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Fayard
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La société assigne des places. Elle énonce des verdicts, qui s'emparent de nous et marquent nos vies à tout jamais. Elle installe des frontières et hiérarchise les individus et les groupes. La tâche de la pensée est de porter au jour ces mécanismes d'infériorisation et la logique de la domination et de la reproduction sociales. C'est à un véritable renouvellement de l'analyse des classes, des trajectoires, des identités et du rôle central et ambivalent des institutions (notamment le système scolaire, le droit, la politique...) dans leur fabrication que nous convie Didier Eribon. Avec pour horizon l'idée que seule une démarche qui place au centre de ses préoccupations le problème des déterminismes par lesquels nos vies sont régies peut nous permettre d'ouvrir la voie à une politique de l'émancipation.Paru en octobre 2009, Retour à Reims a rencontré un écho considérable et suscité de très nombreux débats. Didier Eribon entreprend aujourd'hui d'approfondir le récit et les réflexions qui s'entrecroisaient dans cet ouvrage, devenu un classique.Didier Eribon est philosophe et sociologue. Il est professeur à l'université d'Amiens. Il a publié dernièrement Retour à Reims (Fayard, 2009 ; Champs-Flammarion, 2010) et une nouvelle édition de Réflexions sur la question gay (Champs-Flammarion, 2012).
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« Lorsque j'étais enfant, j'apprenais la ?théorie musicale dans de petits manuels (je ne sais pas s'ils existent encore) partagés en deux : le livret vert des questions et celui rouge des réponses. La première leçon de la première année était la suivante : ?Qu'est-ce que la musique ? ; et sur le livret rouge, il était écrit : ?La musique est l'art des sons. Quel ne fut pas mon éblouissement, à l'âge de huit ans, en découvrant cette définition. Je ne sais pas si ce fut mon entrée dans la ?théorie musicale, mais je crois que ce fut mon entrée en philosophie. Il y avait dans cet énoncé tout le pouvoir magique des formules définitionnelles. Elle concentrait en quelques mots simples le mystère des choses impalpables. Je n'ai guère changé d'opinion : la musique est bien l'art des sons. »De cette définition banale, « la musique est l'art des sons », ce livre tire toutes les conséquences jusqu'aux plus éloignées. Chemin faisant, il répond aux questions que nous nous posons sur la musique et sur les arts. Pourquoi, partout où il y a de l'humanité, y a-t-il de la musique ? Pourquoi la musique nous fait-elle danser ? Et pourquoi nous émeut-elle parfois ? Qu'exprime la musique pure ? Représente-t-elle quelque chose ? Et qu'est-ce que la beauté ? Est-elle dans les choses ou en nous ? Pourquoi tous les êtres humains font-ils des images, des récits, des musiques ? Que nous disent du monde réel ces mondes imaginaires ?
Les questions les plus simples sont souvent les plus profondes. Aucun livre sur la musique ou sur les arts ne les pose avec cette tranquillité et cette originalité.Francis Wolff est philosophe, professeur à l'École normale supérieure (Paris). Il est notamment l'auteur de Socrate (PUF, 2000), Dire le monde (PUF, 2004), Philosophie de la corrida (Fayard, 2007) et Notre humanité (Fayard, 2010). Il a consacré une part importante de son enseignement à la musique.
88 extraits de musiques commentées dans le livre sont proposés à l'écoute sur le site Internet www.pourquoilamusique.fr Le livre est aussi disponible sous la forme d'un epub 3.0 enrichi de ces extraits musicaux -
Le temps du monde : une étude de métaphysique descriptive
Francis Wolff
- Fayard
- Histoire De La Pensee
- 20 Septembre 2023
- 9782213725758
Qu'est-ce que le temps ?
Cette question nous plonge forcément dans l'embarras. La physique refuse de la poser : elle mesure le temps et en propose diverses théories au sein desquelles nous ne reconnaissons pas le temps de notre monde. Renonçant elle aussi à le définir, la philosophie s'est généralement réfugiée dans la conscience du temps, mais sans rien nous dire du temps lui-même.
Il y a pourtant bien un concept de temps qui ne doit rien à la conscience ni à l'ordre cosmique, c'est celui de ce monde où nous vivons et dont nous parlons ; celui par lequel se distinguent l'avant et l'après, celui qui nous fait dire que les êtres changent et que Pierre est en retard. Tout cela dépend, à notre échelle, du mobilier du monde commun.
La philosophie peut ainsi reprendre l'analyse du concept de temps soutenue par toute la tradition, d'Aristote à Bergson, de Kant à David Lewis. Elle offre alors de nouvelles réponses à nos interrogations les plus classiques : Le devenir n'est-il qu'une illusion ? Le passé existe-t-il ou n'est-il qu'un fantôme de la mémoire ? Pourquoi le temps est-il irréversible ? Devons-nous l'imaginer comme une flèche dirigée vers l'avenir ou comme un fleuve précipitant notre présent en passé ? Ces problèmes n'ont pas épuisé leurs mystères. Au bout de l'enquête, il y a l'espoir d'éclairer ce qu'Einstein lui-même estimait être l'énigme du « maintenant ».
Philosophe et professeur émérite à l'École normale supérieure (Paris), Francis Wolff est notamment l'auteur, chez Fayard, de Notre humanité. D'Aristote aux neurosciences (2010 ; Pluriel, 2023), Pourquoi la musique ? (2015 ; Pluriel, 2019), Il n'y a pas d'amour parfait (2016 ; Mille et une nuits, 2023), Trois utopies contemporaines (2017), Plaidoyer pour l'universel (2019 ; Pluriel, 2021) et Le monde à la première personne. Entretiens avec André Comte-Sponville (2021). -
La tentation de Mars : Guerre et paix au XXIe siècle
Ghassan Salamé
- Fayard
- Histoire De La Pensee
- 6 Mars 2024
- 9782213721705
Nous sommes entrés dans l'âge de la dérégulation de la force. À la fin de la guerre froide, les raisons de croire à l'effacement de Mars, sinon au triomphe de Vénus, s'accumulaient pourtant : La dissuasion nucléaire n'avait-elle pas apaisé les ardeurs des bellicistes ? Les idéologies ne s'étaient-elles pas effondrées ? Le « doux commerce » international ne devait-il pas garantir la paix ?
Après leur floraison simultanée, les fondements d'une telle promesse se sont toutefois érodés les uns après les autres : la vague de démocratisation a atteint un plateau, la mondialisation a décéléré, la révolution technologique a brimé la liberté après l'avoir servie, la culture a été sollicitée pour fracturer plutôt que pour rapprocher, la question nucléaire a été rouverte et le multilatéralisme n'a cessé de s'étioler. Une occasion sans doute historique pour bâtir un système global équilibré et pacifié a été manquée. À présent, il s'agit de comprendre la « tentation de Mars » qui caractérise notre temps et l'urgence de la contrecarrer.
Avec érudition et lucidité, Ghassan Salamé présente un tableau inédit de l'échiquier mondial. À partir de sa vaste expérience, il revisite le tiers de siècle écoulé depuis 1990 et tente d'imaginer le monde tel qu'il éclôt devant nos yeux.
Ancien ministre de la Culture et de l'Éducation au Liban, diplomate, professeur des universités, Ghassan Salamé a enseigné pendant trente ans les relations internationales à Sciences Po. Il a également occupé plusieurs hautes fonctions aux Nations unies et publié une dizaine d'ouvrages, dont Appels d'empire. Ingérences et résistances à l'âge de la mondialisation (Fayard, 1996) et Quand l'Amérique refait le monde (Fayard, 2005). -
Dictionnaire de la psychanalyse
Elisabeth Roudinesco, Michel Plon
- Fayard
- Histoire De La Pensee
- 13 Septembre 2000
- 9782213604244
NOUVELLE EDITION AUGMENTEE ET MISE A JOUR DU PREMIER DICTIONNAIRE INTERNATIONAL TRAITANT DE LA PSYCHANALYSE SOUS TOUS SES ASPECTS ET DANS SES RAPPORTS AVEC LES AUTRES THERAPIES PSYCHIQUES.
Ce fort volume cartonné sous jaquette propose, classées par ordre alphabétique, plus de 600 entrées traitant de la psychanalyse sous tous ses aspects : histoire par pays, personnages (théoriciens, praticiens, cas cliniques, intellectuels liés à son histoire), maladies, thérapies, techniques de la cure, différences avec les autres thérapies, écoles et courants, etc.
Un jeu subtil de renvois, des bibliographies très riches à la fin de chaque article, de nombreuses entrées " blanches ", une chronologie mondiale de l'histoire de la psychanalyse depuis un siècle et demi en fin de volume complètent avec bonheur un impressionnant dispositif accessible à tous.
Il s'agit d'une première mondiale, puisqu'il n'existe aucun dictionnaire de ce type traitant le sujet sous l'angle à la fois historique, théorique et pratique.
Par rapport à la première édition, celle-ci propose une vingtaine d'entrées supplémentaires, des bibliographies systématiquement actualisées à la fin de chaque article, un ensemble entièrement relu et corrigé.
Historienne, docteur es lettres, Elisabeth Roudinesco est directeur de recherche à l'université de Paris-VII, vice-présidente de la Société internationale d'histoire de la psychiatrie et de la psychanalyse. Elle assure la chronique des livres de psychanalyse au Monde des livres. Elle a notamment publié Histoire de la psychanalyse en France, 2 vol. (réédition Fayard, 1994), Jacques Lacan. Histoire d'une vie, esquisse d'un système de pensée (Fayard, 1993), Généalogies (Fayard, 1994), Pourquoi la psychanalyse
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Plaidoyer pour l'universel
Francis Wolff
- Fayard
- Histoire De La Pensee
- 25 Septembre 2019
- 9782213712611
Un texte précieux et puissant de Francis Wolff qui, contre le relativisme de notre temps, grâce à la limpidité des idées et la force des arguments, fonde un humanisme reposant sur l'universalité.
Jamais nous n'avons été aussi conscients de former une seule humanité. Nous nous savons tous exposés aux mêmes risques : changement climatique, crise économique et écologique, épidémies, terrorismes, etc. Mais alors qu'elle s'impose dans les consciences, l'unité de l'humanité recule dans les représentations : revendications identitaires, nationalismes, xénophobies, radicalités religieuses. L'universel est accusé de toutes parts : il serait oublieux des particularismes et des différences, en somme il serait trop universel. Ou il ne le serait pas assez, il ne serait que le masque du plus fort : du patriarcat (tous les hommes, mais pas les femmes), de l'Occident (tous les hommes, mais seulement les Blancs), ou de l'anthropocentrisme (tous les hommes, mais pas les animaux).
Contre ces replis, il faut que les idées universalistes retrouvent leur puissance mobilisatrice et critique. Contre la dictature des émotions et des opinions, défendre la raison scientifique. Contre l'empire des identités, refonder une éthique de l'égalité et de la réciprocité.
Sur quoi peut aujourd'hui reposer cet héritage des Lumières ? Ni sur un Dieu, ni sur la Nature, car ils prouvent tout et son contraire. Il faut s'y résoudre : l'humanité est seule source de valeurs. Pour autant, nous ne sommes pas condamnés au relativisme. Car l'humanité, ce n'est pas seulement l'ensemble des êtres humains, c'est aussi la qualité présente en chacun de nous et qui nous lie aux autres : non pas la capacité de communiquer qui est aussi propre à d'autres espèces, ni l'aptitude à raisonner que possèdent certaines machines, mais la faculté de raisonner en communiquant, autrement dit de dialoguer.
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La place de Dieu : religion et politique chez les modernes
Bruno Karsenti
- Fayard
- Histoire De La Pensee
- 4 Octobre 2023
- 9782213725864
Ce que Dieu ou l'idée de Dieu est actuellement capable de déclencher provoque dans l'opinion éclairée de l'effroi. Face aux violences de l'époque qui s'en réclament, elle réagit par conjuration, affirmant soit qu'il n'y a pas de Dieu, soit que Dieu ne s'y trouve pas. Pour elle, la place de Dieu n'est pas dans la politique : le théologique et le politique n'ont en aucun cas partie liée.
Ce livre prend un autre point de vue. Il cherche à fournir une parade à notre désemparement sans esquiver le problème théologico-politique contemporain, en le traduisant en termes socio-politiques. Pour cela, il ne fixe pas une fois pour toutes la place de Dieu - dans ou hors de la politique - mais suit les variations de son tracé au sein des sociétés modernes selon le sens de la justice qui les anime. Cette généalogie des nouages entre Dieu et l'idée moderne de justice a pour enjeu de retrouver une prise là où, aujourd'hui, nous vacillons le plus.
Philosophe, Bruno Karsenti est directeur d'études à l'EHESS. Il est notamment l'auteur de L'Homme total, Sociologie, anthropologie et philosophie chez Marcel Mauss (PUF, 1997) ; D'une philosophie à l'autre. Les sciences sociales et la politique des modernes (Gallimard, 2013) ; et La question juive des modernes. Philosophie de l'émancipation (PUF, 2017). -
Le monde à la première personne : entretien avec André Comte-Sponville
Francis Wolff
- Fayard
- Histoire De La Pensee
- 22 Septembre 2021
- 9782213717678
Demeurer fidèle à la singularité et à la richesse de l'expérience humaine en y introduisant le plus de raison possible, telle est la tâche première de la philosophie. De livre en livre, depuis près de trente ans, Francis Wolff s'attelle sereinement à élaborer une philosophie au sens classique du terme, ni une simple exégèse des Classiques ni la déconstruction des systèmes. Une philosophie qui englobe une métaphysique, une théorie de la connaissance, une définition de l'être humain et toutes leurs conséquences morales, politiques et esthétiques.
Dans ce dialogue passionnant, amical et sans concession avec André Comte-Sponville, Francis Wolff invite à une traversée de son oeuvre dans un style accessible et allègre. Il montre les liens qui unissent sa vision du monde à son esthétique (l'universalité de la musique, des images et des récits), en passant par l'anthropologie (l'homme, « animal dialogique »), l'éthique (l'existence de la liberté et l'objectivité du bien) et la politique (de la démocratie au cosmopolitisme).
Donnant corps à une philosophie généreuse et résolument contemporaine, le livre dévoile un autoportrait attachant ainsi qu'un itinéraire familial singulier croisant une des grandes tragédies du siècle dernier.
André Comte-Sponville note dans son Avant-Propos : « Je ne connais pas, à notre époque et dans notre pays, de philosophe dont la pensée soit plus forte, plus savante et plus rigoureuse que la sienne. » -
Le silence des bêtes ; la philosophie à l'épreuve de l'animalité
Elisabeth de Fontenay
- Fayard
- Histoire De La Pensee
- 23 Septembre 1998
- 9782213600451
L'Antiquité fut en quelque sorte un âge d'or pour les bêtes. Car si les hommes offraient des animaux en sacrifice à Dieu, aux dieux, ils s'accordaient sur leur statut d'êtres animés et avaient pour elles de la considération. Certes, bien des questions demeuraient ouvertes, et les philosophes de ce temps ne manquèrent pas de s'entredéchirer en tentant d'y répondre. Les animaux pensent-ils ? Sont-ils doués de raison ? Ont-ils la même sensibilité que nous ? Faut-il s'interdire de les manger ? Mais pourquoi donc restent-ils silencieux ?
Depuis que Dieu s'est fait homme, que le Christ s'est offert en sacrifice tel un agneau, c'est-à-dire depuis l'ère chrétienne, la condition de l'animal a radicalement changé. Désormais les philosophes se préoccupent surtout de verrouiller le propre de l'homme et de ressasser les traits qui le différencient des autres vivants, lesquels sont considérés comme des êtres négligeables : tenus pour des machines (Descartes) et à l'occasion comparés à des pommes de terre (Kant).
Des hommes d'esprit et de coeur font bien sûr exception, au XVIIIe siècle surtout. A leur suite, Michelet dénoncera prophétiquement l'injustice faite aux animaux et annoncera que c'est compromettre la démocratie que de les persécuter.
Au XXe siècle, une certaine littérature vient renforcer de nouveaux courants philosophiques pour rappeler que la manière dont nous regardons les bêtes n'est pas sans rapport avec la façon dont sont traités quelques-uns d'entre nous, ceux que l'on déshumanise par le racisme, ceux qui, du fait de l'infirmité, de la maladie, de la vieillesse, du trouble mental, ne sont pas conformes à l'idéal dominant de la conscience de soi.
Ce livre expose avec clarté la façon dont les diverses traditions philosophiques occidentales, des Présocratiques à Derrida, ont abordé l'énigme de l'animalité, révélant par la même le regard que chacune d'elle porte sur l'humanité. C'est pourquoi on peut le lire aussi comme une autre histoire de la philosophie.
Elisabeth de Fontenay enseigne la philosophie à l'université de Paris-I. Elle a notamment publié les Figures juives de Marx (1973), Diderot ou le matérialisme enchanté (1981). -
Ainsi se meuvent les vampires : essai sur la variation du sens
Arnaud Esquerre
- Fayard
- Histoire De La Pensee
- 12 Octobre 2022
- 9782213716954
Qu'est-ce qu'un vampire ? Alors qu'on imagine volontiers un Dracula se nourrissant du sang des vivants, le sociologue Arnaud Esquerre donne à voir un tout autre visage, beaucoup plus complexe, de ces êtres entre la mort et la vie. On apprend ainsi qu'ils ont un lieu et une date de naissance : en Europe, au XVIII e siècle. Ils commencent alors à peupler les discours, qu'on soutienne ou nie leur existence. Au fil du temps, les vampires vont désigner aussi bien une variété de chauve-souris qu'un personnage à succès de la littérature (de Lord Byron à Bram Stoker) ; une catégorie médicale cherchant à rendre compte des cas de nécrophilie ; ou, pour Karl Marx, les capitalistes ; ou encore les protagonistes d'un film comique comme dans Le Bal des vampires.
Nous sommes ainsi mis sur la trace des vampires, les suivant dans des sources aussi diverses qu'inattendues, des archives médicales à la série True Blood, en passant par les écrits de naturalistes. Cette enquête décrit la destinée d'un mot inven[1]té et utilisé sinon pour résoudre, du moins pour affronter, une contradiction commune à tous les êtres humains : comment vit-on avec le fait de mourir ? -
Philosophes dans la tourmente
Elisabeth Roudinesco
- Fayard
- Histoire De La Pensee
- 19 Octobre 2005
- 9782213618852
J?ai choisi de rendre hommage à six philosophes français ? Canguilhem, Sartre, Foucault, Althusser, Deleuze et Derrida ? dont l?oeuvre est connue et commentée dans le monde entier, et qui ont eu pour point commun, à travers leurs divergences, leurs disputes et leurs élans complices, de s?être confrontés, de façon critique, non seulement à la question de l?engagement politique mais à la conception freudienne de l?inconscient. Ils furent tous des stylistes de la langue, passionnés d?art et de littérature. C?est bien parce qu?une telle confrontation est inscrite dans leurs oeuvres et dans leur vie qu?ils peuvent être réunis ici. Ils ont tous refusé, au prix de ce que j?appellerai une traversée de la tourmente, d?être les serviteurs d?une normalisation de l?homme, laquelle, dans sa version la plus expérimentale, n?est qu?une idéologie de la soumission au service de la barbarie. Loin de commémorer leur gloire ancienne ou de m?attacher avec nostalgie à une simple relecture de leurs oeuvres, j?ai tenté de montrer, en faisant travailler la pensée des uns à travers celle des autres, et en privilégiant quelques moments fulgurants de l?histoire de la vie intellectuelle française de la deuxième moitié du XX siècle, que seule l?acceptation critique d?un héritage permet de penser par soi-même et d?inventer une pensée à venir, une pensée pour des temps meilleurs, une pensée de l?insoumission, nécessairement infidèle.
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Les sensibilités religieuses blessées
Jeanne Favret-saada
- Fayard
- Histoire De La Pensee
- 6 Septembre 2017
- 9782213671093
Depuis la parution des Versets sataniques de Salman Rushdie en 1988, nous nous sommes habitués aux accusations islamiques de blasphème contre des productions artistiques, ainsi qu'aux redoutables mobilisations qui les accompagnent. Or elles ont été préparées, dans l'Europe et les États-Unis des années 1960 à 1988, par celles de dévots du christianisme (dont parfois leurs Eglises) contre des films dont ils voulaient empêcher la sortie. Ils en ont successivement visé quatre, qui font aujourd'hui partie du répertoire international : Suzanne Simonin, La Religieuse de Diderot (Jacques Rivette, 1966) et Je vous salue, Marie (Jean-Luc Godard, 1985) ; Monty Python : La vie de Brian (1979) ; et La Dernière tentation du Christ (Martin Scorsese, 1988).
En se fondant notamment sur des archives inédites, 'Jeanne Favret-Saada propose une suite de récits qui relatent les ennuis de chacun d'entre eux, et la modification progressive de l'accusation de "blasphème" en une "atteinte aux sensibilités religieuses blessées". Ce sont autant de romans vrais, qui retracent à eux tous un moment unique de l'histoire de la liberté d'expression.
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Passage de l'Odéon : Sylvia Beach, Adrienne Monnier et la vie littéraire à Paris dans l'entre-deux-guerres
Laure Murat
- Fayard
- Histoire De La Pensee
- 17 Septembre 2003
- 9782213616629
En 1915, Adrienne Monnier inaugure au 7, rue de l'Odéon une librairie-bibliothèque de prêt d'un genre nouveau, La Maison des Amis des Livres, appelée à devenir le rendez-vous favori du Tout-Paris littéraire, d'Aragon à Walter Benjamin, d'André Gide à Nathalie Sarraute. En 1921, Sylvia Beach installe en face, au n° 12, une boutique fondée deux ans plus tôt sur le même modèle, Shakespeare and Company, dont les habitués ont pour noms Gertrude Stein, Francis Scott Fitzgerald, Marianne Moore, Ernest Hemingway, Djuna Barnes...
Pendant près de trente ans, de rencontres en lectures publiques, d'expositions en soirées musicales, l'«Odéonie» va constituer l'un des foyers les plus actifs de la vie culturelle de l'entre-deux-guerres, dont la renommée franchira les frontières de la France avec la publication de l'Ulysse de James Joyce, édité en 1922 par les soins de Sylvia Beach, puis traduit et publié en français en 1929 grâce à Adrienne Monnier.
Éditrices, mais aussi traductrices et revuistes, les deux libraires ont contribué de façon majeure à la circulation des savoirs, des idées et des langues, par leur rôle d'intermédiaires entre les livres, les lecteurs et les écrivains, la France et l'Amérique. Que nous apprennent les registres d'abonnés sur les lectures d'Aragon, de Breton et même de Lacan lorsqu'ils avaient 20 ans, de Sartre ou d'Hemingway ? Comment les réseaux entre auteurs et éditeurs se sont-ils constitués, et quelle fut, finalement, l'identité de la rue de l'Odéon, en regard notamment de la NRF et du groupe surréaliste ? Grâce à Laure Murat et à son exceptionnel talent de chercheuse et de narratrice, ces questions trouvent désormais une réponse, puisée aux sources de milliers d'archives inédites, dispersées entre l'université de Princeton, la bibliothèque Doucet et l'IMEC.
En consacrant pour la première fois une étude d'envergure à ces lieux mythiques et largement méconnus, le livre entend non seulement rendre à Adrienne Monnier et Sylvia Beach la place déterminante qui est la leur, mais aussi mettre en lumière l'audace de leur entreprise, que l'on ne saurait réduire à la seule animation d'un salon littéraire, auquel l'image des femmes est traditionnellement attachée.
Née en 1967, Laure Murat vit et travaille à Paris. Elle a fait des pratiques culturelles son domaine de prédilection, et La Maison du docteur Blanche, qu'elle a publié en 2001, a reçu un accueil critique et public exceptionnel. -
En 1972, un jeune philosophe alors âgé de vingt-cinq ans publiait un livre au titre retentissant : Le Désir homosexuel. Ecrit sous l'influence de Gilles Deleuze, et profondément marqué par le bouillonnement politique et intellectuel qui a suivi en France la révolte de mai 68, l'ouvrage s'inscrivait aussi dans le sillage des émeutes homosexuelles de Stonewall, à New York en 1969, et de la naissance, aux États-Unis, d'un mouvement gay et lesbien qui se pensait comme subversif et voulait révolutionner la société.
Ce livre est vite devenu un classique dans le monde entier, et notamment aux Etats-Unis où il a trouvé récemment une nouvelle jeunesse lorsque les penseurs de la Queer Theory ont revendiqué son héritage.
Près de trente ans après sa parution, le livre de Guy Hocquenghem a bien quelque chose à nous dire, à la fois parce qu'il nous aide à comprendre le regain que vient de connaître ce qu'il appelait la "paranoïa anti-homosexuelle", et parce qu'il incite ceux qui portent les revendications gays et lesbiennes sur la scène publique à s'interroger sur l'évolution actuelle qui tend à la normalisation et à l'intégration.
Guy Hocquenghem est mort du sida en 1988. -
Hérésies : Essais sur la théorie de la sexualité
Didier Eribon
- Fayard
- Histoire De La Pensee
- 5 Novembre 2003
- 9782213614236
La littérature et les différents domaines de la réflexion théorique ont souvent été des champs de bataille où les dissidents de l?ordre sexuel ont cherché à faire entendre leurs voix. Ce sont quelques-uns des moments de ce grand affrontement que Didier Eribon entend restituer ici, à travers des lectures de Gide et de Jouhandeau, de Foucault et de Dumézil notamment. Mais il décrit également comment les pensées novatrices ou hérétiques peuvent rester engluées dans les valeurs dominantes (comme chez Gide) et même, parfois, cohabiter chez un même auteur avec un discours réactionnaire voire raciste (comme chez Jouhandeau). C?est de cette complexité qu?il s?agit de rendre compte dans ce livre. Ces discours « hérétiques » doivent bien sûr affronter la résistance acharnée des tenants de l?orthodoxie sociale et des défenseurs de l?ordre sexuel, toujours prompts à les renvoyer à la « folie » ou à la « perversion », à les accuser de « mettre en péril les fondements de la civilisation », comme on le voit, de manière quasi caricaturale, chez des idéologues comme Lacan et Mounier, et chez leurs héritiers. Il faut alors donner toute sa force à l?affirmation de Barthes selon laquelle « dans ce qu?il écrit, chacun défend sa sexualité ». Ce livre se veut un plaidoyer en faveur de la pensée critique, de l?« hérésie », une incitation à élargir l?espace de la liberté et des modes de vie possibles face à tous les conformismes, à toutes les pensées rétrogrades et répressives, qu?elles s?avancent sous le masque de la morale, celui de la Raison ou celui de la Science.
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Par le trou de la serrure ; une histoire de la pudeur publique, XIX-XXIe siècle
Marcela Iacub
- Fayard
- Histoire De La Pensee
- 16 Avril 2008
- 9782213633992
En 1857, un groupe de jeunes gens s'abandonnant aux joies d'une partouze dans un hôtel particulier sont condamnés pour outrage public à la pudeur, parce qu'un curieux les épiait par le trou de la serrure. En 1893, les étudiants des Quatr'z Arts déclarent aux juges la guerre du nu. Dans les années 1960, les nudistes et les femmes en monokini provoquent des controverses passionnées. Chaque fois les mêmes questions se posent : où finit le public et où commence le privé? Que peut-on montrer, que doit-on cacher?
A travers une enquête qui mêle le droit, l'architecture, la littérature et la psychiatrie, Marcela Iacub raconte l'histoire de la pudeur publique. On y découvre comment le droit a longtemps partagé le monde visible entre licite et illicite, substituant à l'espace réel un espace institutionnel et politique.
Aujourd'hui, ce vieux mot de pudeur a disparu de nos codes pour être remplacé par celui de Sexe. Mais, loin de faire le récit épique d'une liberté durement conquise, Marcela Iacub analyse les transformations des techniques par lesquelles l'Etat s'est donné notre sexualité en spectacle au cours des deux derniers siècles, et a conditionné nos espaces, nos vêtements, nos pratiques et même certaines de nos maladies mentales. Elle invite ainsi à une histoire politique du regard.
On retrouve dans Par le trou de la serrure les ingrédients qui ont fait le succès des précédents ouvrages de Marcela Iacub : un examen sans concession des illusions de notre prétendue libération sexuelle, et un art tout particulier de faire du droit une discipline totale, à la fois poétique et critique. -
L'école, question philosophique
Denis Kambouchner
- Fayard
- Histoire De La Pensee
- 30 Janvier 2013
- 9782213671222
Presque tous les problèmes cruciaux de notre école sont en un sens des problèmes philosophiques : autorité pédagogique, « sens des savoirs », laïcité et rapport entre les cultures, définition d'un système éducatif juste, transformations liées au numérique, etc. Pourtant, les philosophes de notre époque parlent peu de l'éducation, encore moins de l'éducation scolaire. La philosophie doit reprendre sa part dans l'approche publique de la « crise » de l'école. C'est à quoi ce livre appelle et veut travailler.
Ces problèmes sont philosophiques dans la mesure où ils touchent aux principes censés régir l'institution scolaire. Ces principes sont aujourd'hui confus ou introuvables, s'agissant notamment de ce qui est à enseigner et de ce qui est à évaluer. Tous les acteurs et partenaires de l'institution scolaire sont sensibles à cette déficience, d'où s'ensuivent, à un degré beaucoup trop élevé pour n'être pas ruineux, perplexités, inquiétudes, malentendus, découragements et rejets.
Mais rétablir pour l'école des principes solides suppose qu'on prenne en compte les complications modernes et tout particulièrement françaises de la relation au savoir et à la culture. C'est le double objet de ce livre. Il faut relire Rousseau, Durkheim, Foucault, Bourdieu, pour remonter aux origines de notre crise intellectuelle, mais aussi pour remarquer ce que les pensées les plus provocantes doivent encore à la notion classique de la culture de l'esprit.
« Rien ne s'apprend plus facilement que ce qu'il y a de meilleur. » Si Érasme a raison, alors l'urgence est toujours de faire que le meilleur soit offert à tous les enfants.
DENIS KAMBOUCHNER est professeur d'histoire de la philosophie moderne à l'université Paris 1. Spécialiste de Descartes, à qui il a consacré plusieurs ouvrages (dont L'Homme des passions, 2 vol., Albin Michel, 1995, et Descartes et la philosophie morale, Hermann, 2008), il est engagé de longue date dans une réflexion sur les problèmes de la culture et de l'éducation. Après un essai sur La Culture dans l'ouvrage Notions de philosophie, qu'il a dirigé (3 vol., Gallimard, coll. « Folio », 1995), il a notamment publié Une école contre l'autre (PUF, 2000) et co-dirigé La Crise de la culture scolaire : origines, interprétations, perspectives (PUF, 2005). -
Logique de la création
Geoffroy de Lagasnerie
- Fayard
- Histoire De La Pensee
- 19 Janvier 2011
- 9782213655840
Quelles sont les conditions, quels sont les moments et les lieux qui favorisent l´innovation intellectuelle ? Voilà les questions que ce livre entend affronter. Retraçant l´histoire des idées et des institutions au cours des années 1950-1980, relisant les oeuvres et réinterprétant les trajectoires de Foucault, Bourdieu, Deleuze, Derrida, mais aussi Sartre et Lévi-Strauss, restituant les grandes théories qui ont cherché à comprendre les mécanismes de la création artistique, littéraire ou scientifique (Weber, Adorno, Gombrich, Kuhn...), Geoffroy de Lagasnerie montre que l´invention surgit presque toujours en dehors de l´Université ou à ses marges, au terme de démarches qui s´attachent à brouiller les frontières disciplinaires, à déjouer les normes et les pratiques académiques. Penser, c´est nécessairement s´affranchir de l´image de la recherche que l´Université tend à imposer. À l´heure où un consensus s´installe pour défendre le champ académique contre les instances externes (économiques, politiques, médiatiques) qui menaceraient son autonomie, n´y a-t-il pas lieu de s´inquiéter de l´uniformisation de la vie intellectuelle qu´entraîne ce repli sur soi ? À rebours d´une telle tendance, cet essai appelle à élaborer une nouvelle politique des savoirs ouverte à la pluralité, aux hérésies, et donc à l´arrivée de l´inédit.
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Correspondance, tome 3 : Les Annales en crises (1938-1943)
Marc Bloch, Lucien Febvre, Bertrand Müller
- Fayard
- Histoire De La Pensee
- 7 Janvier 2004
- 9782213612201
Le premier volume de la correspondance entre les historiens Marc Bloch (1886-1944) et Lucien Febvre (1878-1956), document unique sur l?un des mouvements intellectuels majeurs qui a contribué à renouveler en profondeur l?histoire, et plus largement les sciences sociales en France et à l?étranger, a permis de découvrir le moment particulièrement riche de la création, les premiers tâtonnements, les premières expériences, les obstacles aussi. Le deuxième couvre les années de l?implantation de la revue à Paris, les débuts de l?Encyclopédie française et le difficile climat des années 1934-1937.C?est par une crise importante que s?ouvre ce volume III. Crise aux raisons bien sûr multiples et qui a failli interrompre le mouvement en marche. Febvre et Bloch se séparent de leur éditeur et peinent, malgré la proximité géographique, à donner un souffle nouveau à leur collaboration. Ce qui ne sera pas sans conséquences sur une autre crise qui survient fin 1940 et début 1941, sur laquelle la publication des lettres, complétées d?importantes annexes, donnera enfin la connaissance la plus précise. Au-delà du problème de la nécessité de poursuivre ou non la publication de la revue aux conditions fixées par les lois raciales de Vichy, c?est aussi le destin particulier de Bloch que l?on peut suivre dans les mois de l?« étrange défaite », dans ses réactions face à l?humiliation ressentie du fait de la discrimination dont il fut victime, dans la manière dont il s?est efforcé, par la Résistance, de faire face à ses responsabilités d?historien, de citoyen mais aussi de père de famille.La disparition des lettres de Febvre confère une dimension plus fascinante encore à un dialogue qui devient très émotionnel, en partie en raison d?expériences vécues très divergentes, par des possibilités et moyens d?action, enfin des destins très différents.
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Pierre Bourdieu est sans doute le sociologue français le plus lu depuis un demi-siècle, tant en France qu?à l?étranger.
Emanant de spécialistes de son oeuvre, les contributions réunies dans ce volume en évoquent la genèse, depuis le Béarn natal, la rue d?Ulm et le premier poste d?enseignant en Algérie, puis l?évolution, avec le passage de la philosophie à l?ethnologie et à la sociologie.
Comment ont été forgés les grands concepts, comme habitus ou champ ? De quelle manière s?inscrivent-ils dans la tradition intellectuelle et dans les problématiques de l?époque qui les a vus naître ? Comment ont-ils contribué à renouveler les connaissances dans le domaine de l?éducation, des études littéraires, du droit, de la science, des rapports entre les sexes, et quel a été l?impact de l?entreprise de dévoilement des mécanismes, des rapports de forces, des déterminations qui les constituent ? Quelle relation l?oeuvre de Bourdieu entretient-elle avec sa discipline de formation, la philosophie ?
L?entreprise scientifique de Pierre Bourdieu a eu un impact politique. Ses engagements, qu?il concevait dans la continuité de son travail de sociologue, font de lui un intellectuel critique à part. Témoin l?écho public de ses combats et la réaction médiatique qu?ils ont suscitée. De cela aussi, ce volume rend compte. -
La révolution rêvée : Pour une histoire des intellectuels et des oeuvres révolutionnaires (1944-1956)
Michel Surya
- Fayard
- Histoire De La Pensee
- 13 Octobre 2004
- 9782213621203
« De la résistance à la révolution ». C?est le mot d?ordre qui prévaut à la Libération. Cassou l?écrira quelques années plus tard ; le quotidien Combat en fait sa devise aussitôt. Autrement dit, la révolution accomplirait la promesse que portait la résistance. Et c?est autour de cette promesse, de ce rêve, que s?est organisée la vie intellectuelle française. Ils allaient la traverser, puis la déchirer.
Des débats qui en sont nés, de cette passion qui a fait de la France le phare de la vie intellectuelle mondiale, Michel Surya a choisi de rendre compte en se concentrant sur les oeuvres elles-mêmes, sur les conditions de leur apparition, le contexte dans lequel elles furent écrites, et l?effet qu?elles produisirent.
Travail titanesque : dépouillement systématique des revues (petites et grandes), à commencer par Les Temps modernes, La Nouvelle Critique, Les Lettres françaises ; relecture des oeuvres et de leur critique ; récit de leur réception et de leur diffusion.
Notre guide ici, ce sont les oeuvres, donc. Et quelles oeuvres, quand les intervenants ont pour noms Sartre, Mauriac, Breton, Rousset, Benda, Blanchot, Aragon, Koestler, Eluard, Leiris, Antelme, Martin-Chauffier, Vercors, Bataille, Malraux, Paulhan, Beauvoir, Vittorini, Ribemont-Dessaignes, Jankélévitch, Péret, Lukacs, Mascolo, Levinas, Char, Monnerot, Ponge, Garaudy, Triolet, Camus, Lefebvre, Merleau-Ponty, Jdanov?
Ce que produit ce choc des idées ? Une formidable pénétration des thèmes de l?engagement, de la responsabilité particulière des intellectuels au regard du nécessaire et du vrai, de leur devoir de juger l?histoire et d?agir sur elle. Hommage, en quelque sorte, à ceux qui, les premiers, ont pensé l?impasse du communisme sans pour autant renoncer à poursuivre le rêve de révolution au-delà de lui. -
Comment le langage est venu à l'homme
Jean-marie Hombert
- Fayard
- Histoire De La Pensee
- 15 Janvier 2014
- 9782213632780
Le langage est venu à l'homme, c'est un fait. Comment ? Cela reste en grande partie un mystère. Cette question, longtemps abordée essentiellement sous l'angle théologique ou philosophique, a été placée à l'ordre du jour scientifique à partir des années 1980.
L'apparition pleine et entière de la faculté de langage au sein de notre espèce a requis d'assez lourdes conditions biologiques qui ne furent certainement pas réunies d'un seul coup. Il semble donc qu'il faille privilégier l'hypothèse de son développement progressif le long de la lignée humaine. Mais comment documenter et construire ce récit, puisque le langage ne fossilise pas ? La science répond par le croisement des archives paléontologiques et archéologiques, permettant de retracer l'émergence - loin d'être simultanée - des trois dimensions de la modernité de l'homme : biologique, culturelle et linguistique.
De cette hypothèse découle une conséquence majeure : les ancêtres communs à Homo sapiens et aux primates non humains - à commencer par le chimpanzé - ont forcément détenu le germe, puis l'embryon de la faculté de langage. C'est lorsque ces êtres ont franchi l'étape du signal découplé, abattant la barrière de l'ici et maintenant, parvenant à communiquer sur des choses qu'ils n'avaient pas sous les yeux, qu'un système de communication animal parmi d'autres s'est commué en précurseur du langage humain.
L'objet de cet ouvrage est de présenter l'histoire du questionnement sur les origines du langage et l'état actuel des connaissances à ce sujet. Une épopée qui conduit à interroger l'usage ordinaire que nous faisons de plusieurs concepts, au premier chef ceux de pensée et de symbolisme, et à renouveler l'approche traditionnelle de cette question par les sciences humaines.
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Emile Durkheim (1858-1917)
Marcel Fournier
- Fayard
- Histoire De La Pensee
- 21 Novembre 2007
- 9782213615370
L'année 2008 marquera le 150e anniversaire de la naissance d'Émile Durkheim. Cet ouvrage de Marcel Fournier est la première grande biographie en français de celui qui est considéré comme le fondateur de la sociologie en France et dont l'oeuvre, de La Division du travail social (1893) aux Formes élémentaires de la vie religieuse (1912), en passant par Les Règles de la méthode sociologique (1895) et Le Suicide (1897), le place au rang des grands auteurs classiques de sciences humaines et sociales.
La contribution d'Émile Durkheim à la fondation de cette nouvelle discipline universitaire est d'autant plus importante qu'il crée en 1896 une revue, L'Année sociologique, qu'il fonde une nouvelle école de pensée (souvent qualifiée de holisme) et qu'il réunit autour de lui une équipe de collaborateurs qui forment ce qu'il est convenu d'appeler l'École française de sociologie : Marcel Mauss, Célestin Bouglé, Maurice Halbwachs, etc. -
DE LA PORNOGRAPHIE EN AMERIQUE : La liberté d'expression à l'âge de la démocratie délibérative
Marcela Iacub
- Fayard
- Histoire De La Pensee
- 7 Avril 2010
- 9782213644370
Existe-t-il un pays où l'on peut tout dire sans encourir de sanctions judiciaires ? Pour nous Européens, les États-Unis apparaissent comme cette terre promise où chacun est libre de s'exprimer sans entraves. Pourtant, en dépit de la puissance qu'y a acquise la liberté d'expression, on ne peut pas tout dire outre-Atlantique. Certes, dans le domaine des opinions politiques ou des questions dites d'intérêt général, les Américains se montrent les dignes héritiers des Lumières. Mais quand il s'agit de messages à contenu sexuel, ils se révèlent bien plus répressifs que les Européens : comment expliquer autrement qu'on puisse brûler la bannière étoilée mais qu'il soit interdit de prononcer le mot « fuck » à la télévision pendant les heures de grande écoute ?
À travers une analyse passionnante des arrêts de la Cour suprême, Marcela Iacub explique avec brio ce double phénomène de libéralisation absolue de la parole politique et de répression des messages à contenu sexuel. Elle montre que l'exclusion de ces derniers du débat démocratique, loin d'être un problème marginal, risque de mettre en péril l'édifice de cette précieuse liberté, car elle implique une redéfinition de ce que parler veut dire. En d'autres termes, le sort réservé à la pornographie engage moins la protection des mineurs ou des femmes que l'idée même que nos démocraties se font de la parole, et donc de l'étendue comme de la puissance du débat public.Juriste et chercheur au CNRS, Marcela Iacub a notamment publié chez Fayard L'Empire du ventre (2004) et Par le trou de la serrure (2008).