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Dogana
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Cent dix-sept poèmes - traduit de l'americain par philippe denis
Emily Dickinson
- Dogana
- Poesie Dogana
- 20 Novembre 2020
- 9782940055913
C'est lors d'un séjour en tant que lecteur de français aux Etats-Unis, au cours des années 70, que Philippe Denis a découvert l'oeuvre d'Emily Dickinson. La rencontre avec l'écriture de cette poétesse américaine, incomprise de son vivant et rédécouverte seulement après la Seconde Guerre mondiale, a été décisive pour ce jeune écrivain. Il venait à peine d'être publié par la prestigieuse revue L'Ephémère, dirigée par Yves Bonnefoy, André du Bouchet, Paul Celan, Jacques Dupin et Michel Leyris. Immédiatement attiré par cette écriture lapidaire et énigmatique, Denis décide dès ce moment-là de la traduire et parsèmera ses propres textes de références à son modèle.
Fidèles à nos précédentes expériences à La Dogana (Góngora, Keats, Mandelstam, Akhmatova, Saba, Dante ou Rilke) nous avons une fois de plus souhaité confier à un poète la tâche de faire entendre dans sa propre langue la voix du modèle admiré. A vrai dire la rencontre entre ces deux voyageurs-rêveurs apparaît presque inévitable tant l'inventaire de leurs petites possessions révèle de biens communs. Il s'agit pourtant de tout autre chose que d'une filiation. L'affinité qui les réunit par-delà les ans, les lieux, les langues et la culture, s'apparente davantage à la présence, en eux - bien évidemment tacite - d'une chimie capable d'opérer des transmutations comparables face aux phénomènes du monde, d'en évaluer le poids sensible avec la même circonspection. De l'un à l'autre, les liens se tissent donc, bien plus qu'en raison de thèmes partagés, en fonction d'une manière commune de marcher, de choisir son terrain et ses itinéraires où ils semblent avancer aux mêmes heures et, souvent, au même rythme.
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André du Bouchet était un lecteur remarquable. Si ses interventions étaient rares, elles étaient unanimement appréciées. La clarté de son élocution, les rythmes impulsés au phrasé, l'attention portée aux intervalles, donnaient à ses lectures une intensité particulière. Les inflexions de sa voix qui s'accordent aux variations du souffle permettent en outre de mieux comprendre le souci typographique qui caractérisait les éditions imprimées de ses textes. Pour le présent ouvrage, c'est l'enregistrement d'une lecture donnée par le poète à Marseille, au Musée Grobet-Labadié, en octobre 1983, qui fournit l'essentiel de la bande sonore. Les récitations d'autres poètes aimés, retenus par André du Bouchet, sont empruntées à plusieurs enregistrements radiophoniques ou captés lors de séances de lecture publique.
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Claude Garache
Marie Du Bouchet, Jean-Yves Masson, Anne Mcclung, Amaury Nauroy, Esther Tellermann
- Dogana
- 14 Juin 2024
- 9782970152866
Ce catalogue accompagne l'exposition « Claude Garache » présentée au Château de Ratilly du 23 juin au 29 septembre 2024 - premier hommage au peintre depuis sa mort en août dernier. À cette occasion ont été réunies plusieurs contributions qui soulignent le lien fort de cet artiste avec la poésie. L'écrivain Amaury Nauroy évoque d'abord le lecteur que fut Garache, et rappelle que ce grand peintre de nus féminins n'aura cessé de vouloir rencontrer les écrivains de son temps, des plus inattendus comme Céline à qui il rendit visite à Meudon, juste après-guerre, aux « alliés substantiels » que furent ensuite pour lui Jean Starobinski, Yves Bonnefoy, Philippe Jaccottet et leurs cercles. La poétesse Esther Tellermann donne à lire les notes prises à l'atelier sous la dictée de Garache. De son côté, le modèle Anne MacClung confie à Marie du Bouchet le déroulé des séances de pose auxquelles elle participa pendant plus de vingt ans. Quant au poète Jean-Yves Masson, qui a toujours admiré Garache sans jamais l'avoir rencontré, il témoigne ici de son émerveillement devant la présence des figures peintes, et l'aura qui est la visibilité de cette présence : « Ce que j'ajoute à tant de choses profondes écrites sur Garache, et que je ne saurais contredire, peut-être pourrait-on aussi l'exprimer en disant que la peinture est la manifestation d'une foi en la splendeur de l'humain qui le place aux côtés des plus grands peintres. » Des reproductions accompagnent le volume.
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Depuis quelques années Philippe Jaccottet a noté dans un cahier personnel les textes de la poésie française de son siècle, qui, par la qualité de leur chant ou la profondeur de leur émotion, parvenait au gré des lectures successives, à le retenir. De Paul-Jean Toulet, Péguy, Supervielle, aux amis récemment disparus, comme Georges Schéhadé, André du Bouchet ou René-Louis des Forêts, Jaccottet livre dans ces pages un témoignage inestimable et, fidèle à son image parfaitement subjectif, d'une vie consacrée à écouter, découvrir, défendre et juger avec passion la poésie en train de se faire :
« Quand, régulièrement, entre 1948 et 1968, épisodiquement plus tard, je parlais de poésie dans des chroniques de journal ou de revue, c'était, avant tout, poussé par un mélange de tristesse et de dépit à l'idée que la clarté qui me venait de ces lectures restât si peu visible à tant de gens ; si bien que j'aurai été au fond une sorte de propagandiste mais, toutes ces chroniques n'avaient jamais été que des commentaires, ornés de citations aussi parlantes que possible. Voici, aujourd'hui, les pièces : voici ce qui luit, brûle, rayonne encore dans ma main ouverte. »
Extrait de la préface -
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Philippe Jaccottet présente ici le second volet de son anthologie de poètes contemporains. Il s'agit, cette fois-ci après sa Constellation, parue à La Dogana en 2002 et consacrée aux poètes français, de textes en langues étrangères que Jaccottet a choisis parmi les auteurs qu'il n'a cessé de lire et d'interroger au cours de son existence. Son choix, revendiqué comme subjectif, fait la part belle aux langues qu'il a pratiquées en tant que traducteur, l'allemand, l'italien ou le russe, mais reflète aussi son attachement à une parole claire, humaine, exempte de tout formalisme. Beaucoup d'exemples ont été recueillis dans la poésie d'une Europe en proie à la souffrance quotidienne et en quête d'une plus grande liberté. De Constantin Cavafy à Josef Brodsky, cet important ouvrage égrène les splendides compositions de Rainer Maria Rilke, Umberto Saba, Giuseppe Ungaretti, Fernando Pessoa, T. S. Eliot, Ossip Mandelstam, Anna Akhmatova, Marina Tsetaïeva, Vladimir Holan, Paul Celan, pour ne citer que quelques-uns d'entre eux.
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Roger Bissière : la part de l'autre
Roger Bissière
- Dogana
- L'Oeil De Planque
- 17 Novembre 2023
- 9782970152842
Au cours des deux dernières années de sa vie, entre 1962 et 1964, Roger Bissière a peint ce qu'il appelait son « Journal en images », composé de plus de 150 petits tableaux datés du jour de leur réalisation, et dédiés à la mémoire de sa femme. Cette dernière avait d'abord été son modèle, puis le sujet de sa peinture. Dès le milieu des années quarante, elle participera en outre activement à la « fabrique » de l'oeuvre, en cousant et brodant des tentures faites de tissus appliqués. Quand elle meurt brutalement en octobre 1962, celle qui a été surnommée « Mousse » devient alors l'objet et la raison d'être de ce questionnement quotidien. La disparition de son épouse laisse en effet Bissière dévasté.
Toutefois, il reprend vite le chemin de l'atelier. Et « comme un pommier fait des pommes », le peintre crée, à l'aide de ses pinceaux et de quelques feutres, une imposante série de tableaux dans lesquels il livre jour après jour une chronique intime. Il ne cherche pas ici à recréer le monde mais à restituer, par les couleurs et les rythmes de son pinceau, la fraîcheur des bois, l'incandescence du feu, la légèreté d'une journée de printemps. Plongé dans la nature de ce pays qu'il affectionne, la campagne du Lot, il en redit la vie germinative et la perpétuelle renaissance. Ces images sont ainsi une projection de luimême en quête d'une communion spirituelle avec celui qui contemple ses images, peignant « pour être moins seul en ce monde misérable » et pour tendre la main par-delà l'espace et le temps aux autres hommes.
Cette publication, accompagnée de trois essais d'Isabelle Bissière, d'Alain Madeleine-Perdrillat et de Florian Rodari, est éditée à l'occasion de l'exposition présentée sous le même titre de septembre 2023 à janvier 2024 à la Chapelle des Pénitents du Musée Granet d'Aix-en-Provence, où la collection de Jean Planque - qui fut l'ami de l'artiste et son soutien auprès de la galerie Beyeler de Bâle - est déposée. -
Cinq ans après son précédent recueil, Albane Prouvost rouvre le théâtre des opérations avec un vers percutant de Mandelstam « le poirier a tiré sur moi ». Or, pour l'auteur de meurs ressuscite, paru en 2015 chez l'éditeur parisien P.O.L., pas question de manquer la cible : elle-même, d'ailleurs, ne s'autorisera à ne frapper qu'une seule fois. Et c'est le champ du livre tout entier qui forme le poème, chaque page ouverte pouvant servir de rime nouvelle, en dehors de toute métrique autoritaire. L'amour de l'expression juste, unique, est chez cet écrivain irréductible. Constituée d'atomes flottants mais saturés d'énergie, sa langue traverse les espaces sans nécessité de rendre des comptes à la raison. Ainsi, renouant avec un fond ancien, chaque mot est une salve dont la charge, placée au bon endroit, fait exploser à tout moment, alors qu'on ne s'y attend pas, des images surprenantes, une voix d'enfance, de brusques lointains. Pas de récit ici, nulle trace de biographie ; en revanche, comme dans les contes et légendes populaires, on s'interpelle de partout dans la neige, les demandes fusent comme des éclosions d'arbres, sonores, exactes ; on court libres à la réponse et l'on discute ardemment : renard poirier.
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Né le 31 octobre 1795, John Keats a 22 ans lorsqu'il publie Endymion, poème narratif en quatre livres, puissamment inspiré.
Il n'en a pas 23 lorsqu'en septembre 1818, à Hampstead, il commence à écrire l'une de ses oeuvres les plus ambitieuses, Hypérion, au chevet de son frère cadet, Tom, que terrasse la tuberculose. Tom meurt le 1er décembre. Les deux premiers livres d'Hypérion sont alors probablement écrits ; ce qui vint au jour du troisième aurait été rédigé en avril 1819. Dix mois plus tard (février 1820), c'est l'hémoptysie, l'impossibilité de travailler, les déchirantes lettres à la fiancée, Fanny Brawne.
Cette quasi-agonie, dans la pleine lucidité, se prolonge durant un an, plus douloureuse de se conjuguer avec l'exil lorsque vient l'inévitable prescription de l'Italie, antidote aux progrès de l'affection pulmonaire. Arrivé à Rome le 17 novembre 1820, John Keats y meurt le 23 février 1821, dans le petit logement de la place d'Espagne où il est assisté jusqu'à la fin par l'inlassable dévouement du peintre Severn, qui l'a accompagné en Italie.
C'est durant la maladie de Keats, huit mois avant sa mort, qu'avait paru son recueil Lamia, Isabella, The Eye of St Agnes, and Other Poems, qui contenait des pièces appelées à la plus grande célébrité : les odes À un rossignol, Sur une urne grecque, À la mélancolie ainsi que notre poème Hypérion. Les poèmes, choisis sur manuscrit par les éditeurs, Taylor et Hussey, étaient précédés d'un avertissement dans lequel ceux-ci prenaient sur eux l'entière responsabilité de la publication d'Hypérion (" A Fragment "), malgré son état d'inachèvement et bien que l'auteur n'ait pas souhaité le voir figurer dans le livre.
" Le poème devait être aussi long qu'Endymion ", affirmaient-ils, " mais l'accueil réservé à cet ouvrage découragea l'auteur de le mener à bien. " Sur son exemplaire personnel, Keats biffa cet avertissement, dont il n'était pas responsable, et nota que la dernière affirmation était un " mensonge " (Hypérion avait été entrepris après l'échec d'Endymion : donc en dépit des rebuffades essuyées lors de cette publication).
Les raisons pour lesquelles Hypérion fut abandonné sont effectivement à chercher en de tout autres directions : dans sa correspondance le poète évoque un mouvement de révolte contre l'emprise exercée alors sur lui par le vers de Milton ; certains ont mis en avant le fait qu'Hypérion est un poème d'une inspiration particulière au sein de l'oeuvre de Keats, un moment qu'il ne voulut pas prolonger artificiellement.
Toujours est-il que le poète s'efforça de traiter à nouveau, et d'une tout autre façon, le thème d'Hypérion : ce fut The Fall of Hyperion. A Dream (été 1819, jamais terminé) - poème qui n'occupe pas dans son oeuvre, tant s'en faut, une place aussi exceptionnelle que celle du premier Hypérion. Il faut dire enfin qu'il s'est trouvé un critique éminent, John Middleton Murry, pour voir dans le premier Hypérion un poème complet, auquel Keats aurait volontairement donné un aspect inachevé.
Admiré par Byron, Hypérion sera le poème de Keats que Shelley préférait. Leigh Hunt rapporte, à ce propos : " On a tiré parti, de manière fort habile et apologétique, de l'attachement bien connu de M. Shelley pour la Bible, afin de le représenter comme en ayant une sur lui au moment où il fut noyé. Rien n'était plus vraisemblable ; et il est vrai qu'il avait, dans sa poche, un livre, dont les restes ont été enterrés avec lui à la demande de l'auteur de cet article, mais c'était le volume des poèmes de M.
Keats, contenant Hypérion, dont il était un grand admirateur. Il me l'emprunta quand je partis, et sachant quelle valeur il avait aussi à mes yeux, il me dit qu'il ne s'en dessaisirait pas jusqu'à ce qu'il me revît. " P. de R. La traduction de Paul de Roux a été faite d'après le texte publié dans The Complete Poems, edited by John Barnard, second Edition, Penguins Books, London 1977.
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Les approches du sens ; essais sur la critique
Jean Starobinski
- Dogana
- 19 Novembre 2013
- 9782940055760
La Relation critique (1970, rééd. 2001) est un des ouvrages-phares du XXème siècle critique. Malgré le caractère de somme, ou de testament de l'herméneutique starobinskienne que son texte liminaire a pu prendre, La Relation critique a connu une fortune exégétique qui a sans doute partiellement occulté l'ampleur de la réflexion de Jean Starobinski sur la critique. Jean Starobinski n'a en réalité jamais cessé de prendre part, avec l'élégance de l'écrivain et un irénisme légendaire, non dénué de fermeté à l'occasion, aux débats qui agitèrent le monde académique dès les années soixante-dix.
L'enjeu des Approches du sens est double : d'une part, restituer dans son étendue et sa diversité, la réflexion métacritique de Jean Starobinski ; d'autre part, donner à lire, aux étudiants comme aux professeurs, ces écrits en conservant la part des conditionnements historiques qui participèrent à leur élaboration.
À la demande expresse des éditeurs, les textes n'ont par conséquent pas été retouchés par l'auteur ; des notes éditoriales formulées à partir de recherches inédites réalisées pendant plus de dix-huit mois dans les archives et la correspondance de Jean Starobinski rappelle les contextes qui les ont déterminés, ou les relations amicales qui les ont suscités.
Un texte inédit en français, daté de 1977, « La Critique et l'autorité », a notamment pu être retrouvé dans les archives de la revue américaine Daedalus, qui avait publié sa traduction en anglais.
Cet ensemble est présenté en postface par Michaël Comte et complété par une bibliographie exhaustive et commentée.
Conçu en deux parties, Les Approches du sens documente l'apport de Jean Starobinski à l'observation historique et méthodique de la critique, mais aussi son influence sur la lecture critique et ses enjeux actuels.
La seconde partie, constituée des Actes du colloque À distance de loge, nous permet en effet de suivre, dans la réflexion de Jean Starobinski sur l'interprétation et dans son activité d'interprète, les chemins croisés de la distance critique et d'une critique de la distance ; de faire amplement résonner, dans les champs de la philosophie, de l'histoire, des arts et des sciences, ce contrepoint d'identification et de distanciation qui, au coeur de la critique starobinskienne, réfléchit et éclaire aussi les tensions qui déterminent toute connaissance.
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Troisième volet de la Divine Comédie achevée il y a désormais 700 ans le cantique du Paradis relate le voyage de Dante, conduit par Béatrice, à travers les sphères célestes jusqu'à l'Empyrée où le poète s'abîme dans la contemplation de la lumière divine.
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Nouveau choix de poèmes extraits du " Canzoniere " et rassemblés par le traducteur sous le beau titre de Comme on cherche un trésor. Chercheur d'or, certes le modeste libraire de Trieste, Umberto Saba le fut toute sa vie, dans les rues de sa ville natale, et sur les terrains vagues et les stades de football de préférence, avec les habitants et les enfants de son quartier. Dans le siècle tourmenté et cruel, il fait entendre sa voix unique, à la fois douloureuse et simplement limpide, aux côtés de ses amis Montale et Ungaretti qui l'un comme l'autre surent reconnaître très tôt la grandeur de sa poésie.
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Cette énorme et audacieuse entreprise a été engagée par l'éditeur pour la raison qu'aucune traduction en français (si belle soit-elle) n'a encore réussi à conjoindre la musique et la modernité de la Divina Commedia. Fidèles à nos précédentes expériences à La Dogana (Góngora, Dickinson, Keats, Mandelstam, Akhmatova, Saba, Orelli ou Rilke) nous avons confié à un poète la tâche de faire entendre dans notre langue la voix du modèle. La prestigieuse traduction d'André Pézard (1965), pour préserver la rythmique de l'hendécasyllabe originel, sombre dans l'obscurité en produisant un texte plus archaïque que celui de Dante. De leur côté, les traductions volontairement « contemporaines » de Jacqueline Risset ou, plus récemment, de Charles Vegliante, privilégiant tantôt l'aisance, tantôt la rugosité, renoncent à la musicalité pourtant germinale du tercet dantesque. Tenir les deux bouts de cette tresse de quatorze mille vers, tel est le pari de Michel Orcel, qui, fort de l'expérience profonde et méditée des grands poètes italiens (Michel-Ange, L'Arioste, Le Tasse, Leopardi), a su tirer du vers régulier de dix pieds les sonorités inouïes de l'outre-monde dantesque.
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" Mais la merveille extrême, celle capable de susciter, paradoxalement sinon scandaleusement, une espèce de joie sourde, timide et tout de même puissante, ç'avait été à coup sûr les paroles, elles-mêmes une autre espèce de fleurs et de flocons, qui s'étaient élevées, avaient fleuri, avaient flotté quelques instants à mi-hauteur entre terre et ciel, [...] et c'était elles, oui, décidément, qui avaient gagné, ce matin-là, le temps de ce matin-là, sur le vide ".
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Le poète et traducteur Michel Orcel offre dans ce recueil un choix de poèmes s'étendant de la Latinité au romantisme anglais et centré autour de la jeune fille et la mort. Né à Marseille, Michel Orcel a accompli des études de philosophie et de littérature qui l'ont conduit à étudier et traduire les grands auteurs italiens, notamment l'Arioste, Le Tasse, Ugo Foscolo, avec une passion particulière, toutefois, pour Giacomo Leopardi auquel il a également consacré des essais d'une grande pertinence. Son oeuvre d'un « classicisme inventif », selon Pierre Oster, explore presque tous les champs de l'expression littéraire, poésie (Elégie, La Dogana, 1984), roman, essais savants et biographies critiques (Verdi. La vie, le mélodrame, 2001). Il a vécu à Florence, Rome, Naples et s'est récemment installé à Nice après plusieurs années vécues au Maroc. Il est le traducteur du Roland furieux de L'Arioste, au Seuil, et de La Jérusalem libérée du Tasse, chez Gallimard, et il donné des versions exceptionnelles des Poèmes et fragments de Giacomo Leopardi, aujourd'hui republiés chez Garnier-Flammarion. En outre il prépare pour 2016 une traduction radicalement nouvelle de La Divine Comédie aux éditions de La Dogana.
La traduction, aux yeux de ce remarquable poète, ne se distingue guère de la création : selon ses propres termes, « traduire, comme voyager, exige, qu'on soit yeux, tout ouïe, perméable jusqu'à l'illusion de se perdre dans l'objet - mais en allant chercher au fond de soi le visage du poème. » Philippe Jaccottet considère qu'il est l'un des meilleurs traducteurs de ces vingt dernières années.
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