Filtrer
Support
Langues
-
En novembre 1947, Artaud enregistre pour la Radiodiffusion française, une émission intitulée Pour en finir avec le jugement de dieu.
Le texte qu'il écrit pour l'occasion est lu par Roger Blin, Maria Casarès, Paule Thévenin et Artaud lui-même. L'auteur enregistre après coup un certain nombre de cris de diverses intensite´s, des bruitages, et improvise un accompagnement musical a` plusieurs de ses scansions au moyen d'instruments de percussion et de xylophones.
L'e´mission doit e^tre diffuse´e le 2 fe´vrier 1948. Alerte´ par la presse qui se re´jouit du scandale a` venir, Wladimir Porche´, directeur ge´ne´ral de la Radiodiffusion franc¸aise, interdit la diffusion au dernier moment, le 1er fe´vrier.
Malgré le soutien d'un comité de journalistes, d'artistes, d'e´crivains, de musiciens (parmi lesquels Max-Pol Fouchet, Raymond Queneau, Pierre Herbart, Roger Vitrac, Georges Ribemont-Dessaignes, Jean-Louis Barrault, Louis Jouvet, Jean Cocteau, Rene´ Clair, Paul E´luard, Jean Paulhan, Maurice Nadeau, Georges Auric, Rene´ Char, Adrienne Monnier...), l'émission n'est pas diffusée.
Le texte paraît quelques mois plus tard, au printemps 1948, à titre posthume, aux éditions K, dirigées par Alain Gheerbrant.
Avec le texte de l'émission, nous reproduisons le Théâtre de la Cruauté, des Lettres à propos de Pour en finir avec le jugement de dieu et les États préparatoires de Pour en finir avec le jugement de dieu. -
Note sur la suppression generale des partis politiques
Simone Weil
- Sillage
- 26 Avril 2024
- 9782381410623
Les partis sont un merveilleux mécanisme par la vertu duquel, dans toute l'étendue d'un pays, pas un esprit ne donne son attention à l'effort de discerner, dans les affaires publiques, le bien, la justice, la vérité. Si on confiait au diable l'organisation de la vie publique, il ne pourrait rien imaginer de plus ingénieux.
-
Première traduction française intégrale de Loin de la foule déchaînée. Publié en 1874, Loin de la foule déchaînée est le premier des grands romans de Thomas Hardy (1840-1928), à qui il apporte la notoriété. Il marque l apparition dans son uvre de la région imaginaire du Wessex, calquée sur son Dorset natal. C est le texte fondateur d un univers familier aux lecteurs de Tess d Urberville ou Jude l obscur.
-
Caravansérail, l'unique roman de Picabia, est écrit en 1924, l'année de la publication du premier Manifeste du surréalisme. C'est aussi l'année de sa rupture avec André Breton, et celle qui le voit quitter Paris pour vingt ans. Autobiographie narquoise, anti-manifeste à l'individualisme désinvolte, portrait au vitriol des avant-gardes, règlement de comptes : Caravansérail, texte aussi inclassable que son auteur, est tout cela à la fois. Des sommeils hypnotiques des surréalistes aux casinos monégasques, des boîtes de nuit à la mode aux dîners mondains, Picabia fait défiler amis et ennemis - Duchamp, Picasso, Cendrars, Cocteau, Satie, Desnos... -, égratignant les uns et chahutant les autres, refusant avec une répugnance instinctive toute méthode, tout dogme, scrupuleusement attentif à ne rien prendre au sérieux.
-
De la Liberté des Anciens comparée à celle des Modernes
Benjamin Constant
- Sillage
- 20 Juin 2024
- 9782381410661
Le but des Anciens était le partage du pouvoir social entre tous les citoyens d'une même patrie. C'était là ce qu'ils nommaient liberté. Le but des Modernes est la sécurité dans les jouissances privées ; et ils nomment liberté les garanties accordées par les institutions à ces jouissances.
Benjamin Constant -
En 1802, alors que la Suisse est dirigée par une instable République helvétique née dans le sillage de la Révolution française, une rumeur se répand dans le Pays de Vaud : les seigneurs d'hier tenteraient de faire rétablir leur droit à lever la dîme, attesté par leurs archives. Qu'à cela ne tienne : dans tous les châteaux qui parsèment les vallées vaudoises, brûlons les archives, et la dîme disparaîtra pour de bon... Ainsi débute, avec une circonspection et des atermoiements que seul le regard de Ramuz pouvait rendre à la fois si drôles et si touchants, la guerre aux papiers. Admiré par des écrivains aussi divers que Stefan Zweig, Thomas Mann ou Paul Valéry, Charles Ferdinand Ramuz (1878-1947) fut l'un des plus grands écrivains suisses du xxe siècle. La Guerre aux papiers est le dernier roman qu'il publia.
-
Le 19 juillet 1870, Jean, un garçon de douze ans qui s'ennuie dans la maison cossue de son père, à Versailles, apprend la nouvelle de la déclaration de guerre : Napoléon III attaque les Prussiens. Bas les coeurs ! est le récit de l'année qui va suivre : la fièvre patriotique des débuts, la succession des défaites que la propagande tente de masquer comme elle peut, le désastre de Sedan, le siège de Paris par les troupes allemandes, l'insurrection de la Commune et son écrasement... Jean observe, écoute, apprend, témoin chaque jour moins innocent des forfanteries, des lâchetés et des hypocrisies du milieu dans lequel il grandit. Dans ce roman rédigé en 1889 et nourri des souvenirs d'enfance de son auteur, Darien fait le procès d'un nationalisme qu'il pressent revanchard, et de la cupidité féroce et imbécile d'une bourgeoisie contre laquelle il lutta toute sa vie.
-
Le Dandysme est une affectation de la mode. En se faisant Dandy, un homme devient un meuble de boudoir, un mannequin extrêmement ingénieux qui peut se poser sur un cheval ou sur un canapé, qui mord ou tète habilement le bout d'une canne ; mais un être pensant ?... jamais. L'homme qui ne voit que la mode dans la mode est un sot. La vie élégante n'exclut ni la pensée, ni la science : elle les consacre. Elle ne doit pas apprendre seulement à jouir du temps, mais à l'employer dans un ordre d'idées extrêmement élevé. (Honoré de Balzac)
-
Quand César Cachelin, ancien sous-officier devenu commis au ministère de la Marine, cherche un bon parti pour marier sa fille unique, c'est tout naturellement qu'il choisit parmi ses collègues le jeune homme le plus travailleur et le plus ambitieux. Il est alors loin de se douter que ce choix va avoir des conséquences capitales quant à la perception d'un important héritage, attendu depuis de longues années... Paru en 1884, L'Héritage, impitoyable et grinçante satire des moeurs petites-bourgeoises, nous livre un questionnement moins innocent qu'il n'y paraît des notions de filiation et de virilité.
-
Publié sous pseudonyme en 1883, La Maréchale est probablement le plus abouti des romans de jeunesse de Mirbeau. Nourri de son expérience de journaliste et de sa fine connaissance des milieux mondains, La Maréchale dresse un portrait féroce d'une famille d'aristocrates aux prises avec ses dettes, son fastueux train de vie et une cascade de scandales que rien ne paraît devoir interrompre.
Sauvant généreusement ses personnages dans un happy end acrobatique, Mirbeau prend un redoutable plaisir à jongler entre une aïeule avaricieuse, un milliardaire érotomane, un général dissipateur et un couple d'amoureux dont le chemin sera semé d'un nombre d'embûches exorbitant. -
La jeune Louise Assolant, dix-sept ans, entre un beau jour dans le cabinet de Me Agostini pour lui avouer, éperdue, qu'elle a commis un vol, s'est fait prendre et depuis trois jours erre dans Paris, incapable de regagner le cossu foyer de ses parents. Me Agostini, qui en a vu d'autres, se dispose à la ramener chez elle et à arranger l'affaire, quand la jeune fille lui fausse compagnie et s'enfuit de nouveau.
Pourquoi une peur pareille ? Quelles absurdités s'est-elle mises en tête ? La course-poursuite qui va s'ensuivre nous fera croiser le chemin d'une virago quinquagénaire, d'une camarade de classe dubitative, de parents éplorés, d'un chef de cabinet précautionneux et d'un garçon de café bien mal intentionné. -
Soldat démobilisé à la fin de la Première Guerre mondiale, Armand vit plusieurs années dans un terrible dénuement avant de devenir l'amant de Jeanne, veuve de guerre plutôt aisée qui lui offre une vie confortable.
Un an plus tard, il retrouve par hasard l'un de ses anciens compagnons de misère, Lucien, pour lequel rien n'a changé. Les deux hommes renouent, sans qu'Armand parvienne à comprendre quel sentiment domine en lui - orgueil, pitié ou culpabilité. À travers Lucien, il contemple avec un étrange vertige l'abîme dont il est sorti. Mais quand il fait la connaissance de la jeune soeur de son ami, ce vertige devient une fascination qui met sa nouvelle existence en danger...
Roman tout en ellipses, d'une précision et d'une finesse psychologique inouïes, Armand est le deuxième roman publié par Emmanuel Bove (1898-1945).
-
Figure incontournable du Paris littéraire de l'entre-deux-guerres, compagne de Sylvia Beach et proche amie de James Joyce, Adrienne Monnier fut également l'auteur de plusieurs brèves nouvelles, dont Vierges folles est sans doute la plus marquante. Chronique de l'existence farouchement indépendante d'une petite bande de jeunes femmes, Vierges folles nous donne à voir la pauvreté, les amours malheureuses, les espoirs déçus - toujours vaincus par une irrépressible envie de vivre.
-
Gide publie Paludes en 1895, alors qu'il est un jeune auteur de vingt-cinq ans. Il y place les écrivains qu'il fréquente à cette époque (Henri de Régnier, Pierre Louÿs), les Mardis de Mallarmé, auxquels il est assidu, et la femme dont il est amoureux depuis l'adolescence, sa cousine Madeleine Rondeaux, qu'il épousera quelques mois plus tard. L'écriture de ce bref ouvrage est aussi contemporaine de ses premières expériences homosexuelles ; les questionnements sur le conformisme et sur l'inévitable stérilité de sa relation à sa future épouse, le rêve inavouable d'une vie « différente » - c'est précisément en 1895 qu'Oscar Wilde, ami de Gide, est emprisonné pour « outrage aux moeurs » - donnent à la vivacité et à l'ironie de Paludes une profondeur et une gravité qu'on n'y soupçonnerait pas dès l'abord.
-
Aux commandes d'un petit vapeur, le capitaine Davidson parcourt les recoins les plus obscurs de l'archipel malais, qu'il connait mieux que personne. Réputé pour son intégrité et sa gentillesse, il se voit un jour confier une tournée des plus petits établissements de l'île de Célèbes, pour y collecter de vieux dollars d'argent qui doivent bientôt cesser d'avoir cours.
Une mission parfaitement ordinaire, que l'intervention d'un Français sans mains, flanqué de trois acolytes peu recommandables, va transformer en aventure dangereuse...
-
Roudine est admis dans le salon de Daria Lassounska. Il brille par son éloquence, séduit les âmes, s'installe comme interlocuteur privilégié de la maîtresse de maison, ravissant jusqu'au coeur de Natalie, la fille de Daria. Est-ce un tartuffe ? Un beau parleur ? Qui peut dire si Roudine, homme de paroles et d'idées, est capable d'éprouver une passion véritable ? Dimitri Roudine, publié en 1856, marque durablement Henry James, qui déclare Tourguéniev premier romancier de son temps.
-
« Tant que la lecture est pour nous l'initiatrice dont les clefs magiques nous ouvrent au fond de nous-mêmes la porte des demeures où nous n'aurions pas su pénétrer, son rôle dans notre vie est salutaire. Il devient dangereux au contraire quand, au lieu de nous éveiller à la vie personnelle de l'esprit, la lecture tend à se substituer à elle, quand la vérité ne nous apparaît plus comme un idéal que nous ne pouvons réaliser que par le progrès intime de notre pensée et par l'effort de notre coeur, mais comme une chose matérielle, déposée entre les feuillets des livres comme un miel tout préparé par les autres et que nous n'avons qu'à prendre la peine d'atteindre sur les rayons des bibliothèques et de déguster ensuite passivement dans un parfait repos de corps et d'esprit. »
-
La Jeune Fille verte est le dernier roman publié par Paul-Jean Toulet (1867-1920), quelques mois avant son décès. Considéré comme son chef-d'oeuvre, ce texte se fait à la fois chronique balzacienne de la vie publique et secrète d'une petite ville du Béarn, et tortueuse éducation sentimentale d'un fils de famille, viveur désinvolte qui n'est pas sans emprunter quelques traits à la propre jeunesse de l'auteur.
Dans cette fresque provinciale d'une souriante misanthropie, les ambitions et les concupiscences, recuites au feu de l'ennui, amènent intrigues, liaisons, mensonges et calculs machiavéliques - et c'est toujours avec la même grâce élégante que Toulet s'amuse de ce microcosme, où l'on retrouve toute l'humanité. -
Les soeurs Céline et Désirée Vatard, jeunes ouvrières, travaillent dans le même atelier. Céline, l'aînée, mène joyeuse vie et passe d'un amant à l'autre. Désirée, plus circonspecte, attend de rencontrer un prétendant sérieux pour se marier dans les règles.
Elle croit avoir trouvé l'élu en la personne d'Auguste, nouveau venu à l'atelier, tandis que Céline, lasse des voyous qui l'amusent mais lui font la vie dure, s'amourache d'un artiste issu d'un milieu plutôt bourgeois. Les amours des deux soeurs vont se retrouver rapidement contrariées...
Deuxième roman publié par Huysmans, Les Soeurs Vatard paraît en 1879.
On retrouve dans ce texte parfaitement maîtrisé l'incomparable expressivité de Huysmans, qui peint le petit peuple de Paris avec une âpreté et une acuité d'observation uniques. -
Quelques mois après la défaite de juin 1940, Joseph Bridet, journaliste, est à Lyon, où il se demande de quelle façon rejoindre de Gaulle à Londres. Toutes ses tentatives se sont avérées vaines, et son épouse, qui ne cache pas ses sympathies pour l'occupant, souhaite désormais regagner Paris.
Non sans naïveté, Bridet finit par se rendre à Vichy, où Paul Basson, l'un de ses anciens amis, travaille à la Direction générale de la Police nationale. Résolu à se faire passer pour un fervent pétainiste, il espère obtenir un visa pour l'Afrique du Nord, d'où il pourra rejoindre Londres facilement. Mais quel jeu joue son épouse, et qui est réellement Basson ?
Écrit en 1943, publié en 1945, Le Piège est l'un des derniers romans d'Emmanuel Bove (1898-1945). -
La grande cuisine a, en France, depuis longtemps conquis ses lettres de noblesse, et nous le devons en bonne partie à des hommes tels que Dodin-Bouffant. Véritable artiste, il joint au génie créateur toutes les qualités éminentes du connaisseur chevronné, à commencer par un appétit d ogre.Entouré d un petit cercle de gastronomes triés sur le volet, fidèlement épaulé par une auxiliaire de talent que les têtes couronnées lui envient, Dodin ira jusqu au bout de lui-même pour défendre son idéal d une cuisine que seules la plus fine intelligence et la plus étonnante sensibilité peuvent faire approcher de la perfection.Hommage à Brillat-Savarin, auquel son personnage emprunte nombre de traits, La Vie et la Passion de Dodin-Bouffant est devenu, depuis sa parution en 1924, un classique de la littérature gastronomique.
-
« Louis Hémon a écrit plusieurs livres remarquables [...], mais je crois bien que Monsieur Ripois et la Némésis fut le chef-d'oeuvre de ce Français mélancolique et vadrouilleur qui se suicida bizarrement en marchant entre les rails à la rencontre d'un train en pleine campagne, au Canada. » (François Truffaut) Roman à consonance autobiographique, Monsieur Ripois et la Némésis est le portrait d'un jeune français égaré à Londres, séducteur sans scrupules dont la vie se chargera de briser le cynisme. Écrit en 1911, publié en 1950 seulement, il est le roman le plus noir et le plus personnel de son auteur.
Louis Hémon (1880-1913), écrivain inconnu de son vivant, accéda à la célébrité post-mortem avec la publication de Maria Chapdelaine. -
Voyage autour de ma chambre ; expédition nocturne autour de ma chambre
Xavier de Maistre
- Sillage
- 11 Mai 2020
- 9782381410005
En 1790, Xavier de Maistre, jeune officier, est condamné à quarante-deux jours d'arrêts pour s'être battu en duel avec un camarade de régiment. Par indulgence particulière, on lui permet de purger cette peine à son domicile, et non dans une prison militaire : ainsi débute l'écriture du Voyage autour de ma chambre. Ce n'est qu'en 1794 que Xavier de Maistre en achève la rédaction. Succès immédiat, le texte connaît d'incessantes rééditions, au point que son auteur se décide à lui donner une suite, l'Expédition nocturne autour de ma chambre, écrite de 1799 à...
1825. Le ton a changé, se teintant de mélancolie : tandis que le Voyage est une parfaite incarnation de l'esprit et de la verve des salons du XVIIIe siècle à leur crépuscule, l'Expédition, elle, est placée sous le signe du romantisme naissant. Le premier des deux textes est le plus célèbre, mais Stendhal préférait le second - les lecteurs en jugeront !
-
En 1919, la guerre civile fait rage en Russie ; au printemps, puis en octobre, peu s'en faut que les armées blanches, appuyées par les pays d'Europe occidentale, reprennent Saint-Pétersbourg, devenue Petrograd. Serge, qui vient de sortir d'une prison française, y arrive au début de l'année. Ville conquise est le récit romancé des mois terribles qu'il connaît alors. Rapidement, les conditions de vie dans Petrograd sont effroyables. Pénuries, famine, exécutions sommaires, menaces de grèves et de soulèvements matées par le mensonge ou dans le sang : dans une atmosphère d'apocalypse, les premiers signes du basculement du jeune régime soviétique vers le totalitarisme apparaissent - aux yeux de qui veut bien les voir.