale.
Dans le domaine de la préfixation en anti-, une approche méthodologique basée sur des investigations empiriques a permis de mettre au jour des faits méconnus, tels les phénomènes de variation dans le comportement combinatoire du préfixe anti- : des emplois comme anti-les méchants libéraux, le patch antirondeurs disgracieuses ou les arrêtés anti « arabes du coin » incitent à penser que anti- investit désormais certains contextes 'prépositionnels' ; les occurrences comme anti-roman policier, anticolliers ou encore anti-joli(e) et anti-douillet témoignent, quant à eux, de la créativité lexicale à l'oeuvre dans les dérivés à valeur antonymique.