À propos

En 1685, le Code noir défendait aux esclaves de porter aucune arme offensive ni de gros bâtons sous peine de fouet. Au XIXe siècle, en Algérie, l'État colonial interdisait les armes aux indigènes, tout en accordant aux colons le droit de s'armer. Aujourd'hui, certaines vies comptent si peu que l'on peut tirer dans le dos d'un adolescent noir au prétexte qu'il était menaçant .

Une ligne de partage oppose historiquement les corps dignes d'être défendus à ceux qui, désarmés ou rendus indéfendables, sont laissés sans défense. Ce désarmement organisé des subalternes pose directement, pour tout élan de libération, la question du recours à la violence pour sa propre défense.

Des résistances esclaves au ju-jitsu des suffragistes, de l'insurrection du ghetto de Varsovie aux Black Panthers ou aux patrouilles queer, Elsa Dorlin retrace une généalogie de l'autodéfense politique. Sous l'histoire officielle de la légitime défense affleurent des éthiques martiales de soi , pratiques ensevelies où le fait de se défendre en attaquant apparaît comme la condition de possibilité de sa survie comme de son devenir politique. Cette histoire de la violence éclaire la définition même de la subjectivité moderne, telle qu'elle est pensée dans et par les politiques de sécurité contemporaines, et implique une relecture critique de la philosophie politique, où Hobbes et Locke côtoient Frantz Fanon, Michel Foucault, Malcolm X, June Jordan ou Judith Butler.


Sommaire

Prologue : Ce que peut un corps
1. La fabrique des corps désarmés
Brève histoire du port d'armes
Désarmer les esclaves et les indigènes : droit de tuer contre subjectivité à " mains nues "
Ascèse martiale : cultures de l'autodéfense esclave
La force noire de l'Empire : " Vive le patriarcat, vive la France ! "

2. Défense de soi, défense de la Nation
Mourir pour la patrie
" Femmes, armons-nous " : les bataillons d'Amazones
Armée citoyenne ou défense du Capital ?
Le ju-jitsu des suffragistes : combat rapproché et antinationalisme

3. Testaments de l'autodéfense
Mourir en combattant : l'insurrection du ghetto de Varsovie
L'autodéfense comme doctrine nationale
Généalogie du krav maga

4. L'État ou le non-monopole de la défense légitime
Hobbes ou Locke, deux philosophies de la défense de soi
Se faire justice soi-même : milices et " coopératives judiciaires"
Le vigilantisme ou la naissance de l'État racial

5. Justice blanche
Du lynchage à la légitime défense : " un mensonge cousu de fil blanc "
" Il faut défendre les femmes "

6. Self-défense : power to the people !
En finir avec la non-violence : " Arm Yourself or Harm Yourself "
Les Black Panthers : l'autodéfense comme révolution politique

7. Autodéfense et sécurité

SAFE !
Autodéfense et politique de la rage
De la vengeance à l'
empowerment

8. Répliquer
Sans défense
Phénoménologie de la proie
Épistémologie du souci des autres et
care négatif

Remerciements
Notes.

Rayons : Sciences humaines & sociales > Philosophie > Philosophies non occidentales


  • Auteur(s)

    Elsa Dorlin

  • Éditeur

    La découverte

  • Distributeur

    Interforum

  • Date de parution

    03/10/2019

  • Collection

    Poche Sciences Humaines

  • EAN

    9782348054693

  • Disponibilité

    Disponible

  • Nombre de pages

    288 Pages

  • Longueur

    19 cm

  • Largeur

    12.5 cm

  • Épaisseur

    1.6 cm

  • Poids

    292 g

  • Diffuseur

    Interforum

  • Support principal

    Poche

Elsa Dorlin

Elsa Dorlin est professeure des universités, elle enseigne la philosophie sociale et politique à l'université Paris-8-Vincennes/Saint-Denis. Elle a publié et dirigé plusieurs ouvrages, parmi lesquels La Matrice de la race. Généalogie sexuelle et coloniale de la nation française, La Découverte, 2006 (poche, 2009) ; Se Défendre. Une philosophie de la violence, Zones, 2017 (poche, 2019).

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