Ce ne sont pas les jours qui suivent l’apparition mais ceux qui la précèdent. Ces jours où les choses prennent une autre densité, se matérialisent autrement. Avec une infinie délicatesse, M. Richeux décrit un corps, le sien, guettant, prêt à recevoir l’onde. Et ce temps de l’attente est une oscillation, entre embrassades, plaisir d’enserrer les autres et concentration sur soi, s’oublier pour n’être plus disponible qu’à l’autre en soi. Un livre de douce ivresse vers la joie.
La Nouvelle Vague a fait entrer la vie à l’écran. La vie devenait cinéma et puisque le cinéma, c’est la vie, Patrick Roegiers fait de ses cinéastes et acteurs le roman vrai d’une époque. Dans un étonnant montage, mélangeant anecdotes, répliques et aphorismes, les scènes s’enchaînent, se répondent, comme si tous les films n’en faisaient plus qu’un. C’est épatant, euphorisant, jubilatoire !
Le mou subit, mais quand enfin il ose, les effets peuvent être irrémédiables…Un texte irrésistible sur notre désarroi !
Tout se passe entre 1868 et 1869. A Lyon. Dans un cercle d’ovalistes. Toia, la première relayeuse d’origine piémontaise, tout juste femme mais déjà victorieuse passe le relais à Rosalie Plantavin, farouche drômoise, boiteuse-danseuse et maman malheureuse, qui le transmet à la pétulante Marie Maurier de Haute-Savoie, meurtrie volontaire à la main gauche qui le confie à Clémence Blanc seule lyonnaise, mais, apatride et rageuse, chanceuse et ignorante du futur proche depuis la mort en couche de son amie. Elles ne se connaissent pas. Et pourtant entraînée par le flux de mots justes, historiques et sensibles de Maryline Desbiolles, elles ne forment qu’une seule et même équipe menée par Rosalie Rozan. Affectées de ce tremblement qui les agite -panique ou colère, revendications-, survolant les mutations de l’époque, faisant fi de leurs faiblesses, quand il n’y a plus d’ajournement possible, elles se décident. Courir faire grève porter en elles la joie de se faire entendre ; pour la première fois et pas la dernière.
Après En France, qui réunissait les chroniques publiées dans le Monde l'année 2013, les éditions de l'Olivier rassemblent les reportages de Florence Aubenas écrits pour le même journal ces cinq dernières années. Ici, en France, Ailleurs, en Ukraine, et toujours au plus près du réel. Car ce que nous raconte Florence Aubenas, ce ne sont pas les intrigues de palais ou les mouvements de la ligne de front, mais des histoires humaines, minuscules, qui nous disent autrement le bruissement des temps.
Il fallait à Laura Alcoba prendre le chemin de la spirale pour oser descendre au plus profond de sa mémoire. Et pour arriver à dire une enfance clandestine, dans la dictature argentine, une vie entre deux rives. Sous la douceur des mots, l’éclat, l’amer de la plaie…un livre incandescent.
C’est une adresse à un inconnu, un grand-père maternel dont la mémoire, dans une filiation tronquée, tien à peu. Alors les mots se gonflent pour essayer d’envelopper ce mystère et repartir avec cet homme dans le feu de la guerre. Ils deviennent même chant pour prendre avec lui, le blessé, le claudicant, l’envol, agrippé à la crinière d’un cheval au galop. Une langue rare, une vraie découverte !
Un accident, un coma. Une fille, Miriam dans un lit auprès duquel amoureux, parents, amie et chamane se relaient. Si elle ne répond pas, ils parlent jusqu'à l'épuisement jusqu'à l'essentiel.... L'écriture de Andrea Donaera suit une explosion en 7 jours. Une appoggiature longue, porteuse de silence saturé de mots; sournoise et nécessaire. La nuit existe, le désespoir existe, les mots ne peuvent pas qu'être des maux roses, ils se débattent frappent se débattent frappent se débattent frappent et puis filent. Jusqu'au dernier jour, celui de la création: une déflagration incandescente.
La vie de Kaspar commence le 16 janvier 1965 : Birgit atterrit à Tempelhof et ce n’est pas seulement le début de leur vie commune. Jusque-là, il avait pris la vie comme elle venait. Désormais il doit lui donner sa forme. S’il avait pu jouer le chiffre 1611965, il l’aurait fait et il aurait gagné. Mais en rentrant un soir, des dizaines d’années plus tard, elle est allongée dans la baignoire, la tête sous l’eau. Puis arrive la lettre d’un éditeur-ami qui s’enquiert de l’avancer de son roman. De son royaume secret. Mais même ce 1611965 n’ouvre pas l’ordinateur de Birgit. Le mot de passe : kbisrpgait, Kaspar et Birgit entremêlés, cela fit plaisir à Kaspar. Alors débute une enquête indéfinie qui va le mener jusqu’à sa petite fille pour son plus grand et calfeutré rêve. L’Histoire de la RDA attristante épouse un intime trahi. Son Amour clandestin se révèle dans une tragédie en trois actes ouatée et bouleversante. Avec Schlink, un monde s’efface sans bruit, une illusion s’écrit délicatement. Une histoire politique, d’amour, de famille. Du grand, grand roman.
Le collectionneur rêvait d’intégrer l’armée, mais il est aveugle d’un œil. Alors il dépose un brevet pour l’inflatoplane, maquette qu’il peut voir exposée sur son étagère de son œil valide. La réalisation en revient à son frère aîné, Gilles, plus doué, toujours dans les marques incrustées en eux depuis leur naissance par Marceau, le patriarche, qui rêve, parle, bouffe, inculque la guerre. Ainsi va l’éternité, qu’on recherche bêtement dans la continuation d’un seul individu, quand elle se duplique simplement, mécaniquement d’un individu à l’autre. Sous la plume de Christel Périssé Nasr, la précision technique embrase la bêtise humaine et l’atrocité de la promesse sublime les contes interprétés. Des phrases dénuées de fioritures pour accéder à l’impénétrable univers familial. And We will fall… Un coup de cravache doublé d’un coup d’éperon.
Hannah est une Nisei, japonaise d’origine, née au Canada sans en avoir la nationalité. Jack est un creekwalker, compteur de saumons, moitié canadien, moitié Gitga’at. Un ours polaire fabuleux va changer leur destin, permettre à ces deux moitiés d’être au monde, Un. Des années 20 à l’après guerre, Marie Charrel émeut de légendes nipponnes ou tsimshian, apeure de réalités historiques effacées. Elle torture et fait espérer. Dans une fresque ample, romanesque et érudite, elle nous connecte au monde sensible pour nous permette de discerner ce qui échappe à la plupart des hommes : la résilience est possible.
La joie ne doit pas être visée comme telle. Elle n’est pas une affaire de volonté. Elle est une affaire d’abandon. Elle passe par les rencontres, les occasions, les hasards. On rencontre la joie par surcroît. Roshan est ce surcroit. Ce hasard heureux. J’espère le devenir pour elle. Roshan est palestinienne. Reniant sa grossesse. Internée à Tel Aviv. Elle est en osmose avec Steiner. Musicien juif. Fou et le revendiquant fièrement. Ces deux prédicateurs hurluberlus sont suivis par Tom, psychiatre israélien atone, hanté et fasciné par l’énigme des bébés in utero. Tous sont dans un flou à la fois sidéral et abyssal ; entre ciel et mer ; entre maîtrise et disparition. L’écriture de Cécile Ladjali toujours aussi oxymorique, épousant pragmatisme et embrassant poésie, enlace et contourne la quête d’une réponse impossible à concevoir. Ce n’est pas joyeux, c’est surnaturel comme un hasard heureux.
Laisser parler l’enfant. L’écouter et lui obéir. Dans une langue charnelle, Bruno Pellegrino chuchote la frénésie de se déposséder, de n’être définitivement attaché à rien. Dans une langue sensible il crie le secret de ne retenir que l’essentiel… Il veut le sauver d’un incendie, ou d’un passage à l’adulte, alors il le calfeutre dans un tiroir. Mais, un tiroir peut contenir à la fois si peu et beaucoup. D’un travail d’archiviste à des souvenirs d’enfance, en passant par la stupéfaction d’une vie découverte, Bruno Pellegrino oublie la mémoire tant de fois questionnée dans les romans et vénère l’oubli. Un roman gigogne, tortueux, inflammable mais qui laisse un frémissement sous la peau.
Et si…L’observation de ce qui nous entoure est une source inépuisable d’histoires, de rêveries. Alors, quand une écrivaine nous prend par la main pour se lancer avec nous dans une danse, où une histoire croise, s’enchaîne avec une autre…Cela donne un ruban, une sarabande et l’impression d’être enfin « léger, guilleret et heureux ». Comment se refuser à un tel plaisir ?
Juin 1990. Crinière rousse, sourire franc et entier souligné de rouge à lèvres, Doc Martens désinvoltes. Cliodhana a une beauté farouche et troublante : elle rayonne de son enthousiasme. Elle a des convictions, et, une voix. Janvier 2018. Corps contorsionné, visage figé dans un rictus affreux. Elle n’est plus qu’une statue de cire dans un film d’horreur : elle adresse un adieu silencieux à ses connaissances. Adele, Danny, Donald, Eilen, Hamza, Ida, Jess, Malcolm Neil Ruth, Sammi Shiv Simon Xanthe, tous, différents et unis autour d’elle, l’ont côtoyée, l’envisagent. Kristin Innes est réaliste. Elle donne voix aux voies. Viscérale et contradictoire, humaine. L’Histoire sonde le parcours d’une femme pendant un demi-siècle de politique et de chansons, de questions. Qu’est-ce qui t’a motivée à choisir cette vie ? il y a systématiquement quelque chose ou quelqu’un qui déclenche le truc, qui allume la mèche, et après tu ne peux plus vivre autrement. Kristin Innes raconte ce « truc », cet « autrement », incandescent !
De la mutinerie des soldats français en 1917 aux grèves pour le climat en 2019, cet ouvrage est une invitation à la découverte de nombreux « combats » sociaux et politiques, méconnus des enfants. Pour de futurs citoyens.
Il est rare qu’un album ose s’engager sur le terrain de l’aventure. Ici tous les ingrédients du genre sont réunis et le lecteur est tenu en haleine jusqu’à la fin du récit. Blexbolex avec ses sérigraphies époustouflantes est un magicien du suspens !
Voici des contes qui ne sont pas pour les enfants. Magnifiquement illustrées, ces histoires folles et fantastiques demeurent fascinantes, intrigantes. Sans oublier qu'Hoffmann sait en plus nous faire rire !
A quoi sert la queue du ver de terre ? Nous découvrons un petit ouvrage, original et drôle plus romanesque que documentaire. Des illustrations et commentaires hilarants font de ce livre un véritable coup de cœur.
Une histoire construite selon un principe de zoom. A chaque double-page de cet album, on découvre par un gros plan de petits détails et apparaît l’inépuisable richesse du monde qui nous entoure…
On retrouve avec plaisir les héros de Méto dans un récit époustouflant où l’intrigue regorge une nouvelle fois de rebondissements. Yves Grevet mêle récit d’aventure et climat éco-fantastique avec le talent qu’on lui connait.
On retrouve avec plaisir les héros de Méto dans un récit époustouflant où l’intrigue regorge une nouvelle fois de rebondissements. Yves Grevet mêle récit d’aventure et climat éco-fantastique avec le talent qu’on lui connait.
On retrouve avec plaisir les héros de Méto dans un récit époustouflant où l’intrigue regorge une nouvelle fois de rebondissements. Yves Grevet mêle récit d’aventure et climat éco-fantastique avec le talent qu’on lui connait.