Extrait : Nous osons croire, à l'honneur du siècle où nous vivons, qu'il n'y a point dans toute l'Europe un seul homme éclairé qui ne regarde la tolérance comme un droit de justice, un devoir proscrit par l'humanité, la conscience, la religion une loi nécessaire à la paix et à la prospérité des États.
Paru en 1755, le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes peut être considéré comme la matrice de l'oeuvre morale et politique de Rousseau : il y affirme sa stature de philosophe, l'originalité de sa voix, la force de son « système ».
Résoudre le problème posé par l'Académie de Dijon - « quelle est la source de l'inégalité parmi les hommes et si elle est autorisée par la loi naturelle ? » -, en d'autres termes expliquer que riches et puissants dominent leurs semblables sur lesquels ils n'ont pas de réelle supériorité, exige aux yeux de Rousseau de poser à nouveaux frais la question « qu'est-ce que l'homme ? ».
Pour cela, il faut comprendre comment s'est formée sa « nature actuelle », si éloignée de ce que serait son état de nature : « Si je me suis étendu si longtemps sur la supposition de cette condition primitive, c'est qu'ayant d'anciennes erreurs et des préjugés invétérés à détruire, j'ai cru devoir creuser jusqu'à la racine... »
L'Apologie de Socrate rapporte le procès qui a vu condamner Socrate. Le citoyen philosophe, accusé de ne pas croire aux dieux de la cité et de pervertir les jeunes, fait preuve, face à ses juges comme auprès des Athéniens, du même don pour révéler l'incohérence et l'immortalité de leur discours. Le récit de la mort de Socrate, devenue mythique, est encore aujourd'hui selon bon nombre de philosophes hellénistes, à la racine de notre désir de philosopher.
Vous avez tort mais refusez de l'admettre ? Avec acuité et humour, ce petit guide d'Arthur Schopenhauer recense et analyse tous les stratagèmes et ruses pour sortir vainqueur d'un débat, d'une dispute, ou d'une joute verbale. Pour le plaisir des amoureux de la réthorique et de la contradiction, l'auteur se livre ainsi à une savoureuse réflexion sur la dialectique du langage.
Bien que datant de 1864, l'Art d'avoir toujours raison est un ouvrage très actuel, qui vous permettra de développer un redoutable sens de l'autodéfense verbale en analysant votre adversaire pour mieux le terrasser. Vous ne serez plus le même orateur après l'étude de ce petit livre étonnant et puissant par sa pertinence et son efficacité.
« Le danger n'est pas dans les machines, sinon nous devrions faire ce rêve absurde de les détruire par la force, à la manière des iconoclastes qui, en brisant les images, se flattaient d'anéantir aussi les croyances. Le danger n'est pas dans la multiplication des machines, mais dans le nombre sans cesse croissant d'hommes habitués, dès leur enfance, à ne désirer que ce que les machines peuvent donner. » Georges Bernanos a notamment laissé derrière lui un pamphlet visionnaire destiné à réveiller les consciences. Plus d'un demi-siècle après la disparition de son auteur, La France contre les robots reste d'une incroyable actualité. Cette apologie de la Liberté est un défi jeté aux idolâtries du profit et de la force, une critique du capitalisme industriel et des tyrannies modernes, ainsi qu'une dénonciation du culte de la vitesse et du rendement effréné. Avec véhémence, Bernanos conteste l'idée selon laquelle le système matérialiste et mercantile conduirait fatalement au bonheur de l'humanité. Selon lui, en effet, il y aura toujours plus à gagner à satisfaire les vices de l'homme que ses besoins. Il explique ainsi : « Un jour, on plongera dans la ruine du jour au lendemain des familles entières parce qu'à des milliers de kilomètres pourra être produite la même chose pour deux centimes de moins à la tonne. » Une étonnante préfiguration de la mondialisation et des délocalisations ! Un cri appelant à la construction d'une société où il serait enfin possible de mener une vie digne de l'être humain.
Impression en « gros caractères ». Extrait : Tous les Etats, toutes les dominations qui ont tenu et tiennent encore les hommes sous leur empire, ont été et sont ou des républiques ou des principautés. Les principautés sont ou héréditaires ou nouvelles. Les héréditaires sont celles qui ont été longtemps possédées par la famille de leur prince.
-- De la brièveté de la vie :
Au travers de son expérience exceptionnelle, Sénèque cherche à prolonger l'expérience de vie de tout un chacun en la débarrassant des fausses croyances qui l'encombrent sans lui apporter de richesse supplémentaire. Il nous aide ainsi à évaluer ce qu'est une vie vraiment vécue et un bonheur à portée de main davantage qu'un bonheur imaginé...
L'Enracinement, prélude à une déclaration des devoirs envers l'être humain est un court ouvrage, écrit par la philosophe française Simone Weil. Il a été rédigé à Londres entre janvier et avril 1943, alors que son autrice était engagée dans la France libre ; le général de Gaulle avait fait demander à Simone Weil un rapport sur les possibilités de redressement de la France, et souhaitait pour la Libération une nouvelle Déclaration des droits de l'Homme.
Non achevé, il a été publié post-mortem par Albert Camus en 1949, qui y vit « à la fois l'exact rapport demandé et l'un des livres les plus lucides, les plus élevés, les plus beaux qu'on ait écrits depuis fort longtemps sur notre civilisation ».
Le livre a également été décrit par Hannah Arendt comme « l'un des ouvrages les plus intelligents et lucides sur son temps ».
Le Rire : essai sur la signification du comique Pourquoi rions-nous de voir quelqu'un trébucher ? Pour quelles raisons Molière continue-t-il de nous amuser ? Comment expliquer qu'un jeu de mots ou un trait d'esprit prêtent à sourire ? Dans Le Rire, qu'il publie en 1900, Bergson apporte à ces questions des réponses décisives. S'appuyant sur des exemples quotidiens et de nombreuses références littéraires, il décrypte les formes du comique pour y déceler un ressort commun : l' interférence de deux séries , c'est-à-dire la présence simultanée de deux éléments distincts ou incompatibles. Au passage, il ne manque pas d'analyser le rôle social ambivalent d'un réflexe qui tout à la fois manifeste l'élan vital et brime les comportements hors normes. Si cette oeuvre, qui doit beaucoup à une tradition classique, méconnaît les manifestations transgressives, sombres, ludiques ou absurdes, du rire, elle n'en demeure pas moins capitale pour qui veut comprendre le propre de l'homme .
La Danse, à mon sens, ne se borne pas à être un exercice, un divertissement, un art ornemental et un jeu de société quelquefois ; elle est chose sérieuse et, par certains aspects, chose très vénérable. Elle est un art fondamental, comme son universalité, son antiquité immémoriale, les usages solennels qu'on en a fait, les idées et les réflexions qu'elle a de tout temps engendrées, le suggèrent ou le prouvent. Se détachant de l'utilitarisme, la danse se veut action poétique et militante pour Paul Valéry : L'homme a découvert le plaisir pris dans le rythme, dans l'enivrement des sens jusqu'à épuisement. Si bien que le besoin de redevenir danse est humain. Paul Valéry dans cet ouvrage court et percutant nous invite à observer le ballet des doigts du pianiste, le mouvement de la toupie, et de s'apercevoir que tout y est danse.
« La question cruciale pour le genre humain me semble être de savoir si et dans quelle mesure l''évolution de sa civilisation parviendra à venir à bout des perturbations de la vie collective par l''agressivité des hommes et leur pulsion d''autodestruction. Sous ce rapport, peut-être que précisément l''époque actuelle mérite un intérêt particulier. Les hommes sont arrivés maintenant à un tel degré de maîtrise des forces de la nature qu''avec l''aide de celles-ci il leur est facile de s''exterminer les uns les autres jusqu''au dernier. Ils le savent, d''où une bonne part de leur inquiétude actuelle, de leur malheur, de leur angoisse. Il faut dès lors espérer que l''autre des deux "puissances célestes", l''éros éternel, fera un effort pour l''emporter dans le combat contre son non moins immortel adversaire. Mais qui peut prédire le succès et l''issue ? » - Sigmund Freud
Les Règles de la méthode sociologique, publié en 1895 par Émile Durkheim dans la Revue philosophique, constitue l'ouvrage où le projet sociologique de l'auteur, considéré comme le père de la sociologie française, apparaît clairement. Il cherche en effet à fonder la sociologie comme une science nouvelle et à l'établir institutionnellement ; ce livre répond à cette ambition où il définit les règles méthodologiques à suivre pour une étude sociologique.
Pour devenir une science, la sociologie doit répondre à deux conditions :
Elle doit avoir un objet d'étude spécifique, c'est-à-dire que pour obtenir une légitimité académique, elle doit se distinguer des autres sciences (philosophie, psychologie) : la sociologie serait l'étude du fait social ;
Elle doit mettre en oeuvre une méthode de recherche scientifique, rigoureuse, objective, qui se rapproche le plus possible des sciences exactes (comme la biologie) de manière à se détacher le plus possible des prénotions, des préjugés, de la subjectivité produites par l'expérience ordinaire et vulgaire : la sociologie se devra d'étudier les faits sociaux comme des choses.
En bref, la sociologie sera la science des faits sociaux, définie par une méthode qui lui est propre.
Simone Weil (1909-1943) est engagée dès 1927 dans le syndicalisme révolutionnaire. Elle participe activement aux mouvements ouvriers européens des années 1934-1935, soutient le Front populaire en France, milite contre la guerre d'Espagne, et entre en Résistance dès l'Occupation. A sa mort, en Grande-Bretagne, elle laisse une masse d'écrits considérable et quelques documents inédits dont sa Note sur la suppression générale des partis politiques. Dans ce court texte la philosophe et militante politique dénonce le cynisme du système partisan, à l'origine de la débâcle des démocraties européennes en 1939-40. Elle propose de supprimer les partis politiques pour les remplacer par des rassemblements d'idées basés sur une participation démocratique des citoyens. Un texte résolument visionnaire, très actuel et indispensable pour décrypter les enjeux contemporains de la représentation démocratique.
Alors que l'aurore est à peine levée, Hippocrate accourt chez son ami Socrate et frappe bruyamment à sa porte. Avec l'enthousiasme naïf de la jeunesse, il explique au philosophe que le grand Protagoras serait, dit-on, en ville, chez son hôte Callias. D'aucuns disent même qu'il serait accompagné d'autres sophistes très célèbres, comme Hippias d'Élis ou Prodicos de Céos.
La philosophie, telle que la comprend et la pratique Schopenhauer, est une chasse aux illusions. Dans l'Essai sur le libre arbitre, traduit en 1877 et jamais réédité depuis, il démontre que l'homme est incapable d'agir par lui-même et il relègue au rang de mirage cette mystérieuse faculté appelée libre arbitre. L'homme est prisonnier de lui-même. La seule liberté dont il puisse disposer est une connaissance approfondie de soi. Leçon que Freud, qui avait bien lu Schopenhauer, retiendra et qu'il appliquera sur un plan thérapeutique. Vision aussi très moderne de la condition humaine. Les hommes sont responsables de ce qu'ils font mais innocents de ce qu'ils sont. A l'homme d'assumer le hasard de ce qu'il est. Le caractère est un destin.
A la question sommes-nous libres ? L'homme ordinaire répond sans ambiguïté oui puisque nous pouvons faire ce que nous voulons. Si l'homme peut faire ce qu'il veut mais sa volonté est-elle libre ? Peut-il choisir indifféremment en toute objectivité quand deux choix se présentent à lui ? De quoi dépend la volonté elle-même ? « Ma volonté ne dépend absolument que de moi seul ! Je peux vouloir ce que je veux : ce que je veux, c'est moi qui le veux ». Schopenhauer décrit ainsi l'esprit naïf qui se contente de regarder les choses à la surface. « Mais de quoi dépend la volonté elle-même ? », demande le philosophe. Dans son Essai sur le libre arbitre, le penseur de Francfort pose d'entrée de jeu comme solution à l'énigme du libre arbitre que « l'homme est un être déterminé une fois pour toutes par son essence, possédant comme tous les autres êtres de la nature des qualités individuelles fixes, persistantes, qui déterminent nécessairement ses diverses réactions en présence des excitations extérieures.» Ainsi, Schopenhauer montre que l'action de chacun est régie à la fois par des motifs (qui sont extérieurs à l'homme et dont il n'a aucun contrôle) et par son moi c'est à dire son essence (inchangeable et fixée préalablement). [schopenhauer.fr]
Le génie de Paul Valéry - l'un des esprits les plus puissants et les plus lucides du siècle - a été non pas seulement de penser tout ce qui traversait son esprit, mais de le repenser, et en particulier les notions qu'il avait reçues ou qu'il s'était, comme tout le monde, formées, et qui servent aux groupes humains à réfléchir sur leurs relations.
Comme tout lui était objet de pensée, il a réuni ici, des essais, au sens véritable du terme, dont le dessein est de préciser «quelques idées qu'il faudrait bien nommer politiques». De celle de la dictature, à celle sur les fluctuations de la liberté ; de la première guerre sino-japonaise, en 1895, à l'Amérique comme projection de l'esprit européen...
Conçu tout d'abord, entre 1927 et 1929, comme une féerie dialectique proche, par l'inspiration, des déambulations surréalistes de Breton et surtout d'Aragon, le projet d'essai sur les passages parisiens changea de nature lorsque Walter Benjamin le reprit en 1934. C'était désormais à un livre que travaillait l'exilé allemand réfugié sous l'architecture de fer de la Bibliothèque nationale, à une oeuvre qui devait être non seulement une histoire sociale de Paris au XIXe siècle, comme l'annonçait l'Institut de recherche sociale d'Adorno et d'Horkheimer, mais une tentative d'interprétation globale du XIXe siècle et de son équivoque modernité.
Chaque époque rêve la suivante disait Michelet. Benjamin nous offre, pour déchiffrer les figures équivoques du rêve propre au XIXe siècle, des catégories aussi originales que fécondes qu'il appartient au lecteur d'associer et de combiner : l'ennui, l'oisiveté, la construction en fer, les expositions universelles, la mode, le collectionneur, l'intérieur, le miroir, le joueur, les passages, etc.
Elles lui permettent de montrer l'émergence de formes de construction, de communication et de transport dans les villes, dont le XXe siècle a pu seul mesurer la portée politique, en même temps qu'elles lui servent à dégager, au commencement même de ces techniques de masse, une fragile aspiration utopique et une promesse oubliée de liberté. C'est cette ambivalence qui fait des Passages, même sous leur forme fragmentaire, un extraordinaire hommage critique au Paris du XIXe siècle, à son architecture et à ses écrivains.
Publié en 1913 dans les Cahiers de la Quinzaine, L'Argent est l'un des essais où Charles Péguy exprime le plus ouvertement son rejet du monde moderne. Traitant de la réforme de l'école et de la guerre scolaire qui fait alors rage, de Jules ferry et des hussards noirs - ces instituteurs publics de la IIIe République qui l'ont formé -, de Jean Jaurès et du Socialisme, de Charles Maurras et de l'Affaire Dreyfus, du travail artisanal bien fait et de l'ascenceur social, de l'Église et de la République, l'auteur de Notre jeunesse s'en prend violemment à une certaine France des bourgeois et des propriétaires, une France qu'il voit sombrer au tournant du XXe siècle dans l'esprit de lucre, la spéculation et la politique politicienne au détriment du partage des vraies richesses.
L'exploitation d'animaux capturés et exhibés pour le plaisir ou le divertissement des humains est bien antérieure à l'avènement de l'Empire romain. La critique radicale et subversive qu'en propose l'auteur, ici traduit en français pour la première fois, n'existe pas dans le paysage littéraire francophone. Dans ce livre passionné et provocant, Derrick Jensen explore parallèlement les rationalisations et justifications de l'existence des zoos, et la problématique de notre aliénation par rapport au monde naturel et aux créatures qui le peuplent. En cela, il expose le lien entre les zoos et l'idéologie de domination et de contrôle à l'origine des destructions écologiques actuelles (sixième extinction de masse, réchauffement climatique, pollutions des sols, de l'air et des milieux aquatiques, déforestation, etc.).
Ce livre est une puissante critique de la place des zoos dans notre société, de celle de notre société dans le monde naturel, et finalement de la nôtre propre, en tant qu'êtres humains, au sein du monde sauvage.
Préface de Jean-Claude Nouët
Principal conseiller de Néron dont il a été le précepteur, en charge des affaires de l'Empire, Sénèque se tient à l'écart des intrigues de cour et préfère se consacrer à la rédaction de traités philosophiques. Il dédie La Tranquillité de l'âme à Sérénus, jeune homme venu à Rome faire carrière, mais heurté par la rudesse des moeurs du pouvoir : troublé, irrésolu, Sérénus ne parvient pas à recouvrer son équilibre psychologique. Sénèque lui enseigne le stoïcisme et lui prodigue force conseils afin qu'il trouve la paix intérieure grâce à une véritable thérapie de l'âme.
Au travers de son expérience exceptionnelle, Sénèque cherche à prolonger l'expérience de vie de tout un chacun en la débarrassant des fausses croyances qui l'encombrent sans lui apporter de richesse supplémentaire. Il nous aide ainsi à évaluer ce qu'est une vie vraiment vécue et un bonheur à portée de main davantage qu'un bonheur imaginé...
Un prêtre condamné pour pédophilie ; une fake news qui se répand comme une traînée de poudre ; un éditorialiste qui s'alarme de voir la population locale bientôt remplacée par des familles venues d'ailleurs ; la hausse du prix du gaz qui conduit les communes à réduire l'éclairage public... Vous croyez lire les titres de la presse contemporaines ? Ces événements sont pourtant datés d'au moins cent ans, voire nettement plus.
L'actualité d'antan, lorsque la Charente-Maritime s'appelait encore Charente-Inférieure, entre en résonance avec celle d'aujourd'hui. En transposant ces récits dans un ton plus actuel, en recoupant et en complétant ces infos du XVIIe au XXe siècle, l'auteur a voulu à la fois distraire et instruire. Leur lecture éclaire les actualités du XXIe siècle.
Dans les années 60, l'archéologue Grigori Burov découvre, entre l'Oural et le lac Ladoga, des fragments de skis et de patins de traîneaux de plus de 9 000 ans. La découverte, longtemps passée inaperçue, remet en cause l'hypothèse plus que centenaire de l'origine sibérienne du ski. Ce livre est une sorte d'enquête scientifique à la recherche de tous les éléments climatologiques, archéologiques, linguistiques et génétiques permettant de retracer l'histoire du ski à travers celle des peuples du Nord de l'Eurasie. Il a reçu le Ullr Award, prix décerné par l'ISHA (International Ski History Association).
NAPOLÉON LE PETIT Victor HugoNapoléon le Petit est un livre pamphlétaire, écrit par Victor Hugo en 1852, à Bruxelles, à la suite du coup d'État du 2 décembre 1851 où Napoléon III conserve le pouvoir contre la constitution de la Deuxième République, dont il avait été élu président.
Réfugié à Bruxelles au sortir de la résistance armée contre le coup d'Etat de décembre 1851, qui lui avait fait mettre ses jours en danger, Victor Hugo compose en quelques semaines le plus éclatant pamphlet politique de toute l'histoire. Je n'ai pas l'intention de faire un livre, écrivait-il alors, je pousse un cri. Aussi brillant que profond et clairvoyant, Napoléon le Petit n'empêcha certes pas son antihéros de se maintenir encore au pouvoir pendant dix-huit ans, mais finit néanmoins par le mettre K-O., vaincu aux yeux de la postérité. Flamboyante manifestation du pouvoir des mots sur l'histoire lorsqu'ils donnent forme et langage à la conscience, cette lutte homérique permit en même temps à son auteur, qui n'était encore que le premier des poètes romantiques, de devenir lui-même. Véritable catéchisme républicain, propre à reprendre du service n'importe où et n'importe quand, mais plus indispensable que jamais en période électorale, Napoléon le Petit est un petit Prince à l'usage du peuple - tout l'inverse de celui de Machiavel.
Le corps franc Simon a été sans conteste l'unité du maquis la plus active en Haute-Savoie au cours de la période 1943-1944.
Sa brève existence, un peu plus de cinq mois, est compensée par l'incroyable activisme dont ses membres font preuve.
Claude Barbier écrit une haletente histoire de ce groupement, commandé par un gamin de 18 ans, François Servant, dit Lieutenant Simon, tué vraisemblablement deux jours après son dix-neuvième anniversaire.
Loin d'être des écervelés, les hommes de Servant agissent sous les ordres du lieutenant Théodose Morel (Tom). Les victimes du groupe franc sont essentiellement françaises, ce qui interroge sur la nature même du combat livré: politique ? militaire ?
Quoi qu'il en soit, les hommes de François Servant participent à la destabilisation des autorités de l'État en Haute-Savoie. Ne sont-ils pas sur le point d'assassiner le préfet ?
Mémoire et représentations ne sont pas omises et il est légitime de s'interroger sur les raisons de l'oubli dans lequel ont fini par tomber François Servant et ses hommes.