HENRI MONGAULT
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«Les familles heureuses se ressemblent toutes ; les familles malheureuses sont malheureuses chacune à leur façon.» Ainsi s'ouvre ce grand roman du couple, de la passion amoureuse et de la tentation. Anna Karénine est une jeune et belle femme de la noblesse russe. Alors qu'elle se rend à Moscou pour voir son frère dont l'infidélité a été révélée, elle tombe sous le charme du brillant mais frivole comte Vronski. C'est la naissance d'une passion. Abandonner mari et enfant, elle y songe. Mais que dirait la bonne société ? Jusqu'où cette liaison interdite peut-elle mener ? Témoin impuissante de leur idylle, Kitty, qui aime secrètement Vronski, refuse la main de Levine, qu'elle connaît pourtant depuis l'enfance. Satire des moeurs de son temps, Anna Karénine (1878) dénonce le carcan des conventions sociales dans une fresque sociale éblouissante. Tolstoï semble poser cette simple question : l'engagement dans le couple est-il aussi une dépossession de soi ?
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Jeune escroc ambitieux, Tchitchikov débarque dans la ville de N. Charmeur, drôle, attentionné, il séduit bien vite les notables locaux par ses bonnes manières et son entregent. Mais tout change quand il leur fait une curieuse proposition : il veut acheter leurs morts. Car les propriétaires terriens doivent payer un impôt pour leurs serfs, y compris ceux qui sont morts dans les cinq dernières années. Le héros compte placer ces «âmes mortes» sur un terrain fictif qu'il pourra hypothéquer à la banque. Cette combine pourrait lui rapporter gros... et cet étrange marché met la ville de N. en émoi. Comédie noire, le roman dénonce toutes les tares de l'Empire russe : la corruption des élites et la misère des masses. Paru en 1842, il fait immédiatement scandale. Avec cette farce absurde, véritable odyssée de la bassesse, Gogol pointe la médiocrité de l'âme humaine. De la vieille propriétaire avare à l'alcoolique obsédé par le jeu, des notables stupides aux fonctionnaires véreux, il dresse une terrible galerie de portraits de la noblesse russe. Les véritables âmes mortes, ce sont bien eux.
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Précédé de Dostoïevski et le parricide par Sigmund Freud
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Quelle humiliation pour le major Kovaliov de voir son nez se pavaner dans un uniforme de conseiller d'Etat !Chef-d'oeuvre du réalisme fantastique, incroyable satire burlesque, Le Nez, paru en 1835, est pour Gogol, l'occasion de faire voler en éclats une société composée de pantins pour qui la fonction et l'uniforme sont le substitut universel de la vie.
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«Puisant la matière de son oeuvre dans l'observation de soi nourrie par l'inquiétude morale et la soif de perfection, Léon Tolstoï (1828-1910) fait du roman réaliste, construit à partir de l'évocation plastique de l'instant concret, une épreuve de vérité soumise au critère esthétique de l' authenticité. Le sujet épique de La Guerre et la Paix étend ce critère aux mécanismes de l'Histoire, celui, tragique, d'Anna Karénine aux valeurs de la société et de la civilisation contemporaines dont il devient, après la crise existentielle de 1880-1881, le dénonciateur impitoyable au nom d'un christianisme ramené à l'exigence de l'amour du prochain et du perfectionnement individuel.» Michel Aucouturier.
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Sourd-muet de naissance, le serf Gérasime est une force de la nature. Il rêvait d'épouser Tatiana, mais celle-ci est promise à un autre. Il se console en recueillant Moumou. La société russe du XIXe siècle est ainsi faite que Gérasime n'a le droit d'aimer qu'une chienne. Encore que...
Écrite pendant la détention de Tourguéniev à la maison d'arrêt de Saint-Pétersbourg en mai 1852, cette nouvelle interdite par la censure fut finalement publiée en mars 1854 dans la revue Contemporain.
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Anna Karénine ; résurrection
Léon Tolstoï
- Gallimard
- Bibliotheque De La Pleiade
- 1 Novembre 1951
- 9782070105649
Anna Karénine et Résurrection sont accompagnés ici d'une partie importante de ce que l'on pourrait appeler leurs dossiers de préparation : pour Anna Karénine, les plans successifs envisagés par Tolstoï, des scènes entières qui n'ont pas été utilisées, des personnages différents ou les mêmes personnages vus tout autrement, une histoire aussi de l'élaboration du roman ; pour Résurrection, le premier brouillon achevé de l'oeuvre et quelques documents qui donneront une idée du travail accompli par Tolstoï avec la rédaction définitive. Entre Anna Karénine et Résurrection se place la période moralisante et théologique de Tolstoï. La préface de Pierre Pascal qui ouvre ce volume en explique le sens et le développement.
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Dans la petite ville de Stargorod, le clergé se compose de trois membres : le Père Sabel, homme droit et généreux, à qui sa scrupuleuse intégrité amènera nombre d'ennemis ; le chétif et débonnaire vicaire Zacharie ; enfin le diacre Achille, colosse à l'inaltérable bonne humeur, impulsif et étourdi. Leurs rapports avec leurs ouailles, en ces années 1860 qui voient l'Empire russe traversé de courants contradictoires, ne sont pas toujours d'une franche simplicité, et la misère, l'ignorance, assorties des mesquineries propres à la vie d'une province isolée, apportent aux trois ecclésiastiques leur lot de déboires. Tout n'allait pourtant pas si mal jusqu'à l'arrivée de Termossessov, aventurier sans merci, ex-révolutionnaire devenu pur cynique, pour qui hommes et femmes ne sont que marionnettes au service d'une ambition démesurée. Une lutte impitoyable s'engage, dont personne ne semble pouvoir sortir vainqueur...
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Georges Romachov est un jeune sous-lieutenant naïf et rêveur, que ses penchants littéraires éloignent des autres officiers. Cantonné dans une lointaine province, il ne parvient pas à se résigner à la vie du régiment, faite de beuveries, d'exercices absurdes, de liaisons sans charme, de brutalités permanentes envers les soldats et de fins de mois difficiles. Il a pour seul ami le plus cultivé, mais aussi le plus ivrogne et le plus endetté des sous-officiers.
Autant par désoeuvrement que par passion, il s'éprend de l'épouse d'un lieutenant, belle jeune femme coquette et dévorée d'ambition...
Paru en 1904, Le Duel est le chef-d'oeuvre d'Alexandre Kouprine (1870-1938). Largement autobiographique, il fait le portrait d'une armée tsariste en décomposition, dans une société archaïque traversée de ces forces nouvelles qui mèneront tout droit à la Révolution de 1917
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Né serf dans une petite ville de la Russie profonde, Ilya Charonov s'avère dès l'adolescence un peintre exceptionnel : son ardeur au travail, sa piété et ses prédispositions sont telles que son seigneur l'envoie faire son apprentissage à Rome. De retour en Russie après plusieurs années, Ilya trouve son seigneur marié à une jeune femme d'une beauté sans pareille, qui semble la seule à même de comprendre la portée de son talent. Il naît entre eux une passion contre laquelle il serait surhumain de lutter, et pourtant sans issue...
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«Ou bien encore, vous partez pour une lointaine partie de chasse en pleine steppe. Après dix verstes de mauvais chemins de traverse, voici enfin la grande route. On laisse derrière soi des auberges avec leurs puits, leurs portails grands ouverts, leurs samovars qui pétillent sous l'auvent ; on traverse un village, puis un autre, des champs à perte de vue, de vertes chenevières ; et longtemps, longtemps vous roulez ainsi. En avant ! En avant ! La steppe est proche. Quelle vision du haut de cette côte ! De blanches églises apparaissent ; au loin, dans la plaine, les outardes se suivent à la queue leu leu ; un vieux manoir, avec ses communs, sa grange, son verger, se blottit contre un étang minuscule. Les arbres se font rares. La voici enfin la steppe, la steppe immense et sans limites !...»
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Peu avant la révolution de 1905, Iakov Sofronytch est serveur dans l'un des restaurants les plus huppés de Moscou.
Préposé aux plaisirs de financiers véreux, de fonctionnaires vaniteux, de négociants grossiers et tapageurs, il travaille à s'en épuiser pour faire vivre sa famille. Mais sa fille, pensionnaire dans une école privée, ne rêve que de flirts avec des officiers et de robes aussi élégantes que celles de ses camarades, et son fils, moins frivole mais plus exalté, se met à fréquenter des révolutionnaires qu'en ces temps troublés la police politique pourchasse impitoyablement...
Ivan Chmeliov (né en 1873) accède à la notoriété en publiant Garçon ! en 1911. D'abord favorable à la révolution de 1917, il se réfugie en France en 1923 après que les bolcheviks ont fusillé son fils. Il meurt à Paris en 1950.
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A la fin du XIXe siècle, dans la Russie tsariste, un jeune fonctionnaire qui se rêve écrivain part en mission pour quelques mois dans une région reculée, aux confins de l'Ukraine. Ses rapports avec les paysans et petits fonctionnaires du cru sont difficiles, et les semaines passent dans un ennui pesant. S'égarant en forêt au cours d'une chasse, il fait par hasard la rencontre d'une énigmatique jeune femme, qui vit avec sa mère dans une maison isolée ; elles y ont été reléguées après que les villageois s'en sont violemment pris à elles, les accusant de sorcellerie...
Récit à consonance autobiographique, La Sorcière Olessia parut en 1898 ; c'est une des nouvelles les plus célèbres d'Alexandre Kouprine (1870-1938), alors jeune écrivain dont Tchékhov avait fait l'un de ses plus proches amis.
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Le journal d'un fou ; le nez ; le manteau
Nicolas Gogol
- Folio
- Folio Bilingue
- 26 Septembre 1990
- 9782070383108
Un tailleur de plumes ministérielles sombre lentement dans la folie, un barbier découvre un nez dans une miche de pain, un fantôme à la recherche d'un manteau volé... Avec un talent inégalé, Gogol mêle fantastique et satire dans ses contes absurdes où le rire cède peu à peu la place à l'angoisse. Trois des plus célèbres nouvelles de la littérature russe.
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Un roi Lear des steppes ; l'auberge de grand chemin et de Moumou
Ivan Tourguéniev
- Sillage
- 1 Décembre 2016
- 9791091896559
Les trois nouvelles rassemblées dans le présent volume ont toutes été inspirées à Tourguéniev par le monde dans lequel il a grandi : celui des propriétaires terriens russes, à l'époque qui précède l'abolition du servage. La figure de sa mère, veuve tyrannique et âpre au gain, dont les lubies doivent s'imposer à son entourage comme autant de décrets divins, est présente dans chacun de ces trois textes, comme un symbole de la grande bourgeoisie russe contre laquelle Tourguéniev a consacré tout son talent à s'insurger.
Qu'il s'agisse du destin d'un portier muet dans Moumou, de la déchéance d'un aubergiste trompé par sa femme dans L'Auberge de grand chemin ou de la fin d'un Roi Lear russe : c'est cette figure maternelle qui impose les mariages, permet aux uns de faire fortune pendant qu'elle précipite les autres dans la misère. Un seul pouvoir lui manque, en dernier lieu : celui d'empêcher les événements tragiques qu'elle a elle-même précipités.
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Notes du traducteur
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Le Bracelet de grenats ne raconte pas seulement une histoire d'amour impossible, presque risible tant elle est touchante ; c'est aussi le portrait subtil d'une aristocratie dŽclinante.
PersuadŽs de constituer un monde ˆ part, sans que leurs privilges ne reposent plus sur rien, les personnages de Kouprine vivent dans un univers o tout est jeu, o les apparences priment largement la rŽalitŽ ÐÊo tout ce qui passe les bornes de la mesquinerie est condamnŽ ˆ mourir.
Paru en 1911, Le Bracelet de grenats est, avec Le Duel et Moloch, l'une des plus belles rŽussites de Kouprine.
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Un jeune homme, Ivan Timofeïevitch, en mission pour plusieurs mois aux confins de l'Empire russe, dans une région reculée et sauvage à la limite de la Russie, de l'Ukraine et la Pologne, vit dans un village où les habitants le regardent avec méfiance, et a pour seule compagnie un paysan auquel pour passer le temps il tente d'apprendre à lire et écrire. Un jour, parti chasser, il s'égare et tombe par hasard sur une pauvre cabane, perdue au milieu des forêts, où vivent une vieille femme et sa petite-fille, la jeune et belle Olessia.
Olessia lui fait retrouver le chemin du village, et lui explique que toutes deux vivent à l'écart de tous car les villageois les considèrent comme des sorcières...
Dans la solitude de la nature, dans le silence des forêts, une des plus belles histoires d'amour de la littérature russe, et de toute la littérature.
Comme on laisse passer l'amour possible est une préoccupation majeure dans l'oeuvre d'Alexandre Kouprine. Elle se conjugue avec le témoignage réaliste dont est victime la beauté singulière. La sorcière supposée du récit Olessia (1898), la jeune juive, la mal mariée résignée de force, ces différents personnages semblent voués à disparaître dans l'oubli et l'incertitude, bannis par les frayeurs de la communauté, ses codes, sa violence et sa délation.
Très célèbre en Russie, Olessia était l'un des récits favoris de son auteur et largement autobiographique.
Il a fait l'objet de plusieurs adaptations au cinéma, dont l'une en 1956 avec Marina Vlady et Maurice Ronet : La Sorcière.
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Merveilles de la littérature russe : le bracelet de grenats
Alexandre Kouprine
- Macha Publishing
- Merveilles De La Litterature Russe
- 2 Mars 2018
- 9782374370286
Les merveilles de la création russe, parfois oubliées du grand public en France, deviennent accessibles dans toute la finesse de l'écriture originale, soutenue par des traductions retravaillées sur les pages en face-à-face.
La collection se poursuit avec un auteur délicieux : Kouprine, dont le pendant français serait Maupassant. L'écrivain ne put accepter les valeurs de la nouvelle Russie soviétique et se réfugia pendant 17 ans en France.
Sa nouvelle Le Bracelet de grenats, écrite en 1910 et basée sur des faits réels, est un des plus beaux récits d'amour jamais écrit, qui célèbre des sentiments dévoués, désintéressés et qui subliment la vie - une réflexion qui traverse nombre de romans russes et fait leur beauté.
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Ivan Ivanovitch et Ivan Nikoforovitch sont voisins. S'ils sont de complexions fort dissemblables - l'un occupe son temps à la conduite de ses affaires quand l'autre préfère tendre béatement son dos au soleil - ces deux notables de Mirgorod n'en sont pas moins les meilleurs amis du monde. Une dispute pour des vétilles va pourtant remettre en question cette belle amitié et, malgré les efforts des autres notables de la ville, les entraîner dans des démarches judiciaires pour le moins démesurées.
Sous le couvert d'une bouffonnerie, c'est une étude sociale virulente et cruelle que nous propose Gogol dans cette nouvelle qui, par sa forme et son propos, s'apparente à plusieurs de ses autres oeuvres plus célèbres, notamment Le Nez, Le Manteau ou bien Vij.
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Débarrassé de tout moralisme pesant, La Fosse aux filles provoquera un immense scandale lors de sa sortie en 1915. Ce roman réaliste établira Alexandre Kouprine comme l'une des principales figures de la littérature humaniste russe du XXe siècle.
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Les frères Karamazov ; Dostoïevski et le parricide
Fedor Dostoïevski, Sigmund Freud
- Gallimard
- Les Classiques Russes
- 22 Novembre 1935
- 9782070219766
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